Texte intégral
(extraits)
Q - Vous revenez de Chine. Quelle est la perception de la France chez nos partenaires?
R - J'ai constaté auprès de tous mes interlocuteurs chinois une très grande attention à notre situation économique et, plus largement, à celle de la zone euro. Lors de mon entretien avec M. Li Keqiang, le futur Premier ministre, que j'étais le Premier ministre européen des Finances à rencontrer, j'ai entendu un message de confiance, mais également l'attente des résultats concrets de nos actions. Je les ai invités à mesurer pleinement les atouts de la France et à investir dans notre économie.
Q - Le gouvernement a tenu ce jeudi un séminaire sur les investissements. Comment les stimuler alors que les caisses de l'État sont vides?
R - La priorité du chef de l'État, c'est l'inversion de la courbe du chômage d'ici à la fin de l'année. Relancer l'investissement est au coeur de notre stratégie pour y parvenir. Nous avons mis en place un cadre très favorable à l'investissement privé, en stabilisant la zone euro et en lançant notre pacte pour la compétitivité. Le logement, la rénovation thermique, les infrastructures de transport et le déploiement du très haut débit ont été identifiés comme nos principales priorités. Il s'agit à présent d'orienter l'épargne abondante des Français vers les investissements d'avenir. Comme l'a dit le Premier ministre, les ressources publiques seront également redéployées vers ces objectifs. La feuille de route est tracée et le séminaire a permis la mobilisation du gouvernement dans cette direction.
(...)
Q - Attendez-vous la discussion prévue au printemps avec Bruxelles, sur la question de la croissance et des finances publiques pour admettre que la France ne tiendra pas son engagement de ramener son déficit à 3 % du PIB cette année?
R - Si j'avais aujourd'hui la conviction que la croissance ne pourra pas atteindre 0,8 % comme nous l'anticipons, je l'aurais dit. Les incertitudes sont fortes, bien sûr, mais je relève que certaines évolutions - l'accord sur le budget aux États-Unis, les perspectives de croissance de la Chine, les solutions apportées à la zone euro - sont positives. Nos actions pour rétablir la compétitivité de la France et défendre la consommation intérieure soutiennent aussi la croissance. Même si le début de cette année est difficile, il n'est pas question de donner aujourd'hui le moindre signal qui pourrait faire penser que notre volonté de ramener notre déficit public à 3 % faiblit. Cela dit, il faut aussi que les Européens s'interrogent sur les moyens d'obtenir plus de croissance, comme le FMI et l'OCDE nous y invitent.
Q - Étiez-vous candidat à la présidence de l'Eurogroupe?
R - Je n'ai jamais été candidat. Mon nom a été évoqué par certains - ce qui est un honneur -, mais la tâche qui m'a été confiée est d'être ministre de l'économie et des finances de la France, dans une période de crise, et cette tâche est lourde. Au passage, j'ai lu ici ou là que je pourrais quitter le gouvernement pour prendre la présidence de l'Eurogroupe, ce qui est absolument faux. Dans mon esprit, le président de cette institution doit être un ministre en exercice. Ce qui m'importe, c'est que les idées et les conceptions de la France sur l'avenir de la zone euro soient entendues par le futur président, en particulier s'agissant de l'union bancaire, qu'il faut poursuivre, de l'intégrité de la zone euro, qui doit être préservée, et des politiques de croissance, qu'il est indispensable de mener. Je l'ai dit à Jeroen Dijsselbloem.
Q - Vous avez semé le trouble en indiquant que pour surmonter ses difficultés, le constructeur automobile PSA devrait «aller plus loin». Qu'entendez-vous par là?
R - Ne déformons pas mes propos ! PSA, qui a vendu moins de 3 millions de voitures en 2012, se trouve dans une situation difficile. Pour y faire face, le groupe a engagé un partenariat stratégique avec GM. Il conduit un plan social douloureux, que nous avons travaillé à contenir, et a obtenu de l'État une garantie sur sa filiale bancaire. Dans ce contexte, PSA a donné des assurances sur sa production en France, notamment dans l'usine de Rennes, et a nommé Louis Gallois, le commissaire à l'investissement, à son conseil de surveillance. Pour se redresser, PSA approfondira sans doute sa réflexion stratégique, mais c'est une entreprise privée et, à ce titre, c'est à elle de faire les choix qu'elle estime judicieux. J'ai la conviction qu'il y a une place pour PSA sur le marché mondial. En ce qui concerne la garantie apportée par l'État pour sa filiale bancaire, je suis tout à fait confiant sur le déroulement des discussions que nous menons avec Bruxelles.
Q - Le PDG d'EDF, Henri Proglio, fait l'objet d'une enquête de l'inspection des finances au sujet de la façon dont ont été obtenus des contrats en Chine. Lui maintenez-vous votre confiance?
R - Il ne s'agit pas d'une enquête ou d'une remise en cause des partenariats existants avec la Chine, dont j'ai pu constater lors de ma visite à Pékin qu'ils étaient d'une importance essentielle aux yeux de nos interlocuteurs gouvernementaux. Il s'agit d'une mission de contrôle. En tant qu'État actionnaire, notre devoir est de nous assurer que nos choix stratégiques sont préservés dans les négociations. Cette procédure ne vise pas davantage M. Proglio. L'intention du gouvernement n'est ni de compromettre l'avenir d'un partenariat avec la Chine qui dure depuis trente ans, ni de chercher un prétexte pour changer la gouvernance de l'entreprise. Nous voulons juste mieux apprécier le fonctionnement de la filière nucléaire. Cette mission - dont nous devrions avoir les conclusions d'ici à trois mois - y contribuera.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 janvier 2013
Q - Vous revenez de Chine. Quelle est la perception de la France chez nos partenaires?
R - J'ai constaté auprès de tous mes interlocuteurs chinois une très grande attention à notre situation économique et, plus largement, à celle de la zone euro. Lors de mon entretien avec M. Li Keqiang, le futur Premier ministre, que j'étais le Premier ministre européen des Finances à rencontrer, j'ai entendu un message de confiance, mais également l'attente des résultats concrets de nos actions. Je les ai invités à mesurer pleinement les atouts de la France et à investir dans notre économie.
Q - Le gouvernement a tenu ce jeudi un séminaire sur les investissements. Comment les stimuler alors que les caisses de l'État sont vides?
R - La priorité du chef de l'État, c'est l'inversion de la courbe du chômage d'ici à la fin de l'année. Relancer l'investissement est au coeur de notre stratégie pour y parvenir. Nous avons mis en place un cadre très favorable à l'investissement privé, en stabilisant la zone euro et en lançant notre pacte pour la compétitivité. Le logement, la rénovation thermique, les infrastructures de transport et le déploiement du très haut débit ont été identifiés comme nos principales priorités. Il s'agit à présent d'orienter l'épargne abondante des Français vers les investissements d'avenir. Comme l'a dit le Premier ministre, les ressources publiques seront également redéployées vers ces objectifs. La feuille de route est tracée et le séminaire a permis la mobilisation du gouvernement dans cette direction.
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Q - Attendez-vous la discussion prévue au printemps avec Bruxelles, sur la question de la croissance et des finances publiques pour admettre que la France ne tiendra pas son engagement de ramener son déficit à 3 % du PIB cette année?
R - Si j'avais aujourd'hui la conviction que la croissance ne pourra pas atteindre 0,8 % comme nous l'anticipons, je l'aurais dit. Les incertitudes sont fortes, bien sûr, mais je relève que certaines évolutions - l'accord sur le budget aux États-Unis, les perspectives de croissance de la Chine, les solutions apportées à la zone euro - sont positives. Nos actions pour rétablir la compétitivité de la France et défendre la consommation intérieure soutiennent aussi la croissance. Même si le début de cette année est difficile, il n'est pas question de donner aujourd'hui le moindre signal qui pourrait faire penser que notre volonté de ramener notre déficit public à 3 % faiblit. Cela dit, il faut aussi que les Européens s'interrogent sur les moyens d'obtenir plus de croissance, comme le FMI et l'OCDE nous y invitent.
Q - Étiez-vous candidat à la présidence de l'Eurogroupe?
R - Je n'ai jamais été candidat. Mon nom a été évoqué par certains - ce qui est un honneur -, mais la tâche qui m'a été confiée est d'être ministre de l'économie et des finances de la France, dans une période de crise, et cette tâche est lourde. Au passage, j'ai lu ici ou là que je pourrais quitter le gouvernement pour prendre la présidence de l'Eurogroupe, ce qui est absolument faux. Dans mon esprit, le président de cette institution doit être un ministre en exercice. Ce qui m'importe, c'est que les idées et les conceptions de la France sur l'avenir de la zone euro soient entendues par le futur président, en particulier s'agissant de l'union bancaire, qu'il faut poursuivre, de l'intégrité de la zone euro, qui doit être préservée, et des politiques de croissance, qu'il est indispensable de mener. Je l'ai dit à Jeroen Dijsselbloem.
Q - Vous avez semé le trouble en indiquant que pour surmonter ses difficultés, le constructeur automobile PSA devrait «aller plus loin». Qu'entendez-vous par là?
R - Ne déformons pas mes propos ! PSA, qui a vendu moins de 3 millions de voitures en 2012, se trouve dans une situation difficile. Pour y faire face, le groupe a engagé un partenariat stratégique avec GM. Il conduit un plan social douloureux, que nous avons travaillé à contenir, et a obtenu de l'État une garantie sur sa filiale bancaire. Dans ce contexte, PSA a donné des assurances sur sa production en France, notamment dans l'usine de Rennes, et a nommé Louis Gallois, le commissaire à l'investissement, à son conseil de surveillance. Pour se redresser, PSA approfondira sans doute sa réflexion stratégique, mais c'est une entreprise privée et, à ce titre, c'est à elle de faire les choix qu'elle estime judicieux. J'ai la conviction qu'il y a une place pour PSA sur le marché mondial. En ce qui concerne la garantie apportée par l'État pour sa filiale bancaire, je suis tout à fait confiant sur le déroulement des discussions que nous menons avec Bruxelles.
Q - Le PDG d'EDF, Henri Proglio, fait l'objet d'une enquête de l'inspection des finances au sujet de la façon dont ont été obtenus des contrats en Chine. Lui maintenez-vous votre confiance?
R - Il ne s'agit pas d'une enquête ou d'une remise en cause des partenariats existants avec la Chine, dont j'ai pu constater lors de ma visite à Pékin qu'ils étaient d'une importance essentielle aux yeux de nos interlocuteurs gouvernementaux. Il s'agit d'une mission de contrôle. En tant qu'État actionnaire, notre devoir est de nous assurer que nos choix stratégiques sont préservés dans les négociations. Cette procédure ne vise pas davantage M. Proglio. L'intention du gouvernement n'est ni de compromettre l'avenir d'un partenariat avec la Chine qui dure depuis trente ans, ni de chercher un prétexte pour changer la gouvernance de l'entreprise. Nous voulons juste mieux apprécier le fonctionnement de la filière nucléaire. Cette mission - dont nous devrions avoir les conclusions d'ici à trois mois - y contribuera.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 janvier 2013