Texte intégral
Mesdames et Messieurs, merci beaucoup de vous trouver ici au Quai d'Orsay pour ce point de presse que je vais tenir avec mon ami et collègue le ministre des affaires étrangères libyen, M. Mohamed Abelaziz.
Il y a de cela quelques mois, lorsque je m'étais rendu en Libye où j'avais été extrêmement bien accueilli, nos amis responsables des autorités libyennes avaient lancé l'idée qu'il pourrait y avoir une conférence internationale sur la sécurité en Libye. Ils avaient émis le souhait que celle-ci ait lieu à Paris. C'est ce que nous avons fait au cours de la journée et je remercie beaucoup toutes les délégations internationales qui ont participé à cette conférence.
Cette conférence manifeste notre volonté commune et notre engagement durable aux côtés de la Libye à un moment cruciale de sa transition. À quelques jours près, cela fait deux ans que la révolution libyenne a eu lieu. Depuis, beaucoup de changements sont intervenus et on peut dire qu'un chemin considérable a été parcouru, mais il reste - et nous en avons discuté ce matin - un certain nombre de problèmes et notamment des problèmes de sécurité. Ces problèmes prennent différentes formes : la protection des frontières ; le contrôle des armements qui sont nombreux ; le développement de l'État de droit et d'autres aspects encore.
Tout en saluant le courage et la détermination des nouvelles autorités libyennes, nous voulons essayer de leur apporter notre appui en matière de recherche de la sécurité. Cet appui prend différentes formes. Il est nécessaire qu'il y ait le déploiement rapide d'une mission européenne de la politique de sécurité et de défense commune pour offrir conseil et formation à la Libye dans le domaine de la gestion des frontières, puisque les frontières libyennes, compte tenu de la géographie, sont un enjeu majeur.
La France a pour sa part proposé son aide à la Libye dans de nombreux domaines, en réponse aux besoins qui existent. Cela peut par exemple concerner la formation de plusieurs milliers de policiers libyens ; cela peut avoir trait avec la formation d'un certain nombre d'officiers de l'armée libyenne ; cela peut aussi concerner l'aide que nous pouvons apporter à nos amis libyens pour reconstituer leur marine, leurs forces aériennes et leur capacité terrestre. D'autres pays qui étaient présents ce matin ont également précisé leurs propositions.
Le projet est simple et, en même temps, essentiel. Il faut que les autorités libyennes, qui ont déjà parcouru un grand chemin depuis maintenant deux ans, puissent continuer dans cette voie dans la sécurité. Pour cela, ils doivent pouvoir compter sur l'ensemble de la communauté internationale, qui est au rendez-vous.
Avant de te laisser la parole, je voudrais donner un dernier élément. Nous avons bien sûr parlé de ce qui se passe en Libye et de ce qui se passe dans les pays voisins. Nous avons parlé du Mali et d'autres pays encore. Nous sommes tous convaincus que la question de la sécurité est une question absolument majeure, pas seulement pour un pays mais pour l'ensemble de nos pays, car il n'y a pas de sécurité et démocratie sans développement durable. Donc, en soutenant la sécurité de la Libye, nous contribuons à notre propre sécurité. De plus, comme il y a entre les nouvelles autorités de la Libye et la France l'amitié que vous savez, nous avons été extrêmement heureux de t'accueillir avec mon collègue de la défense et avec d'autres collègues. Demain, nous accueillerons le Premier ministre.
En tout cas, sachez que vous êtes ici chez vous.
Q - Monsieur le ministre, hier votre homologue russe, M. Lavrov, a critiqué la France - et le combat au Mali - et ceux qui ont armé hier la Libye. Quelle est votre réaction à cette déclaration ?
R - Vous connaissez la situation. Nous en avons encore parlé à l'heure du déjeuner. Pourquoi la France est-elle intervenue ? Elle est intervenue pour sauver le Mali du terrorisme. C'est aussi simple que cela. Il s'est agi d'une question d'heure. Des groupes terroristes qui se situent au Nord avaient décidé de marcher sur Bamako. Donc, si les troupes françaises n'étaient pas intervenues, à l'heure qu'il est, il y aurait au Mali un État terroriste qui aurait pris en otage la population malienne et qui menacerait les pays voisins.
J'ajoute - à l'écoute de certains commentaires - que l'essentiel des Maliens sont musulmans et que c'est à la demande du président malien que nous sommes venus pour sauver cette population, laquelle était non-seulement menacée, mais gravement attaquée. Ce qui s'est passé avec les mausolées de Tombouctou ou avec d'autres exactions en témoigne.
C'est la raison pour laquelle la quasi-totalité de la communauté internationale a soutenu la France dans son action, qui n'a pas vocation à rester éternellement. Les forces maliennes, auprès desquelles nous combattons, sont en train d'être formées. De même, les forces africaines de la MISMA sont venues à l'appui de l'opération internationale. Tout cela est mené dans le respect des résolutions des Nations unies et de la légalité internationale.
Quant à la question des armements, il est vrai que trop nombre d'armes, d'origines diverses, circulent dans la région. De même, il y a beaucoup trop d'armes en Syrie et on sait d'où elles viennent.
Q - Vous avez rencontré ce matin M. Davutoglu, vous avez sans doute parlé de la négation de l'Union européenne ? Étiez-vous prêt à ouvrir le chemin, surtout les chapitres 22 et 17 ? Avez-vous eu un résultat concret là-dessus ? Enfin, avez-vous abordé le sujet de la future visite de M. Hollande en Turquie ?
R - C'est une question qui n'est pas directement en lien avec la Libye, mais il est vrai que mon collègue et ami M. Davutoglu participait aujourd'hui à la réunion autour de la sécurité en Libye. Nous nous sommes rencontrés et avons parlé d'autres sujets, parmi lesquels il y a la question des relations entre l'Union européenne et la Turquie. Je lui ai confirmé que la France était favorable à l'ouverture de la discussion sur ce qu'on appelle le chapitre 22 ; c'est-à-dire le chapitre sur la politique régionale.
Pour répondre à votre question sur la visite du président de la République, il y a effectivement une invitation qui lui a été adressée et il souhaite pouvoir l'honorer, c'est tout à fait clair.
D'une façon générale d'ailleurs, parce que c'est là l'essentiel de ma réponse, nous souhaitons et c'est réciproque, avoir des relations très positives avec la Turquie, puisque la Turquie et la France sont deux grands pays, avec une grande stabilité politique. Toutes les raisons de développer nos relations sur le plan éducatif, sur le plan culturel, sur le plan économique et sur le plan politique sont réunies. C'est dans cet esprit que j'avais plaisir à rencontrer mon collègue, M. Davutoglu. Donc, les choses vont bien.
Q - À la suite de l'essai nucléaire de la Corée du nord, est-ce que vous pourriez élaborer les conséquences possibles ?
R - Nous avons condamné de la façon la plus nette, cet essai nucléaire qui est contraire à toutes les résolutions internationales, et qui a d'ailleurs été condamné par les Nations unies. Il y a une réunion spéciale sur ce sujet. Nous notons que l'ensemble des membres permanents du Conseil de sécurité - sauf erreur de ma part - ont condamné cet essai nucléaire et nous demandons avec beaucoup de force à la Corée du Nord de respecter la légalité internationale. Nous notons que parmi ceux qui ont condamné cette action et contre laquelle la Corée du Nord a été mise en garde, il y a en particulier la Chine ; ce qui n'est pas sans signification.
Q - Deux petites questions en feuilletant ce document qui est assez dense : on ne voit aucune mention des financements, est-ce que c'est la Libye qui finance tout ? Est-ce que l'Union européenne va financer la mission de conseil, je crois que cela tournait autour de 50 ou 70 personnes ? Est-ce que vous avez parlé des affaires économiques, générales, des avoirs bloqués, s'il y a des différents entre les deux pays ?
R - Sur le plan bilatéral, il y a une délégation importante de nos amis libyens qui est ici présente avec un nombre conséquent de ministres. Parallèlement à cette conférence, des entretiens ont lieu, notamment des entretiens économiques. Demain à l'occasion de la visite du Premier ministre libyen, qui sera reçu par le Président de la République et le premier ministre, le point sera fait sur ces aspects bilatéraux. Mais là, nous avions voulu dans cette conférence qui était multilatérale, nous concentrer sur les aspects sécurité.
Je précise qu'avant cette réunion internationale, il y a eu, au mois de décembre, une réunion de hauts-fonctionnaires qui s'est tenue en Grande-Bretagne. Nous avons décidé ce matin, compte tenu de l'intérêt de ces questions, de constituer ceux qui étaient là en «core group» sur les questions de sécurité en Libye. Il y aura une prochaine réunion qui se tiendra en Italie et nos amis turcs aussi ont souhaité qu'il y ait ensuite une réunion chez eux. Ce n'est donc pas un «one shot», c'est vraiment une action continue, internationale pour travailler avec nos amis libyens autour du thème de la sécurité.
Q - M. Lavrov a dit que la France combattait au Mali ceux qu'elle avait armés en Libye. Comment répondez-vous à cette question ?
R - La France est contre toutes les actions terroristes, où qu'elles soient, que ce soit dans un pays ou dans un autre et je crois qu'en ce qui concerne le Mali, les choses sont assez claires sur les raisons pour lesquelles la France est intervenue, sur le soutien international dont elle dispose et sur les objectifs qu'elle se fixe.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 février 2013
Il y a de cela quelques mois, lorsque je m'étais rendu en Libye où j'avais été extrêmement bien accueilli, nos amis responsables des autorités libyennes avaient lancé l'idée qu'il pourrait y avoir une conférence internationale sur la sécurité en Libye. Ils avaient émis le souhait que celle-ci ait lieu à Paris. C'est ce que nous avons fait au cours de la journée et je remercie beaucoup toutes les délégations internationales qui ont participé à cette conférence.
Cette conférence manifeste notre volonté commune et notre engagement durable aux côtés de la Libye à un moment cruciale de sa transition. À quelques jours près, cela fait deux ans que la révolution libyenne a eu lieu. Depuis, beaucoup de changements sont intervenus et on peut dire qu'un chemin considérable a été parcouru, mais il reste - et nous en avons discuté ce matin - un certain nombre de problèmes et notamment des problèmes de sécurité. Ces problèmes prennent différentes formes : la protection des frontières ; le contrôle des armements qui sont nombreux ; le développement de l'État de droit et d'autres aspects encore.
Tout en saluant le courage et la détermination des nouvelles autorités libyennes, nous voulons essayer de leur apporter notre appui en matière de recherche de la sécurité. Cet appui prend différentes formes. Il est nécessaire qu'il y ait le déploiement rapide d'une mission européenne de la politique de sécurité et de défense commune pour offrir conseil et formation à la Libye dans le domaine de la gestion des frontières, puisque les frontières libyennes, compte tenu de la géographie, sont un enjeu majeur.
La France a pour sa part proposé son aide à la Libye dans de nombreux domaines, en réponse aux besoins qui existent. Cela peut par exemple concerner la formation de plusieurs milliers de policiers libyens ; cela peut avoir trait avec la formation d'un certain nombre d'officiers de l'armée libyenne ; cela peut aussi concerner l'aide que nous pouvons apporter à nos amis libyens pour reconstituer leur marine, leurs forces aériennes et leur capacité terrestre. D'autres pays qui étaient présents ce matin ont également précisé leurs propositions.
Le projet est simple et, en même temps, essentiel. Il faut que les autorités libyennes, qui ont déjà parcouru un grand chemin depuis maintenant deux ans, puissent continuer dans cette voie dans la sécurité. Pour cela, ils doivent pouvoir compter sur l'ensemble de la communauté internationale, qui est au rendez-vous.
Avant de te laisser la parole, je voudrais donner un dernier élément. Nous avons bien sûr parlé de ce qui se passe en Libye et de ce qui se passe dans les pays voisins. Nous avons parlé du Mali et d'autres pays encore. Nous sommes tous convaincus que la question de la sécurité est une question absolument majeure, pas seulement pour un pays mais pour l'ensemble de nos pays, car il n'y a pas de sécurité et démocratie sans développement durable. Donc, en soutenant la sécurité de la Libye, nous contribuons à notre propre sécurité. De plus, comme il y a entre les nouvelles autorités de la Libye et la France l'amitié que vous savez, nous avons été extrêmement heureux de t'accueillir avec mon collègue de la défense et avec d'autres collègues. Demain, nous accueillerons le Premier ministre.
En tout cas, sachez que vous êtes ici chez vous.
Q - Monsieur le ministre, hier votre homologue russe, M. Lavrov, a critiqué la France - et le combat au Mali - et ceux qui ont armé hier la Libye. Quelle est votre réaction à cette déclaration ?
R - Vous connaissez la situation. Nous en avons encore parlé à l'heure du déjeuner. Pourquoi la France est-elle intervenue ? Elle est intervenue pour sauver le Mali du terrorisme. C'est aussi simple que cela. Il s'est agi d'une question d'heure. Des groupes terroristes qui se situent au Nord avaient décidé de marcher sur Bamako. Donc, si les troupes françaises n'étaient pas intervenues, à l'heure qu'il est, il y aurait au Mali un État terroriste qui aurait pris en otage la population malienne et qui menacerait les pays voisins.
J'ajoute - à l'écoute de certains commentaires - que l'essentiel des Maliens sont musulmans et que c'est à la demande du président malien que nous sommes venus pour sauver cette population, laquelle était non-seulement menacée, mais gravement attaquée. Ce qui s'est passé avec les mausolées de Tombouctou ou avec d'autres exactions en témoigne.
C'est la raison pour laquelle la quasi-totalité de la communauté internationale a soutenu la France dans son action, qui n'a pas vocation à rester éternellement. Les forces maliennes, auprès desquelles nous combattons, sont en train d'être formées. De même, les forces africaines de la MISMA sont venues à l'appui de l'opération internationale. Tout cela est mené dans le respect des résolutions des Nations unies et de la légalité internationale.
Quant à la question des armements, il est vrai que trop nombre d'armes, d'origines diverses, circulent dans la région. De même, il y a beaucoup trop d'armes en Syrie et on sait d'où elles viennent.
Q - Vous avez rencontré ce matin M. Davutoglu, vous avez sans doute parlé de la négation de l'Union européenne ? Étiez-vous prêt à ouvrir le chemin, surtout les chapitres 22 et 17 ? Avez-vous eu un résultat concret là-dessus ? Enfin, avez-vous abordé le sujet de la future visite de M. Hollande en Turquie ?
R - C'est une question qui n'est pas directement en lien avec la Libye, mais il est vrai que mon collègue et ami M. Davutoglu participait aujourd'hui à la réunion autour de la sécurité en Libye. Nous nous sommes rencontrés et avons parlé d'autres sujets, parmi lesquels il y a la question des relations entre l'Union européenne et la Turquie. Je lui ai confirmé que la France était favorable à l'ouverture de la discussion sur ce qu'on appelle le chapitre 22 ; c'est-à-dire le chapitre sur la politique régionale.
Pour répondre à votre question sur la visite du président de la République, il y a effectivement une invitation qui lui a été adressée et il souhaite pouvoir l'honorer, c'est tout à fait clair.
D'une façon générale d'ailleurs, parce que c'est là l'essentiel de ma réponse, nous souhaitons et c'est réciproque, avoir des relations très positives avec la Turquie, puisque la Turquie et la France sont deux grands pays, avec une grande stabilité politique. Toutes les raisons de développer nos relations sur le plan éducatif, sur le plan culturel, sur le plan économique et sur le plan politique sont réunies. C'est dans cet esprit que j'avais plaisir à rencontrer mon collègue, M. Davutoglu. Donc, les choses vont bien.
Q - À la suite de l'essai nucléaire de la Corée du nord, est-ce que vous pourriez élaborer les conséquences possibles ?
R - Nous avons condamné de la façon la plus nette, cet essai nucléaire qui est contraire à toutes les résolutions internationales, et qui a d'ailleurs été condamné par les Nations unies. Il y a une réunion spéciale sur ce sujet. Nous notons que l'ensemble des membres permanents du Conseil de sécurité - sauf erreur de ma part - ont condamné cet essai nucléaire et nous demandons avec beaucoup de force à la Corée du Nord de respecter la légalité internationale. Nous notons que parmi ceux qui ont condamné cette action et contre laquelle la Corée du Nord a été mise en garde, il y a en particulier la Chine ; ce qui n'est pas sans signification.
Q - Deux petites questions en feuilletant ce document qui est assez dense : on ne voit aucune mention des financements, est-ce que c'est la Libye qui finance tout ? Est-ce que l'Union européenne va financer la mission de conseil, je crois que cela tournait autour de 50 ou 70 personnes ? Est-ce que vous avez parlé des affaires économiques, générales, des avoirs bloqués, s'il y a des différents entre les deux pays ?
R - Sur le plan bilatéral, il y a une délégation importante de nos amis libyens qui est ici présente avec un nombre conséquent de ministres. Parallèlement à cette conférence, des entretiens ont lieu, notamment des entretiens économiques. Demain à l'occasion de la visite du Premier ministre libyen, qui sera reçu par le Président de la République et le premier ministre, le point sera fait sur ces aspects bilatéraux. Mais là, nous avions voulu dans cette conférence qui était multilatérale, nous concentrer sur les aspects sécurité.
Je précise qu'avant cette réunion internationale, il y a eu, au mois de décembre, une réunion de hauts-fonctionnaires qui s'est tenue en Grande-Bretagne. Nous avons décidé ce matin, compte tenu de l'intérêt de ces questions, de constituer ceux qui étaient là en «core group» sur les questions de sécurité en Libye. Il y aura une prochaine réunion qui se tiendra en Italie et nos amis turcs aussi ont souhaité qu'il y ait ensuite une réunion chez eux. Ce n'est donc pas un «one shot», c'est vraiment une action continue, internationale pour travailler avec nos amis libyens autour du thème de la sécurité.
Q - M. Lavrov a dit que la France combattait au Mali ceux qu'elle avait armés en Libye. Comment répondez-vous à cette question ?
R - La France est contre toutes les actions terroristes, où qu'elles soient, que ce soit dans un pays ou dans un autre et je crois qu'en ce qui concerne le Mali, les choses sont assez claires sur les raisons pour lesquelles la France est intervenue, sur le soutien international dont elle dispose et sur les objectifs qu'elle se fixe.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 février 2013