Déclaration de Mme Hélène Conway-Mouret, ministre des Français de l'étranger, sur les relations entre la France et la Grèce, à Athènes le 31 janvier 2013.

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Circonstance : Déplacement à Athènes (Grèce), les 31 janvier et 1er février 2013

Texte intégral

Mesdames les députées,
Monsieur l’ambassadeur,
Mesdames et Monsieur les conseillers de l’Assemblée des Français de l’étranger,
Mesdames, Messieurs, chers compatriotes,
Mer amis,
Je suis très heureuse de me trouver parmi vous ce soir, dans cette ville dont Lamartine disait qu’elle est un autel aux Dieux. Je suis sensible à ce que nous la partagions ce soir.
Ce voyage est d’autant plus heureux qu’il m’offre la possibilité d’inaugurer les nouveaux locaux de notre consulat. Regroupant l’ensemble des services de l’Etat présents à Athènes, il atteste symboliquement du souci de la France de moderniser ses représentations et de permettre à ses ressortissants d’être accueillis dans de meilleures conditions. C’est un gage de confiance dans l’avenir. Il a son importance dans le contexte actuel.
Cela me paraît d’autant plus important que les attentes générées par notre pays sont fortes. Pour les Grecs, la France n’est pas un partenaire comme les autres ; elle suscite à la fois une sympathie spontanée, une admiration sincère et un profond attrait pour sa pensée, sa langue et, si j’ose dire, sa façon de voir le monde.
Cette image singulière, nous la devons d’abord à une longue histoire commune, qui a toujours vu la France être aux côtés de la Grèce, dès les premières heures de la lutte pour l’indépendance. Nous pouvons être fiers de ne jamais avoir fait défaut à ce pays qui nous est culturellement et humainement si proche. Notre solidarité dans les heures sombres de la guerre et de la dictature des colonels n’a eu d’égal que notre soutien résolu dans les périodes charnières – je pense en particulier au retour à la démocratie, à l’adhésion à la CEE ou à l’entrée dans l’euro.
Cette histoire si particulière qui unit la France à la Grèce ne s’écrit heureusement pas seulement au passé, mais d’abord et avant tout au présent. Dès son élection, le Président de la République s’est engagé résolument pour qu’une solution définitive soit trouvée à la grave crise financière que traverse actuellement le pays. Une solution qui non seulement garantisse son maintien dans la zone euro mais qui crée en même temps les conditions d’un retour à la croissance et soit socialement juste. Pour la France, il était important que l’Union européenne manifeste concrètement sa solidarité à l’égard de la Grèce et qu’elle montre ainsi qu’elle n’est pas seulement un marché économique intégré mais, au-dessus de tout, une communauté de valeurs et de destin. La Grèce, selon Madame de Staël, par sa philosophie, ses arts, son éloquence a une âme qui est devenue l’âme du genre humain. Il importait de s’en rappeler ces derniers mois.
Grâce à la persévérance du chef de l’Etat, grâce à l’énergie déployée par Pierre Moscovici au sein de l’Eurogroupe, l’aide promise à la Grèce a enfin pu être débloquée. Nous espérons qu’elle permettra de redonner espoir à une population qui, je tiens à vous le dire, à vous qui êtes au plus près d’elle, suscite notre admiration pour son courage dans les épreuves, souvent douloureuses, qu’elle traverse.
Avec Marietta Karamanli, la présidente du groupe d’amitié France-Grèce à l’Assemblée nationale, et avec Daphna Poznanski, la Députée de votre circonscription, que je remercie de m’avoir accompagnée lors de ce déplacement, nous avons été heureuses de constater que l’appui du gouvernement français est apprécié à sa juste valeur, ici à Athènes. Je profite de cette occasion pour saluer également le travail et l’investissement de vos conseillers à l’Assemblée des Français de l’étranger, Chantal Picheral, Nelly Muller et Hervé Leboucher.
Le Président François Hollande souhaite venir en Grèce pour affirmer la solidarité de la France, et redire notre détermination à aider et soutenir le peuple grec dans les efforts qui lui sont demandés – un chemin certes difficile mais dont la Grèce sortira, j’en suis sûre, plus forte.
Notre soutien politique se traduit, sur le terrain, dans l’aide que nous apportons à la mise en oeuvre de réformes cruciales pour l’avenir du pays. La France se réjouit d’être l’un des pays les plus impliqués, au sein de ce que l’on appelle la « Task Force pour la Grèce », en mettant à disposition de nombreux experts, au service des autorités grecques.
Dans ces moments difficiles pour la Grèce, nous nous devons de maintenir une présence forte auprès d’elle. Présence culturelle tout d’abord, grâce à l’Institut français de Grèce et à celui de Thessalonique ; présence dans l’éducation et la formation par le biais notamment du Lycée franco-hellénique Eugène Delacroix et de l’Ecole française de Thessalonique ; présence dans le domaine de la recherche et de l’archéologie, avec l’Ecole française d’Athènes ; présence économique aussi, avec plus de 120 entreprises.
La dimension économique de notre diplomatie, priorité du Ministère des Affaires étrangères, revêt une importance particulière ici dans le contexte actuel. Malgré le recul les échanges commerciaux franco-grecs en raison du contexte économique défavorable, la France est parvenue à se maintenir en 2012 parmi les premiers partenaires commerciaux de la Grèce. Dans plusieurs secteurs importants, comme les produits pharmaceutiques ou l’agro-alimentaire par exemple, les entreprises françaises ont réussi à contenir les effets de la baisse de la consommation intérieure.
Le retrait annoncé de quelques sociétés françaises du marché grec ne doit pas nous faire oublier que la France reste un investisseur important ainsi qu’un employeur de premier plan, avec plus de 30 000 salariés en 2012. J’y perçois une marque de confiance dans l’avenir de l’économie grecque et j’espère que les mois à venir verront des entreprises françaises manifester leur intérêt pour ce pays, notamment dans le cadre de privatisations. Par ailleurs, je n’oublie pas - et je tiens à les en remercier - que certaines de nos entreprises contribuent généreusement à l’aide sociale destinée à nos compatriotes. Je ne peux que les encourager à accroître leur effort dans les mois à venir, compte tenu des besoins qui ne manqueront pas d’apparaître.
Mes chers compatriotes,
Ministre en charge des Français de l'étranger, je tenais à vous rencontrer lors de ma visite, car je mesure combien vous êtes un atout pour la relation entre nos deux pays. La France s’honore d’avoir en Grèce une communauté nombreuse, forte de 11 000 Français inscrits dans nos consulats d’Athènes et de Thessalonique.
Près de la moitié d’entre vous ont la double nationalité grecque et française ce qui contribue à faire de la communauté française en Grèce un véritable pont entre nos deux nations. La Grèce accueille par ailleurs plus d’un million de touristes français par an, attirés par des ressources naturelles exceptionnelles et un accueil particulièrement chaleureux de la part de la population grecque.
Notre communauté dispose de deux établissements scolaires de grande qualité, à Athènes et à Thessalonique. J’ai pu ce matin rendre visite au Lycée franco-hellénique d’Athènes et mesurer l’engagement des équipes pédagogiques et administratives. Je me réjouis également du dynamisme de l’Association des Parents d’Elèves qui contribue fortement à la vie de ce très bel établissement, riche de plus de 1 600 élèves dont 400 d’entre eux reçoivent un enseignement dans la section grecque et 1200 dans la section française.
L'éducation est une priorité de l'action gouvernementale, l'enseignement français à l'étranger de la même façon. C'est pour réfléchir ensemble à l'avenir de notre offre d'enseignement qu'une grande concertation sera organisée au printemps. Notre objectif sera de mieux répondre aux besoins de nos communautés et de notre diplomatie.
C'est à l’action de nos associations de Français que se mesure la vitalité d'une communauté. Je salue ici la présence des représentants de Français du Monde -ADFE, de l’UFE, de l’Entraide, d’Athènes accueil, de l’AFIC (association française des ingénieurs et cadres), des Alsaciens et des amis de l’Alsace en Grèce, des amis de la Bretagne en Grèce, de l’ATTICA RUGBY enfin.
Je sais que toutes ces associations promeuvent des projets de grande qualité, et savent travailler ensemble tant pour le bien de notre communauté que pour une relation d’échange et de solidarité entre nos deux pays.
Solidarité est le mot qui doit, dans ces moments particulièrement difficiles, rester présent dans tous nos esprits. J’ai présidé ce matin dans les nouveaux locaux de notre Ambassade, une réunion sur le thème de l’aide sociale que la France apporte à nos compatriotes. J’ai entendu les efforts faits par nos services consulaires, par nos élus, par nos associations et je voudrais rendre ici hommage au travail remarquable effectué dans ce domaine par l’association d’entraide, à l’écoute des difficultés de nos compatriotes et qui, en étroite relation avec nos services consulaires d’Athènes et de Thessalonique, s’efforce de trouver pour chaque situation, une solution adaptée. Nos moyens sont contraints, dans un contexte budgétaire que vous savez difficile, mais nous nous efforçons de les maintenir. Chacun de nos ressortissants doit savoir que malgré l’éloignement, la France reste présente et à l’écoute de ses préoccupations.
C’est dans cet esprit que nous avons entrepris une réforme de l’attribution des bourses scolaires qui réintroduira davantage d’équité dans leur répartition après avoir supprimé la mesure particulièrement inique, inefficace et couteuse de prise en charge des frais de scolarité des lycéens.
Notre réseau consulaire est un outil sans pareil au service de nos communautés, l'un des plus denses au monde. Consulats généraux ou sections consulaires d’ambassade auquel s’ajoute un très grand nombre de consulats honoraires au service de nos communautés expatriées. J’en veux pour preuve notre magnifique réseau en Grèce. Je voudrais ici rendre hommage au travail efficace de nos 17 consuls honoraires, grecs ou français, qui accomplissent jour après jour un travail de proximité si utile à nos ressortissants de passage ou résidents. Plusieurs d’entre eux ont fait le déplacement pour me rencontrer ce soir, ce dont je les remercie tout particulièrement. Je leur demande de bien vouloir se faire mon interprète auprès de leurs collègues.
Un dernier mot à propos de la réforme de la représentation politique des Français de l'étranger.
Je présenterai très prochainement au Parlement un projet de loi qui permettra de renforcer la démocratie de proximité à travers la création de conseillers consulaires élus par les Français de la circonscription consulaire. Les nouveaux conseillers qui siègeront au sein des conseils consulaires seront saisis de toutes les questions intéressants les Français de l’étranger et formeront le collège électoral pour l’élection des sénateurs.
Mes chers compatriotes,
Je tiens à vous dire encore combien je suis heureuse de partager avec vous ces quelques moments. J’emporterai à Paris l’image d’une communauté diverse et dynamique, résolument aux côtés de la société grecque. Soyez en sûrs, vous jouez un rôle important pour perpétuer les liens si spéciaux entre nos deux pays. Pour cela, et pour tout ce que vous faites au service de nos compatriotes, je vous exprime ma plus vive reconnaissance.
Vive l’amitié franco-grecque !
Source http://www.helene-conway.com, le 11 février 2013