Texte intégral
Q - Alors, qu'est-ce qui a pu rendre la libération de Florence Cassez possible cette nuit ? Le changement de président au Mexique ou le changement de président en France ?
R - Non, je crois qu'il y a eu une bonne relation entre le président François Hollande et le président mexicain Pena Nieto au mois d'octobre, mais la justice a rendu sa décision de façon indépendante. Vous avez vu d'ailleurs la sobriété des réactions françaises qui n'a d'égale que la joie profonde du gouvernement français, de notre pays, de toutes ses autorités, de voir la justice enfin rendue. Il y a eu pendant sept ans une innocente, qui a été emprisonnée de façon très injuste au Mexique, qui, par son combat et par le combat de tous ceux qui l'ont soutenue, combats salués par le président de la République, et qui aujourd'hui peut être libérée. Je crois qu'il ne faut pas aller au-delà, au niveau des commentaires.
Q - Sur le tarmac, tout à l'heure, on dit que Nicolas Sarkozy pourrait être aux côtés de François Hollande, François Hollande qui n'a pas évoqué Nicolas Sarkozy, justement, hier, alors que la famille de Florence Cassez l'a fait. C'était volontaire ?
R - Franchement, vous avez vu la sobriété, encore une fois, des réactions françaises. Que cette libération soit le moment, pour nous tous, de célébrer une forme d'unité, d'union, parce que, ce qui compte, c'est cette libération, c'est la joie que nous partageons tous. Je pense qu'il y a des polémiques qu'il vaut mieux laisser de côté.
Q - Alors, du côté de l'Europe, cela ne va pas terrible, David Cameron qui, hier, promet un référendum sur oui ou non est-ce que les Anglais doivent rester dans l'Union européenne. Les référendums sur l'Europe, on dit toujours non, vous êtes bien placé pour le savoir, puisque vous avez fait campagne pour le non au référendum en 2005. Cela ne va pas marcher, c'est un énorme ...
R - Oui, mais enfin, on est dans une situation très différente de celle de 2005.
En 2005, il y avait un référendum qui résultait de la modification de traités au terme de la mise en place d'un dispositif constitutionnel. Là, il s'agit d'une décision qui ne concerne qu'un pays. Et vous avez lu comme moi, j'imagine, de façon très attentive, les déclarations de David Cameron. Que dit David Cameron ? Il dit : la zone euro va s'organiser davantage, elle veut s'intégrer davantage, mais la zone euro ne recouvre pas la totalité des pays de l'Union européenne. Par conséquent, dès lors que l'Union européenne, la zone euro décident de s'intégrer davantage, il faut que la Grande-Bretagne ait la possibilité de revoir ses relations avec le marché intérieur.
Q - Mais c'est une mauvaise nouvelle.
Q - Donc, pour vous, c'est justifié... ?
R - Non...
Q - ...cette possibilité du référendum ?
R - Je dis simplement qu'il faut prendre du recul par rapport à cette annonce, on sait que cette annonce est dictée essentiellement par des considérations de politique intérieure. Il y a une frange du parti...
Q - C'est du bluff ?
R - Il y a une frange du parti conservateur, qui est très eurosceptique, il y a David Cameron qui voit les élections se profiler, qui souhaite faire de l'Europe l'un des sujets de ces élections ; il est d'ailleurs toujours mauvais de préempter les questions européennes en faisant naître davantage d'euroscepticisme à l'occasion des élections.
Q - Oui, parce que, du coup, on a un peu l'impression qu'il prend l'Europe en otage pour des questions intérieures.
R - Et donc il faut pouvoir dire à David Cameron, si on est résolument européen, si on croit en l'Europe, si on pense que l'Europe doit être une solution face à la crise, les choses clairement. Je veux dire que l'Europe a besoin aujourd'hui d'apparaître comme une solution, elle a besoin de plus d'harmonisation, d'harmonisation sociale, fiscale. Elle a besoin de plus d'intégration, elle n'a pas besoin de devenir une « machine à dérogations », qui finirait par aboutir à la désintégration de l'Union européenne...
Q - Mais justement, là-dessus...
R - Nous devons, face à la crise, apporter la démonstration au peuple que l'Europe est une solution, elle n'est pas un problème.
Q - On a l'impression que justement, la réponse à David Cameron n'est pas unie. On a vu, il y a deux jours, tout le monde s'exprimer en grande pompe à Berlin, sur l'union franco-allemande. Mais en réalité, hier, les réactions étaient d'un côté pour l'Allemagne, Angela Merkel qui a dit «on peut discuter» ; donc effectivement elle ouvre la porte en quelque sorte à David Cameron, et François Hollande, qui a été beaucoup plus ferme, est-ce qu'il ne faut pas se mettre d'accord ?
R - Non, pas du tout. Non, je pense qu'il ne faut pas voir systématiquement des divergences, des différences, là où il n'y en a pas. Nous voulons...
Q - Alors, vous n'avez pas répondu d'une seule voix à David Cameron.
R - Si, nous avons dit la même chose. Qu'avons-nous dit ? Nous avons dit : d'abord que nous souhaitons que la Grande-Bretagne reste au sein de l'Union européenne. Nous avons besoin de la Grande-Bretagne au sein de l'Union européenne, parce que dans le marché intérieur...
Q - Peut-être pas assez fermement.
R - ... la Grande-Bretagne est une puissance, est une force économique. La Grande-Bretagne a par ailleurs intérêt à rester au sein de l'Union européenne ; d'ailleurs David Cameron lui-même l'a compris ; il n'a pas proposé que la Grande-Bretagne sorte de l'Union européenne. Et par ailleurs...
Q - Mais quand Laurent Fabius dit : «Nous, on va vous dérouler, on va dérouler le tapis rouge aux entreprises, c'est de la provoc».
R - ...et par ailleurs nous avons dit, avec les Allemands : nous pouvons discuter, mais nous devons discuter dans un cadre clair, et l'Europe ne peut pas être une Europe à la carte, on ne peut pas multiplier les dérogations, on ne peut pas faire du sur-mesure pour chaque pays...
Q - Et on ne pourrait pas imaginer, justement, pourquoi pas ? Pourquoi pas, au fond ?
R - ... parce que si nous faisions cela, nous n'aurions pas la possibilité d'aller vers ce qui peut permettre à l'Europe d'assurer une croissance durable, la prospérité durable pour ses peuples, c'est-à-dire l'intégration sociale, l'intégration fiscale, un budget pour l'Union européenne qui ne se réduise pas à une discussion sur des coupes et des rabais, mais qui permette d'avoir de véritables moyens pour de vraies politiques, en matière de croissance, en matière de politique agricole, en matière d'écologie.
Q - Donc, Cameron, aujourd'hui, vous lui dites : soit tu restes, soit tu pars, mais on ne peut pas faire une Europe à la carte.
R - On ne peut pas faire une Europe à la carte, on ne peut pas multiplier les dérogations. Il peut y avoir, dans le cadre des évolutions institutionnelles que connaîtra l'Union européenne, des discussions entre les États ; elles auront lieu d'ailleurs, dans la perspective des élections de 2014, et elles ont déjà lieu, puisqu'Herman Van Rompuy propose à la demande des chefs d'État et de gouvernement, en tant que président du Conseil, des perspectives d'évolution pour l'Union européenne. La discussion, oui, mais l'Europe fonctionne davantage sur la base du compromis, du bon compromis qui la fait avancer, que sur le bras de fer ou le rapport de force. (...).
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 janvier 2013
R - Non, je crois qu'il y a eu une bonne relation entre le président François Hollande et le président mexicain Pena Nieto au mois d'octobre, mais la justice a rendu sa décision de façon indépendante. Vous avez vu d'ailleurs la sobriété des réactions françaises qui n'a d'égale que la joie profonde du gouvernement français, de notre pays, de toutes ses autorités, de voir la justice enfin rendue. Il y a eu pendant sept ans une innocente, qui a été emprisonnée de façon très injuste au Mexique, qui, par son combat et par le combat de tous ceux qui l'ont soutenue, combats salués par le président de la République, et qui aujourd'hui peut être libérée. Je crois qu'il ne faut pas aller au-delà, au niveau des commentaires.
Q - Sur le tarmac, tout à l'heure, on dit que Nicolas Sarkozy pourrait être aux côtés de François Hollande, François Hollande qui n'a pas évoqué Nicolas Sarkozy, justement, hier, alors que la famille de Florence Cassez l'a fait. C'était volontaire ?
R - Franchement, vous avez vu la sobriété, encore une fois, des réactions françaises. Que cette libération soit le moment, pour nous tous, de célébrer une forme d'unité, d'union, parce que, ce qui compte, c'est cette libération, c'est la joie que nous partageons tous. Je pense qu'il y a des polémiques qu'il vaut mieux laisser de côté.
Q - Alors, du côté de l'Europe, cela ne va pas terrible, David Cameron qui, hier, promet un référendum sur oui ou non est-ce que les Anglais doivent rester dans l'Union européenne. Les référendums sur l'Europe, on dit toujours non, vous êtes bien placé pour le savoir, puisque vous avez fait campagne pour le non au référendum en 2005. Cela ne va pas marcher, c'est un énorme ...
R - Oui, mais enfin, on est dans une situation très différente de celle de 2005.
En 2005, il y avait un référendum qui résultait de la modification de traités au terme de la mise en place d'un dispositif constitutionnel. Là, il s'agit d'une décision qui ne concerne qu'un pays. Et vous avez lu comme moi, j'imagine, de façon très attentive, les déclarations de David Cameron. Que dit David Cameron ? Il dit : la zone euro va s'organiser davantage, elle veut s'intégrer davantage, mais la zone euro ne recouvre pas la totalité des pays de l'Union européenne. Par conséquent, dès lors que l'Union européenne, la zone euro décident de s'intégrer davantage, il faut que la Grande-Bretagne ait la possibilité de revoir ses relations avec le marché intérieur.
Q - Mais c'est une mauvaise nouvelle.
Q - Donc, pour vous, c'est justifié... ?
R - Non...
Q - ...cette possibilité du référendum ?
R - Je dis simplement qu'il faut prendre du recul par rapport à cette annonce, on sait que cette annonce est dictée essentiellement par des considérations de politique intérieure. Il y a une frange du parti...
Q - C'est du bluff ?
R - Il y a une frange du parti conservateur, qui est très eurosceptique, il y a David Cameron qui voit les élections se profiler, qui souhaite faire de l'Europe l'un des sujets de ces élections ; il est d'ailleurs toujours mauvais de préempter les questions européennes en faisant naître davantage d'euroscepticisme à l'occasion des élections.
Q - Oui, parce que, du coup, on a un peu l'impression qu'il prend l'Europe en otage pour des questions intérieures.
R - Et donc il faut pouvoir dire à David Cameron, si on est résolument européen, si on croit en l'Europe, si on pense que l'Europe doit être une solution face à la crise, les choses clairement. Je veux dire que l'Europe a besoin aujourd'hui d'apparaître comme une solution, elle a besoin de plus d'harmonisation, d'harmonisation sociale, fiscale. Elle a besoin de plus d'intégration, elle n'a pas besoin de devenir une « machine à dérogations », qui finirait par aboutir à la désintégration de l'Union européenne...
Q - Mais justement, là-dessus...
R - Nous devons, face à la crise, apporter la démonstration au peuple que l'Europe est une solution, elle n'est pas un problème.
Q - On a l'impression que justement, la réponse à David Cameron n'est pas unie. On a vu, il y a deux jours, tout le monde s'exprimer en grande pompe à Berlin, sur l'union franco-allemande. Mais en réalité, hier, les réactions étaient d'un côté pour l'Allemagne, Angela Merkel qui a dit «on peut discuter» ; donc effectivement elle ouvre la porte en quelque sorte à David Cameron, et François Hollande, qui a été beaucoup plus ferme, est-ce qu'il ne faut pas se mettre d'accord ?
R - Non, pas du tout. Non, je pense qu'il ne faut pas voir systématiquement des divergences, des différences, là où il n'y en a pas. Nous voulons...
Q - Alors, vous n'avez pas répondu d'une seule voix à David Cameron.
R - Si, nous avons dit la même chose. Qu'avons-nous dit ? Nous avons dit : d'abord que nous souhaitons que la Grande-Bretagne reste au sein de l'Union européenne. Nous avons besoin de la Grande-Bretagne au sein de l'Union européenne, parce que dans le marché intérieur...
Q - Peut-être pas assez fermement.
R - ... la Grande-Bretagne est une puissance, est une force économique. La Grande-Bretagne a par ailleurs intérêt à rester au sein de l'Union européenne ; d'ailleurs David Cameron lui-même l'a compris ; il n'a pas proposé que la Grande-Bretagne sorte de l'Union européenne. Et par ailleurs...
Q - Mais quand Laurent Fabius dit : «Nous, on va vous dérouler, on va dérouler le tapis rouge aux entreprises, c'est de la provoc».
R - ...et par ailleurs nous avons dit, avec les Allemands : nous pouvons discuter, mais nous devons discuter dans un cadre clair, et l'Europe ne peut pas être une Europe à la carte, on ne peut pas multiplier les dérogations, on ne peut pas faire du sur-mesure pour chaque pays...
Q - Et on ne pourrait pas imaginer, justement, pourquoi pas ? Pourquoi pas, au fond ?
R - ... parce que si nous faisions cela, nous n'aurions pas la possibilité d'aller vers ce qui peut permettre à l'Europe d'assurer une croissance durable, la prospérité durable pour ses peuples, c'est-à-dire l'intégration sociale, l'intégration fiscale, un budget pour l'Union européenne qui ne se réduise pas à une discussion sur des coupes et des rabais, mais qui permette d'avoir de véritables moyens pour de vraies politiques, en matière de croissance, en matière de politique agricole, en matière d'écologie.
Q - Donc, Cameron, aujourd'hui, vous lui dites : soit tu restes, soit tu pars, mais on ne peut pas faire une Europe à la carte.
R - On ne peut pas faire une Europe à la carte, on ne peut pas multiplier les dérogations. Il peut y avoir, dans le cadre des évolutions institutionnelles que connaîtra l'Union européenne, des discussions entre les États ; elles auront lieu d'ailleurs, dans la perspective des élections de 2014, et elles ont déjà lieu, puisqu'Herman Van Rompuy propose à la demande des chefs d'État et de gouvernement, en tant que président du Conseil, des perspectives d'évolution pour l'Union européenne. La discussion, oui, mais l'Europe fonctionne davantage sur la base du compromis, du bon compromis qui la fait avancer, que sur le bras de fer ou le rapport de force. (...).
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 janvier 2013