Texte intégral
Merci d’être réunis aujourd’hui dans les lieux magnifiques et inspirants de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts (saluer Nicolas Bourriaud le directeur et Gaïta Leboissetier la directrice des études) pour la signature des conventions renouvelées et élargies qui nous réunissent autour de l’objectif partagé de l’égalité d’accès aux formations supérieures en art et architecture.
Je suis très heureuse de commencer l’année 2013 par la signature de notre convention : la démarche initiée par la fondation Culture et diversité incarne et conjugue les objectifs et les valeurs les plus importantes à mes yeux pour le ministère de la culture.
On ne le sait pas assez mais le ministère de la Culture exerce la tutelle pédagogique (et la tutelle tout court) et finance de nombreuses écoles supérieures de formation à des métiers de la création comme les architectes, urbanistes, les designers, les artistes plasticiens, les photographes, les métiers du cinéma, et les métiers du patrimoine, etc.
Ces écoles sont issues d’une longue tradition, mais sont aussi à la pointe des évolutions en matière de formation - ouverture à l’international, innovation pédagogique. Elles contribuent fortement :
- à la dynamique économique de notre pays (80% des élèves travaillent moins d’un an après l’acquisition de leur diplôme, certains diplômés créent leur propre entreprise ou leur agence),
- à la créativité de nos entreprises dans tous les secteurs économiques qui font appel en particulier à des graphistes, des photographes et des designers,
- à l’aménagement de nos territoires et à leur attractivité grâce à l’intervention de nos architectes, urbanistes et paysagistes.
Elles sont pleinement entrées dans la structuration européenne des diplômes LMD. Et apportent un modèle d’enseignement original combinant la pratique organisée autour de la notion de projet, la recherche et une forte dimension de professionnalisation. C’est donc un enjeu essentiel afin que les emplois du secteur culturel contribuent de façon pérenne à des parcours professionnels de qualité.
Mais cette exigence essentielle ne prend tout son sens que dans une perspective démocratique qui nous rassemble aujourd’hui.
On ne peut se contenter en effet du constat qui n’est pas propre aux écoles d’art et de culture- de l’étroitesse de la base sociale des recrutements. Ce serait une erreur politique et morale. Ce serait contradictoire avec le sens de notre engagement et de notre conception de l’art et de la culture, porteurs de valeur d’échange, favorisant l’ouverture des esprits, le lien social.
Je suis très fière que grâce à l’initiative de la fondation Culture et Diversité 16 écoles supérieures et 61 établissements de secteurs prioritaires se soient engagés dans un processus fondé sur l’équité et la motivation. Tout le contraire de l’assistanat à courte vue.
La démarche est exemplaire par son exigence, par l’engagement qu’elle requiert de tous élèves, mais aussi enseignants, proviseurs, tuteurs, c’est une démarche de partage et d’accompagnement qui fait sens et dont je pense qu’elle est enrichissante pour les établissements eux-mêmes.
Oui cela fait sens, dans une société menacée par les clivages, les replis, les clichés. Offrir une chance d’intégrer des écoles difficiles à ceux qui en ont les capacités et le désir profond, mais pas les moyens pécuniers et trop souvent pas même l’idée faute d’y avoir été incité, les accompagner, non pas pour leur faire une place secondaire mais au contraire pour qu’ils soient eux-mêmes des moteurs pour la communauté éducative toute entière, c’est une démarche moderne et intelligente, que je salue. J’ai noté l’exigence permanente de rigueur et d’évaluation qui seront j’en suis sûre très profitables à la réputation des écoles et à la qualité du réseau tout entier.
Je voudrais souligner la qualité de relation entre les ministères engagés ensemble dans cette démarche, la Culture, la Réussite éducative, l’Education nationale, trois institutions différentes par leur histoire et leurs missions mais qui se retrouvent autour de l’exigence d’équité démocratique et sociale, mieux informer et accompagner les élèves, mieux accompagner les étudiants, organiser la réussite pour tous.
D’autres partenariats nous réunissent, les cordées de la réussite, 6 écoles du réseau Culture sont têtes de Cordées, d’autres actions d’information ou très concrètement des réductions de frais d’inscription pour les boursiers.
Cet état d’esprit est aussi celui du grand chantier gouvernemental de l’éducation artistique et culturelle, qui unit l’école refondée et les établissements culturels, avec les collectivités territoriales, dont l’objectif est de fournir les clés d’accès à l’art à tous les élèves.
Dans cet objectif, je suggère que les écoles supérieures d’art et d’architecture soient moteurs dans la formation des enseignants pour consolider leurs capacités à prendre en compte l’histoire des arts et plus largement pour enrichir leur approche de l’art et de la culture. C’est l’un des enjeux de la loi sur l’école ; et c’est l’un des terrains de travail commun que nous devons explorer.
Avant de conclure je souhaite saluer l’engagement de notre mécène, la Fondation Culture et Diversité, car je suis convaincue que notre convention est exemplaire de ce que le mécénat en France peut incarner, pas seulement un apport financier, mais aussi un apport d’intelligence et de confiance de la société civile à l’enrichissement des parcours des jeunes, l’avenir de notre société. Et je sais que nous partageons tant d’objectifs communs !
Le décret fondateur du ministère de la Culture lui donne pour mission de rendre accessibles les oeuvres de l’humanité au plus grand nombre. Le mot clé pour moi c’est celui de l’accès : donner l’accès aux grandes écoles d’art à des étudiants doués et motivés, c’est faire confiance à l’intelligence des jeunes, à leur créativité, à leur curiosité des belles choses du monde et réaffirmer le rôle émancipateur des écoles, cela a du sens.
Merci à tous.
Source http://www.culturecommunication.gouv.fr, le 21 janvier 2013