Texte intégral
Q - Bonjour Monsieur Fabius. Pourquoi êtes-vous à Abidjan ? Est-ce pour essayer de convaincre les pays d'Afrique de l'Ouest d'intervenir plus vite et plus massivement au Mali aux côtés des Français ?
R - Ils en sont déjà convaincus. Ce matin débute un sommet extraordinaire des pays de la CEDEAO, les pays de la communauté de l'Afrique de l'Ouest. Ces derniers vont intervenir militairement au Mali. En effet, la France a été obligée d'intervenir très rapidement, car l'existence même du pays était menacée. Cependant il est bien entendu que ce sont les Africains qui doivent prendre le relais.
Le président de la Côte d'Ivoire M. Ouattara, qui préside également la CEDEAO, a convoqué ce sommet d'urgence. Son objectif est de préparer le déploiement de la MISMA, la mission internationale de soutien au Mali. Les militaires africains sont là pour l'organiser et pour faire en sorte qu'ils puissent arriver sur place très rapidement. Certains sont déjà arrivés. À présent, a commencé la reconquête du Mali.
Q - Même si ces pays africains interviennent dans les meilleurs délais, les 1.800 soldats français qui sont actuellement au Mali y resteront-ils et si oui, pour combien de temps ?
R - François Hollande s'est très clairement exprimé à ce sujet. La France n'a pas vocation à rester éternellement au Mali, ce n'est pas du tout notre mission. Nous sommes intervenus parce qu'il y avait une urgence absolue, sinon, je le répète, les terroristes auraient pris Bamako.
Je ne sais pas si tout le monde a cela à l'esprit, mais le Mali a sept frontières avec les pays voisins. Donc, si les terroristes avaient pris le contrôle de Bamako et de l'ensemble du Mali, c'était toute la sous région qui était menacée. C'est la raison pour laquelle nous avons dû intervenir d'urgence. Mais dès que le relais pourra être pris par la MISMA, - c'est-à-dire les troupes africaines -, il leur reviendra d'assumer les taches de reconquête.
Q - Dans l'idéal, vous souhaiteriez que ces pays d'Afrique de l'Ouest soient opérationnels au Mali dans quel délai ? Le plus vite possible, mais cela se compte en semaines ou en mois ?
R - Cela se compte en semaines. Certains sont déjà arrivés. C'est un général nigérian qui dirigera officiellement les opérations de la MISMA.
Tout cela, je le rappelle, a été décidé par l'ONU, mais il faut parfois des délais de route et il peut y avoir des problèmes de transport des troupes. C'est d'ailleurs pour cela que je suis présent ici avec un général français, qui est le chef du cabinet de l'état-major de mon collègue de la défense, Jean-Yves Le Drian.
Il y a des problèmes concrets, des problèmes logistiques à régler, mais ils vont l'être très rapidement. Il y a aussi, je tiens à le souligner, des pays, qui ne sont pas membres de cette communauté de l'Afrique de l'Ouest, qui seront présents. C'est notamment le cas du Tchad, dont le président Idriss Deby a décidé l'envoi d'hommes en nombre important. Ce sont des combattants tout à fait exceptionnels.
Q - Dans l'état actuel des choses, Monsieur le Ministre, l'intervention militaire française permet effectivement de regagner du terrain vers le Nord contre les rebelles. Donc, pour l'heure, les Français qui résident au Mali, notamment à Bamako ne sont pas menacés. Il n'est pas question donc de les évacuer ?
R - Non, mais il faut malgré tout rester très vigilant parce qu'il peut y avoir des attentats individuels. Et d'une façon générale, non seulement au Mali mais aussi dans l'ensemble de la région, il faut être très prudent. Nous avons pris des mesures concernant les bâtiments publics et les bâtiments industriels. Mais vous avez vu ce qui s'est passé en Algérie, il faut donc être extrêmement prudent.
Je voudrais ajouter une chose. De nombreux aspects militaires ont naturellement été évoqués ce matin. Il faut cependant conserver à l'esprit que le règlement durable de la crise malienne comporte également un volet politique et un volet de développement. Nous devons, les uns et les autres, contribuer à répondre aux demandes de l'ONU. Il s'agit tout d'abord de rétablir la sécurité, car s'il n'y a pas de sécurité rien ne peut être fait. Mais dans le même temps il est nécessaire qu'une feuille de route politique soit adoptée. Cela consiste notamment à engager dès que possible une discussion entre le Sud et le Nord. Au Nord, il n'y a pas seulement des terroristes, heureusement, il y a également des populations qui doivent prendre part à des discussions politiques. Il faut donc que le pouvoir soit consolidé, c'est l'aspect politique. Il convient enfin d'assurer un véritable développement du Mali.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 janvier 2013
R - Ils en sont déjà convaincus. Ce matin débute un sommet extraordinaire des pays de la CEDEAO, les pays de la communauté de l'Afrique de l'Ouest. Ces derniers vont intervenir militairement au Mali. En effet, la France a été obligée d'intervenir très rapidement, car l'existence même du pays était menacée. Cependant il est bien entendu que ce sont les Africains qui doivent prendre le relais.
Le président de la Côte d'Ivoire M. Ouattara, qui préside également la CEDEAO, a convoqué ce sommet d'urgence. Son objectif est de préparer le déploiement de la MISMA, la mission internationale de soutien au Mali. Les militaires africains sont là pour l'organiser et pour faire en sorte qu'ils puissent arriver sur place très rapidement. Certains sont déjà arrivés. À présent, a commencé la reconquête du Mali.
Q - Même si ces pays africains interviennent dans les meilleurs délais, les 1.800 soldats français qui sont actuellement au Mali y resteront-ils et si oui, pour combien de temps ?
R - François Hollande s'est très clairement exprimé à ce sujet. La France n'a pas vocation à rester éternellement au Mali, ce n'est pas du tout notre mission. Nous sommes intervenus parce qu'il y avait une urgence absolue, sinon, je le répète, les terroristes auraient pris Bamako.
Je ne sais pas si tout le monde a cela à l'esprit, mais le Mali a sept frontières avec les pays voisins. Donc, si les terroristes avaient pris le contrôle de Bamako et de l'ensemble du Mali, c'était toute la sous région qui était menacée. C'est la raison pour laquelle nous avons dû intervenir d'urgence. Mais dès que le relais pourra être pris par la MISMA, - c'est-à-dire les troupes africaines -, il leur reviendra d'assumer les taches de reconquête.
Q - Dans l'idéal, vous souhaiteriez que ces pays d'Afrique de l'Ouest soient opérationnels au Mali dans quel délai ? Le plus vite possible, mais cela se compte en semaines ou en mois ?
R - Cela se compte en semaines. Certains sont déjà arrivés. C'est un général nigérian qui dirigera officiellement les opérations de la MISMA.
Tout cela, je le rappelle, a été décidé par l'ONU, mais il faut parfois des délais de route et il peut y avoir des problèmes de transport des troupes. C'est d'ailleurs pour cela que je suis présent ici avec un général français, qui est le chef du cabinet de l'état-major de mon collègue de la défense, Jean-Yves Le Drian.
Il y a des problèmes concrets, des problèmes logistiques à régler, mais ils vont l'être très rapidement. Il y a aussi, je tiens à le souligner, des pays, qui ne sont pas membres de cette communauté de l'Afrique de l'Ouest, qui seront présents. C'est notamment le cas du Tchad, dont le président Idriss Deby a décidé l'envoi d'hommes en nombre important. Ce sont des combattants tout à fait exceptionnels.
Q - Dans l'état actuel des choses, Monsieur le Ministre, l'intervention militaire française permet effectivement de regagner du terrain vers le Nord contre les rebelles. Donc, pour l'heure, les Français qui résident au Mali, notamment à Bamako ne sont pas menacés. Il n'est pas question donc de les évacuer ?
R - Non, mais il faut malgré tout rester très vigilant parce qu'il peut y avoir des attentats individuels. Et d'une façon générale, non seulement au Mali mais aussi dans l'ensemble de la région, il faut être très prudent. Nous avons pris des mesures concernant les bâtiments publics et les bâtiments industriels. Mais vous avez vu ce qui s'est passé en Algérie, il faut donc être extrêmement prudent.
Je voudrais ajouter une chose. De nombreux aspects militaires ont naturellement été évoqués ce matin. Il faut cependant conserver à l'esprit que le règlement durable de la crise malienne comporte également un volet politique et un volet de développement. Nous devons, les uns et les autres, contribuer à répondre aux demandes de l'ONU. Il s'agit tout d'abord de rétablir la sécurité, car s'il n'y a pas de sécurité rien ne peut être fait. Mais dans le même temps il est nécessaire qu'une feuille de route politique soit adoptée. Cela consiste notamment à engager dès que possible une discussion entre le Sud et le Nord. Au Nord, il n'y a pas seulement des terroristes, heureusement, il y a également des populations qui doivent prendre part à des discussions politiques. Il faut donc que le pouvoir soit consolidé, c'est l'aspect politique. Il convient enfin d'assurer un véritable développement du Mali.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 janvier 2013