Texte intégral
Q - La relation franco-allemande est-elle toujours le moteur de l'Union européenne ?
L'Europe n'est jamais aussi forte que lorsque la France et l'Allemagne arrivent à se parler franchement avec un souci d'équilibre dans la relation. Konrad Adenauer et Charles de Gaulle ont su dépasser un certain nombre de différences pour arriver à signer le traité de l'Élysée. Aujourd'hui encore, il y a une volonté des Français et des Allemands d'exprimer clairement leurs attentes. Il peut exister des différences, mais cela ne doit pas empêcher la construction de compromis. Récemment, l'accord sur la supervision bancaire ou le sauvetage de la Grèce témoignent de cette capacité de nos deux pays à trouver une solution en se plaçant au centre des préoccupations européennes.
Q - Avec les différents élargissements, l'Allemagne pourrait avoir tendance à se tourner vers l'Europe de l'Est et la France vers celle du Sud...
R - C'est une grande erreur de faire cette analyse. Une erreur qui se fonde sur des présupposés et des anachronismes. La France a toujours eu l'ambition d'être un trait d'union entre l'Europe du Nord et l'Europe du Sud. Le rééquilibrage de la relation franco-allemande depuis l'arrivée de François Hollande a ainsi permis d'y associer des pays comme l'Italie. Cette ouverture a favorisé l'émergence de solutions, comme sur les politiques de croissance, l'innovation ou l'industrie. Mais il n'y a pas d'éloignement de la France et de l'Allemagne.
Q - La crise économique ne brise-t-elle pas la confiance des citoyens à l'égard de l'Union européenne ?
R - Aussi souvent que l'Union européenne tarde à prendre des décisions, elle apparaît inefficace. Chaque fois que l'Union européenne est capable de maintenir des solidarités rapidement, qu'elle ne s'enlise pas dans les égoïsmes nationaux, le lien qui existe entre l'Europe et les peuples se renforce. La volonté de l'Union européenne de rendre la monnaie unique irréversible a apporté la démonstration de sa détermination à défendre son projet. Il faut encore aller plus loin dans l'union économique et monétaire, dans les politiques contracycliques dans la lisibilité des institutions européennes.
Q - À Berlin, vous avez dit devant votre homologue, Michael Link (CDU, conservateur), que la relation franco-allemande transcende les clivages. La différence gauche-droite ne voudrait donc plus rien dire au niveau européen...
R - Absolument pas. Cela veut dire que, quelles que soient les différences, nous devons être capables de nous parler. Il y a un temps pour le combat électoral et un temps pour faire fonctionner des institutions. Bien sûr, nous ne sommes pas d'accord sur tout, mais nous ne pouvons pas nous permettre de cesser de faire fonctionner l'Union européenne. Je n'ai pas la même opinion que Jean-Luc Mélenchon. Le Grand soir européen, qui consiste à décréter une «autre Europe», sans même savoir si les autres pays l'approuvent, cela produit de beaux effets de tribune, mais ça ne résiste pas à la réalité européenne.
Q - Pensez-vous que le couple Merkel-Hollande fonctionne mieux que celui qu'elle formait avec Nicolas Sarkozy ?
R - Je ne tenais pas la chandelle du temps de Sarkozy-Merkel, mais je pense que la constance du président de la République son respect de la chancelière, son pragmatisme rejoignent l'état d'esprit d'Angela Merkel. La bonne alchimie des tempéraments ne signifie pas des accords évidents sur les politiques. Mais cela facilite la discussion en créant un climat de confiance.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 janvier 2013
L'Europe n'est jamais aussi forte que lorsque la France et l'Allemagne arrivent à se parler franchement avec un souci d'équilibre dans la relation. Konrad Adenauer et Charles de Gaulle ont su dépasser un certain nombre de différences pour arriver à signer le traité de l'Élysée. Aujourd'hui encore, il y a une volonté des Français et des Allemands d'exprimer clairement leurs attentes. Il peut exister des différences, mais cela ne doit pas empêcher la construction de compromis. Récemment, l'accord sur la supervision bancaire ou le sauvetage de la Grèce témoignent de cette capacité de nos deux pays à trouver une solution en se plaçant au centre des préoccupations européennes.
Q - Avec les différents élargissements, l'Allemagne pourrait avoir tendance à se tourner vers l'Europe de l'Est et la France vers celle du Sud...
R - C'est une grande erreur de faire cette analyse. Une erreur qui se fonde sur des présupposés et des anachronismes. La France a toujours eu l'ambition d'être un trait d'union entre l'Europe du Nord et l'Europe du Sud. Le rééquilibrage de la relation franco-allemande depuis l'arrivée de François Hollande a ainsi permis d'y associer des pays comme l'Italie. Cette ouverture a favorisé l'émergence de solutions, comme sur les politiques de croissance, l'innovation ou l'industrie. Mais il n'y a pas d'éloignement de la France et de l'Allemagne.
Q - La crise économique ne brise-t-elle pas la confiance des citoyens à l'égard de l'Union européenne ?
R - Aussi souvent que l'Union européenne tarde à prendre des décisions, elle apparaît inefficace. Chaque fois que l'Union européenne est capable de maintenir des solidarités rapidement, qu'elle ne s'enlise pas dans les égoïsmes nationaux, le lien qui existe entre l'Europe et les peuples se renforce. La volonté de l'Union européenne de rendre la monnaie unique irréversible a apporté la démonstration de sa détermination à défendre son projet. Il faut encore aller plus loin dans l'union économique et monétaire, dans les politiques contracycliques dans la lisibilité des institutions européennes.
Q - À Berlin, vous avez dit devant votre homologue, Michael Link (CDU, conservateur), que la relation franco-allemande transcende les clivages. La différence gauche-droite ne voudrait donc plus rien dire au niveau européen...
R - Absolument pas. Cela veut dire que, quelles que soient les différences, nous devons être capables de nous parler. Il y a un temps pour le combat électoral et un temps pour faire fonctionner des institutions. Bien sûr, nous ne sommes pas d'accord sur tout, mais nous ne pouvons pas nous permettre de cesser de faire fonctionner l'Union européenne. Je n'ai pas la même opinion que Jean-Luc Mélenchon. Le Grand soir européen, qui consiste à décréter une «autre Europe», sans même savoir si les autres pays l'approuvent, cela produit de beaux effets de tribune, mais ça ne résiste pas à la réalité européenne.
Q - Pensez-vous que le couple Merkel-Hollande fonctionne mieux que celui qu'elle formait avec Nicolas Sarkozy ?
R - Je ne tenais pas la chandelle du temps de Sarkozy-Merkel, mais je pense que la constance du président de la République son respect de la chancelière, son pragmatisme rejoignent l'état d'esprit d'Angela Merkel. La bonne alchimie des tempéraments ne signifie pas des accords évidents sur les politiques. Mais cela facilite la discussion en créant un climat de confiance.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 janvier 2013