Déclaration de Mme George Pau-Langevin, ministre de la réussite éducative, sur les soins à domicile et les services d'éducation aux personnes, Paris le 13 novembre 2012.

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Circonstance : 10 ème journée nationale de formation des personnels des services d'éducation et de soins spécialisés à domicile à Paris le 13 novembre 2012

Texte intégral


Mesdames, Messieurs,
Chers professionnels des Sessad,
Je tiens avant toute chose à vous remercier chaleureusement de votre invitation et à vous communiquer mon plaisir d’être parmi vous à l’occasion de ces 10es journées nationales de formation des personnels des Sessad.
* Les enjeux de la réussite éducative
Ministre déléguée à la réussite éducative, c’est la réussite de tous les élèves que je veux ériger comme possibilité potentielle mais surtout concrète, réelle...
Loin d’être un supplément d’âme ou des paroles en l’air, l’éducation est la priorité du Président de la République et du gouvernement. Elle se traduit d’ailleurs par des orientations claires et une hausse nette du budget de l’éducation nationale en 2013. L’école est le fleuron de notre République et le creuset de nos valeurs communes. Elle doit dans ces conditions offrir à tous les mêmes chances. On a un impératif de réussite, loin du virage de l’école à deux vitesses vers laquelle nous dirigeaient dangereusement les gouvernements de François Fillon avec la suppression des Rased, la suppression de la carte scolaire, l’inaction face à l’échec scolaire et au décrochage de près de
150 000 élèves par an.
Parce que l’École conditionne la France de demain, non seulement dans sa dimension de cohésion sociale mais aussi dans sa dynamique économique, je suis plus que jamais déterminée à agir pour que chacun – quel qu’il soit – puisse trouver sa place dans notre parcours éducatif. Et pour ça, nous devons donner les moyens à chacun de trouver sa place et d’être intégré dans l’École de la République.
C’est le cap que nous nous sommes fixé avec Vincent Peillon, ministre de l’éducation nationale.
C’est une exigence à l’égard de tous les élèves de la République.
C’est l’unique chemin vers la réussite de tous.
* La spécificité et la nécessité de l’intégration des élèves en situation de handicap en milieu ordinaire
Cette nécessité non seulement d’intégration dans l’école mais aussi de réussite pour tous concerne au premier chef les élèves en situation de handicap pour qui les voies vers la scolarisation restent un parcours du combattant. Avec leurs familles, ils doivent en effet emprunter bien des chemins pour aboutir et atteindre ce qui est pourtant leur droit le plus fondamental.
Si la loi de 2005 a permis à un grand nombre d’élèves à besoins adaptés d’être aujourd’hui scolarisés en milieu ordinaire (ils sont près de 227 000 cette année contre moins de 190 000 en 2009), la tâche reste immense pour que l’accueil, l’inclusion et les parcours de scolarisation puissent se faire de façon continue et sans heurt pour les jeunes et les familles.
* Plusieurs défis à relever
En effet, nous devons répondre à plusieurs défis, que de nombreux acteurs de l’école ont souligné, notamment à l’occasion de la très large concertation sur la refondation de l’École impulsée par Vincent Peillon.
Plusieurs défis à relever :
- tout d’abord, celui de l’accessibilité des écoles et des matériels éducatifs
- celui de la formation des enseignants, qui ne sont ni formés ni préparés à accueillir en classe ordinaire des élèves à besoins particuliers, sans compter que le contingent d’enseignants spécialisés ne permet pas de répondre à tous les postes ouverts en Clis et en Ulis notamment
- nous devons aussi, bien entendu, nous attaquer aux problématiques rencontrées par les accompagnants de vie scolaire dont le statut précaire ne permet pas aujourd’hui d’assurer de façon pérenne et continue l’aide nécessaire à nos élèves en situation de handicap
- enfin, c’est à une évolution des mentalités et de notre société que nous devons travailler pour une école plus inclusive, plus ouverte, qui apprenne la différence et crée des ponts, des liens entre tous les élèves de l’école... Car je suis lucide : la scolarisation en milieu ordinaire – si elle est nécessaire – ne garantit pas encore assez l’inclusion réelle des élèves scolarisés en Clis et en Ulis dans l’environnement de l’école, au sens où les parcours des élèves sont stigmatisés et marginalisés et ce d’autant plus à des âges où, pour grandir et exister, la force de l’unicité est prégnante
Cela vous donne une idée de la tâche à accomplir et elle est grande.
* Les chantiers déjà ouverts par le gouvernement
Et, je tiens à le rappeler, nous avons d’ores et déjà lancé ce vaste chantier pour l’amélioration de la qualité de la prise en charge et l’intégration en milieu ordinaire des enfants en situation de handicap. Le Président de la République a en effet annoncé que la formation des enseignants tiendrait compte des problématiques et des pédagogies spécifiques au handicap. C’est une avancée majeure et nécessaire, d’une part pour les enseignants eux-mêmes qui, bien souvent, se retrouvent démunis dans leur classe pour répondre aux besoins des élèves, d’autre part pour les élèves au service de qui tous les moyens pédagogiques vers l’apprentissage et la réussite doivent être mis en œuvre.
Avec Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée en charge des personnes handicapées, j’ai aussi mis en place, le 16 octobre dernier, un groupe de travail sur la professionnalisation des AVS-i, Accompagnants de vie scolaire. Celui-ci rendra un rapport au premier trimestre prochain et permettra, je l’espère, d’avancer vers une reconnaissance du rôle crucial des AVS dans le chemin pour l’intégration de tous.
Enfin, la journée internationale du handicap qui se tiendra le 3 décembre prochain se prépare. Je souhaite qu’elle revête une ampleur toute particulière dans chacun des établissements scolaires afin de faire connaître les enjeux et de créer des temps de rencontres et de partage.
* Le travail et les missions des Sessad nécessaires à l’intégration des élèves en situation de handicap
Le travail effectué par les Sessad s’inscrit pleinement dans cette démarche d’intégration en milieu ordinaire que nous poursuivons. Vos structures et vos missions conditionnent la mise en place de cette intégration. Vous êtes en effet un des maillons essentiels de la réussite pour tous et je tiens particulièrement à saluer votre travail et votre engagement et à vous affirmer mon soutien le plus total. En effet, par l’équipe pluridisciplinaire qui la compose – psychologues, travailleurs sociaux, éducateurs spécialisés, orthophonistes, pédopsychiatre, psychomotriciens ou encore enseignants spécialisés – les Sessad constituent de réels « plateaux techniques » qui permettent l’intervention des professionnels auprès des élèves afin de favoriser non seulement leur intégration mais aussi l’acquisition de l’autonomie.
Vous jouez bien entendu un rôle de soutien pour les enseignants des Clis et des Ulis et un rôle pivot, de lien entre tous les environnements de l’élève : l’école, la famille, les accompagnants, les différents lieux de vie, etc. Et je sais combien les conseils et le soutien que vous pouvez apporter sont nécessaires à l’équilibre de l’enfant et de sa famille. Les Sessad sont un pôle ressources qui offre dans une même structure des interlocuteurs multiples mais en concertation et en cohérence autour de la spécificité et du parcours de chaque élève – chaque fois une histoire personnelle, souvent douloureuse, avec des besoins d’écoute et d’explication que vous avez gérés au cas par cas.
Je sais que le travail que vous effectuez au quotidien est exigeant :
- par la diversité de vos interventions auprès des élèves, en classe, à domicile ou encore au sein de vos établissements
- par la nécessaire adaptabilité de vos missions en fonction de l’âge des enfants puis jeunes que vous suivez de 0 à 20 ans
- par la souplesse et l’ouverture d’esprit que la réalisation de ces missions suppose
À cet égard, je tiens particulièrement à remercier toutes les associations qui sont à l’initiative des Sessad et qui portent la pérennité de ces structures.
* En lien avec le thème de ces journées, la question cruciale des spécificités territoriales
Vous avez axé vos réflexions de ces 10es journées de formation des personnels des Sessad autour des problématiques de projets et de territoires et je veux dire combien il me semble que cet enjeu est plus que majeur dans le combat que je mène pour la réussite de tous.
En effet, la question territoriale est encore trop peu présentée comme prégnante dans nos approches – je dois le reconnaître peut-être encore trop institutionnelles – ce alors même que les spécificités du territoire conditionnent bien entendu le parcours scolaire des enfants.
Les spécificités des territoires sont diverses et varient selon qu’il s’agit d’un territoire urbain, rural, de banlieue ou encore périurbain. Et ces caractéristiques territoriales sont inhérentes à l’existence d’un maillage en services publics (écoles, transports, équipements sportifs, sanitaires, etc.) différencié selon les territoires. Chaque territoire a une identité géographique, économique, sociale, culturelle qui lui est propre et lui donne sens.
Ces spécificités sont la richesse de notre pays et de ses habitants mais elles supposent qu’on les considère et qu’on en tienne compte pour apporter des réponses adaptées à chacun d’entre eux. En effet, le parcours n’est pas le même pour une famille quand un territoire recèle de nombreuses écoles avec des Clis et des Ulis pour accueillir leurs enfants ou quand il faut plus d’une heure de trajet à partir du domicile pour parvenir à cette école qui permet l’intégration en milieu ordinaire. Bien sûr, dans ces conditions, le rôle pivot des Sessad n’est pas le même selon les régions et leurs bassins de vie.
Et la tutelle des Agences régionales de santé (ARS) sur les Sessad va dans ce sens. Elles ont d’ailleurs mis en œuvre des plans régionaux de santé qui s’inscrivent dans la logique de territoires.
Ainsi, pour parvenir à adapter les réponses à apporter à chaque territoire, c’est à un travail de recensement, de coordination et de concertation des acteurs sur le terrain auquel nous devons collectivement nous atteler pour répondre au mieux aux besoins spécifiques et permettre à chaque famille d’enfant ou jeune en situation de handicap d’avoir accès à un parcours lisible, clair et continu.
C’est le fil conducteur, le fil rouge qui rassure et qui conditionne le chemin vers la réussite de tous ! Et cette voie que je souhaite emprunter est valable pour tous les élèves et les chantiers de ma délégation : les enfants en situation de handicap, mais aussi pour lutter contre l’échec et le décrochage scolaire !
Mesdames, Messieurs,
Chers personnels des Sessad,
Vous l’aurez compris, l’intégration de tous dans l’école, la réussite de tous et le lien humain qui doit accompagner chaque parcours me touchent particulièrement et me sont chevillés au corps pour faire évoluer – encore – notre école républicaine.
Aujourd’hui, je suis allée à la rencontre de nombreux élèves en situation de handicap intégrés en milieu ordinaire. Comme toujours, ces rencontres humaines ont été des moments riches et stimulants face à la détermination des enseignants et des élèves ! Je repars donc de Bordeaux plus décidée que jamais à relever les défis qui nous sont communs.
Je vous souhaite une bonne fin de séminaire, en vous souhaitant des travaux enrichissants. Je serai, quant à moi, très attentive à leurs conclusions.
Je vous remercie.
Source http://www.education.gouv.fr, le 19 novembre 2012