Déclaration de Mme Hélène Conway-Mouret, ministre des Français de l'étranger, sur les relations franco-libyennes, à Tripoli le 12 janvier 2013.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Déplacement en Libye et en Tunisie du 12 au 15 janvier-allocution devant la communauté française de Libye, à Tripoli le 12 janvier 2013

Texte intégral

Mes chers Compatriotes,
Je suis très heureuse de vous rencontrer ici à Tripoli. Ministre déléguée chargée des Français de l’étranger, je tenais tout particulièrement à me rendre en Libye pour rencontrer notre communauté et encourager le retour de nos entreprises. Je saisis cette occasion pour vous adresser, au nom du Gouvernement, mes voeux les plus chaleureux à vous-même et à vos proches à l’occasion de cette nouvelle année. Lors de ses voeux aux Français, le Président de la République a répété la confiance qu’il portait dans notre pays pour le faire avancer et faire retrouver l’espoir à notre jeunesse.
Français de Libye, vous incarnez cet espoir dans un futur renouvelé pour nos deux pays, nos deux jeunesses.
Je sais que la situation est difficile, que vos vies au quotidien sont loin d’être normalisées, que peu de familles vous ont accompagné. Le Ministre, Laurent Fabius qui était ici le 12 novembre dernier, me l’a dit. C’est pourquoi je tenais à vous rendre visite. Chargée des Français de l’étranger, je tiens à me déplacer dès que je le peux à la rencontre de nos communautés. C’est à votre contact que je puise les arguments qui me convainquent toujours davantage que notre pays a besoin d’une politique affirmée vers nos compatriotes vivant à l’étranger et l’énergie pour porter les réformes nécessaires. Je veux mettre en place un service public capable de répondre à vos attentes en termes d’accompagnement administratif et éducatif car je sais que les deux millions de Français résidant à l’étranger sont une chance pour notre pays.
Votre présence comme je le rappelais aux entrepreneurs que je viens de rencontrer, témoigne de l’action de la France dans ce pays dans lequel nous avons toujours été présents.
La Libye a subi avec la révolution du 17 février, un bouleversement total de ses institutions. La société elle-même en a été très affectée. Les libyens ont renversé une dictature vieille de 42 ans. Ils doivent cet élan à l’engagement et au sacrifice d’une partie de la jeunesse du pays qui n’a plus supporté le carcan qui lui était imposé depuis trop longtemps.
C’est parce que la France est elle-même quand elle défend ses valeurs dans le monde qu’elle a pris toute sa part dans l’accompagnement de cette révolution, au nom des principes qu’elle défend, le respect des droits de l’Homme, la justice, la démocratie et l’aspiration à un avenir meilleur.
Le travail qui attend les nouvelles autorités est encore immense. La France, qui a été aux côtés du peuple libyen dès les premières heures de la révolution, le restera dans cette difficile période de construction de l’Etat de Droit.
Je voudrais saluer parmi vous tous ceux qui ont accompagné le changement radical de la société libyenne. En premier lieu, nos compatriotes qui sont restés à Benghazi et à Tripoli pendant les évènements. Je salue tout particulièrement leur courage et leur engagement. Les Libyens sauront se souvenir de ceux qui les ont soutenus et qui leur sont restés fidèles dans les heures difficiles. Je tiens également à remercier tous ceux qui, au nom du service de l’Etat, ou encore pour la défense de nos positions économiques, sont revenus très tôt en Libye pour engager son redressement économique.
La France est riche, riche à la fois de ses entrepreneurs et de son service public. Je conçois les services diplomatiques et consulaires comme des services rendus à l’appui de nos compatriotes expatriés et de nos entreprises à l’étranger.
Vous êtes un exemple de cette synergie réussie.
En effet, afin de renforcer le retour de la communauté française en Libye, les services de l’Etat ont montré l’exemple. Ainsi, dès le 23 août 2011 et la chute de Tripoli, la France rouvrait son ambassade dans la capitale libyenne, à l’école française dans un premier temps, puis en s’installant dès le début octobre dans une chancellerie temporaire « la villa bleue ». Je sais que les conditions de vie et de travail des agents sont restées sommaires pendant plusieurs mois avant la remise en état de la Chancellerie et de la Résidence qui avaient été pillées, saccagées et brûlées.
L’engagement des personnels a permis aux services de l’Etat de fonctionner le plus rapidement possible. Je tiens à les en remercier. Ainsi, dès janvier 2012, les libyens pouvaient à nouveau recevoir des visas. En mai et juin, l’ouverture d’un bureau de vote a permis à nos compatriotes de voter pour les élections présidentielles et législatives.
De la même façon, l’Institut Culturel de Tripoli reprenait les activités dès décembre 2011. Un nouvel Institut Culturel était créé à Benghazi en mai 2012, en partie avec l’aide de la municipalité de cette ville et la participation de sociétés françaises, preuve de notre volonté de réinvestir l’ensemble des champs de notre présence ici.
Enfin, plus récemment - et vous savez mon attachement à notre réseau d’enseignement français à l’étranger, le Lycée français de Tripoli rouvrait ses portes le 3 septembre, comptant déjà 158 élèves, dont 115 libyens. Cette ouverture est la marque de la confiance que nous portons à la jeunesse de ce pays et que nous portent les familles libyennes qui ont fait le choix d’inscrire leurs enfants au lycée français. Nous devons être dignes de cette confiance.
Je voulais ainsi m’adresser à vous pour vous exprimer toute ma reconnaissance.
Vous, Français qui vivez en Libye, vous participez à l’action qui doit être la nôtre, agents de l’Etat : je salue les services de l’ambassade, du consulat et aussi tous ceux qui contribuent à l’éducation, la culture et à la coopération entre deux nos deux pays.
Je voulais aussi exprimer ma considération aux responsables d’entreprises, aux cadres, aux salariés, à tous ceux qui participent à la relance de ces échanges économiques.
Je sais néanmoins que votre communauté est encore réduite, 265 personnes sont désormais inscrites au registre. Je comprends que les épouses et les familles ne sont pas encore revenues. La communauté d’affaires de passage qui représente une centaine de compatriotes est en lien constant avec notre poste. Elle déplore, à juste titre, de ne pas avoir de liaison aérienne directe avec la France. Soyez assurés que je me chargerai de relayer cette requête légitime auprès des responsables et des entreprises concernées.
Je suis bien consciente que les questions de sécurité pèsent sur nos entreprises. S’il est normal que la fiche conseils aux voyageurs de notre Ministère rappelle strictement les consignes de vigilance et de prudence pour l’ensemble de nos concitoyens, il ne faut pas qu’elle devienne un frein à notre présence économique. Comme vous l’a dit Laurent Fabius en novembre dernier, les entreprises, si elles prennent les dispositions qui s’imposent, peuvent travailler en Libye. J’ai souhaité mener, dès le mois d’août dernier, une réflexion sur la sécurité de nos communautés à l’étranger avec nos ambassadeurs. Ces échanges ont été riches, j’ai ainsi demandé à Didier Le Bret, Directeur du Centre de crise, de mettre en oeuvre un certain nombre de mesures. Je souhaite désormais associer nos entreprises à la réflexion. Si la sécurité des collaborateurs doit rester un impératif non négociable, je suis certaine que nous pourrons trouver des procédures permettant aux professionnels de travailler à l’étranger dans de bonnes conditions. C’est également pour cela que j’ai tenu à assister à une réunion avec l’ensemble des chefs d’entreprises et des chefs d’îlots compétents en matière de sécurité.
Mes chers compatriotes,
Un long chemin a été parcouru. Il faut néanmoins poursuivre cet effort pour accompagner l’émergence du nouvel Etat libyen. Je sais que chacun est préoccupé par les questions de sécurité. Il est évident que les mesures de vigilances et de précaution recommandées par le Poste doivent être suivies. Mais il ne faut pas se démobiliser à un moment crucial où ce pays a besoin de l’aide de la France pour parachever la paix et construire l’Etat de droit et la stabilité auxquels il aspire.
Français de Libye, vous savez pouvoir compter sur vos représentants élus au Parlement et à l’Assemblée des Français de l’étranger. C’est d’ailleurs pour améliorer la représentation et l’action locales de vos élus que j’ai lancé une réforme de l’AFE. Le projet de loi de cette réforme sera présenté dans les prochaines semaines au Conseil des Ministres.
En ce début d’année, je vous adresse tous mes remerciements et mes chaleureux, sincères et personnels voeux de santé et de bonheur personnel et professionnel.
Vive la France,
Vive la Libye libre,
Vive l’amitié franco-libyenne.
Source http://www.helene-conway.com, le 23 janvier 2013