Déclaration de M. Michel Sapin, ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social, sur le soutien des filières stratégiques pour l'emploi, notamment le secteur de l'industrie automobile, Paris le 20 décembre 2012.

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Circonstance : Signature de la charte automobile à Paris le 20 décembre 2012

Texte intégral


Vous le savez, le gouvernement s’est engagé avec détermination dans une « bataille pour l’emploi ». Pour la remporter nous mobilisons l’ensemble des leviers à notre disposition et notamment dans le champ du Ministère :
* les politiques d’insertion professionnelle et d’incitation à l’embauche avec les emplois d’avenir et les contrats de génération ;
* la sécurisation de l’emploi, avec la négociation en cours ;
* mais aussi le soutien des filières stratégiques dans sa dimension développement de l’emploi et des compétences. C’est ce qui nous réunit aujourd’hui.
Dans un contexte de mutations qui s’accélèrent, et face à une concurrence internationale accrue, la politique de l’emploi et de formation professionnelle est l’un de nos principaux leviers de compétitivité durable. Elle doit favoriser l’adaptation des compétences et l’accroissement des qualifications indispensable à la qualité de nos produits et de nos services.
Notre ambition est celle d’un Etat stratège qui, parce qu’il anticipe et qu’il devance les transformations de notre économie, cesse de les subir.
Je ne vous dis pas que nous y sommes, je vous dis qu’il est de l’intérêt de tous de développer à la fois des filets de sécurité pour les entreprises en difficulté et les actifs qui perdent leur emploi, mais également des dynamiques positives d’anticipation et de développement de l’emploi. La nouvelle configuration politique, la dynamique de dialogue social qui s’installe, l’urgence face au chômage nous donnent l’opportunité et la responsabilité de le faire.
C’est le sens que je veux donner à la Charte Automobile que nous signons ensemble aujourd’hui. Qu’elle soit, pour le secteur automobile, le socle d’une politique partenariale d’adaptation des compétences cohérente avec les orientations stratégiques de la filière dans le but de soutenir l’activité et l’emploi.
Chacun d’entre vous sait ce qu’elle contient puisque nous l’avons élaborée ensemble, et je salue la mobilisation collective et l’esprit de compromis qui ont permis son élaboration. Je salue également le travail de la Délégation Générale à l’Emploi et à la Formation Professionnelle.
Je ne m’attarderai pas sur son contenu mais je pense qu’il sera important que Thierry Repentin puisse revenir sur ses attendus et les actions qu’elle recouvre pour que l’on saisisse tous l’ampleur de la tâche qui nous attend.
Je veux en revanche en faire l’exégèse.
La filière automobile est stratégique pour l’économie française. Forte de plus de 800 000 salariés, son effet d’entraînement est majeur sur l’économie. Mais elle est en difficulté. Depuis plusieurs années, elle fait face à des fluctuations économiques et industrielles importantes qui ont conduit à des choix stratégiques et à des restructurations ne permettant pas toujours de préserver l’emploi en France. Dans un marché en repli, l’emploi dans l’industrie automobile a ainsi reculé de 30% en 10 ans.
Il faut s’adapter et prendre de l’avance pour moins subir. C’est bien là l’enjeu : arrêter de prendre des coups, de trembler lorsque la conjoncture se grippe, et finalement de s’en remettre à un Etat pompier une fois que les plans sociaux surviennent.
C’est dans cette optique que le gouvernement a présenté, dès juillet dernier, un plan de soutien de la filière que nous portons avec Arnaud Montebourg.
La nouvelle mouture 2012-2015 de la Charte Automobile s’inscrit dans ce cadre.
Notre objectif est la consolidation et le développement des activités liées à l’Automobile en France. Notre responsabilité partagée est de faire en sorte que ceux qui y concourent, du cadre au garagiste, en passant par le monteur-assembleur, soient sécurisés dans leur trajectoire professionnelle.
Ainsi, ce qui nous rassemble à travers la Charte Automobile c’est la sécurisation des parcours des hommes et des femmes de la filière.
Pour ce faire elle réunit :
* les branches qui en font partie, la métallurgie bien sûr, mais également la plasturgie, le caoutchouc ou encore le textile ;
* l’amont et l’aval de la filière, englobant ainsi la diversité des métiers de la filière, du cariste en atelier d’emboutissage au vendeur de véhicules d’occasion ;
* ainsi que les constructeurs, les équipementiers et la Plateforme de la filière Automobile.
Si un constructeur automobile veut être innovant, il faut que les sous-traitants suivent et le soient également. Si l’on doit accentuer le développement de l’électronique et des logiciels embarqués dans les voitures, il faudra bien que les mécaniciens sachent les réparer. Et il ne s’agit pas seulement que les grands groupes et équipementiers le fassent, mais bien que cette dynamique de formation puisse s’étendre à l’ensemble du tissu de TPE-PME de la filière. C’est à leurs salariés que s’adresseront en priorité les actions de la Charte.
Il faut avancer groupés en matière de compétences, développer les solidarités.
Bien sur, on ne supprimera pas la concurrence, vecteur d’innovation, mais on peut viser un déploiement plus intégré, pour faire face collectivement aux défis des mutations économiques et technologiques. La Charte, comme les Comités Stratégiques de Filière avec lesquels l’articulation doit être renforcée, doivent nous permettre d’aller dans ce sens.
Je veux également partager avec vous une ambition supplémentaire. Que cette Charte, qui ne se substitue pas aux instances de dialogues sociale dans les entreprises et les branches, marque la mobilisation collective des acteurs de la filière pour développer les compétences.
Son élaboration tripartite, à l’échelle de la filière, constitue une première réussite.
Il faudra que nous soyons à la hauteur dans le pilotage et la mise en œuvre, car la spécificité de la Charte, c’est de ne pas s’arrêter au dialogue mais d’aller jusqu’à la mise en œuvre des actions.
Source http://travail-emploi.gouv.fr, le 21 décembre 2012