Déclaration de Mme Hélène Conway-Mouret, ministre des Français de l'étranger, sur la présence française en Tunisie, à Tunis le 14 janvier 2013.

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Circonstance : Déplacement en Tunisie et Libye, du 12 au 15 janvier-intervention devant la communauté française, à Tunis le 14 janvier 2013

Texte intégral

Monsieur l’Ambassadeur,
Mesdames les élues,
Chers compatriotes,
Chers amis,
J’ai grand plaisir à retrouver la communauté française de Tunis, ou du moins, un échantillon de cette communauté tant elle est nombreuse. Le plaisir est d’autant plus grand que je suis ici pour une occasion très particulière puisque j’ai eu l'honneur de représenter aujourd'hui la France aux célébrations organisées pour le second anniversaire de la révolution de janvier 2011. J'ai d’ailleurs à cette occasion remis au Président Marzouki un message d’amitié, de confiance et de soutien de la part du Président de la République.
Je voudrais tout d’abord saisir l’occasion de ce début d’année pour vous adresser, au nom du Gouvernement, mes voeux les plus chaleureux à vous-mêmes et tous ceux qui vous sont proches.
Le Président de la République, lors de sa déclaration aux Français, le 31 décembre, a répété, malgré les difficultés de la situation actuelle, la confiance qu’il portait à notre pays et à sa jeunesse. Je voudrais dire ici toute la confiance que nous portons aussi à la Tunisie et à quel point nous comptons sur votre communauté, dans toute sa diversité, sa richesse pour répondre aux défis lancés à nos deux pays, nos deux nations.
Confiance dans le peuple tunisien car il a su se libérer lui-même de la dictature. Nous pensons que la « révolution du jasmin » marque une étape historique majeure pour la région et les régions voisines, dont nous sommes.
Je suis venue assurer ici nos amis tunisiens de tout notre soutien afin que la transition démocratique aille à son terme.
La preuve en est la très grande importance que la France attache à la coopération, tout particulièrement dans le contexte actuel. Elle l'a témoigné dans le cadre du Partenariat de Deauville. Ainsi, près de 300 millions d’euros ont d’ores et déjà été engagés par la France.
Le budget de coopération de l'Ambassade est également, dans un contexte budgétaire pourtant contraint, particulièrement important. Ces financements contribuent à renforcer les échanges universitaires puisque 15.000 Tunisiens étudient en France et que 1000 bourses sont attribuées mais aussi entre sociétés civiles, ce qui est aujourd'hui rendu possible par la liberté retrouvée.
Le soutien à la Tunisie se manifeste également par la densité de notre partenariat économique qui se renforce au quotidien. C’est un partenariat équilibré, couvrant l’ensemble des domaines de coopération et surtout, un partenariat humain, qui s’est construit, au fil des années, sur des liens étroits, affectifs, noués au gré des échanges universitaires ou familiaux.
Si la Tunisie diversifie ses partenaires -et c’est très sain de sa part- nous restons le premier, de très loin. Ainsi, notre part de marché avoisine les 19% en Tunisie. Nous accueillons aussi sur notre sol plus de 30% des exportations tunisiennes vers le monde: nos échanges sont donc de plus en plus équilibrés, dans une logique de partenariat d’égal à égal.
La France est également restée le premier investisseur, dans des secteurs de plus en plus diversifiés et innovants comme les technologies de l’information et de la communication ou les énergies renouvelables. La centaine d’entreprises françaises qui s’est déplacée fin novembre à Tunis dans le cadre d’une délégation du MEDEF illustre, si besoin était, que l’intérêt de nos sociétés pour le développement de ce pays est plus vivace que jamais.
Le Ministre Laurent Fabius a fait de la « diplomatie économique » une priorité de son action car le redressement économique de notre pays passe aussi par la conquête de nouveaux marchés à l’international. Ministre chargée des Français de l’étranger, je travaille à tout mettre en oeuvre pour faciliter la mobilité de nos concitoyens à l’international et l’implantation de sociétés françaises à l’étranger. Soyez assurés de la pleine mobilisation des services de l’Etat dans ce sens.
Français de Tunisie, vous êtes au coeur des relations entre nos deux pays. Vos histoires personnelles nous racontent la richesse et la proximité de nos liens. Je sais que la majorité d’entre-vous sont à la fois Français et Tunisiens, habités par la volonté de voir réussir leurs deux patries.
J’ai rencontré vos élues à l’Assemblée des Français de l’étranger, que je connais bien, puisque nous siégions dans la même enceinte jusqu’en juin dernier, et souhaitais leur rendre un hommage particulier car elles témoignent d’un engagement sans faille, pour vous servir, ici localement et à Paris. Qu’elles en soient chaleureusement remerciées. La réforme de la représentation politique des Français de l’étranger que je mène ne vise qu’à améliorer les conditions du travail des élus en articulation avec les députés nouvellement élus en juin dernier.
Je connais aussi la richesse de la vie associative à Tunis et son implication aux côtés de la société civile ces dernières années. Je m'en réjouis et je l'encourage à continuer à jouer ce rôle de pont entre nos deux pays, qui partagent maintenant les mêmes idéaux démocratiques.
Les associations françaises, outre leur rôle d’animation de la communauté sont des espaces de solidarité offrant un soutien à nos ressortissants en difficultés dans de nombreux domaines. Je citerai la société française d'entraide et de bienfaisance, qui apporte aide continue ou ponctuelle, Français du Monde-ADFE et l’UFE, les deux associations reconnues d’utilité publique ainsi que Tunis accueil. Je ne voudrais pas oublier le Foyer Langlois-Delarue qui accueille des personnes âgées de nationalité française, souvent très seules et démunies, et leur apporte le réconfort moral et le bien-être dont elles ont besoin avec un grand dévouement.
Je salue tous les bénévoles de ces associations. Leur générosité, leur altruisme, leur militantisme démontrent au quotidien que le sens collectif peut l’emporter sur l’intérêt particulier et l’individualisme au bénéfice de tous.
Ministre chargée des Français de l’étranger, je suis très attentive aux services publics rendus aux communautés françaises. Je souhaite d’ailleurs saluer l’engagement des agents de l’Etat qui exercent leurs fonctions avec dévouement et efficacité.
L’aide publique, au travers des bourses scolaires et des aides sociales, qui est en fait la marque de la solidarité des Français établis dans l’hexagone avec les Français de l’étranger sera maintenue voire augmentée, comme pour les aides à la scolarité, ces trois prochaines années. L’effort consenti est important : aujourd’hui près de 1500 élèves de nos écoles du réseau de l’AEFE bénéficient d’une bourse, plus de 400 dossiers de bourses d’enseignement supérieur ont été traités l’an passé et près de 940.000 euros d’allocations sociales ont été versées.
Dans le domaine de l’éducation, le réseau d’enseignement français à l’étranger constitue un outil unique au monde et irremplaçable pour développer la présence de la France au-delà de ses frontières et tisser des liens profonds de solidarité et d’amitié. J’y suis, tout comme vous, très attachée. La France, à travers l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger, apporte un soutien sans égal à notre réseau scolaire en Tunisie. Ce soutien s’exprime en moyens humains et financiers. Mais il passe également par des investissements à titre exceptionnel, comme ceux qui sont engagés actuellement dans le domaine de l’immobilier, et qui se chiffrent en millions d’euros, dans le but d’améliorer les conditions de sécurité, de vie et d’étude dans nos établissements. J’inaugurerai d’ailleurs demain un nouveau bâtiment scientifique au lycée Pierre-Mendes France.
Je sais aussi que notre communauté, comme l'ensemble de la population tunisienne, a connu des moments d'inquiétude depuis deux ans. Des phénomènes comme la violence politique ou la délinquance, jusqu'alors peu présents en Tunisie, s'y sont développés. Je constate cependant que vous avez su prendre la juste mesure des choses : on n'a pas constaté de départ massif de nos ressortissants ni de nos entreprises. Tout en invitant chacun à s'en tenir aux conseils de sécurité prodigués sur le site du Ministère des Affaires étrangères « France Diplomatie », je crois utile de préciser que nous ne considérons pas que la Tunisie soit un pays dangereux pour nos compatriotes qui y résident ni pour les touristes français. L'image qui en est donnée parfois à l'étranger nous parait exagérée de ce point de vue et nous sommes tout à fait désireux d'aider ce pays à rétablir son industrie touristique, malmenée depuis deux ans, qui joue un rôle essentiel dans son développement économique.
Demain, j’aurai l’occasion de m’entretenir avec différentes autorités tunisiennes. Je ne vais pas manquer de leur faire part des inquiétudes et des problèmes rencontrés par les ressortissants français dans leur vie de tous les jours. Je sais que vous êtes inquiets de la montée de la délinquance dans le pays. Il convient néanmoins de conserver confiance en la réactivité des autorités locales pour redresser une situation qui ne peut qu'être préjudiciable à toute entreprise visant à attirer des intérêts privés dans ce pays.
Je vais également aborder les difficultés qui m'ont été rapportées dans l'application de certaines des conventions signées entre nos deux pays, dans le domaine immobilier par exemple.
Chers compatriotes,
Je souhaiterais terminer en reprenant la conclusion des voeux du Président de la République aux Français, que je me permets d’étendre par de là la Méditerranée. Je souhaiterais ainsi porter l’ambition pour cette nouvelle année d’une France et d’une Tunisie réconciliées avec elles-mêmes et confiantes en elles-mêmes. C’est cette ambition qui donne un sens à l’effort de tous.
Vive la Tunisie,
Vive la France,
Vive l’amitié franco-tunisienne.
Source http://www.helene-conway.com, le 23 janvier 2013