Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous étiez assez silencieux ces derniers temps, depuis laffaire Florange, on va en parler rapidement. Nous allons parler de relocalisation dans ce pays, nous allons parler évidemment de lindustrie automobile : PSA, RENAULT. Mais la situation et en Algérie et au Mali, je ne vais pas vous demander des précisions sur ce qui se passe encore à la frontière libyenne en Algérie, simplement est-ce quaujourdhui la solitude française en Europe est encore tenable et longtemps ?
ARNAUD MONTEBOURG
Dabord
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous ne la déplorez pas ?
ARNAUD MONTEBOURG
Dabord je ne crois pas quil y ait une solitude française puisque dabord la Grande Bretagne, la Belgique, un certain nombre de pays comme le Danemark, en plus des marques de solidarité de lensemble des pays européens autour de la France qui constituent je le rappelle sur un mandat de lONU une force multinationale, avec de nombreux pays africains, je crois au nombre de 9, la France est sur un mandat onusien dans une situation où elle a pris un certain nombre de responsabilités, pour ne pas laisser sinstaller un Etat qui tomberait entre les mains de groupes terroristes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui mais elle est seule, elle est seule, quelques avions effectivement, soutien logistique mais elle est seule en Europe.
ARNAUD MONTEBOURG
Pour linstant
JEAN-JACQUES BOURDIN
Arnaud MONTEBOURG.
ARNAUD MONTEBOURG
Je ne peux pas vous laisser dire ça
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne le déplorez pas ?
ARNAUD MONTEBOURG
Je ne peux pas vous laisser dire ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si ! Le ministre belge des Affaires étrangères me le disait ce matin sur RMC.
ARNAUD MONTEBOURG
Daccord, il vous la peut-être dit mais nous avons aujourdhui des marques de soutien de la totalité de la communauté internationale. Monsieur PANETTA qui est le secrétaire américain aux Affaires étrangères a déclaré quil sagissait dun effort et dune guerre qui nétait pas française, mais dun effort international. Donc il sagit bien dun enjeu international que de ne pas laisser dans le Sahel et le Sahara sinstaller des Etats disposant de la protection de ce quest un Etat, pour mener des opérations terroristes et déstabiliser toute une région. Est-ce que les Européens sont moins rapides que la France ? La réponse est oui, mais est-ce que les Européens ont déserté la question ? La réponse est non. Et même sils nont pas le même degré dengagement, rien ne dit quils ne sengageront pas au côté de la France.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien ! Arnaud MONTEBOURG, le vendredi 30 novembre au matin, vous apportez des croissants aux syndicalistes CFDT dARCELOR qui campent devant Bercy. Et vous leur dites que lidée de nationaliser le site afin de forcer MITTAL à passer à la main à un repreneur est toujours sur la table. Le Premier ministre est opposé à cette idée, il est furieux paraît-il que vous continuiez à entretenir le doute. Vous marrêtez si je dis des bêtises. En début de soirée, Jean-Marc AYRAULT veut en finir, laccord nest pas finalisé, lexécutif interrompt les négociations à 20 h 00, les journalistes sont convoqués, aucun ministre nest prévenu. 21 h 00, le Premier ministre annonce quil ny aura pas de plan social à Florange et vous tacle : la nationalisation nest pas efficace face à un problème de débouché ou de compétitivité. Le lendemain matin, samedi, vous êtes dans le bureau de François HOLLANDE Arnaud MONTEBOURG, vous menacez de rendre votre tablier, vous avez dit au président de la République que si rien nétait fait avant ce soir, vous réparez les dégâts sur cette question de nationalisation : « je ne resterai pas au gouvernement et la dislocation va commencer, il ma demandé de nen rien faire ». Cest faux ou vrai tout cela ?
ARNAUD MONTEBOURG
Je crois que vous avez décrit une situation qui est maintenant connue.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Cest vrai.
ARNAUD MONTEBOURG
Je veux juste dire quil sagit dun moment où un débat a eu lieu au sein de la majorité, au sein du gouvernement, il a été tranché. Je crois que la question de la nationalisation nest pas un problème idéologique, cest un problème pragmatique
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle est derrière nous ou pas ?
ARNAUD MONTEBOURG
Je crois que nous aurons à imaginer des solutions volontaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous reprendrez cette idée ?
ARNAUD MONTEBOURG
Mais la question est celle de savoir si lEtat est de retour ou si lEtat laisse faire, il y a un certain nombre de choses que nous ne pouvons plus laisser faire. Et cest une des raisons pour lesquelles, jai observé quà la fois aux Etats-Unis dAmérique, en Grande-Bretagne, en Allemagne, au Japon, partout dans le monde les Etats ne reculent pas devant lusage de la nationalisation temporaire, temporaire ça veut dire quelle est rentable, c'est-à-dire que lEtat se substitue au marché lorsque le marché est défaillant ; et que pour des raisons financières, on préfère détruire un outil industriel qui est pourtant viable sur le plan industriel. Cest une des raisons pour lesquelles je crois quil ne faut rien se refuser. Sil ny avait pas eu dans la ceinture de lautomobile américaine qui a donné la victoire à Barack OBAMA les mesures de nationalisation de grandes entreprises, non seulement lAmérique aurait perdu son industrie automobile mais il y aurait eu des dégâts considérables
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous ne regrettez pas
ARNAUD MONTEBOURG
Qui ont été limités.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Davoir avancé cette solution Arnaud MONTEBOURG ?
ARNAUD MONTEBOURG
Non seulement je ne le regrette, pas mais je crois quil sagit dun débat qui a permis de mettre sur la table une nouvelle possibilité entre les mains dun gouvernement volontaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien !
ARNAUD MONTEBOURG
Monsieur BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va parler de lautomobile. 16 h 00 ce samedi-là, le 1er décembre, est-il vrai que vous avez rédigé votre discours de démission, cest vrai ?
ARNAUD MONTEBOURG
Je ne comprends pas votre question.
JEAN-JACQUES BOURDIN
16 h 00 ce samedi-là, le 1er décembre
ARNAUD MONTEBOURG
Oui, je vous le confirme.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-il vrai que vous avez rédigé votre discours de démission ?
ARNAUD MONTEBOURG
Oui, il y a deux personnes qui mont convaincu de nen rien faire, le président de la République et monsieur Edouard MARTIN, le syndicaliste de la CFDT qui
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous avez rédigé votre discours de démission ?
ARNAUD MONTEBOURG
Tout était prêt.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tout était prêt, vous étiez prêt à démissionner ?
ARNAUD MONTEBOURG
Quand on est désavoué et quon ne peut pas agir, que la parole dun ministériel est discréditée, il y a un moment où la question se pose.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez travaillé sur ce dossier pendant 6 mois, on vous la retiré pendant 3 jours pour un compromis ?
ARNAUD MONTEBOURG
Je crois que laccord est décidé maintenant
JEAN-JACQUES BOURDIN
Cest le Premier ministre qui a décidé tout ça
ARNAUD MONTEBOURG
Larbitrage a été rendu, je my suis rangé monsieur BOURDIN, pour une raison simple, cest que jai décidé de rester à mon poste de travail et de combat, et de faire en sorte que nous puissions continuer à nous battre pour lindustrie française et organiser la réindustrialisation de notre pays.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors RENAULT, parlons de RENAULT Arnaud MONTEBOURG, 15 %, lEtat est actionnaire à hauteur de 15 %, plus de 8.000 suppressions de postes, chantage à lemploi dit-on à la gauche du Parti socialiste, mais on dit aussi cela au Parti communiste ou au Front de Gauche. Chantage à lemploi, on augmente le temps de travail des salariés sans hausse de salaires, on limite les RTT, on oblige à de la mobilité et lEtat peut accepter cela ?
ARNAUD MONTEBOURG
Dabord, vous me permettrez de dire la situation sur le marché des ventes de véhicules en Europe. Cest en France -13,8, en Europe sur la totalité -8, en Italie -19, en Espagne -14, en Allemagne même -3 ; et pour RENAULT, cest -18,9, presque -20 de ventes. Il y a deux attitudes par rapport à ça pour trouver des solutions, si cest ce qui se passe dans certains constructeurs, vous avez 3 constructeurs en grave difficulté, vous avez FIAT, OPEL, PSA qui ferment des usines, qui licencient massivement des gens, cest le cas. Quest-ce que nous avons fait comme actionnaire de RENAULT, minoritaire certes mais volontaire, nous avons dit : il est hors de question quon ferme le moindre site ; et deuxièmement, nous voulons quil ny ait pas de licenciement ni de plan de départs volontaires, comme cest le cas chez tous les autres constructeurs européens. Quest-ce que propose la direction de RENAULT ? Elle propose dabord que les départs en retraite ne soient pas remplacés, c'est-à-dire en fait elle propose un gel des embauches. Je trouve que cest une meilleure solution, je ne men réjouis pas, je préfèrerai que RENAULT continue à embaucher mais lorsque vous avez le marché -20 qui descend, comment voulez-vous faire pour préserver loutil industriel ? Moi du point de vue industriel, si RENAULT sengage et pour moi il est hors de question, je le dis ici très solennellement, je lai dit à Carlos GHOSN au téléphone
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous lavez eu hier !
ARNAUD MONTEBOURG
Au téléphone hier, je lui ai dit « il est hors de question quil y ait fermeture dun site industriel, il est hors de question quil y ait le moindre chantage exercé sur les salariés »
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, cest un chantage à lemploi, dit-on à gauche, très à gauche, cest un chantage à lemploi.
ARNAUD MONTEBOURG
Je crois quil y a une négociation pour préserver lemploi de tous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Que vous a dit Carlos GHOSN, que vous a-t-il annoncé hier ?
ARNAUD MONTEBOURG
Carlos GHOSN à qui jai demandé un certain nombre dengagements au nom du gouvernement, je lui ai dit : RENAULT doit réinvestir en France, RENAULT a multiplié les implantations dans le reste du monde, le moment est venu de préserver la base industrielle France pour quelle ne saffaiblisse pas. Donc il est hors de question quil y ait la fermeture dun site mais mieux, je lui ai dit : je souhaite que vous mettiez dans la discussion, dans la négociation avec les syndicats le fait que comme vous êtes aussi le dirigeant de NISSAN et que RENAULT contrôle NISSAN, que NISSAN se porte au secours des usines françaises et mette du travail sur les chaînes françaises. La réponse est positive
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire quoi ? Il vous a dit oui !
ARNAUD MONTEBOURG
La réponse est positive.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire quoi concrètement ?
ARNAUD MONTEBOURG
Ça veut dire que dans la discussion avec les syndicats sur la manière de passer la chute de marché, non seulement moi je ne souhaite quil ny ait aucun licenciements, je souhaite quil ny ait aucune fermeture de sites, quil ny ait aucun chantage mais je souhaite également quil y ait des engagements qui soient pris pour charger les usines françaises
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire quon va construire
ARNAUD MONTEBOURG
En véhicules
JEAN-JACQUES BOURDIN
Des NISSAN dans les usines RENAULT en France ?
ARNAUD MONTEBOURG
Cest ce que jai demandé. Et je voudrais vous dire, ça existe
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et il a dit oui Carlos GHOSN ?
ARNAUD MONTEBOURG
La réponse est oui. Et je voudrais vous dire dailleurs quaujourdhui à Maubeuge, MERCEDES c'est-à-dire lun des associés de RENAULT, des actionnaires de RENAULT construit des utilitaires à Maubeuge, on sort des véhicules MERCEDES sur les chaînes françaises, c'est-à-dire que les Allemands font construire en France sur les chaînes de RENAULT des véhicules MERCEDES. Cest dire que cette tradition de coopération est importante. Lorsque NISSAN allait mal, RENAULT sest porté au secours, quand RENAULT va mal, il est normal que NISSAN se porte au secours, ça sappelle une alliance équilibrée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
PSA, PSA, 8.000 combien, 8.000 postes supprimés
ARNAUD MONTEBOURG
Alors là oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dici 2014. Dabord est-ce que
ARNAUD MONTEBOURG
Dabord 2 fermetures 1 fermeture dAulnay
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, est-ce que la situation de PSA est pire que celle de RENAULT ?
ARNAUD MONTEBOURG
La situation est difficile, cest une entreprise en difficulté, les syndicats lont mesuré, le gouvernement également, si javais demandé un rapport à monsieur SARTORIUS et le rapport commandé par les syndicats dexpertise est assez alarmant. Donc il est normal que des mesures de redressement soient prises.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais les négociations entre direction et syndicats navancent pas beaucoup Arnaud MONTEBOURG.
ARNAUD MONTEBOURG
Cest vrai mais elles avancent quand même sur un certain nombre de points, je voudrais vous les donner. Dabord sur le reformatage du plan, il y a des efforts qui sont faits, ils sont peut-être insuffisants, pour linstant ils sont insuffisants mais ils existent. Deuxièmement, il y a les efforts sur la prise en main du maintien des salaires pour un certain nombre douvriers qui vont perdre leur travail, et notamment des mesures de mobilité, vous allez aller dans telle autre entreprise du groupe, comment on indemnise les salariés vont accepter de bouger. Les reclassements également, il y a des efforts qui sont faits. Et puis il y a un point important, cest la réindustrialisation de deux sites parce que là, nous avons un sinistre à Aulnay et nous avons un autre sinistre à Rennes où la moitié enfin une ligne de production va cesser. Donc là, il y a 1.400 salariés qui vont se retrouver sur le carreau et licenciés, ça cest des dégâts très importants pour nous et humains considérables. Donc notre travail et cest lobjectif des syndicats cest de dire « personne à Pôle Emploi ». Donc nous souhaitons quil y ait une mobilisation, et cest ce que je suis en train dorganiser avec lAgence française des investissements internationaux pour localiser de nouvelles industries et à Aulnay et à Rennes, pour que ces personnes qui vont perdre leur emploi après ces sinistres puissent retrouver un autre contrat de travail et un emploi industriel.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Arnaud MONTEBOURG, est-ce que vous êtes favorable au rachat dOPEL par PSA ?
ARNAUD MONTEBOURG
Je me garderai bien dentrer dans ce type de choix stratégique. Dabord cest à PSA de communiquer
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que ce serait une bonne solution ?
ARNAUD MONTEBOURG
Et de donner des informations
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce serait une bonne solution ou pas ?
ARNAUD MONTEBOURG
De donner des informations sur son alliance avec GENERAL MOTORS qui contrôle OPEL. Pour le moment, nous nen sommes pas là puisque nous navons pas tous les éléments. La direction de PEUGEOT prendra je crois les mesures de présentation prochainement, pour expliquer où ils en sont dans leur alliance avec GENERAL MOTORS. Donc je préfère
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous y êtes favorable ou pas ?
ARNAUD MONTEBOURG
Monsieur BOURDIN
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui monsieur MONTEBOURG.
ARNAUD MONTEBOURG
Vous me permettrez, sagissant dune entreprise qui mène une politique de redressement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, priv??e.
ARNAUD MONTEBOURG
Privée par ailleurs de laisser celle-ci procéder, nous ferons des commentaires le cas échéant lorsque des annonces auront été faites. Je veux juste vous dire que nous avons lEtat et le gouvernement a garanti la Banque PEUGEOT Finance à hauteur de 7 milliards, ce nest pas de largent dépensé, cest de largent en garantie
JEAN-JACQUES BOURDIN
Caution.
ARNAUD MONTEBOURG
Nous avons obtenu un certain nombre de contreparties, la première cest lentrée dun administrateur dans le conseil de surveillance, monsieur Louis GALLOIS ; deuxièmement le reformatage du plan ; troisièmement que toute décision stratégique puisse être discutée avec nous, donc pour linstant ce stade nest pas encore accompli ; et puis enfin dernièrement que des salariés entrent au conseil dadministration avec voix délibératives et une réforme de la gouvernance. Donc nous avons un accord avec PSA, la contrepartie cest quon ne discute pas publiquement, on discute à lintérieur.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Soutenez-vous la proposition de loi socialiste, obliger un industriel à céder une usine rentable promise à la fermeture ?
ARNAUD MONTEBOURG
Bien sûr, je crois que cest un projet de loi important
JEAN-JACQUES BOURDIN
Votée quand, cest une proposition de loi au départ qui va se transformer
ARNAUD MONTEBOURG
Oui, nous avons nous allons discuter avec les parlementaires de la majorité, jy suis évidemment très attaché, cest un engagement de campagne du président de la République, ça peut changer le sort cest une forme de réarmement de lEtat dans les situations les plus difficiles. Vous avez les groupes financiers parce quils sont surendettés qui ferment des outils industriels alors que ceux-ci sont rentables, cest un peu un crève-coeur que daccepter cela. Donc quest-ce que lEtat dit ? LEtat dit : écoutez ! Vous vendrez et vous préserverez quand même lactivité industrielle. Donc il faut trouver les modalités et discuter avec lensemble des partenaires des acteurs de léconomie et les parlementaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut que ça soit voté vite ?
ARNAUD MONTEBOURG
Il faut quen tout cas, ce projet aboutisse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Relocalisation des activités industrielles, comment faites-vous, comment faites-vous pour aider les entreprises françaises à relocaliser ?
ARNAUD MONTEBOURG
Nous avons un outil qui vient dêtre créé, cest le crédit dimpôt, cest le pacte de compétitivité qui a été
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tiens ! RENAULT et PEUGEOT vont toucher
ARNAUD MONTEBOURG
Oui, oui mais justement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et SANOFI aussi va toucher du crédit dimpôt.
ARNAUD MONTEBOURG
Cest surtout que
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même les entreprises qui licencient vont toucher du crédit dimpôt.
ARNAUD MONTEBOURG
Ce qui est intéressant, cest que les partenaires sociaux vont pouvoir sen emparer, ils vont dire : quest-ce quon fait de cet argent ? Par exemple, il va y avoir un certain nombre de montants dans la discussion de RENAULT qui va peut-être permettre datténuer un certain nombre dinconvénients aux accords. Donc les partenaires sociaux vont sen emparer, cest un acte de confiance vis-à-vis des entrepreneurs et des organisations syndicales, et qui doivent semparer de ce crédit dimpôt en disant : quest-ce quon en fait, est-ce quon le met dans les investissements, est-ce quon met dans les salaires, est-ce quon met dans la recherche et le développement, linnovation, bref ! Cest un choix à débattre, et surtout avec lentrée dans les conseils dadministration avec voix délibératives des représentants des salariés, cest une innovation considérable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors la relocalisation, comment faites-vous ?
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien ! Nous avons un point dappui, cest le crédit dimpôt, dabord cest un argument au regard des investisseurs internationaux qui nous regardent et nous observent. Aujourdhui, il faut savoir que les coûts dimplantation et dinstallation et dexploitation en France, quand on met le coût du foncier, le coût du travail, le coût de lénergie, nous sommes très compétitifs. Cest une des raisons pour lesquelles, la France est la première destination européenne de projets industriels.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors faut-il
ARNAUD MONTEBOURG
13 projets industriels par semaine nouveaux en France, cest important, de la part dinvestisseurs internationaux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors faut-il conditionner les crédits dimpôt à une relocalisation ?
ARNAUD MONTEBOURG
Non, ce que nous voulons faire cest prendre appui sur ce crédit dimpôt pour aller convaincre. Les entreprises qui ont délocalisé souvent des groupes français à 10.000 km, de refaire leurs calculs, et dailleurs elles commencent à refaire leurs calculs, le coût du travail en Chine est en train dexploser à la hausse, le prix de lénergie, le prix de la logistique du transport, produire des parapluies à 10.000 km et les ramener par bateau, dabord ce nest pas très pratique parce quon nest pas en flux tendu, il y a des problèmes de qualité
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mieux vaut les produire à Aurillac !
ARNAUD MONTEBOURG
Mieux vaut les produire en Saône-et-Loire par exemple.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Aurillac, cest la capitale du parapluie, mais
ARNAUD MONTEBOURG
Oui mais il y a plein de capitales monsieur voilà, il y a des voilà, il y a plein de PME. Alors pourquoi nous pensons que nous pouvons y parvenir ? Dabord parce que Barack OBAMA a lancé un programme qui sappelait « lets bring our jobs back home », ramenons nos emplois à la maison. Et il a pris environ une vingtaine de grands groupes américains et en regardant les coûts, en refaisant le calcul, il a convaincu ces groupes américains
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous faites la même chose ?
ARNAUD MONTEBOURG
Cest ce que nous allons faire. Nous avons une agence qui va se mettre à la disposition des grands groupes et va refaire les calculs, pour les amener à modifier la localisation de leurs activités. Il y a déjà eu 30 entreprises françaises qui ont relocalisé leurs activités vers lEurope et vers la France. Dailleurs on peut en saluer quelques-unes, il y a par exemple SMOBY qui a ramené depuis la Roumanie et la Chine la fabrication de jouets, alors quon disait que le jouet était perdu en France. Il ny a pas de fatalité, pourquoi ? Parce que nous avons des outils de fabrication extrêmement créatifs, de très haute qualité et avec une productivité extraordinaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je termine avec la colère des artisans et notamment les artisans du bâtiment. Leur TVA sur la rénovation va passer à 10 % au 1er janvier 2014, ils sont faces à la concurrence des auto-entrepreneurs ou des entreprises low-cost qui viennent de toute lEurope. Pourquoi passer cette TVA à 10 % franchement ?
ARNAUD MONTEBOURG
Comme vous le savez, il faut que nous financions le crédit dimpôt, dont les artisans vont bénéficier, donc ce nest pas que la TVA à 10 %, ils vont bénéficier du crédit dimpôt. Cest un effort que nous demandons qui est quand même
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne reviendrez pas là-dessus ?
ARNAUD MONTEBOURG
En tout cas aujourdhui, nous avons décidé de financer par un effort sur la TVA qui est modéré. Je rappelle quil y a une dizaine dannées, un peu plus, les artisans étaient à 19,6, ils sont tombés à 5,5, ils remontent à 10, pourquoi ? Il faut quand même savoir que les artisans qui ont des employés vont bénéficier du crédit dimpôt. Donc dune certaine manière, nous considérons que cest assez neutre comme impact. Sur la question des auto-entrepreneurs, ils soulèvent là une question sérieuse. Sylvia PINEL, la ministre de lArtisanat, est en discussion sur la réforme du régime
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut une réforme.
ARNAUD MONTEBOURG
Voilà.
JEAN-JACQUES BOURIN
Dernière chose, je ne suis pas opposé à une hausse de TVA au-delà de 20 %, cest le rapporteur de la Commission des finances de lAssemblée nationale qui le dit
ARNAUD MONTEBOURG
Un rapporteur est libre de ses propos, je ne me permettrai
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous y êtes opposé vous, vous êtes opposé à une hausse de la TVA au-delà de 20 % ?
ARNAUD MONTEBOURG
Oui, pour une raison simple cest que nous devons défendre le pouvoir dachat des Français.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 12 février 2013
Vous étiez assez silencieux ces derniers temps, depuis laffaire Florange, on va en parler rapidement. Nous allons parler de relocalisation dans ce pays, nous allons parler évidemment de lindustrie automobile : PSA, RENAULT. Mais la situation et en Algérie et au Mali, je ne vais pas vous demander des précisions sur ce qui se passe encore à la frontière libyenne en Algérie, simplement est-ce quaujourdhui la solitude française en Europe est encore tenable et longtemps ?
ARNAUD MONTEBOURG
Dabord
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous ne la déplorez pas ?
ARNAUD MONTEBOURG
Dabord je ne crois pas quil y ait une solitude française puisque dabord la Grande Bretagne, la Belgique, un certain nombre de pays comme le Danemark, en plus des marques de solidarité de lensemble des pays européens autour de la France qui constituent je le rappelle sur un mandat de lONU une force multinationale, avec de nombreux pays africains, je crois au nombre de 9, la France est sur un mandat onusien dans une situation où elle a pris un certain nombre de responsabilités, pour ne pas laisser sinstaller un Etat qui tomberait entre les mains de groupes terroristes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui mais elle est seule, elle est seule, quelques avions effectivement, soutien logistique mais elle est seule en Europe.
ARNAUD MONTEBOURG
Pour linstant
JEAN-JACQUES BOURDIN
Arnaud MONTEBOURG.
ARNAUD MONTEBOURG
Je ne peux pas vous laisser dire ça
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne le déplorez pas ?
ARNAUD MONTEBOURG
Je ne peux pas vous laisser dire ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si ! Le ministre belge des Affaires étrangères me le disait ce matin sur RMC.
ARNAUD MONTEBOURG
Daccord, il vous la peut-être dit mais nous avons aujourdhui des marques de soutien de la totalité de la communauté internationale. Monsieur PANETTA qui est le secrétaire américain aux Affaires étrangères a déclaré quil sagissait dun effort et dune guerre qui nétait pas française, mais dun effort international. Donc il sagit bien dun enjeu international que de ne pas laisser dans le Sahel et le Sahara sinstaller des Etats disposant de la protection de ce quest un Etat, pour mener des opérations terroristes et déstabiliser toute une région. Est-ce que les Européens sont moins rapides que la France ? La réponse est oui, mais est-ce que les Européens ont déserté la question ? La réponse est non. Et même sils nont pas le même degré dengagement, rien ne dit quils ne sengageront pas au côté de la France.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien ! Arnaud MONTEBOURG, le vendredi 30 novembre au matin, vous apportez des croissants aux syndicalistes CFDT dARCELOR qui campent devant Bercy. Et vous leur dites que lidée de nationaliser le site afin de forcer MITTAL à passer à la main à un repreneur est toujours sur la table. Le Premier ministre est opposé à cette idée, il est furieux paraît-il que vous continuiez à entretenir le doute. Vous marrêtez si je dis des bêtises. En début de soirée, Jean-Marc AYRAULT veut en finir, laccord nest pas finalisé, lexécutif interrompt les négociations à 20 h 00, les journalistes sont convoqués, aucun ministre nest prévenu. 21 h 00, le Premier ministre annonce quil ny aura pas de plan social à Florange et vous tacle : la nationalisation nest pas efficace face à un problème de débouché ou de compétitivité. Le lendemain matin, samedi, vous êtes dans le bureau de François HOLLANDE Arnaud MONTEBOURG, vous menacez de rendre votre tablier, vous avez dit au président de la République que si rien nétait fait avant ce soir, vous réparez les dégâts sur cette question de nationalisation : « je ne resterai pas au gouvernement et la dislocation va commencer, il ma demandé de nen rien faire ». Cest faux ou vrai tout cela ?
ARNAUD MONTEBOURG
Je crois que vous avez décrit une situation qui est maintenant connue.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Cest vrai.
ARNAUD MONTEBOURG
Je veux juste dire quil sagit dun moment où un débat a eu lieu au sein de la majorité, au sein du gouvernement, il a été tranché. Je crois que la question de la nationalisation nest pas un problème idéologique, cest un problème pragmatique
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle est derrière nous ou pas ?
ARNAUD MONTEBOURG
Je crois que nous aurons à imaginer des solutions volontaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous reprendrez cette idée ?
ARNAUD MONTEBOURG
Mais la question est celle de savoir si lEtat est de retour ou si lEtat laisse faire, il y a un certain nombre de choses que nous ne pouvons plus laisser faire. Et cest une des raisons pour lesquelles, jai observé quà la fois aux Etats-Unis dAmérique, en Grande-Bretagne, en Allemagne, au Japon, partout dans le monde les Etats ne reculent pas devant lusage de la nationalisation temporaire, temporaire ça veut dire quelle est rentable, c'est-à-dire que lEtat se substitue au marché lorsque le marché est défaillant ; et que pour des raisons financières, on préfère détruire un outil industriel qui est pourtant viable sur le plan industriel. Cest une des raisons pour lesquelles je crois quil ne faut rien se refuser. Sil ny avait pas eu dans la ceinture de lautomobile américaine qui a donné la victoire à Barack OBAMA les mesures de nationalisation de grandes entreprises, non seulement lAmérique aurait perdu son industrie automobile mais il y aurait eu des dégâts considérables
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous ne regrettez pas
ARNAUD MONTEBOURG
Qui ont été limités.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Davoir avancé cette solution Arnaud MONTEBOURG ?
ARNAUD MONTEBOURG
Non seulement je ne le regrette, pas mais je crois quil sagit dun débat qui a permis de mettre sur la table une nouvelle possibilité entre les mains dun gouvernement volontaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien !
ARNAUD MONTEBOURG
Monsieur BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va parler de lautomobile. 16 h 00 ce samedi-là, le 1er décembre, est-il vrai que vous avez rédigé votre discours de démission, cest vrai ?
ARNAUD MONTEBOURG
Je ne comprends pas votre question.
JEAN-JACQUES BOURDIN
16 h 00 ce samedi-là, le 1er décembre
ARNAUD MONTEBOURG
Oui, je vous le confirme.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-il vrai que vous avez rédigé votre discours de démission ?
ARNAUD MONTEBOURG
Oui, il y a deux personnes qui mont convaincu de nen rien faire, le président de la République et monsieur Edouard MARTIN, le syndicaliste de la CFDT qui
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous avez rédigé votre discours de démission ?
ARNAUD MONTEBOURG
Tout était prêt.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tout était prêt, vous étiez prêt à démissionner ?
ARNAUD MONTEBOURG
Quand on est désavoué et quon ne peut pas agir, que la parole dun ministériel est discréditée, il y a un moment où la question se pose.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez travaillé sur ce dossier pendant 6 mois, on vous la retiré pendant 3 jours pour un compromis ?
ARNAUD MONTEBOURG
Je crois que laccord est décidé maintenant
JEAN-JACQUES BOURDIN
Cest le Premier ministre qui a décidé tout ça
ARNAUD MONTEBOURG
Larbitrage a été rendu, je my suis rangé monsieur BOURDIN, pour une raison simple, cest que jai décidé de rester à mon poste de travail et de combat, et de faire en sorte que nous puissions continuer à nous battre pour lindustrie française et organiser la réindustrialisation de notre pays.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors RENAULT, parlons de RENAULT Arnaud MONTEBOURG, 15 %, lEtat est actionnaire à hauteur de 15 %, plus de 8.000 suppressions de postes, chantage à lemploi dit-on à la gauche du Parti socialiste, mais on dit aussi cela au Parti communiste ou au Front de Gauche. Chantage à lemploi, on augmente le temps de travail des salariés sans hausse de salaires, on limite les RTT, on oblige à de la mobilité et lEtat peut accepter cela ?
ARNAUD MONTEBOURG
Dabord, vous me permettrez de dire la situation sur le marché des ventes de véhicules en Europe. Cest en France -13,8, en Europe sur la totalité -8, en Italie -19, en Espagne -14, en Allemagne même -3 ; et pour RENAULT, cest -18,9, presque -20 de ventes. Il y a deux attitudes par rapport à ça pour trouver des solutions, si cest ce qui se passe dans certains constructeurs, vous avez 3 constructeurs en grave difficulté, vous avez FIAT, OPEL, PSA qui ferment des usines, qui licencient massivement des gens, cest le cas. Quest-ce que nous avons fait comme actionnaire de RENAULT, minoritaire certes mais volontaire, nous avons dit : il est hors de question quon ferme le moindre site ; et deuxièmement, nous voulons quil ny ait pas de licenciement ni de plan de départs volontaires, comme cest le cas chez tous les autres constructeurs européens. Quest-ce que propose la direction de RENAULT ? Elle propose dabord que les départs en retraite ne soient pas remplacés, c'est-à-dire en fait elle propose un gel des embauches. Je trouve que cest une meilleure solution, je ne men réjouis pas, je préfèrerai que RENAULT continue à embaucher mais lorsque vous avez le marché -20 qui descend, comment voulez-vous faire pour préserver loutil industriel ? Moi du point de vue industriel, si RENAULT sengage et pour moi il est hors de question, je le dis ici très solennellement, je lai dit à Carlos GHOSN au téléphone
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous lavez eu hier !
ARNAUD MONTEBOURG
Au téléphone hier, je lui ai dit « il est hors de question quil y ait fermeture dun site industriel, il est hors de question quil y ait le moindre chantage exercé sur les salariés »
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, cest un chantage à lemploi, dit-on à gauche, très à gauche, cest un chantage à lemploi.
ARNAUD MONTEBOURG
Je crois quil y a une négociation pour préserver lemploi de tous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Que vous a dit Carlos GHOSN, que vous a-t-il annoncé hier ?
ARNAUD MONTEBOURG
Carlos GHOSN à qui jai demandé un certain nombre dengagements au nom du gouvernement, je lui ai dit : RENAULT doit réinvestir en France, RENAULT a multiplié les implantations dans le reste du monde, le moment est venu de préserver la base industrielle France pour quelle ne saffaiblisse pas. Donc il est hors de question quil y ait la fermeture dun site mais mieux, je lui ai dit : je souhaite que vous mettiez dans la discussion, dans la négociation avec les syndicats le fait que comme vous êtes aussi le dirigeant de NISSAN et que RENAULT contrôle NISSAN, que NISSAN se porte au secours des usines françaises et mette du travail sur les chaînes françaises. La réponse est positive
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire quoi ? Il vous a dit oui !
ARNAUD MONTEBOURG
La réponse est positive.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire quoi concrètement ?
ARNAUD MONTEBOURG
Ça veut dire que dans la discussion avec les syndicats sur la manière de passer la chute de marché, non seulement moi je ne souhaite quil ny ait aucun licenciements, je souhaite quil ny ait aucune fermeture de sites, quil ny ait aucun chantage mais je souhaite également quil y ait des engagements qui soient pris pour charger les usines françaises
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire quon va construire
ARNAUD MONTEBOURG
En véhicules
JEAN-JACQUES BOURDIN
Des NISSAN dans les usines RENAULT en France ?
ARNAUD MONTEBOURG
Cest ce que jai demandé. Et je voudrais vous dire, ça existe
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et il a dit oui Carlos GHOSN ?
ARNAUD MONTEBOURG
La réponse est oui. Et je voudrais vous dire dailleurs quaujourdhui à Maubeuge, MERCEDES c'est-à-dire lun des associés de RENAULT, des actionnaires de RENAULT construit des utilitaires à Maubeuge, on sort des véhicules MERCEDES sur les chaînes françaises, c'est-à-dire que les Allemands font construire en France sur les chaînes de RENAULT des véhicules MERCEDES. Cest dire que cette tradition de coopération est importante. Lorsque NISSAN allait mal, RENAULT sest porté au secours, quand RENAULT va mal, il est normal que NISSAN se porte au secours, ça sappelle une alliance équilibrée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
PSA, PSA, 8.000 combien, 8.000 postes supprimés
ARNAUD MONTEBOURG
Alors là oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dici 2014. Dabord est-ce que
ARNAUD MONTEBOURG
Dabord 2 fermetures 1 fermeture dAulnay
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, est-ce que la situation de PSA est pire que celle de RENAULT ?
ARNAUD MONTEBOURG
La situation est difficile, cest une entreprise en difficulté, les syndicats lont mesuré, le gouvernement également, si javais demandé un rapport à monsieur SARTORIUS et le rapport commandé par les syndicats dexpertise est assez alarmant. Donc il est normal que des mesures de redressement soient prises.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais les négociations entre direction et syndicats navancent pas beaucoup Arnaud MONTEBOURG.
ARNAUD MONTEBOURG
Cest vrai mais elles avancent quand même sur un certain nombre de points, je voudrais vous les donner. Dabord sur le reformatage du plan, il y a des efforts qui sont faits, ils sont peut-être insuffisants, pour linstant ils sont insuffisants mais ils existent. Deuxièmement, il y a les efforts sur la prise en main du maintien des salaires pour un certain nombre douvriers qui vont perdre leur travail, et notamment des mesures de mobilité, vous allez aller dans telle autre entreprise du groupe, comment on indemnise les salariés vont accepter de bouger. Les reclassements également, il y a des efforts qui sont faits. Et puis il y a un point important, cest la réindustrialisation de deux sites parce que là, nous avons un sinistre à Aulnay et nous avons un autre sinistre à Rennes où la moitié enfin une ligne de production va cesser. Donc là, il y a 1.400 salariés qui vont se retrouver sur le carreau et licenciés, ça cest des dégâts très importants pour nous et humains considérables. Donc notre travail et cest lobjectif des syndicats cest de dire « personne à Pôle Emploi ». Donc nous souhaitons quil y ait une mobilisation, et cest ce que je suis en train dorganiser avec lAgence française des investissements internationaux pour localiser de nouvelles industries et à Aulnay et à Rennes, pour que ces personnes qui vont perdre leur emploi après ces sinistres puissent retrouver un autre contrat de travail et un emploi industriel.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Arnaud MONTEBOURG, est-ce que vous êtes favorable au rachat dOPEL par PSA ?
ARNAUD MONTEBOURG
Je me garderai bien dentrer dans ce type de choix stratégique. Dabord cest à PSA de communiquer
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que ce serait une bonne solution ?
ARNAUD MONTEBOURG
Et de donner des informations
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce serait une bonne solution ou pas ?
ARNAUD MONTEBOURG
De donner des informations sur son alliance avec GENERAL MOTORS qui contrôle OPEL. Pour le moment, nous nen sommes pas là puisque nous navons pas tous les éléments. La direction de PEUGEOT prendra je crois les mesures de présentation prochainement, pour expliquer où ils en sont dans leur alliance avec GENERAL MOTORS. Donc je préfère
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous y êtes favorable ou pas ?
ARNAUD MONTEBOURG
Monsieur BOURDIN
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui monsieur MONTEBOURG.
ARNAUD MONTEBOURG
Vous me permettrez, sagissant dune entreprise qui mène une politique de redressement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, priv??e.
ARNAUD MONTEBOURG
Privée par ailleurs de laisser celle-ci procéder, nous ferons des commentaires le cas échéant lorsque des annonces auront été faites. Je veux juste vous dire que nous avons lEtat et le gouvernement a garanti la Banque PEUGEOT Finance à hauteur de 7 milliards, ce nest pas de largent dépensé, cest de largent en garantie
JEAN-JACQUES BOURDIN
Caution.
ARNAUD MONTEBOURG
Nous avons obtenu un certain nombre de contreparties, la première cest lentrée dun administrateur dans le conseil de surveillance, monsieur Louis GALLOIS ; deuxièmement le reformatage du plan ; troisièmement que toute décision stratégique puisse être discutée avec nous, donc pour linstant ce stade nest pas encore accompli ; et puis enfin dernièrement que des salariés entrent au conseil dadministration avec voix délibératives et une réforme de la gouvernance. Donc nous avons un accord avec PSA, la contrepartie cest quon ne discute pas publiquement, on discute à lintérieur.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Soutenez-vous la proposition de loi socialiste, obliger un industriel à céder une usine rentable promise à la fermeture ?
ARNAUD MONTEBOURG
Bien sûr, je crois que cest un projet de loi important
JEAN-JACQUES BOURDIN
Votée quand, cest une proposition de loi au départ qui va se transformer
ARNAUD MONTEBOURG
Oui, nous avons nous allons discuter avec les parlementaires de la majorité, jy suis évidemment très attaché, cest un engagement de campagne du président de la République, ça peut changer le sort cest une forme de réarmement de lEtat dans les situations les plus difficiles. Vous avez les groupes financiers parce quils sont surendettés qui ferment des outils industriels alors que ceux-ci sont rentables, cest un peu un crève-coeur que daccepter cela. Donc quest-ce que lEtat dit ? LEtat dit : écoutez ! Vous vendrez et vous préserverez quand même lactivité industrielle. Donc il faut trouver les modalités et discuter avec lensemble des partenaires des acteurs de léconomie et les parlementaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut que ça soit voté vite ?
ARNAUD MONTEBOURG
Il faut quen tout cas, ce projet aboutisse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Relocalisation des activités industrielles, comment faites-vous, comment faites-vous pour aider les entreprises françaises à relocaliser ?
ARNAUD MONTEBOURG
Nous avons un outil qui vient dêtre créé, cest le crédit dimpôt, cest le pacte de compétitivité qui a été
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tiens ! RENAULT et PEUGEOT vont toucher
ARNAUD MONTEBOURG
Oui, oui mais justement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et SANOFI aussi va toucher du crédit dimpôt.
ARNAUD MONTEBOURG
Cest surtout que
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même les entreprises qui licencient vont toucher du crédit dimpôt.
ARNAUD MONTEBOURG
Ce qui est intéressant, cest que les partenaires sociaux vont pouvoir sen emparer, ils vont dire : quest-ce quon fait de cet argent ? Par exemple, il va y avoir un certain nombre de montants dans la discussion de RENAULT qui va peut-être permettre datténuer un certain nombre dinconvénients aux accords. Donc les partenaires sociaux vont sen emparer, cest un acte de confiance vis-à-vis des entrepreneurs et des organisations syndicales, et qui doivent semparer de ce crédit dimpôt en disant : quest-ce quon en fait, est-ce quon le met dans les investissements, est-ce quon met dans les salaires, est-ce quon met dans la recherche et le développement, linnovation, bref ! Cest un choix à débattre, et surtout avec lentrée dans les conseils dadministration avec voix délibératives des représentants des salariés, cest une innovation considérable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors la relocalisation, comment faites-vous ?
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien ! Nous avons un point dappui, cest le crédit dimpôt, dabord cest un argument au regard des investisseurs internationaux qui nous regardent et nous observent. Aujourdhui, il faut savoir que les coûts dimplantation et dinstallation et dexploitation en France, quand on met le coût du foncier, le coût du travail, le coût de lénergie, nous sommes très compétitifs. Cest une des raisons pour lesquelles, la France est la première destination européenne de projets industriels.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors faut-il
ARNAUD MONTEBOURG
13 projets industriels par semaine nouveaux en France, cest important, de la part dinvestisseurs internationaux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors faut-il conditionner les crédits dimpôt à une relocalisation ?
ARNAUD MONTEBOURG
Non, ce que nous voulons faire cest prendre appui sur ce crédit dimpôt pour aller convaincre. Les entreprises qui ont délocalisé souvent des groupes français à 10.000 km, de refaire leurs calculs, et dailleurs elles commencent à refaire leurs calculs, le coût du travail en Chine est en train dexploser à la hausse, le prix de lénergie, le prix de la logistique du transport, produire des parapluies à 10.000 km et les ramener par bateau, dabord ce nest pas très pratique parce quon nest pas en flux tendu, il y a des problèmes de qualité
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mieux vaut les produire à Aurillac !
ARNAUD MONTEBOURG
Mieux vaut les produire en Saône-et-Loire par exemple.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Aurillac, cest la capitale du parapluie, mais
ARNAUD MONTEBOURG
Oui mais il y a plein de capitales monsieur voilà, il y a des voilà, il y a plein de PME. Alors pourquoi nous pensons que nous pouvons y parvenir ? Dabord parce que Barack OBAMA a lancé un programme qui sappelait « lets bring our jobs back home », ramenons nos emplois à la maison. Et il a pris environ une vingtaine de grands groupes américains et en regardant les coûts, en refaisant le calcul, il a convaincu ces groupes américains
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous faites la même chose ?
ARNAUD MONTEBOURG
Cest ce que nous allons faire. Nous avons une agence qui va se mettre à la disposition des grands groupes et va refaire les calculs, pour les amener à modifier la localisation de leurs activités. Il y a déjà eu 30 entreprises françaises qui ont relocalisé leurs activités vers lEurope et vers la France. Dailleurs on peut en saluer quelques-unes, il y a par exemple SMOBY qui a ramené depuis la Roumanie et la Chine la fabrication de jouets, alors quon disait que le jouet était perdu en France. Il ny a pas de fatalité, pourquoi ? Parce que nous avons des outils de fabrication extrêmement créatifs, de très haute qualité et avec une productivité extraordinaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je termine avec la colère des artisans et notamment les artisans du bâtiment. Leur TVA sur la rénovation va passer à 10 % au 1er janvier 2014, ils sont faces à la concurrence des auto-entrepreneurs ou des entreprises low-cost qui viennent de toute lEurope. Pourquoi passer cette TVA à 10 % franchement ?
ARNAUD MONTEBOURG
Comme vous le savez, il faut que nous financions le crédit dimpôt, dont les artisans vont bénéficier, donc ce nest pas que la TVA à 10 %, ils vont bénéficier du crédit dimpôt. Cest un effort que nous demandons qui est quand même
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne reviendrez pas là-dessus ?
ARNAUD MONTEBOURG
En tout cas aujourdhui, nous avons décidé de financer par un effort sur la TVA qui est modéré. Je rappelle quil y a une dizaine dannées, un peu plus, les artisans étaient à 19,6, ils sont tombés à 5,5, ils remontent à 10, pourquoi ? Il faut quand même savoir que les artisans qui ont des employés vont bénéficier du crédit dimpôt. Donc dune certaine manière, nous considérons que cest assez neutre comme impact. Sur la question des auto-entrepreneurs, ils soulèvent là une question sérieuse. Sylvia PINEL, la ministre de lArtisanat, est en discussion sur la réforme du régime
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut une réforme.
ARNAUD MONTEBOURG
Voilà.
JEAN-JACQUES BOURIN
Dernière chose, je ne suis pas opposé à une hausse de TVA au-delà de 20 %, cest le rapporteur de la Commission des finances de lAssemblée nationale qui le dit
ARNAUD MONTEBOURG
Un rapporteur est libre de ses propos, je ne me permettrai
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous y êtes opposé vous, vous êtes opposé à une hausse de la TVA au-delà de 20 % ?
ARNAUD MONTEBOURG
Oui, pour une raison simple cest que nous devons défendre le pouvoir dachat des Français.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 12 février 2013