Texte intégral
Q - Monsieur le Ministre, quelle est votre réaction à la proposition de Milosevic, relayée par Tchernomyrdine, dune présence internationale sous légide de lONU avec la participation russe ?
R - Il faut lexaminer attentivement et, dans le cadre du dialogue que nous avons avec les Russes, nous allons leur demander ce que cela veut dire. Sil apparaissait que cest un pas dans le sens dune réponse positive à lune des cinq questions qui ont été posées, aussi bien par lAlliance atlantique, que par lUnion européenne, et par le Secrétaire général, ce serait intéressant. Mais je le dis avec prudence, je crois que nous allons dabord demander à nos partenaires russes de nous dire exactement quelle est leur interprétation de cela.
Q - Votre entretien avec le Secrétaire général ?
R - Jai tenu à passer à New York pour mentretenir avec lui, pour plusieurs raisons évidentes. Dabord il y a le rôle que joue lONU à travers le HCR sur la question des réfugiés et il y a ensuite que, pour les autorités françaises, il est clair que le règlement futur doit être élaboré et déterminé dans le cadre du Conseil de sécurité. Le règlement, aussi bien dans ses dispositions politiques que dans ses dispositions de sécurité. On y travaille à travers des conversations préparatoires qui ont lieu entre Européens, entre alliés, et plus particulièrement avec les pays membres du Conseil. On y travaille sur un autre plan, parce que les positions sont encore nettement différentes, avec les Russes. Mais pour nous, laboutissement nécessaire de ces discussions, cest le Conseil. Cest un travail de préparation. On nest pas encore à la veille de ça. Mais ce travail de préparation doit être fait dès maintenant.
Il est clair que nous continuons à travailler sur la base des cinq principes dont je parlais, et que cest au regard de ces cinq principes, de ces cinq points, de ces cinq questions, on les appelle comme on veut, que nous apprécierons tout mouvement futur.
Dautre part, jai parlé avec le Secrétaire général de son rôle futur. Et je vois quil est dans une phase que je comprends très bien et que japprouve, dans une phase, disons, de préparation méthodique. Il voit les uns et les autres, il domine le terrain, il regarde les conditions dans lesquelles il pourrait agir utilement. Il ne me parait pas sur le point de prendre une initiative parce quil veut agir sur un terrain, disons, consolidé, en termes diplomatiques. Cela ne nous a pas empêché dévoquer son rôle futur par rapport à cette question. Et dans limmédiat nous jugeons très utiles ses déplacements de la semaine prochaine.
Q - Vous lencouragez à avoir un rôle plus actif ?
R - Nous lencourageons à préparer un rôle actif pour le moment où les conditions seront réunies, un rôle non seulement actif, mais efficace. Nous souhaitons quil puisse intervenir pour vraiment faire bouger la situation. Donc cest une préparation logique. Nous la soutenons. Le moment venu, il faudra combiner le travail du Secrétaire général et ce que nous souhaitons voir élaborer dans le cadre du Conseil.
Q - A vos yeux il nest pas question quil serve de médiateur entre Belgrade et les alliés ou les Européens. Son rôle devrait être damener les autorités yougoslaves à accepter vos conditions.
R - Je ne pense pas quil y ait besoin dune médiation à ce stade. En tous cas, pas de la part du Secrétaire général. Le travail de contact fait par les Russes est une bonne chose. Depuis le début, nous avons soutenu ce que les Russes pourraient faire dutile sur ce plan. Mais je ne pense pas que le Secrétaire général doive faire une médiation à proprement parler, dans la mesure où les questions posées aux autorités de Belgrade sont parfaitement claires. Ce qui est attendu, ce sont des signes concrets engageant les autorités de Belgrade dans lapplication de ces cinq conditions. Cela ne relève pas dune médiation. Je reviens à ce que je disais, nous lencourageons dans ce travail de préparation méthodique dune intervention, le moment venu, qui pourrait se combiner avec le travail que nous faisons, en tant que membre permanent, par rapport à ce futur règlement. Voilà, je crois quon ne peut pas en dire plus aujourdhui.
Q - Deux précisions seulement par rapport au rôle du Conseil de sécurité. Par rapport à une intervention terrestre de lOTAN, est-ce que vous estimez que cest au Conseil de sécurité dobtenir un mandat, ce qui na pas été fait pour lintervention aérienne. Et deuxièmement pour un blocus pétrolier ...
R - Il y a différentes choses. Dabord, juste un petit retour en arrière. Nous avons estimé, même si cest discutable, cest discutable dans les deux sens, que laction menée tirait sa légitimité des trois résolutions, même si elles ne sont pas aussi explicites, complètes et précises que, notamment nous, nous aurions pu le souhaiter.
Dautre part, laction terrestre est une question qui est débattue essentiellement par les médias. Je vous rappelle quà ce stade tous les gouvernements de lAlliance ont expliqué pourquoi cette option navait pas été retenue et pourquoi loption aérienne avait été préférée. Et je vous rappelle que régulièrement les autorités des pays de lAlliance expliquent quaucun pays na lintention de mener cette opération. Donc cette question-là nest pas dactualité par rapport au Conseil.
Quant à la question du contrôle maritime, nous avons effectivement fait remarquer dans le cadre de lOTAN que lintervention proposée navait pas de base légale, même pas les bases que je citais ...
Q - La résolution 1160 ...
R - Non, ça ne nous parait pas pertinent et ça nous parait poser des problèmes sérieux. Il faudrait appréhender des bateaux, évaluer le comportement des pays tiers, cest un contexte compliqué. Cest pour cela que nous avons fait des contre propositions dont celle qui a presque abouti. Laccord de principe a été obtenu, je ne crois pas que lacceptation complète soit intervenue, mais je crois que cest demain ou après-demain quinterviendra une décision des Quinze dinterrompre toute vente, tout commerce de produits énergétiques permettant à larmée yougoslave de se réapprovisionner. Une mesure qui serait décidée par les Quinze, les concernant, et qui pourrait être suivie par dautres pays. Ce nest pas exactement le même terrain, mais cest précisément parce que nous pensons que la première proposition nétait pas étayée.
Q - Dans ce cas, est-ce quil y a une distinction possible entre lapprovisionnement militaire et lapprovisionnement civil ?
R - Je nen sais rien, mais ça métonnerait.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 avril 1999)
R - Il faut lexaminer attentivement et, dans le cadre du dialogue que nous avons avec les Russes, nous allons leur demander ce que cela veut dire. Sil apparaissait que cest un pas dans le sens dune réponse positive à lune des cinq questions qui ont été posées, aussi bien par lAlliance atlantique, que par lUnion européenne, et par le Secrétaire général, ce serait intéressant. Mais je le dis avec prudence, je crois que nous allons dabord demander à nos partenaires russes de nous dire exactement quelle est leur interprétation de cela.
Q - Votre entretien avec le Secrétaire général ?
R - Jai tenu à passer à New York pour mentretenir avec lui, pour plusieurs raisons évidentes. Dabord il y a le rôle que joue lONU à travers le HCR sur la question des réfugiés et il y a ensuite que, pour les autorités françaises, il est clair que le règlement futur doit être élaboré et déterminé dans le cadre du Conseil de sécurité. Le règlement, aussi bien dans ses dispositions politiques que dans ses dispositions de sécurité. On y travaille à travers des conversations préparatoires qui ont lieu entre Européens, entre alliés, et plus particulièrement avec les pays membres du Conseil. On y travaille sur un autre plan, parce que les positions sont encore nettement différentes, avec les Russes. Mais pour nous, laboutissement nécessaire de ces discussions, cest le Conseil. Cest un travail de préparation. On nest pas encore à la veille de ça. Mais ce travail de préparation doit être fait dès maintenant.
Il est clair que nous continuons à travailler sur la base des cinq principes dont je parlais, et que cest au regard de ces cinq principes, de ces cinq points, de ces cinq questions, on les appelle comme on veut, que nous apprécierons tout mouvement futur.
Dautre part, jai parlé avec le Secrétaire général de son rôle futur. Et je vois quil est dans une phase que je comprends très bien et que japprouve, dans une phase, disons, de préparation méthodique. Il voit les uns et les autres, il domine le terrain, il regarde les conditions dans lesquelles il pourrait agir utilement. Il ne me parait pas sur le point de prendre une initiative parce quil veut agir sur un terrain, disons, consolidé, en termes diplomatiques. Cela ne nous a pas empêché dévoquer son rôle futur par rapport à cette question. Et dans limmédiat nous jugeons très utiles ses déplacements de la semaine prochaine.
Q - Vous lencouragez à avoir un rôle plus actif ?
R - Nous lencourageons à préparer un rôle actif pour le moment où les conditions seront réunies, un rôle non seulement actif, mais efficace. Nous souhaitons quil puisse intervenir pour vraiment faire bouger la situation. Donc cest une préparation logique. Nous la soutenons. Le moment venu, il faudra combiner le travail du Secrétaire général et ce que nous souhaitons voir élaborer dans le cadre du Conseil.
Q - A vos yeux il nest pas question quil serve de médiateur entre Belgrade et les alliés ou les Européens. Son rôle devrait être damener les autorités yougoslaves à accepter vos conditions.
R - Je ne pense pas quil y ait besoin dune médiation à ce stade. En tous cas, pas de la part du Secrétaire général. Le travail de contact fait par les Russes est une bonne chose. Depuis le début, nous avons soutenu ce que les Russes pourraient faire dutile sur ce plan. Mais je ne pense pas que le Secrétaire général doive faire une médiation à proprement parler, dans la mesure où les questions posées aux autorités de Belgrade sont parfaitement claires. Ce qui est attendu, ce sont des signes concrets engageant les autorités de Belgrade dans lapplication de ces cinq conditions. Cela ne relève pas dune médiation. Je reviens à ce que je disais, nous lencourageons dans ce travail de préparation méthodique dune intervention, le moment venu, qui pourrait se combiner avec le travail que nous faisons, en tant que membre permanent, par rapport à ce futur règlement. Voilà, je crois quon ne peut pas en dire plus aujourdhui.
Q - Deux précisions seulement par rapport au rôle du Conseil de sécurité. Par rapport à une intervention terrestre de lOTAN, est-ce que vous estimez que cest au Conseil de sécurité dobtenir un mandat, ce qui na pas été fait pour lintervention aérienne. Et deuxièmement pour un blocus pétrolier ...
R - Il y a différentes choses. Dabord, juste un petit retour en arrière. Nous avons estimé, même si cest discutable, cest discutable dans les deux sens, que laction menée tirait sa légitimité des trois résolutions, même si elles ne sont pas aussi explicites, complètes et précises que, notamment nous, nous aurions pu le souhaiter.
Dautre part, laction terrestre est une question qui est débattue essentiellement par les médias. Je vous rappelle quà ce stade tous les gouvernements de lAlliance ont expliqué pourquoi cette option navait pas été retenue et pourquoi loption aérienne avait été préférée. Et je vous rappelle que régulièrement les autorités des pays de lAlliance expliquent quaucun pays na lintention de mener cette opération. Donc cette question-là nest pas dactualité par rapport au Conseil.
Quant à la question du contrôle maritime, nous avons effectivement fait remarquer dans le cadre de lOTAN que lintervention proposée navait pas de base légale, même pas les bases que je citais ...
Q - La résolution 1160 ...
R - Non, ça ne nous parait pas pertinent et ça nous parait poser des problèmes sérieux. Il faudrait appréhender des bateaux, évaluer le comportement des pays tiers, cest un contexte compliqué. Cest pour cela que nous avons fait des contre propositions dont celle qui a presque abouti. Laccord de principe a été obtenu, je ne crois pas que lacceptation complète soit intervenue, mais je crois que cest demain ou après-demain quinterviendra une décision des Quinze dinterrompre toute vente, tout commerce de produits énergétiques permettant à larmée yougoslave de se réapprovisionner. Une mesure qui serait décidée par les Quinze, les concernant, et qui pourrait être suivie par dautres pays. Ce nest pas exactement le même terrain, mais cest précisément parce que nous pensons que la première proposition nétait pas étayée.
Q - Dans ce cas, est-ce quil y a une distinction possible entre lapprovisionnement militaire et lapprovisionnement civil ?
R - Je nen sais rien, mais ça métonnerait.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 avril 1999)