Texte intégral
MAXIME SWITEK
Vous serez tout à l'heure au séminaire sur lemploi organisé par Jean-Marc AYRAULT pour tout le gouvernement ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bien sûr.
MAXIME SWITEK
À quoi sert un séminaire comme celui-là ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Dabord à mobiliser lensemble des membres du gouvernement autour de
MAXIME SWITEK
Mais c'est nécessaire ? Ça paraît lévidence !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Écoutez, c'est évident que nous sommes tous dores et déjà les manches retroussées, en train de nous activer sur ce sujet qui est notre priorité aujourd'hui qui est lemploi. Mais cest important de nous retrouver ensemble pour créer des synergies, pour échanger sur la façon dont chacun dans ses prérogatives, on peut contribuer à faire redécoller lemploi et donc la croissance. Vous savez, chacun de nous finalement intervient sur des secteurs qui peuvent apporter leur pierre. Évidemment le ministre de lEmploi est le premier concerné, Michel SAPIN, mais à côté de cela vous avez léconomie numérique, vous avez lagriculture, vous avez le tourisme. Il faut quon se parle tous ensemble de la façon dont il faut procéder pour être le plus efficace.
MAXIME SWITEK
Alors tout à l'heure, on en a parlé évidemment dans les journaux dEurope 1, une information quEurope 1 vous révèle ce matin : en 2012, le transport routier a perdu vingt mille emplois. Cest un exemple très concret. Quest-ce que vous pouvez dire ce matin aux transporteurs routiers et à tous ceux qui ont perdu leur emploi lan dernier ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Cest malheureusement une réalité qui est connue aussi des pays voisins. Ça nest pas une spécificité française. On voit bien que ça fait partie de ces sujets sur lesquels les États doivent se doter dune grande politique stratégique. Cest dailleurs pour cela que le ministre des Transports, Frédéric CUVILLIER, dévoilera dans les tous prochains mois le grand schéma de transport pour ce qui concerne notre pays, qui va notamment prioriser les infrastructures que nous voulons développer en faisant en sorte notamment quelles soient éco-responsables et quelles répondent à dautres exigences que ce que faisait le transport routier.
MAXIME SWITEK
Ça peut favoriser lemploi ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bien sûr, évidemment. Vous savez, la ministre en charge de lÉcologie, Delphine BATHO, disait quelque chose de très intéressant hier. Elle expliquait quelle avait désormais cest nouveau mis en place des indicateurs qui permettraient régulièrement de mesurer le nombre demplois crées par la transition écologique au sens large du terme. Le transport éco-responsable en fait partie. Ça, je pense que ce sera une façon pour les Français de percevoir à quel point, si nous savons faire les bons investissements, ces fameux investissements stratégiques que le président de la République a demandé à Jean-Marc AYRAULT de préparer pour dici 2020, tous les investissements dans le secteur des transports, de la santé, de lénergie, nous pouvons créer de lemploi et relancer la croissance.
MAXIME SWITEK
Je reviens sur ce séminaire, Najat VALLAUD-BELKACEM. Quest-ce que vous pouvez faire ressortir de nouveau de ce séminaire ? On a limpression quon connaît le programme du gouvernement pour lemploi : les contrats de génération par exemple, les emplois aidés. Quest-ce qui peut sortir de nouveau et de plus ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Dabord, vous savez, c'est quand même intéressant quentre membres du gouvernement, nous échangions sur la portée pratique des décisions que nous adoptons. C'est dailleurs ce que le président de la République nous a demandé hier : veiller à faire adopter des lois mais aussi veiller à lapplication scrupuleuse de ces lois et à leur explication aux Français. Or, prenons par exemple les emplois davenir, les emplois davenir que nous avons adoptés avant Noël. Nous avons déjà signé deux mille dentre eux, deux mille en France. La plupart des ministres se sont mobilisés pour cela. Je me suis par exemple moi-même déplacée à plusieurs reprises pour aller parrainer des jeunes qui signaient nouvellement ces emplois davenir. Écoutez, vous ne pouvez pas savoir à quel point cest extraordinaire que dêtre confrontée à ces jeunes qui étaient déscolarisés, qui sont sortis avec très peu de qualifications, qui étaient même dune certaine façon désespérés parce quon vit dans un système où si vous navez pas le bon diplôme, à dix-huit ans vous considérez que votre vie est terminée et que vous ne trouverez jamais demploi. De voir ces jeunes reprendre une forme de dignité daccéder à un emploi de qualité, car les emplois davenir sont des emplois de qualité souvent auprès de collectivités locales dans lesquelles ils bénéficient de la présence dun tuteur, c'est extraordinaire et vous vous rendez compte quen fait, on change la vie des gens. Évidemment le nombre, cent mille sur lannée 2013, ce nest peut-être pas une solution à tous les problèmes, mais cest cent mille. Les contrats de génération dont le Parlement va se saisir mi-janvier
MAXIME SWITEK
Mais tout ça, on le savait. On le savait, ces deux types de contrat-là. Est-ce que quelque chose de nouveau peut en sortir de ce séminaire aujourd'hui ? Je ne vous demande pas lannonce, là tout de suite ce matin sur Europe 1, mais est-ce que vous pourrez, est-ce que Jean-Marc AYRAULT pourra dans la journée annoncer une mesure nouvelle ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Vous savez, on dit beaucoup quil faut davantage communiquer sur ce que le gouvernement fait. La communication, cest la pédagogie de la répétition, on va dire, parce que vous me dites : « On le savait. »
MAXIME SWITEK
Jai le sentiment quon le savait, oui.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
On sait aujourd'hui que ce sont de très bonnes solutions, quil sagisse des emplois davenir ou des contrats de génération. Mais enfin, je vous rappelle que ce sont des solutions qui navaient pas été mises en oeuvre avant et il a fallu attendre que notre équipe arrive au pouvoir pour le faire. Je vais vous donner un autre exemple de ce quon peut faire : le crédit dimpôt compétitivité emploi que nous avons mis en place, les vingt milliards dallègements de charges pour les entreprises toutes les entreprises qui vont commencer à en profiter dès début janvier 2013, donc en ce moment-même, et qui vont pouvoir dégager des marges de manoeuvre pour embaucher davantage. On estime que ce sont trois cent mille nouvelles embauches que va permettre ce crédit dimpôt. Voilà des solutions qui sont extrêmement concrètes et dont on va évidemment parler dans ce séminaire aussi.
MAXIME SWITEK
On va parler ce matin également de cette tribune publiée hier dans le journal Le Monde par Jean-Marc AYRAULT : le nouveau modèle français. Jai eu peur en lisant ce texte ! Au deuxième paragraphe, le Premier ministre fait un état des lieux terrible de la France : « Les inégalités se creusent, le chômage et la dette senvolent, nos entreprises peinent à exporter. » Cest effrayant comme vision de la France !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais le diagnostic est cruel pour léquipe précédente surtout !
MAXIME SWITEK
Ah ! Ça reste de la faute du précédent gouvernement ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais noubliez jamais que nous sommes là depuis sept mois. Vous savez, le chômage est en augmentation constante depuis dix-neuf mois maintenant. Les difficultés, elles ont commencé à se creuser il y a bien longtemps et en particulier au moment de la crise en 2008. Si on veut pouvoir juger à peu près objectivement de ce qui sest passé ces dernières années, il faut quand même un peu regarder dans le rétroviseur, ne pas se contenter de le faire, évidemment. On est dans laction aujourd'hui mais enfin, il faut donner une cohérence à tout cela et comprendre que si on a pris tellement de retard aujourd'hui sur les différents fronts que vous avez évoqués, et notamment celui de la compétitivité des entreprises qui est le moteur de la relance de la croissance, cest parce que le gouvernement précédent navait pas pris les bonnes décisions fiscales, les bonnes décisions économiques. C'est pour ça quaujourd'hui nous avons, dès que nous sommes arrivés, entrepris à la fois la réforme fiscale, à la fois la création de la banque publique dinvestissement pour soutenir en particulier les PME dans la création de richesses. Nous avons lancé le crédit dimpôt que jévoquais tout à l'heure. Il faut tout reprendre en main et c'est ce nouveau modèle français que le Premier ministre développe, en effet.
MAXIME SWITEK
Henri GUAINO, qui était notre invité tout à l'heure, a lu ce texte et parle de faillite intellectuelle. Quest-ce que vous lui répondez ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Écoutez, je trouve que de la part du conseiller dun gouvernement qui a, en quelque sorte, organisé la faillite tout court du pays je vous rappelle que ce sont les termes employés par le Premier ministre de lépoque, François FILLON, à qui je les emprunte je trouve que c'est pour le moins fort de café que de porter un tel jugement. Le nouveau modèle français, au fond, il ne cherche aucunement à monter les uns contre les autres. Il cherche au contraire cest toute la logique de la tribune du Premier ministre à proposer, à offrir aux Français une voie de sortie de crise qui soit une voie à la fois forte, rapide et ambitieuse en même temps parce que c'est un nouveau modèle, comme son nom le dit, dans lequel il y a à la fois la performance, performance compétitivité des entreprises, création de richesses, et en même temps la solidarité. Performance et solidarité, ce sont deux mots qui ne peuvent pas aller lun sans lautre. Ça nest pas normal quon soit aujourd'hui dans un pays qui est moins solidaire quil ne létait il y a dix ans. On est moins solidaire quil y a dix ans. Juste un point sur ce sujet. Vous savez, jétais encore récemment avec des associations caritatives qui mexpliquaient que le nouveau public quelles voyaient arriver Restos du Coeur, Secours Catholique, et cætera au-delà de la jeune femme pauvre à la tête de famille monoparentale dont on sait déjà que cest le nouveau visage de la pauvreté, le nouveau public encore quelles voyaient arriver cet hiver c'est des petits retraités qui sont en couple, dont lun a été mis en maison de retraite et le second na plus de quoi subvenir à ses besoins et est obligé de fréquenter ces associations pour pouvoir en même temps payer la maison de retraite du premier. Quand on connaît cette réalité-là, bien sûr quil faut que chacun fasse des efforts y compris fiscaux.
MAXIME SWITEK
Jai encore plein de questions. Est-ce que vous jouez au tennis, Najat VALLAUD-BELKACEM ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non.
MAXIME SWITEK
Est-ce que vous trouvez normal, après tout ce quon a raconté ces derniers jours et ces dernières semaines sur Gérard DEPARDIEU, est-ce que vous trouvez normal que des tennismen français qui se sont exilés en Suisse on parle de Jo-Wilfried TSONGA, de Richard GASQUET soient décorés de lordre national du mérite ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Moi ce que je crois, cest que les obligations fiscales sappliquent à tout le monde. En effet, il convient que chacun paye ses impôts.
MAXIME SWITEK
Mais est-ce que cest normal de décorer des Français qui sexilent ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais les Français en question, TSONGA et GASQUET, ont été décorés pour leurs compétences et leurs qualités sportives.
MAXIME SWITEK
Certes.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Maintenant, pour répondre à votre question, indéniablement chaque Français est tenu par des obligations fiscales qui sont totalement légitimes, et jallais dire a fortiori en période de crise, quand chaque Français est appelé à faire des efforts.
MAXIME SWITEK
Hier dans le journal Le Monde, un conseiller anonyme du Premier ministre disait quil y avait trop de monde dans le gouvernement. Ça vous fait peur, un remaniement ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Écoutez, en tous cas moi ce que je constate, c'est que chaque membre du gouvernement est à sa place, chaque membre du gouvernement apporte sa touche à léquipe collective et a la nécessité, au fond, dêtre à la fois totalement mobilisé sur une priorité lemploi mais en même temps de se déployer sur plusieurs fronts. C'est quand même très important. Il faut marcher sur deux jambes. Il y a la jambe de léconomique et du social dune certaine façon, puis il y a la jambe des réformes de société qui permettent de moderniser.
MAXIME SWITEK
Et vous ne répondez pas sur le remaniement.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, mais chacun des ministres entre dans une de ces jambes, dune certaine façon.
MAXIME SWITEK
Je vous montre cette couverture de VSD : « Pourquoi François va dire oui ». La question était : « Ségolène au gouvernement ». Ségolène ROYAL : ça vous plairait de retravailler avec elle si elle faisait son entrée au gouvernement ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Vous savez, je reste assez constante sur ce sujet. Je reconnais à Ségolène ROYAL, avec laquelle jai travaillé quand même de longues années, dimmenses qualités et un immense talent politique. Je pense que c'est une responsable politique qui a encore beaucoup à apporter aux Français. À quel niveau et dans quel rôle, dans quelle fonction ? Ce nest vraiment pas à moi de le dire. Cest une question à lui poser ou à poser aux intéressés.
MAXIME SWITEK
Vous êtes aussi ministre des Droits des femmes. Vous allez relancer le haut-conseil à légalité. Avec quels objectifs et avec qui à lintérieur de ce haut-conseil ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Dabord le haut-conseil à légalité, qui sera présidé par Danielle BOUSQUET qui est députée socialiste, qui avait fait un travail extrêmement important au sein du Parlement sur la question des violences faites aux femmes en particulier, aura vocation à animer le débat politique sur la question de légalité. Quand je dis animer, c'est notamment pour évaluer limpact des politiques publiques que nous adoptons. Ce sera une façon au fond davoir en permanence un interlocuteur objectif qui permette de nous dire : « Là, vous nêtes pas allé assez loin », qui permette aussi danalyser les anciennes législations qui mériteraient peut-être aujourd'hui dêtre réaménagées pour aller vers plus dégalité.
MAXIME SWITEK
Et vous avez déjà des noms des membres ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui. Ce que jai veillé à faire, cest dabord davoir une instance totalement paritaire. Je peux vous dire que ce nétait pas simple parce que cette fois-ci, cétaient des hommes quil fallait trouver et il y avait un petit problème de vivier là encore. Et en même temps, des profils très différents.
MAXIME SWITEK
On parle de Roselyne BACHELOT.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, Roselyne BACHELOT qui a accepté den faire partie et que je remercie dailleurs.
MAXIME SWITEK
Frédéric TADDEÏ aussi, vous confirmez aussi ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, bien sûr. Et en même temps des intellectuels, des membres dassociations, des élus locaux et nationaux. Cette diversité de profils pour moi était essentielle si on veut que séchangent des arguments, quon nait pas forcément jallais dire une hégémonie de pensée, parce que légalité homme-femme ça se construit aussi dans la bataille et il faut tester différentes solutions. Cest un très beau conseil qui verra le jour mardi prochain sous la présidence du Premier ministre.Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 janvier 2013
Vous serez tout à l'heure au séminaire sur lemploi organisé par Jean-Marc AYRAULT pour tout le gouvernement ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bien sûr.
MAXIME SWITEK
À quoi sert un séminaire comme celui-là ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Dabord à mobiliser lensemble des membres du gouvernement autour de
MAXIME SWITEK
Mais c'est nécessaire ? Ça paraît lévidence !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Écoutez, c'est évident que nous sommes tous dores et déjà les manches retroussées, en train de nous activer sur ce sujet qui est notre priorité aujourd'hui qui est lemploi. Mais cest important de nous retrouver ensemble pour créer des synergies, pour échanger sur la façon dont chacun dans ses prérogatives, on peut contribuer à faire redécoller lemploi et donc la croissance. Vous savez, chacun de nous finalement intervient sur des secteurs qui peuvent apporter leur pierre. Évidemment le ministre de lEmploi est le premier concerné, Michel SAPIN, mais à côté de cela vous avez léconomie numérique, vous avez lagriculture, vous avez le tourisme. Il faut quon se parle tous ensemble de la façon dont il faut procéder pour être le plus efficace.
MAXIME SWITEK
Alors tout à l'heure, on en a parlé évidemment dans les journaux dEurope 1, une information quEurope 1 vous révèle ce matin : en 2012, le transport routier a perdu vingt mille emplois. Cest un exemple très concret. Quest-ce que vous pouvez dire ce matin aux transporteurs routiers et à tous ceux qui ont perdu leur emploi lan dernier ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Cest malheureusement une réalité qui est connue aussi des pays voisins. Ça nest pas une spécificité française. On voit bien que ça fait partie de ces sujets sur lesquels les États doivent se doter dune grande politique stratégique. Cest dailleurs pour cela que le ministre des Transports, Frédéric CUVILLIER, dévoilera dans les tous prochains mois le grand schéma de transport pour ce qui concerne notre pays, qui va notamment prioriser les infrastructures que nous voulons développer en faisant en sorte notamment quelles soient éco-responsables et quelles répondent à dautres exigences que ce que faisait le transport routier.
MAXIME SWITEK
Ça peut favoriser lemploi ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bien sûr, évidemment. Vous savez, la ministre en charge de lÉcologie, Delphine BATHO, disait quelque chose de très intéressant hier. Elle expliquait quelle avait désormais cest nouveau mis en place des indicateurs qui permettraient régulièrement de mesurer le nombre demplois crées par la transition écologique au sens large du terme. Le transport éco-responsable en fait partie. Ça, je pense que ce sera une façon pour les Français de percevoir à quel point, si nous savons faire les bons investissements, ces fameux investissements stratégiques que le président de la République a demandé à Jean-Marc AYRAULT de préparer pour dici 2020, tous les investissements dans le secteur des transports, de la santé, de lénergie, nous pouvons créer de lemploi et relancer la croissance.
MAXIME SWITEK
Je reviens sur ce séminaire, Najat VALLAUD-BELKACEM. Quest-ce que vous pouvez faire ressortir de nouveau de ce séminaire ? On a limpression quon connaît le programme du gouvernement pour lemploi : les contrats de génération par exemple, les emplois aidés. Quest-ce qui peut sortir de nouveau et de plus ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Dabord, vous savez, c'est quand même intéressant quentre membres du gouvernement, nous échangions sur la portée pratique des décisions que nous adoptons. C'est dailleurs ce que le président de la République nous a demandé hier : veiller à faire adopter des lois mais aussi veiller à lapplication scrupuleuse de ces lois et à leur explication aux Français. Or, prenons par exemple les emplois davenir, les emplois davenir que nous avons adoptés avant Noël. Nous avons déjà signé deux mille dentre eux, deux mille en France. La plupart des ministres se sont mobilisés pour cela. Je me suis par exemple moi-même déplacée à plusieurs reprises pour aller parrainer des jeunes qui signaient nouvellement ces emplois davenir. Écoutez, vous ne pouvez pas savoir à quel point cest extraordinaire que dêtre confrontée à ces jeunes qui étaient déscolarisés, qui sont sortis avec très peu de qualifications, qui étaient même dune certaine façon désespérés parce quon vit dans un système où si vous navez pas le bon diplôme, à dix-huit ans vous considérez que votre vie est terminée et que vous ne trouverez jamais demploi. De voir ces jeunes reprendre une forme de dignité daccéder à un emploi de qualité, car les emplois davenir sont des emplois de qualité souvent auprès de collectivités locales dans lesquelles ils bénéficient de la présence dun tuteur, c'est extraordinaire et vous vous rendez compte quen fait, on change la vie des gens. Évidemment le nombre, cent mille sur lannée 2013, ce nest peut-être pas une solution à tous les problèmes, mais cest cent mille. Les contrats de génération dont le Parlement va se saisir mi-janvier
MAXIME SWITEK
Mais tout ça, on le savait. On le savait, ces deux types de contrat-là. Est-ce que quelque chose de nouveau peut en sortir de ce séminaire aujourd'hui ? Je ne vous demande pas lannonce, là tout de suite ce matin sur Europe 1, mais est-ce que vous pourrez, est-ce que Jean-Marc AYRAULT pourra dans la journée annoncer une mesure nouvelle ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Vous savez, on dit beaucoup quil faut davantage communiquer sur ce que le gouvernement fait. La communication, cest la pédagogie de la répétition, on va dire, parce que vous me dites : « On le savait. »
MAXIME SWITEK
Jai le sentiment quon le savait, oui.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
On sait aujourd'hui que ce sont de très bonnes solutions, quil sagisse des emplois davenir ou des contrats de génération. Mais enfin, je vous rappelle que ce sont des solutions qui navaient pas été mises en oeuvre avant et il a fallu attendre que notre équipe arrive au pouvoir pour le faire. Je vais vous donner un autre exemple de ce quon peut faire : le crédit dimpôt compétitivité emploi que nous avons mis en place, les vingt milliards dallègements de charges pour les entreprises toutes les entreprises qui vont commencer à en profiter dès début janvier 2013, donc en ce moment-même, et qui vont pouvoir dégager des marges de manoeuvre pour embaucher davantage. On estime que ce sont trois cent mille nouvelles embauches que va permettre ce crédit dimpôt. Voilà des solutions qui sont extrêmement concrètes et dont on va évidemment parler dans ce séminaire aussi.
MAXIME SWITEK
On va parler ce matin également de cette tribune publiée hier dans le journal Le Monde par Jean-Marc AYRAULT : le nouveau modèle français. Jai eu peur en lisant ce texte ! Au deuxième paragraphe, le Premier ministre fait un état des lieux terrible de la France : « Les inégalités se creusent, le chômage et la dette senvolent, nos entreprises peinent à exporter. » Cest effrayant comme vision de la France !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais le diagnostic est cruel pour léquipe précédente surtout !
MAXIME SWITEK
Ah ! Ça reste de la faute du précédent gouvernement ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais noubliez jamais que nous sommes là depuis sept mois. Vous savez, le chômage est en augmentation constante depuis dix-neuf mois maintenant. Les difficultés, elles ont commencé à se creuser il y a bien longtemps et en particulier au moment de la crise en 2008. Si on veut pouvoir juger à peu près objectivement de ce qui sest passé ces dernières années, il faut quand même un peu regarder dans le rétroviseur, ne pas se contenter de le faire, évidemment. On est dans laction aujourd'hui mais enfin, il faut donner une cohérence à tout cela et comprendre que si on a pris tellement de retard aujourd'hui sur les différents fronts que vous avez évoqués, et notamment celui de la compétitivité des entreprises qui est le moteur de la relance de la croissance, cest parce que le gouvernement précédent navait pas pris les bonnes décisions fiscales, les bonnes décisions économiques. C'est pour ça quaujourd'hui nous avons, dès que nous sommes arrivés, entrepris à la fois la réforme fiscale, à la fois la création de la banque publique dinvestissement pour soutenir en particulier les PME dans la création de richesses. Nous avons lancé le crédit dimpôt que jévoquais tout à l'heure. Il faut tout reprendre en main et c'est ce nouveau modèle français que le Premier ministre développe, en effet.
MAXIME SWITEK
Henri GUAINO, qui était notre invité tout à l'heure, a lu ce texte et parle de faillite intellectuelle. Quest-ce que vous lui répondez ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Écoutez, je trouve que de la part du conseiller dun gouvernement qui a, en quelque sorte, organisé la faillite tout court du pays je vous rappelle que ce sont les termes employés par le Premier ministre de lépoque, François FILLON, à qui je les emprunte je trouve que c'est pour le moins fort de café que de porter un tel jugement. Le nouveau modèle français, au fond, il ne cherche aucunement à monter les uns contre les autres. Il cherche au contraire cest toute la logique de la tribune du Premier ministre à proposer, à offrir aux Français une voie de sortie de crise qui soit une voie à la fois forte, rapide et ambitieuse en même temps parce que c'est un nouveau modèle, comme son nom le dit, dans lequel il y a à la fois la performance, performance compétitivité des entreprises, création de richesses, et en même temps la solidarité. Performance et solidarité, ce sont deux mots qui ne peuvent pas aller lun sans lautre. Ça nest pas normal quon soit aujourd'hui dans un pays qui est moins solidaire quil ne létait il y a dix ans. On est moins solidaire quil y a dix ans. Juste un point sur ce sujet. Vous savez, jétais encore récemment avec des associations caritatives qui mexpliquaient que le nouveau public quelles voyaient arriver Restos du Coeur, Secours Catholique, et cætera au-delà de la jeune femme pauvre à la tête de famille monoparentale dont on sait déjà que cest le nouveau visage de la pauvreté, le nouveau public encore quelles voyaient arriver cet hiver c'est des petits retraités qui sont en couple, dont lun a été mis en maison de retraite et le second na plus de quoi subvenir à ses besoins et est obligé de fréquenter ces associations pour pouvoir en même temps payer la maison de retraite du premier. Quand on connaît cette réalité-là, bien sûr quil faut que chacun fasse des efforts y compris fiscaux.
MAXIME SWITEK
Jai encore plein de questions. Est-ce que vous jouez au tennis, Najat VALLAUD-BELKACEM ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non.
MAXIME SWITEK
Est-ce que vous trouvez normal, après tout ce quon a raconté ces derniers jours et ces dernières semaines sur Gérard DEPARDIEU, est-ce que vous trouvez normal que des tennismen français qui se sont exilés en Suisse on parle de Jo-Wilfried TSONGA, de Richard GASQUET soient décorés de lordre national du mérite ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Moi ce que je crois, cest que les obligations fiscales sappliquent à tout le monde. En effet, il convient que chacun paye ses impôts.
MAXIME SWITEK
Mais est-ce que cest normal de décorer des Français qui sexilent ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais les Français en question, TSONGA et GASQUET, ont été décorés pour leurs compétences et leurs qualités sportives.
MAXIME SWITEK
Certes.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Maintenant, pour répondre à votre question, indéniablement chaque Français est tenu par des obligations fiscales qui sont totalement légitimes, et jallais dire a fortiori en période de crise, quand chaque Français est appelé à faire des efforts.
MAXIME SWITEK
Hier dans le journal Le Monde, un conseiller anonyme du Premier ministre disait quil y avait trop de monde dans le gouvernement. Ça vous fait peur, un remaniement ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Écoutez, en tous cas moi ce que je constate, c'est que chaque membre du gouvernement est à sa place, chaque membre du gouvernement apporte sa touche à léquipe collective et a la nécessité, au fond, dêtre à la fois totalement mobilisé sur une priorité lemploi mais en même temps de se déployer sur plusieurs fronts. C'est quand même très important. Il faut marcher sur deux jambes. Il y a la jambe de léconomique et du social dune certaine façon, puis il y a la jambe des réformes de société qui permettent de moderniser.
MAXIME SWITEK
Et vous ne répondez pas sur le remaniement.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, mais chacun des ministres entre dans une de ces jambes, dune certaine façon.
MAXIME SWITEK
Je vous montre cette couverture de VSD : « Pourquoi François va dire oui ». La question était : « Ségolène au gouvernement ». Ségolène ROYAL : ça vous plairait de retravailler avec elle si elle faisait son entrée au gouvernement ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Vous savez, je reste assez constante sur ce sujet. Je reconnais à Ségolène ROYAL, avec laquelle jai travaillé quand même de longues années, dimmenses qualités et un immense talent politique. Je pense que c'est une responsable politique qui a encore beaucoup à apporter aux Français. À quel niveau et dans quel rôle, dans quelle fonction ? Ce nest vraiment pas à moi de le dire. Cest une question à lui poser ou à poser aux intéressés.
MAXIME SWITEK
Vous êtes aussi ministre des Droits des femmes. Vous allez relancer le haut-conseil à légalité. Avec quels objectifs et avec qui à lintérieur de ce haut-conseil ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Dabord le haut-conseil à légalité, qui sera présidé par Danielle BOUSQUET qui est députée socialiste, qui avait fait un travail extrêmement important au sein du Parlement sur la question des violences faites aux femmes en particulier, aura vocation à animer le débat politique sur la question de légalité. Quand je dis animer, c'est notamment pour évaluer limpact des politiques publiques que nous adoptons. Ce sera une façon au fond davoir en permanence un interlocuteur objectif qui permette de nous dire : « Là, vous nêtes pas allé assez loin », qui permette aussi danalyser les anciennes législations qui mériteraient peut-être aujourd'hui dêtre réaménagées pour aller vers plus dégalité.
MAXIME SWITEK
Et vous avez déjà des noms des membres ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui. Ce que jai veillé à faire, cest dabord davoir une instance totalement paritaire. Je peux vous dire que ce nétait pas simple parce que cette fois-ci, cétaient des hommes quil fallait trouver et il y avait un petit problème de vivier là encore. Et en même temps, des profils très différents.
MAXIME SWITEK
On parle de Roselyne BACHELOT.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, Roselyne BACHELOT qui a accepté den faire partie et que je remercie dailleurs.
MAXIME SWITEK
Frédéric TADDEÏ aussi, vous confirmez aussi ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, bien sûr. Et en même temps des intellectuels, des membres dassociations, des élus locaux et nationaux. Cette diversité de profils pour moi était essentielle si on veut que séchangent des arguments, quon nait pas forcément jallais dire une hégémonie de pensée, parce que légalité homme-femme ça se construit aussi dans la bataille et il faut tester différentes solutions. Cest un très beau conseil qui verra le jour mardi prochain sous la présidence du Premier ministre.Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 janvier 2013