Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, en réponse aux questions sur les objectifs de l'intervention de la France au Mali, à l'Assemblée nationale le 15 janvier 2013.

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Circonstance : Questions au gouvernement posées par six groupes parlementaires, à l'Assemblée nationale le 15 janvier 2013

Texte intégral

Merci monsieur le président. Mesdames, messieurs les députés, la France, vous venez de le rappeler, intervient en appui à l’armée malienne et elle le fait à la demande du président du Mali et dans le respect de la charte des Nations Unies. L’agression des mouvements terroristes menaçait l’existence même du Mali et faisait peser un risque majeur sur l’Afrique de l’Ouest et sur l’Europe et aussi sur la France.
Les objectifs de l’opération fixés par le Président de la République sont triples. Je tiens à les rappeler devant vous après les avoir exposés hier soir à Matignon devant les représentants de tous les groupes de l’Assemblée nationale et du Sénat et devant les présidentes et présidents de Commissions des Affaires étrangères et de la défense et devant bien sûr, les présidents de l’Assemblée et du Sénat.
Le premier objectif, c’est d’arrêter l’offensive des groupes terroristes. Le deuxième objectif c’est de préserver l’existence de l’Etat malien et lui permettre de retrouver son intégrité territoriale et sa totale souveraineté. Le troisième objectif, c’est de préparer le déploiement de la force d’intervention africaine qui a été autorisée le 20 décembre dernier par le Conseil de sécurité dans le cadre de la résolution 2085.
Le dispositif militaire que nous déployons conjugue renseignements, frappes aériennes, moyens d’aéromobilité et unités terrestres. Il répond strictement à ces objectifs, il continuera de se renforcer dans les prochains jours. En effet, nous avons porté un coup d’arrêt à la première offensive de ces groupes, de ces trois groupes principaux, de ces trois groupes terroristes, mais leur détermination, il faut en être conscient, reste entière et il convient pour y faire face d’obtenir rapidement des résultats très significatifs. Cette intervention, le gouvernement en est conscient depuis le début des opérations, fait peser un risque sur nos otages au Sahel mais ce sont ceux-là mêmes qui les détiennent qui menaçaient de s’emparer de la totalité du Mali. Ne rien faire et laisser le Mali devenir un sanctuaire pour les groupes terroristes n’aurait pas contribué à la libération que nous souhaitons tous de nos otages.
Pour la protection du territoire national, plusieurs mesures du plan Vigipirate ont été renforcées notamment dans les transports, les bâtiments publics et les lieux de culte. Hier soir, je vous l’ai dit, j’ai réuni les représentants du Parlement, j’ai profité de cette réunion en présence du ministre de la Défense et du ministre de l’Intérieur, le ministre des Affaires étrangères, Laurent FABIUS, étant avec le président de la République aux Emirats Arabes Unis, était représenté par son directeur de cabinet. Nous avons à cette occasion présenté les objectifs de l’intervention et répondu à de nombreuses questions. Des questions qui étaient particulièrement précises et je crois utiles au rôle que vous avez à jouer en tant que représentants parlementaires et cela dans le cadre de la Constitution. Vous avez en effet tous en mémoire l’article 35 de notre Constitution, un débat sans vote aura donc lieu mercredi après-midi comme monsieur le président de l’Assemblée nationale vient de le rappeler, il aura lieu en même temps à l’Assemblée nationale et au Sénat.
En tout cas, d’ores et déjà je me félicite du soutien manifesté depuis le 11 janvier par l’ensemble des forces politiques de notre pays et je remercie tout particulièrement les représentants des groupes et des présidents de groupes qui se sont exprimés cet après-midi. Notre pays est uni dans ce combat, il est uni dans ce combat contre les groupes terroristes et ce combat est un combat aussi pour nos valeurs et ce combat est un combat pour les valeurs des Nations Unies. L’intervention de la France bénéficie en effet du soutien de la communauté internationale à commencer par les Etats africains eux-mêmes. Plusieurs de nos partenaires, notamment le Royaume-Uni, le Danemark, les Etats-Unis, le Canada et l’Allemagne, nous apportent déjà leur appui sous diverses formes. La France est aujourd’hui en première ligne en appui à l’armée du Mali mais d’ici une semaine les forces africaines commenceront à se déployer sur le terrain, un échelon précurseur de l’état-major de la MISMA est déjà à Bamako, plusieurs pays africains ont confirmé la mise à disposition de premiers contingents.
La mise en place de la mission de l’Union européenne de formation et de soutien logistique aux forces armées maliennes est également en train de s’accélérer. Une réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne se tiendra jeudi dans cette perspective. La perspective, vous l’avez les uns et les autres rappelée, elle est politique, elle est de redonner au Mali la stabilité à laquelle il prétend à juste titre. Elle est aussi de redonner à ce pays des institutions démocratiques stables et durables au service d’un Mali souverain, pleinement souverain et capable de garantir sa propre sécurité. Et l’ambition qui est la nôtre, celle du gouvernement et des forces politiques je crois largement rassemblées, c’est aussi de donner une perspective de développement non seulement au Mali mais à toute cette région de l’Afrique particulièrement pauvre. Mais il n’y a pas de développement sans sécurité et il n’y a pas de sécurité durable sans développement.
Et avant de conclure, Mesdames et Messieurs les Députés, je voudrais à mon tour saluer le courage de nos soldats. Je présiderai dans quelques instants avec le ministre de la Défense et le ministre chargé des Anciens combattants la cérémonie d’hommage national au chef de bataillon, Damien BOITEUX, qui a péri vendredi au premier jour, je dirai aux premières heures de l’intervention. Je le ferai juste après cette séance mais, Mesdames et Messieurs les Députés, vous lui avez déjà rendu hommage comme la Nation toute entière le fera. Face à la menace terroriste, la détermination du gouvernement est entière, fort de votre appui, de l’appui de tous les forces politiques nationales de la Nation toute entière et de la communauté internationale, cette détermination ne faiblira pas.
Source http://www.gouvernement.fr, le 16 janvier 2013