Déclaration de Mme Nicole Bricq, ministre du commerce extérieur, sur les chiffres du commerce extérieur marqués par un recul du déficit de ce secteur en 2012, Paris le 7 février 2013.

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Mesdames, Messieurs,


En 2012, le déficit du commerce extérieur de la France recule de 7 milliards d'euros, à 67 milliards. Le déficit hors énergie se réduit de moitié, passant de 29 milliards à 15 milliards d'euros.

C'est un bon signal qui doit nous permettre de reprendre confiance et de trouver l'énergie pour continuer à aller de l'avant.

Mais il faut rester lucide : nous savons que la conjoncture 2013 ne s'annonce pas bonne et que l'année sera difficile en France et en Europe.

L'objectif fixé par le Premier Ministre, vous le connaissez : le retour à l'équilibre de la balance commerciale, hors énergie, d'ici à 2017. C'est donc bien sur cinq ans qu'il faudra juger de notre action.

1/ analyse des chiffres

Notre déficit s'est réduit dans un contexte où la facture énergétique atteint un niveau record ; elle progresse de 7 milliards sur l'année et s'élève à 69 milliards.

Une partie du résultat vient de la modération de nos importations, mais nos exportations ont cru de 3,2%. C'est un chiffre d'autant plus remarquable que la conjoncture européenne reste déprimée (là où nous réalisons 59% de nos exportations).

Le premier enseignement que j'en tire, c'est que nous avons enrayé la dégradation de la balance commerciale française. C'est un signal encourageant.

En termes de marchés, l'Europe demeure notre premier débouché. Malgré la crise, et alors que deux de nos principaux clients, l'Italie et l'Espagne sont en récession.

On assiste à un lent rééquilibrage de nos exportations. L'Union Européenne absorbe, je l'ai dit, 59% de nos exportations contre 61% un an plus tôt. Nos entreprises ont su aller chercher sur des marchés lointains la croissance qui a fait défaut sur leur marché de proximité.

Nos exportations progressent fortement en Asie, avec une hausse de 13%.

La Chine (où j'étais il y a quinze jours), le Japon, mais aussi les pays de l'ASEAN (je rentre de Thaïlande où j'étais avec le Premier Ministre après Singapour et les Philippines et avant ma visite au Vietnam et en Indonésie) doivent être pour nous des priorités car, la preuve est faite, nos entreprises peuvent y réussir.

Nos exportations croissent aussi fortement, de 11,5 %, à destination du continent américain, en particulier vers l'Amérique du Nord.

Cela conforte les priorités d'action que j'ai définies l'année dernière. Tous ces pays comme ceux où la progression est moins spectaculaire mais bien réelle (Russie, Equateur…), figurent parmi les 47 pays cibles où nous trouvons les relais de croissance qui nous manquent dans l'Union Européenne.

Pour ce qui concerne les pays de l'OCDE, nos entreprises ont cessé de perdre des parts de marché alors qu'ils étaient ceux où nous reculions le plus cette dernière décennie. Ailleurs, elles sont en conquête.

La France demeure un grand pays exportateur, le cinquième, et nos échanges résistent bien. Il n'y a donc pas de fatalité au déficit.

L'analyse des secteurs sur lesquels nous obtenons des résultats révèle les bonnes performances de l'agroalimentaire, des cosmétiques et de la pharmacie qui figurent dans les priorités d'action par familles que j'ai définies : mieux se nourrir et mieux se soigner.

Ces résultats renforcent l'offre française toujours performante s'agissant des grands contrats. Ainsi, je tiens à saluer les résultats de l'aéronautique, sans doute historiques, et le dynamisme exceptionnel de cette filière. Cette année, nous avons passé le cap des 20 milliards d'euros d'excédent.

L'automobile est à la peine, avec des exportations en recul de 5%, en raison de l'effondrement de deux marchés historiques, l'Espagne et l'Italie.

Dès juillet, le Gouvernement a intégré l'importance de la crise et le plan automobile soutiendra la réorganisation de la filière dont certains acteurs sont particulièrement bien positionnés dans la chaine de valeur mondiale.

2/ perspectives 2013

Je suis donc raisonnablement confiante pour notre commerce extérieur en 2013.

D'abord parce que le Gouvernement poursuit une action cohérente : désendettement, restauration de la compétitivité de nos entreprises et réforme du marché du travail. Le sillon tracé est droit. Nos entreprises avaient besoin de rectitude, d'un cap, d'une stratégie et de priorités : c'est le choix qu'on fait le Président de la République et le Premier Ministre.

Crédibilité de notre action pour rééquilibrer nos comptes, ballon d'oxygène constitué par le Crédit d'Impôts donné dès 2013 aux entreprises et négociation des partenaires sociaux : cette stratégie portera ses fruits.

En matière d'export, j'ai engagé une réforme des financements pour les mettre à niveau de ceux dont disposent nos concurrents, notamment dans le secteur aéronautique, et 2013 sera l'année de la mise en oeuvre d'un mécanisme de prêteur public direct attendu.

Le déploiement en Régions de la BPI fournit déjà des réponses aux PME et aux ETI : 150 millions d'euros destinés aux fonds qui soutiennent l'internationalisation des entreprises, enveloppe de trésorerie de 500 millions d'euros.

Autour des Régions, les acteurs territoriaux s'organisent, notamment les Chambres régionales de Commerce et d'Industrie. Chaque Région sera dotée d'un Plan Régional d'Internationalisation des Entreprises à partir de ce printemps. Autant d'actions coordonnées qui porteront efficacement nos entreprises à l'international.

La hausse du nombre d'entreprises exportatrices - 119 000 en 2012 contre 116 000 en 2011 – prouve que nos entreprises sont conquérantes. Cela ne doit pour autant pas nous faire oublier que certaines se lancent sans en avoir les capacités, d'où le travail d'identification des candidates solides que j'ai demandé aux Régions. Il faut également renforcer le suivi des entreprises à l'export. Ce sera le cas cette année puisque à ma demande Ubifrance accompagnera dans la durée et de manière personnalisée 250 ETI et PME de croissance. Elles seront 600 en 2014, 1000 en 2015.

Les familles prioritaires que vous connaissez et que j'évoquais plus haut (mieux se nourrir, mieux vivre en ville, mieux se soigner et mieux communiquer) se structurent : j'ai installé un comité Asie pour l'agroalimentaire ; je travaille avec les entreprises de la ville durable à présenter une offre française intégrée au travers d'initiatives concrètes à l'étranger et en France.

Cette offre est payante ; la famille mieux se soigner engrange 14,5 milliards d'euros d'excédent en progression de 1,5 Md€, tandis que la famille « mieux vivre en ville » consolide son excédent global à 4 Md€.

Les entreprises qui les composent redoublent de mobilisation ; j'en escompte un effet positif sur la balance commerciale.

Je n'oublie pas que le commerce est un flux (et les récents travaux de l'OMC et de l'OCDE viennent encore de le démontrer). Dans un euro d'exportation, 25 centimes viennent de nos importations. Il me paraît donc essentiel que le monde demeure le plus ouvert possible dès lors que les règles du jeu sont équitables et que la réciprocité est au rendez-vous.

Je mène ce travail avec mes collègues Ministres de l'Union Européenne car nous sommes plus forts à 27, comme la première force commerciale mondiale, pour corriger les insuffisances du système commercial multilatéral.

Enfin, je veux rappeler pour conclure que nous conduisons avec Pierre Moscovici et Arnaud Montebourg, une politique d'attractivité pour attirer les investissements dans nos territoires car c'est un moteur essentiel de l'export et de l'innovation.


La crédibilité plus la compétitivité : c'est le bon chemin pour l'emploi.


Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 11 février 2013