Texte intégral
Monsieur le Président, cher Jean-Paul Huchon,
Monsieur le Vice-président, cher Jean-Paul Planchou,
Mesdames, Messieurs,
L'Ile-de-France n'est pas un territoire comme les autres, Jean-Paul Huchon l'a rappelé.
Première Région d'Europe, avec un PIB plus important que celui de la Belgique ou de la Suède (580 Milliards d'euros), elle représente 29% du PIB national et 18% de nos exportations. Ces chiffres justifient la place que la Région, compétente en matière de développement et d'innovation, revendique dans le redressement économique.
Ce 20ème Salon des Entrepreneurs, dont la Région est partenaire, met en lumière l'action de l'Ile-de-France qui doit être consciente du rôle moteur qu'elle joue dans l'internationalisation des entreprises.
C'est une occasion d'apprécier une action régionale cohérente. Les dispositifs régionaux couvrent toute la chaine des leviers nécessaires pour disposer d'un tissu productif performant : création d'entreprises avec les pépinières, les incubateurs, Cap entreprises, développement avec PM'up, transmission…. C'est la Stratégie Régionale de Développement Economique et d'Innovation (SRDEI) ambitieuse et soucieuse de répondre aux besoins des entreprises qui constituent ce tissu francilien.
1/ Organisation territoriale
Cela illustre la décision que j'ai prise de faire des Régions les pilotes de l'export.
Elles bâtissent des Plans Régionaux d'Internationalisation des Entreprises dont les premiers se déploieront à partir du Printemps (en Ile-de-France, Jean-Paul Huchon l'a rappelé, une grande concertation des acteurs va commencer le 28 février. Elle est utile : tout le monde doit jouer son rôle et adhérer au projet commun).
Inscrits dans le fil des stratégies régionales de développement des entreprises, les PRIE définissent des priorités à l'export qui s'intègrent à la stratégie nationale de l'Etat : c'est l'engagement pris par les Présidents de Région à l'Elysée le 12 septembre dernier et confirmé avec moi le 18.
Ainsi, elles participent pleinement au Pacte national de Compétitivité que le Gouvernement a proposé aux entreprises le 6 novembre 2012.
A charge pour elles d'organiser leurs territoires avec les acteurs de l'export de la manière la plus opérationnelle avec l'esprit de complémentarité plus que de concurrence. A ce titre le rôle qu'elles sont appelées à jouer dans le déploiement de la BPI sera déterminant. La Banque conduira tous les acteurs régionaux, car je n'oublie pas le rôle important des CCI, à mieux se coordonner.
2/ financements à l'export
Encore faut-il que nos entreprises disposent des mêmes armes que leurs concurrentes dans la compétition mondiale. C'est ma tâche de mettre à niveau les financements exports et nous avons commencé à le faire dès la loi de finances rectificative pour 2012 en étendant la garantie de financements à tous les types d'avions. Pour l'Ile-de-France, première région aéronautique de France, l'enjeu est d'importance.
Nous disposerons en 2013 d'un mécanisme de prêteur direct à l'international qui bénéficiera à nos entreprises dès lors qu'elles seront en concurrence avec des entreprises étrangères ainsi aidées par leur Gouvernement.
Nous avons, en France, un problème urgent à résoudre : 7 entreprises sur 10 qui exportent pour la première fois ne le font plus l'année d'après. Nous ne créons donc pas de courants d'affaires durables. Un des enjeux consiste donc à pérenniser la présence des entreprises à l'international.
Ce n'est possible que si ces dernières disposent de fonds propres suffisants pour faire face aux aléas des marchés.
Avec la CDC Entreprise, future entité de la BPI, et en accord avec le FSI, nous avons décidé de consacrer une partie de l'enveloppe "FSI France Investissement 2020" pour prendre des participations dans des fonds dédiés au soutien des PME qui se portent à l'international. 150 M€ sont dégagés.
Il s'agira de créer "un label Export" pour identifier les fonds pour lesquels l'internationalisation des sociétés constitue l'un des fondements de leur stratégie ou ceux qui s'engagent à investir dans des PME exportatrices. Je fais le pari que la dynamique ainsi créée permettra de faciliter l'accès aux capitaux pour les PME et ETI tournées vers l'export.
Un appel à projets en vue de la constitution et de la candidature de tels fonds d'investissements sera publié dans les prochains jours sur le site de CDC Entreprise.
3/ priorités d'actions
L'optimisation de notre organisation territoriale, destinée à mieux sélectionner les entreprises exportatrices, va de pair avec celle de l'accompagnement des PME et ETI à l'étranger.
Ubifrance est chargée d'accompagner durant trois ans 1 000 PME innovantes ou Entreprises de Taille Intermédiaire. Son plan de charge est de 250 d'ici la fin de l'année, 600 en 2014, 1000 en 2015. C'est prioritaire mais ce n'est pas exclusif. Toutes les entreprises qui requièrent un accompagnement seront satisfaites.
La Ministre que je suis a une implication personnelle. Tous les voyages que j'effectue à l'étranger me permettent d'emmener des entreprises qui ont ciblé leurs marchés. L'expérience montre que ce type d'accompagnement est productif de contrats et de courants d'affaires.
Encore faut-il dire quelles entreprises et quels marchés. J'ai déterminé quatre familles de produits qui correspondent aux demandes des nouvelles couches moyennes de population de 47 pays prioritaires.
Les exportations des entreprises franciliennes sont tournées à 50% vers l'Union Européenne. C'est une part légèrement plus faible que la part nationale (59% en 2012) mais qui rappelle que notre marché de proximité est important, même si la crise économique européenne le rend atone. Car, comme partout, les exportations franciliennes vers nos clients européens traditionnels (Italie, Allemagne, Belgique…) sont en baisse.
Fort heureusement, les chiffres du commerce extérieur de 2012, que je présenterai demain, confirment que la percée de notre offre vers l'Asie ne demande qu'à être confirmée. C'est un continent prioritaire : la Chine, bien sûr, où j'étais il y a quinze jours, mais aussi l'Asie du Sud-Est, et j'étais hier avec le Premier Ministre en Thaïlande après notre premier voyage en Indonésie et à Singapour, je serai en Indonésie et au Vietnam en avril, ou encore l'Inde où j'accompagnerai le Président de la République la semaine prochaine.
Mais l'Asie ne résume pas le déploiement nécessaire à la croissance et à l'emploi de la France. Les 47 pays que j'évoquais concentreront 80% de la demande mondiale en 2022. C'est là où il faut porter nos 4 familles. Pour l'Ile-de-France, il existe un réel enjeu de diversification vers ces pays en croissance qui ont tous comme caractéristique de disposer de couches moyennes consommatrices de nos produits et de nos services. (Et j'ai bien noté, Monsieur le Président, que vous étiez ouvert à une réflexion sur la charte nationale de l'export. Nous l'aurons.)
Mieux se nourrir, mieux se soigner, mieux vivre en ville et mieux communiquer : telles sont ces familles qui constituent les priorités d'action du commerce extérieur de la France. J'ai déjà installé le premier comité agroalimentaire destiné à l'Asie. (Pour l'Ile-de-France, première région agricole de France, la question n'est pas neutre).
En matière de ville durable, alors que l'Ile-de-France accueille le pôle de compétitivité Advancity, les enjeux sont importants.
En Chine, en Turquie, en Algérie, au Maroc, bref, dans tous les pays où l'urbanisation débridée atteint ses limites, nos entreprises d'excellence, nombreuses en France, sont compétitives à l'étranger. Encore convient-il qu'elles s'organisent pour travailler de concert afin d'embrasser les secteurs de la mobilité urbaine et de l'efficacité énergétique depuis l'ingénierie en amont jusqu'aux réseaux en aval.
S'agissant de mieux communiquer, ce n'est pas à l'Ile-de-France que j'apprendrai l'enjeu majeur que représente le numérique.
Dans chacune des ces familles, nous retrouvons des grands groupes et des ETI. Ce n'est pas leur moindre vertu que d'inciter tout ce petit monde à travailler ensemble.
Le commerce extérieur a contribué à 0,6% à la croissance française en 2012. Il est devenu central dans la politique économique dans un contexte national et européen difficile. Le Premier Ministre l'a très vite intégré dans la stratégie économique du Gouvernement ; le Pacte de Compétitivité atteste de cet engagement.
J'ai visité onze Régions. Je constate la mobilisation des acteurs, publics comme privés. Les chefs d'entreprises franciliens sont dans ce mouvement. Vous innovez, vous exportez. Grâce à vous, la France qui a raté la première étape de la mondialisation des années 90 doit trouver sa place dans celle qui s'ouvre ; la forte demande en biens et services de qualité nous offre cette possibilité.
Il n'y a pas de fatalité au déficit. Nous rétablirons l'équilibre de notre balance commerciale d'ici à 2017 hors énergie. L'Ile-de-France nous y aidera. Vous nous y aiderez.
Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 11 février 2013