Texte intégral
LE PRESIDENT : « Je suis venu au Mali pour exprimer la solidarité de la France avec le peuple malien et mon soutien et ma reconnaissance aux soldats français qui depuis trois semaines, au péril de leur vie, sont engagés pour aider le Mali à lutter contre le terrorisme. Le nom de Damien BOITEUX restera à tout jamais gravé dans les mémoires du peuple malien et du peuple français.
Je voulais venir aussi au Mali pour saluer laction que les Africains eux-mêmes engagent : les Maliens dabord, ce sont eux qui participent à la reconquête de leurs territoires contre le terrorisme ; mais aussi les forces de la MISMA qui progressivement se regroupent et montent vers les villes qui ont été libérées.
Enfin, je voulais dire aux Maliens qui venaient près de moi, pour remercier la France, que nous nen avons pas terminé, que nous avons à poursuivre laction dès lors que lensemble du territoire malien nest pas encore complètement libéré. Nous serons aux cotés des Maliens, des Africains, y compris au nord du Nord Mali, pour que les groupes terroristes soient chassés.
Enfin, je voulais avoir une discussion amicale avec le Président TRAORE. Car cest lui qui a fait appel à nous et qui a été, lui aussi, décisif pour mobiliser la communauté internationale et la France dans cette action.
Maintenant les Maliens ont une responsabilité qui est dengager ce processus politique. Jai rencontré à linstant avec les ministres français et les ministres maliens, les forces vives du Mali. La feuille de route qui a été élaborée doit conduire à des élections au mois de juillet et à une réconciliation générale.
Il ne mappartient pas de dire avec quelles forces les Maliens doivent discuter. Ce que je sais, cest que ceux qui portent des armes doivent les déposer et que ceux qui utilisent des armes contre les Maliens, et a fortiori contre nous, seront combattus et vaincus.
Enfin, je viens au Mali, là où sont détenus nos otages, pour dire à ceux qui les détiennent quil est encore temps de les libérer et que nous faisons tout pour quil en soit ainsi. Je pense à leurs familles que jai rencontrées avec le ministre des Affaires étrangères il y a quelques jours. Je me suis engagé pour que nous fassions tout, pour que ces otages, ces ressortissants français retrouvent la liberté.
Voilà, je veux répondre à vos questions ».
QUESTION : « La France est venue dans le cadre de lopération Serval pour traquer les terroristes. Mais nous navons compris ces derniers temps, le fait que des terroristes étrangers, les Mauritaniens, les Algériens, les Afghans sont traqués et que lon ménage parallèlement les terroristes nationaux notamment les gens du MNLA. Quel est le bien-fondé de cette tactique ? »
LE PRESIDENT : « Nous, nous sommes aux côtés des Maliens pour traquer, comme vous dîtes, tous les terroristes, quelle que soit leur nationalité, dès lors quils se sont coalisés pour déstabiliser le Mali.
Ceux qui veulent faire de la politique ont le droit de faire de la politique. Mais dans tout pays démocratique, on fait de la politique avec des bulletins de vote. Pas avec des armes. Mais il appartient aux Maliens de décider eux-mêmes ce quils font du processus politique et de lorganisation des élections ».
QUESTION : « Vous avez parlé des otages. Vous lancez aux preneurs dotages presque un appel. Aux preneurs dotages, vous dîtes « il est encore temps de les libérer ». Est-ce à dire que des discussions sont en cours ou cest un simple appel ? »
LE PRESIDENT : « Non, il ny a aucune discussion. Il y a simplement un sens de la responsabilité qui est le nôtre et qui est de dire, à ceux qui les ont enlevés et qui les détiennent encore depuis trop longtemps et certains depuis plus de deux ans quil est encore temps de les libérer, que nous sommes là, tout près, et quils peuvent donc faire maintenant lacte qui est attendu deux, sans négociation ».
QUESTION : « A vous entendre parler, il me semble que votre arrivée au Mali constitue aussi un repère pour laprès-guerre, lavenir du Mali et aussi les risques dun conflit ethnique. Maintenant que la fin de la guerre est très proche, est-ce que la France est prête à aider le Mali dans laccélération de son processus de décentralisation ? De nos jours, les chiffres font ressortir que seulement 2% des investissements vont auprès des communes ».
LE PRESIDENT : « La France a fait son devoir en répondant à lappel du Président TRAORE. Elle la fait sur le plan militaire. Mais son devoir ne sarrête pas là. Dabord parce que lopération militaire va elle-même avoir un terme. Nous navons pas vocation à rester au Mali. Nos forces qui représentent 3 500 hommes aujourdhui vont progressivement refluer, les éléments de la MISMA vont se mettre en place.
Il y aura toujours un soutien, un appui logistique pour que la MISMA fasse son travail, cest-à-dire sécurise lensemble du Mali et nous mènerons cette tâche avec nos amis européens qui se sont pleinement engagés à nos côtés.
Mais il y a une autre phase qui sengage dès aujourdhui, qui est la phase de laide au développement. Les ministres sont ici présents de manière dabord à ce que laide internationale de 500 millions deuros pour le financement de la MISMA mais pas seulement, pour aussi un certain nombre dactions puisse être pleinement utilisée ; laide européenne, très importante qui doit être également mobilisée ; et puis laide française.
Je salue les ressortissants français, ici présents au Mali, qui ont avec beaucoup de sang-froid gardé nos intérêts ici, je parle de nos intérêts économiques. Mais ils ont également, par leur présence, montré une solidarité avec les Maliens. Nous continuerons donc à faire ce travail et même à lamplifier dans le cadre dune politique de développement.
Et puis, sur le plan politique, je nai que des messages à faire passer. Premier message : nous devons faire en sorte quil ny ait aucune exaction qui soit commise. Bien sûr quil y a un esprit de revanche, bien sûr quil y a la tentation de punir ceux qui ont commis des actes. Mais il y a une justice pour cela : une justice malienne et une justice internationale. La Cour pénale internationale est saisie. Ceux qui se sont conduits de manière atroce relèveront de ces tribunaux. Mais toute exaction, on le voit, sera utilisée pour déconsidérer laction qui est menée.
Le second message que jai à faire passer, cest que la démocratie malienne a longtemps été présentée comme un exemple. Dès lors, elle doit toujours être cette référence. Doù le processus électoral, la feuille de route que la France soutient pleinement et lesprit de concorde et de réconciliation.
Et puis enfin, il y a vous parlez de décentralisation sûrement des choix à faire pour le Mali. Mais il ne nous appartient de les faire ces choix à la place du Mali. Ce sont les Maliens qui détermineront comment mieux décentraliser, mieux décider, au plus près de la population.
Dernier point, mais je lai tellement répété ! Nous, ici, nous ne défendons aucun intérêt. Cest pour cela que les Maliens nous accueillent de cette façon. Parce quils savent bien que nous sommes ici pour défendre des valeurs, des principes et un peuple ami et pour lutter contre la fanatisme, la barbarie et le terrorisme. Jétais à Tombouctou et jai vu une population bien sûr soulagée, heureuse, fière. Mais jai vu aussi des monuments qui avaient été saccagés, des manuscrits qui avaient été brûlés.
Il y a donc je crois ce devoir de solidarité que nous avons montré, nous la France, mais c???est aux Maliens de décider de leur avenir ».
QUESTION : « Vous pouvez constater que depuis votre intervention historique au Mali, vous et vous seuls dans tout le monde entier, les Maliens ont reconnu que ce nest plus la colonie française, les Africains qui ont contribué à libérer la France, mais que cette fois-ci cest le contraire. Monsieur le Président, vous avez libéré le Mali, vous seul ! Mais le plus dur, le plus difficile reste « comment revivre ensemble avec nos frères, surtout ceux du MNLA » qui ne représentent pas la majorité mais qui ont tué, qui ont violé, qui ont volé même dans les familles qui les ont vus grandir ? Alors puisque vous avez aidé à libérer, quest-ce que la France va faire pour aider également à faciliter le re-vivre ensemble parce que cest ce qui est le plus difficile ? »
LE PRESIDENT : « Dabord merci pour votre question. Cela me permet danticiper par rapport à ce que je vais dire si je peux dire un mot dailleurs place de lIndépendance parce que je sais quune foule importante nous attend.
Moi, je noublie pas ce que les Maliens ont fait pour la France, pour la liberté de la France, dans des moments très éprouvants pour lhistoire de mon pays, où des soldats maliens, sous le drapeau français, ont permis que lhonneur de la patrie, la mienne, puisse être sauvé. Je noublie pas. Cest parce que je noublie pas ce que les Maliens ont fait pour la France que la France a pris la décision dintervenir, aux côtés du peuple malien, dans lépreuve quil traversait face au terrorisme.
Ensuite, je vous lai dit, moi je nai pas à juger tel ou tel mouvement. Je sais que la démocratie ne se fait quavec des partis politiques organisés et avec des forces qui renoncent nécessairement à lutilisation des armes.
Il y a cet esprit de revanche, vous lavez rappelé. Mais il y a aussi lesprit de concorde. Et donc cest dans un processus politique où toutes les composantes doivent être à leur place, mais celles qui acceptent la démocratie et lunité territoriale du Mali !
Cest cela le point important. Cest ce qui a justifié aussi notre intervention, parce quà un moment cétait la séparation qui était en cause ; mais on a vu que de la séparation nous étions arrivés à lannexion, à linvasion, car ce qui était en cause à travers la colonne terroriste qui se présentait au Nord de Bamako était bien le basculement du Mali tout entier dans le fondamentalisme et la visée terroriste.
Là encore, si nous sommes intervenus avec les Africains, avec le soutien des Européens, ce nest pas seulement pour le Mali, mais pour toute lAfrique de louest qui était menacée par cette opération. Doù dailleurs le soutien que nous avons reçu, laccueil que nous avons eu de tous les pays de lAfrique de louest qui doivent maintenant aussi, à travers la MISMA, prendre leurs responsabilités ; en fraternité avec les Maliens.
QUESTION : « Sur le sort des otages, vous avez indiqué tout à lheure que les ravisseurs pouvaient encore les libérer. Cela sonne-t-il comme un avertissement ? Etes-vous plus optimiste sur leur sort quavant le début des opérations ? Sils nobtempèrent pas, quel type daction est prête à mener la France ? Merci ».
LE PRESIDENT : « Nous lavons dit nous sommes toujours ouverts à tout contact. Mais ce qui doit être fait cest la libération et nous sommes présents, tout prêts. A partir de là les ravisseurs doivent comprendre que le moment est venu de libérer les otages. Je nen dirai pas plus, parce que je ne veux en aucun cas mettre en péril la vie de nos otages ».
QUESTION : « Avez-vous parlé du capitaine SANOGO qui constituait un obstacle pour lintervention militaire au Mali ? ».
LE PRESIDENT : « Je ne parle pas des affaires intérieures du Mali. Je parle de son avenir, de sa sécurité, des conditions de la réconciliation mais il ne mappartient pas de parler des personnes ».
QUESTION : « Vous avez dit hier que vous fixeriez aujourdhui un délai, du moins pour entamer le retrait des troupes françaises. Après avoir vu ce que vous avez vu sur le terrain à Tombouctou, avez-vous une religion sur cette question ? Les forces françaises vont-elles se retirer et dans quel délai ? »
LE PRESIDENT : « Je nemploierai pas le mot « religion ». Mais ce que je peux vous dire cest que je repars du Mali avec grande confiance : grande confiance dans la capacité de nos soldats ; grande confiance dans larmée malienne qui a reconstitué ses forces ; grande confiance dans la montée en charge de la MISMA ; grande confiance dans les autorités politiques du Mali pour engager le processus de réconciliation et les élections ; grande confiance à légard du peuple malien qui a fait la démonstration de sa force, de sa vitalité, de son amitié à légard de la France et jamais je ne loublierai.
Est-ce que tout est pour autant terminé ? Non. Il y a encore toute une partie au Nord qui nest pas reconquise par les maliens. Il y a des éléments terroristes qui sont concentrés dans certains points du territoire, dautres qui se sont dispersés. Il y a aussi des risques terroristes qui demeurent. Nous navons donc pas encore terminé notre mission.
Mais nous navons pas vocation à rester et à mesure que la souveraineté du Mali sera retrouvée, à mesure que la MISMA pourra se substituer à nos propres troupes, nous nous retirerons. Jallais dire, le retrait est inscrit.
Il ny a aucun risque denlisement, parce que nous avons le soutien de la population, parce que les Africains sont là, parce que les Européens sont présents, parce que nous avons une communauté internationale qui également est à lunisson et parce que nous avons une légalité internationale qui sera de notre côté et qui va aussi évoluer en fonction de lopération : progressivement, le maintien de la paix se substituera à lintervention elle-même.
Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que je voulais vous dire ».
Je voulais venir aussi au Mali pour saluer laction que les Africains eux-mêmes engagent : les Maliens dabord, ce sont eux qui participent à la reconquête de leurs territoires contre le terrorisme ; mais aussi les forces de la MISMA qui progressivement se regroupent et montent vers les villes qui ont été libérées.
Enfin, je voulais dire aux Maliens qui venaient près de moi, pour remercier la France, que nous nen avons pas terminé, que nous avons à poursuivre laction dès lors que lensemble du territoire malien nest pas encore complètement libéré. Nous serons aux cotés des Maliens, des Africains, y compris au nord du Nord Mali, pour que les groupes terroristes soient chassés.
Enfin, je voulais avoir une discussion amicale avec le Président TRAORE. Car cest lui qui a fait appel à nous et qui a été, lui aussi, décisif pour mobiliser la communauté internationale et la France dans cette action.
Maintenant les Maliens ont une responsabilité qui est dengager ce processus politique. Jai rencontré à linstant avec les ministres français et les ministres maliens, les forces vives du Mali. La feuille de route qui a été élaborée doit conduire à des élections au mois de juillet et à une réconciliation générale.
Il ne mappartient pas de dire avec quelles forces les Maliens doivent discuter. Ce que je sais, cest que ceux qui portent des armes doivent les déposer et que ceux qui utilisent des armes contre les Maliens, et a fortiori contre nous, seront combattus et vaincus.
Enfin, je viens au Mali, là où sont détenus nos otages, pour dire à ceux qui les détiennent quil est encore temps de les libérer et que nous faisons tout pour quil en soit ainsi. Je pense à leurs familles que jai rencontrées avec le ministre des Affaires étrangères il y a quelques jours. Je me suis engagé pour que nous fassions tout, pour que ces otages, ces ressortissants français retrouvent la liberté.
Voilà, je veux répondre à vos questions ».
QUESTION : « La France est venue dans le cadre de lopération Serval pour traquer les terroristes. Mais nous navons compris ces derniers temps, le fait que des terroristes étrangers, les Mauritaniens, les Algériens, les Afghans sont traqués et que lon ménage parallèlement les terroristes nationaux notamment les gens du MNLA. Quel est le bien-fondé de cette tactique ? »
LE PRESIDENT : « Nous, nous sommes aux côtés des Maliens pour traquer, comme vous dîtes, tous les terroristes, quelle que soit leur nationalité, dès lors quils se sont coalisés pour déstabiliser le Mali.
Ceux qui veulent faire de la politique ont le droit de faire de la politique. Mais dans tout pays démocratique, on fait de la politique avec des bulletins de vote. Pas avec des armes. Mais il appartient aux Maliens de décider eux-mêmes ce quils font du processus politique et de lorganisation des élections ».
QUESTION : « Vous avez parlé des otages. Vous lancez aux preneurs dotages presque un appel. Aux preneurs dotages, vous dîtes « il est encore temps de les libérer ». Est-ce à dire que des discussions sont en cours ou cest un simple appel ? »
LE PRESIDENT : « Non, il ny a aucune discussion. Il y a simplement un sens de la responsabilité qui est le nôtre et qui est de dire, à ceux qui les ont enlevés et qui les détiennent encore depuis trop longtemps et certains depuis plus de deux ans quil est encore temps de les libérer, que nous sommes là, tout près, et quils peuvent donc faire maintenant lacte qui est attendu deux, sans négociation ».
QUESTION : « A vous entendre parler, il me semble que votre arrivée au Mali constitue aussi un repère pour laprès-guerre, lavenir du Mali et aussi les risques dun conflit ethnique. Maintenant que la fin de la guerre est très proche, est-ce que la France est prête à aider le Mali dans laccélération de son processus de décentralisation ? De nos jours, les chiffres font ressortir que seulement 2% des investissements vont auprès des communes ».
LE PRESIDENT : « La France a fait son devoir en répondant à lappel du Président TRAORE. Elle la fait sur le plan militaire. Mais son devoir ne sarrête pas là. Dabord parce que lopération militaire va elle-même avoir un terme. Nous navons pas vocation à rester au Mali. Nos forces qui représentent 3 500 hommes aujourdhui vont progressivement refluer, les éléments de la MISMA vont se mettre en place.
Il y aura toujours un soutien, un appui logistique pour que la MISMA fasse son travail, cest-à-dire sécurise lensemble du Mali et nous mènerons cette tâche avec nos amis européens qui se sont pleinement engagés à nos côtés.
Mais il y a une autre phase qui sengage dès aujourdhui, qui est la phase de laide au développement. Les ministres sont ici présents de manière dabord à ce que laide internationale de 500 millions deuros pour le financement de la MISMA mais pas seulement, pour aussi un certain nombre dactions puisse être pleinement utilisée ; laide européenne, très importante qui doit être également mobilisée ; et puis laide française.
Je salue les ressortissants français, ici présents au Mali, qui ont avec beaucoup de sang-froid gardé nos intérêts ici, je parle de nos intérêts économiques. Mais ils ont également, par leur présence, montré une solidarité avec les Maliens. Nous continuerons donc à faire ce travail et même à lamplifier dans le cadre dune politique de développement.
Et puis, sur le plan politique, je nai que des messages à faire passer. Premier message : nous devons faire en sorte quil ny ait aucune exaction qui soit commise. Bien sûr quil y a un esprit de revanche, bien sûr quil y a la tentation de punir ceux qui ont commis des actes. Mais il y a une justice pour cela : une justice malienne et une justice internationale. La Cour pénale internationale est saisie. Ceux qui se sont conduits de manière atroce relèveront de ces tribunaux. Mais toute exaction, on le voit, sera utilisée pour déconsidérer laction qui est menée.
Le second message que jai à faire passer, cest que la démocratie malienne a longtemps été présentée comme un exemple. Dès lors, elle doit toujours être cette référence. Doù le processus électoral, la feuille de route que la France soutient pleinement et lesprit de concorde et de réconciliation.
Et puis enfin, il y a vous parlez de décentralisation sûrement des choix à faire pour le Mali. Mais il ne nous appartient de les faire ces choix à la place du Mali. Ce sont les Maliens qui détermineront comment mieux décentraliser, mieux décider, au plus près de la population.
Dernier point, mais je lai tellement répété ! Nous, ici, nous ne défendons aucun intérêt. Cest pour cela que les Maliens nous accueillent de cette façon. Parce quils savent bien que nous sommes ici pour défendre des valeurs, des principes et un peuple ami et pour lutter contre la fanatisme, la barbarie et le terrorisme. Jétais à Tombouctou et jai vu une population bien sûr soulagée, heureuse, fière. Mais jai vu aussi des monuments qui avaient été saccagés, des manuscrits qui avaient été brûlés.
Il y a donc je crois ce devoir de solidarité que nous avons montré, nous la France, mais c???est aux Maliens de décider de leur avenir ».
QUESTION : « Vous pouvez constater que depuis votre intervention historique au Mali, vous et vous seuls dans tout le monde entier, les Maliens ont reconnu que ce nest plus la colonie française, les Africains qui ont contribué à libérer la France, mais que cette fois-ci cest le contraire. Monsieur le Président, vous avez libéré le Mali, vous seul ! Mais le plus dur, le plus difficile reste « comment revivre ensemble avec nos frères, surtout ceux du MNLA » qui ne représentent pas la majorité mais qui ont tué, qui ont violé, qui ont volé même dans les familles qui les ont vus grandir ? Alors puisque vous avez aidé à libérer, quest-ce que la France va faire pour aider également à faciliter le re-vivre ensemble parce que cest ce qui est le plus difficile ? »
LE PRESIDENT : « Dabord merci pour votre question. Cela me permet danticiper par rapport à ce que je vais dire si je peux dire un mot dailleurs place de lIndépendance parce que je sais quune foule importante nous attend.
Moi, je noublie pas ce que les Maliens ont fait pour la France, pour la liberté de la France, dans des moments très éprouvants pour lhistoire de mon pays, où des soldats maliens, sous le drapeau français, ont permis que lhonneur de la patrie, la mienne, puisse être sauvé. Je noublie pas. Cest parce que je noublie pas ce que les Maliens ont fait pour la France que la France a pris la décision dintervenir, aux côtés du peuple malien, dans lépreuve quil traversait face au terrorisme.
Ensuite, je vous lai dit, moi je nai pas à juger tel ou tel mouvement. Je sais que la démocratie ne se fait quavec des partis politiques organisés et avec des forces qui renoncent nécessairement à lutilisation des armes.
Il y a cet esprit de revanche, vous lavez rappelé. Mais il y a aussi lesprit de concorde. Et donc cest dans un processus politique où toutes les composantes doivent être à leur place, mais celles qui acceptent la démocratie et lunité territoriale du Mali !
Cest cela le point important. Cest ce qui a justifié aussi notre intervention, parce quà un moment cétait la séparation qui était en cause ; mais on a vu que de la séparation nous étions arrivés à lannexion, à linvasion, car ce qui était en cause à travers la colonne terroriste qui se présentait au Nord de Bamako était bien le basculement du Mali tout entier dans le fondamentalisme et la visée terroriste.
Là encore, si nous sommes intervenus avec les Africains, avec le soutien des Européens, ce nest pas seulement pour le Mali, mais pour toute lAfrique de louest qui était menacée par cette opération. Doù dailleurs le soutien que nous avons reçu, laccueil que nous avons eu de tous les pays de lAfrique de louest qui doivent maintenant aussi, à travers la MISMA, prendre leurs responsabilités ; en fraternité avec les Maliens.
QUESTION : « Sur le sort des otages, vous avez indiqué tout à lheure que les ravisseurs pouvaient encore les libérer. Cela sonne-t-il comme un avertissement ? Etes-vous plus optimiste sur leur sort quavant le début des opérations ? Sils nobtempèrent pas, quel type daction est prête à mener la France ? Merci ».
LE PRESIDENT : « Nous lavons dit nous sommes toujours ouverts à tout contact. Mais ce qui doit être fait cest la libération et nous sommes présents, tout prêts. A partir de là les ravisseurs doivent comprendre que le moment est venu de libérer les otages. Je nen dirai pas plus, parce que je ne veux en aucun cas mettre en péril la vie de nos otages ».
QUESTION : « Avez-vous parlé du capitaine SANOGO qui constituait un obstacle pour lintervention militaire au Mali ? ».
LE PRESIDENT : « Je ne parle pas des affaires intérieures du Mali. Je parle de son avenir, de sa sécurité, des conditions de la réconciliation mais il ne mappartient pas de parler des personnes ».
QUESTION : « Vous avez dit hier que vous fixeriez aujourdhui un délai, du moins pour entamer le retrait des troupes françaises. Après avoir vu ce que vous avez vu sur le terrain à Tombouctou, avez-vous une religion sur cette question ? Les forces françaises vont-elles se retirer et dans quel délai ? »
LE PRESIDENT : « Je nemploierai pas le mot « religion ». Mais ce que je peux vous dire cest que je repars du Mali avec grande confiance : grande confiance dans la capacité de nos soldats ; grande confiance dans larmée malienne qui a reconstitué ses forces ; grande confiance dans la montée en charge de la MISMA ; grande confiance dans les autorités politiques du Mali pour engager le processus de réconciliation et les élections ; grande confiance à légard du peuple malien qui a fait la démonstration de sa force, de sa vitalité, de son amitié à légard de la France et jamais je ne loublierai.
Est-ce que tout est pour autant terminé ? Non. Il y a encore toute une partie au Nord qui nest pas reconquise par les maliens. Il y a des éléments terroristes qui sont concentrés dans certains points du territoire, dautres qui se sont dispersés. Il y a aussi des risques terroristes qui demeurent. Nous navons donc pas encore terminé notre mission.
Mais nous navons pas vocation à rester et à mesure que la souveraineté du Mali sera retrouvée, à mesure que la MISMA pourra se substituer à nos propres troupes, nous nous retirerons. Jallais dire, le retrait est inscrit.
Il ny a aucun risque denlisement, parce que nous avons le soutien de la population, parce que les Africains sont là, parce que les Européens sont présents, parce que nous avons une communauté internationale qui également est à lunisson et parce que nous avons une légalité internationale qui sera de notre côté et qui va aussi évoluer en fonction de lopération : progressivement, le maintien de la paix se substituera à lintervention elle-même.
Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que je voulais vous dire ».