Texte intégral
27 septembre :
La France est-elle prête à la guerre ? Oui, selon un sondage IPSOS-BFM-Le Point publié ce matin : plus de six Français sur dix, 63% disent être favorables à la participation de la France à une action militaire américaine. En revanche, un peu moins de la moitié d'entre eux, 46 % considèrent que cette guerre ne justifie pas de pertes humaines françaises. Cette guerre justement semble se préciser de jour en jour . Ce matin, Lionel Jospin désigne même officiellement l'Afghanistan comme cible de la riposte française. Il faut dire que les taliban ont reconnu hier avoir retrouvé la trace de Ben Laden : il serait caché dans un repère secret en Afghanistan. Quelle sera donc la participation de l'OTAN à ces frappes américaines ? La question a été soulevée hier lors d'une réunion, à Bruxelles.
Tous avaient fait le voyage jusqu'à Bruxelles pour assister à une réunion qui s'annonçait importante. Mais les ministres de la Défense de l'Alliance sont " restés sur leur faim ". Les Etats-Unis ne feront, a priori, pas appel à l'OTAN pour mener leur riposte, une attitude qui a surpris les Européens. La France, comme les autres pays membres, entend combattre le terrorisme collectivement.
Alain Richard Ce qui compte, c'est que nous allions le plus loin possible dans la détection des moyens et des bases d'organisations terroristes, aux Etats-Unis et dans chacun de nos pays, de manière à ce que nous soyions efficaces collectivement.
Cependant les Américains préfèrent garder leur autonomie et choisir leurs compagnons d'armes, comme la Grande-Bretagne, seul pays pour l'instant militairement aux côtés des Etats-Unis. Les Etats-Unis tentent toujours de mobiliser les pays musulmans. Hier George Bush a adressé un avertissement à l'Iran, lui demandant clairement de choisir son camp dans la guerre contre le terrorisme. Pendant ce temps, à Kaboul, des milliers de personnes ont attaqué l'ancienne ambassade américaine, fermée depuis 1989. Parmi les manifestants se trouvaient des taliban, très déterminés, qui ne redoutent apparemment pas l'attaque américaine.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 5 octobre 2001)
1er octobre :
F. Laborde Peut-on dire que l'action en Afghanistan a déjà commencé, même si, officiellement, on ne dit rien dans les cercles militaires ?
- "Si vous posez la question en disant "officiellement, on ne dit rien", c'est que vous savez qu'en réalité, il n'y a pas d'action. Il y a du recueil de renseignements. Dans l'environnement, par l'extérieur, et aussi vraisemblablement sur le site lui-même. C'est autre chose qu'une action armée, j'insiste."
Mais avez dit que certaines actions ne seraient évoquées que bien plus tard, bien après qu'elles aient effectivement eu lieu...
- "Vous auriez tort d'en déduire qu'elles ont lieu maintenant."
Monsieur Bush reconnaît aujourd'hui qu'il va accorder une aide à l'Alliance du Nord, c'est-à-dire aux combattants de l'ex-commandant Massoud. Et le frère de ce dernier dit d'ailleurs qu'il est en train de voir si l'on peut coordonner l'action de l'Alliance du Nord avec celle des groupes spéciaux d'intervention américains et britanniques.
- "Il faut replacer cela dans un objectif global. Il y avait déjà de bonnes raisons de souhaiter que le régime taliban soit remplacé par un régime plus acceptable dans sa gestion de la population afghane et dans ses rapports avec le monde extérieur. Ces raisons se sont évidemment amplifiées depuis les attentats de masse du 11 septembre, qui sont imputables au groupe Ben Laden, qui a le soutien et la coopération du régime taliban. Donc, il y a un objectif politique que je trouve profondément légitime - au point d'ailleurs qu'on entend un certain nombre de gens dire qu'on aurait dû le faire avant -, qui est de détruire ce régime. Il y a plusieurs façons de le détruire, autrement qu'avec un déferlement de forces militaires."
D'ailleurs, au début, on pensait effectivement que les Américains allaient riposter de façon très spectaculaire...
- "Des gens qui n'avaient pas suffisamment réfléchi pensaient que... Il faut constater que ce régime est divisé, que c'est d'ailleurs à peine une formation politique : ce sont des clercs, des responsables religieux, des prêcheurs qui gouvernent un pays. Dans des conditions scandaleuses à tous égards, mais de plus assez inefficaces. Il y a donc à mener des actions qui sont des actions d'influence..."
De renseignements, d'infiltration...
- "Mais même un peu plus. D'influence, pour faire en sorte que ces gens se divisent, que ce régime s'affaiblisse. Il faut trouver des partenaires politiques ayant une représentativité dans un pays comme l'Afghanistan - qui n'a pas de vie démocratique, qui n'en a jamais eue -, de manière à pouvoir constituer un pouvoir politique acceptable, à la fois, encore une fois, pour la vie des Afghans, et qui ne soit pas un germe d'infection terroriste pour l'ensemble international."
Ce pourrait être le rôle de l'ancien roi d'Afghanistan qui vit en Europe, à Rome ?
- "C'est possible. Mais l'Alliance du Nord a, à la fois, un rôle dans ce domaine et un rôle limité. Pourquoi ? Parce qu'elle ne recouvre qu'une partie des communautés qui existent en Afghanistan et aussi parce qu'une partie de ses chefs ont dirigé l'Afghanistan entre 92 et 96, et qu'ils ont laissé un souvenir extrêmement fâcheux à la majorité de la population. Ce sera un peu un travail de constitution, en respectant leur autonomie quand même, d'une espèce de nouvelle Alliance qui puisse diriger l'Afghanistan de manière supportable."
Mais vous nous dites qu'il n'y a aucune opération militaire qui existe. Tout de même, on sait bien qu'il y a des SAS qui sont regroupés sur place, des Bérets verts, des forces spéciales d'intervention...
- "Vous êtes sûre de cela ?"
On reparle des soldats britanniques...
- "Vous voyez bien, vous en êtes à dire : "on..."
Pour les téléspectateurs qui ne le savent peut-être pas, ces soldats britanniques d'origine népalaise font partie des commandos d'élite et qui sont utilisés...
- "Oui, mais vous en êtes à dire "on en parle." Vous n'en savez rien !"
Il ne sont pas sur place ? Vous démentez qu'il y ait toutes ces forces qui soient rassemblées sur place ?
- "Je ne fais aucune déclaration sur ce sujet. Je vous dis simplement que les vôtres ne reposent sur rien. Il n'y a pas d'action armée engagée."
Les Français ont aussi des commandos d'élite. Combien sont-ils ? A peu près 2.000, 3.000 ?
- "Plusieurs centaines, oui."
Ils font quoi en ce moment ?
- "Ils s'entraînent, comme d'habitude."
Ni plus ni moins qu'en temps normal ?
- "Exactement."
Ils se tiennent prêts en toute circonstance ?
- "Oui."
Les Britanniques et les Américains sont décidés à agir de concert, sans forcément le soutien de l'Otan. Est-ce que cela veut dire que les Français n'interviendront jamais dans cette affaire ?
- "Non, ça ne veut pas dire cela. Il faut bien comprendre que l'Alliance Atlantique est une organisation régionale de 19 pays - des pays qui ont des forces importances et des pays qui ont des forces plus faibles -, qui sont habitués à agir ensemble, mais qui n'ont pas de vocation mondiale. Ils ont des capacités inégales entre eux à projeter des moyens d'action à plusieurs milliers de kilomètres. Donc, cela n'est pas une découverte que l'Alliance ne soit pas l'outil principal d'une éventuelle action armée. Il faut ajouter que, compte tenu de l'enjeu politique, il y a d'autres pays qui ne sont pas du tout dans la même région du monde, qui peuvent être des partenaires tout à fait importants - je pense à la Russie par exemple."
Le but du dispositif est d'attraper Ben Laden ?
- "Politiquement, compte tenu de la violence et de la volonté destructrice de ce groupe, et de la menace qu'il peut encore représenter, il n'y a aucun moyen de dire aujourd'hui que les attentats du 11 septembre étaient leur Chant du cygne. C'est un point sur lequel j'insiste un peu. Le risque de destruction agressive et violente existe toujours, et il faut donc le traiter. Il faut en effet désarmer cette base terroriste en interceptant ses dirigeants et aussi en supprimant ses moyens matériels."
Deuxième vague terroriste, menaces d'armes chimiques, les deux sont effectivement envisagés ?
- "Sur les armes chimiques, on détient tout de même un assez bon niveau d'information sur les gens qui pourraient se procurer les moyens de le faire. Ces groupes sont en réalité assez limités. On écrit un peu des choses variées sur le sujet. En réalité, la capacité d'acquérir ces outils-là n'est pas donnée à tout le monde, heureusement. Donc, les possibilités de détection existent. Mais je ne pense pas que ce risque soit à associer avec le groupe Ben Laden, même s'ils en ont eu l'intention."
La France est-elle à l'abri d'actions terroristes avec Vigipirate, tel qu'il fonctionne maintenant ?
- "Comme je l'ai dit dès le début, le système Vigipirate renforcé permet de faire plus d'obstacles, de créer plus de difficultés aux gens qui veulent monter des attentats, y compris des attentats isolés. Il faut par ailleurs que les citoyens - et c'est le cas aujourd'hui - fassent preuve de vigilance, signalent les situations qui peuvent leur paraître anormales. C'est donc un dispositif qui a une certaine efficacité, qui limite considérablement les risques d'attentats. Dire que c'est une sécurité absolue ne serait pas conforme à la réalité."
Est-ce conforme à la réalité de dire qu'à Toulouse, on est à peu près sûrs que ce n'est pas un attentat ?
- "C'est une enquête judiciaire qui est en cours et sur laquelle il me paraît vain de faire aujourd'hui des plans sur la comète."
Cela veut dire que si effectivement, demain, on pense qu'il y a eu un engin explosif, on le dira ?
- "Mais c'est à la justice de le dire. On est dans un pays où la justice est indépendante et c'est elle seule qui pilote cette enquête. Ce serait bien que la presse s'en souvienne."
Vous êtes au coeur de la cohabitation, puisque le Président de la République est Chef des armées, le Premier ministre responsable de la Défense. La cohabitation est-elle compliquée dans cette période quand on voit, alors que vous êtes membre du Gouvernement, qu'elle profite plutôt au Président de la République ?
- "L'élection présidentielle n'est pas commencée et elle concernera la capacité d'hommes et de formations politiques à proposer un avenir, un mandat avec des projets concrets pour les Français entre 2002 et 2007. Donc, cela ne me paraît pas être le sujet. Quant à la façon dont le Chef de l'Etat et le Chef du Gouvernement assument leurs fonctions aujourd'hui, ce que le ministre de la Défense peut dire, c'est que toutes les décisions qui sont à prendre, à son avis, le sont, en temps et en heure, et de manière tout à fait concertée."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 2 octobre 2001)
La France est-elle prête à la guerre ? Oui, selon un sondage IPSOS-BFM-Le Point publié ce matin : plus de six Français sur dix, 63% disent être favorables à la participation de la France à une action militaire américaine. En revanche, un peu moins de la moitié d'entre eux, 46 % considèrent que cette guerre ne justifie pas de pertes humaines françaises. Cette guerre justement semble se préciser de jour en jour . Ce matin, Lionel Jospin désigne même officiellement l'Afghanistan comme cible de la riposte française. Il faut dire que les taliban ont reconnu hier avoir retrouvé la trace de Ben Laden : il serait caché dans un repère secret en Afghanistan. Quelle sera donc la participation de l'OTAN à ces frappes américaines ? La question a été soulevée hier lors d'une réunion, à Bruxelles.
Tous avaient fait le voyage jusqu'à Bruxelles pour assister à une réunion qui s'annonçait importante. Mais les ministres de la Défense de l'Alliance sont " restés sur leur faim ". Les Etats-Unis ne feront, a priori, pas appel à l'OTAN pour mener leur riposte, une attitude qui a surpris les Européens. La France, comme les autres pays membres, entend combattre le terrorisme collectivement.
Alain Richard Ce qui compte, c'est que nous allions le plus loin possible dans la détection des moyens et des bases d'organisations terroristes, aux Etats-Unis et dans chacun de nos pays, de manière à ce que nous soyions efficaces collectivement.
Cependant les Américains préfèrent garder leur autonomie et choisir leurs compagnons d'armes, comme la Grande-Bretagne, seul pays pour l'instant militairement aux côtés des Etats-Unis. Les Etats-Unis tentent toujours de mobiliser les pays musulmans. Hier George Bush a adressé un avertissement à l'Iran, lui demandant clairement de choisir son camp dans la guerre contre le terrorisme. Pendant ce temps, à Kaboul, des milliers de personnes ont attaqué l'ancienne ambassade américaine, fermée depuis 1989. Parmi les manifestants se trouvaient des taliban, très déterminés, qui ne redoutent apparemment pas l'attaque américaine.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 5 octobre 2001)
1er octobre :
F. Laborde Peut-on dire que l'action en Afghanistan a déjà commencé, même si, officiellement, on ne dit rien dans les cercles militaires ?
- "Si vous posez la question en disant "officiellement, on ne dit rien", c'est que vous savez qu'en réalité, il n'y a pas d'action. Il y a du recueil de renseignements. Dans l'environnement, par l'extérieur, et aussi vraisemblablement sur le site lui-même. C'est autre chose qu'une action armée, j'insiste."
Mais avez dit que certaines actions ne seraient évoquées que bien plus tard, bien après qu'elles aient effectivement eu lieu...
- "Vous auriez tort d'en déduire qu'elles ont lieu maintenant."
Monsieur Bush reconnaît aujourd'hui qu'il va accorder une aide à l'Alliance du Nord, c'est-à-dire aux combattants de l'ex-commandant Massoud. Et le frère de ce dernier dit d'ailleurs qu'il est en train de voir si l'on peut coordonner l'action de l'Alliance du Nord avec celle des groupes spéciaux d'intervention américains et britanniques.
- "Il faut replacer cela dans un objectif global. Il y avait déjà de bonnes raisons de souhaiter que le régime taliban soit remplacé par un régime plus acceptable dans sa gestion de la population afghane et dans ses rapports avec le monde extérieur. Ces raisons se sont évidemment amplifiées depuis les attentats de masse du 11 septembre, qui sont imputables au groupe Ben Laden, qui a le soutien et la coopération du régime taliban. Donc, il y a un objectif politique que je trouve profondément légitime - au point d'ailleurs qu'on entend un certain nombre de gens dire qu'on aurait dû le faire avant -, qui est de détruire ce régime. Il y a plusieurs façons de le détruire, autrement qu'avec un déferlement de forces militaires."
D'ailleurs, au début, on pensait effectivement que les Américains allaient riposter de façon très spectaculaire...
- "Des gens qui n'avaient pas suffisamment réfléchi pensaient que... Il faut constater que ce régime est divisé, que c'est d'ailleurs à peine une formation politique : ce sont des clercs, des responsables religieux, des prêcheurs qui gouvernent un pays. Dans des conditions scandaleuses à tous égards, mais de plus assez inefficaces. Il y a donc à mener des actions qui sont des actions d'influence..."
De renseignements, d'infiltration...
- "Mais même un peu plus. D'influence, pour faire en sorte que ces gens se divisent, que ce régime s'affaiblisse. Il faut trouver des partenaires politiques ayant une représentativité dans un pays comme l'Afghanistan - qui n'a pas de vie démocratique, qui n'en a jamais eue -, de manière à pouvoir constituer un pouvoir politique acceptable, à la fois, encore une fois, pour la vie des Afghans, et qui ne soit pas un germe d'infection terroriste pour l'ensemble international."
Ce pourrait être le rôle de l'ancien roi d'Afghanistan qui vit en Europe, à Rome ?
- "C'est possible. Mais l'Alliance du Nord a, à la fois, un rôle dans ce domaine et un rôle limité. Pourquoi ? Parce qu'elle ne recouvre qu'une partie des communautés qui existent en Afghanistan et aussi parce qu'une partie de ses chefs ont dirigé l'Afghanistan entre 92 et 96, et qu'ils ont laissé un souvenir extrêmement fâcheux à la majorité de la population. Ce sera un peu un travail de constitution, en respectant leur autonomie quand même, d'une espèce de nouvelle Alliance qui puisse diriger l'Afghanistan de manière supportable."
Mais vous nous dites qu'il n'y a aucune opération militaire qui existe. Tout de même, on sait bien qu'il y a des SAS qui sont regroupés sur place, des Bérets verts, des forces spéciales d'intervention...
- "Vous êtes sûre de cela ?"
On reparle des soldats britanniques...
- "Vous voyez bien, vous en êtes à dire : "on..."
Pour les téléspectateurs qui ne le savent peut-être pas, ces soldats britanniques d'origine népalaise font partie des commandos d'élite et qui sont utilisés...
- "Oui, mais vous en êtes à dire "on en parle." Vous n'en savez rien !"
Il ne sont pas sur place ? Vous démentez qu'il y ait toutes ces forces qui soient rassemblées sur place ?
- "Je ne fais aucune déclaration sur ce sujet. Je vous dis simplement que les vôtres ne reposent sur rien. Il n'y a pas d'action armée engagée."
Les Français ont aussi des commandos d'élite. Combien sont-ils ? A peu près 2.000, 3.000 ?
- "Plusieurs centaines, oui."
Ils font quoi en ce moment ?
- "Ils s'entraînent, comme d'habitude."
Ni plus ni moins qu'en temps normal ?
- "Exactement."
Ils se tiennent prêts en toute circonstance ?
- "Oui."
Les Britanniques et les Américains sont décidés à agir de concert, sans forcément le soutien de l'Otan. Est-ce que cela veut dire que les Français n'interviendront jamais dans cette affaire ?
- "Non, ça ne veut pas dire cela. Il faut bien comprendre que l'Alliance Atlantique est une organisation régionale de 19 pays - des pays qui ont des forces importances et des pays qui ont des forces plus faibles -, qui sont habitués à agir ensemble, mais qui n'ont pas de vocation mondiale. Ils ont des capacités inégales entre eux à projeter des moyens d'action à plusieurs milliers de kilomètres. Donc, cela n'est pas une découverte que l'Alliance ne soit pas l'outil principal d'une éventuelle action armée. Il faut ajouter que, compte tenu de l'enjeu politique, il y a d'autres pays qui ne sont pas du tout dans la même région du monde, qui peuvent être des partenaires tout à fait importants - je pense à la Russie par exemple."
Le but du dispositif est d'attraper Ben Laden ?
- "Politiquement, compte tenu de la violence et de la volonté destructrice de ce groupe, et de la menace qu'il peut encore représenter, il n'y a aucun moyen de dire aujourd'hui que les attentats du 11 septembre étaient leur Chant du cygne. C'est un point sur lequel j'insiste un peu. Le risque de destruction agressive et violente existe toujours, et il faut donc le traiter. Il faut en effet désarmer cette base terroriste en interceptant ses dirigeants et aussi en supprimant ses moyens matériels."
Deuxième vague terroriste, menaces d'armes chimiques, les deux sont effectivement envisagés ?
- "Sur les armes chimiques, on détient tout de même un assez bon niveau d'information sur les gens qui pourraient se procurer les moyens de le faire. Ces groupes sont en réalité assez limités. On écrit un peu des choses variées sur le sujet. En réalité, la capacité d'acquérir ces outils-là n'est pas donnée à tout le monde, heureusement. Donc, les possibilités de détection existent. Mais je ne pense pas que ce risque soit à associer avec le groupe Ben Laden, même s'ils en ont eu l'intention."
La France est-elle à l'abri d'actions terroristes avec Vigipirate, tel qu'il fonctionne maintenant ?
- "Comme je l'ai dit dès le début, le système Vigipirate renforcé permet de faire plus d'obstacles, de créer plus de difficultés aux gens qui veulent monter des attentats, y compris des attentats isolés. Il faut par ailleurs que les citoyens - et c'est le cas aujourd'hui - fassent preuve de vigilance, signalent les situations qui peuvent leur paraître anormales. C'est donc un dispositif qui a une certaine efficacité, qui limite considérablement les risques d'attentats. Dire que c'est une sécurité absolue ne serait pas conforme à la réalité."
Est-ce conforme à la réalité de dire qu'à Toulouse, on est à peu près sûrs que ce n'est pas un attentat ?
- "C'est une enquête judiciaire qui est en cours et sur laquelle il me paraît vain de faire aujourd'hui des plans sur la comète."
Cela veut dire que si effectivement, demain, on pense qu'il y a eu un engin explosif, on le dira ?
- "Mais c'est à la justice de le dire. On est dans un pays où la justice est indépendante et c'est elle seule qui pilote cette enquête. Ce serait bien que la presse s'en souvienne."
Vous êtes au coeur de la cohabitation, puisque le Président de la République est Chef des armées, le Premier ministre responsable de la Défense. La cohabitation est-elle compliquée dans cette période quand on voit, alors que vous êtes membre du Gouvernement, qu'elle profite plutôt au Président de la République ?
- "L'élection présidentielle n'est pas commencée et elle concernera la capacité d'hommes et de formations politiques à proposer un avenir, un mandat avec des projets concrets pour les Français entre 2002 et 2007. Donc, cela ne me paraît pas être le sujet. Quant à la façon dont le Chef de l'Etat et le Chef du Gouvernement assument leurs fonctions aujourd'hui, ce que le ministre de la Défense peut dire, c'est que toutes les décisions qui sont à prendre, à son avis, le sont, en temps et en heure, et de manière tout à fait concertée."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 2 octobre 2001)