Texte intégral
Q - Même si ça n'est pas votre dossier précisément, c'est une des informations de la matinée, le groupe PSA confirme ses très grandes difficultés en annonçant une perte record de 5 milliards d'euros pour l'année 2012. Est-ce que cette situation appelle selon vous une réponse de l'État ?
R - D'abord, cette situation relève d'un retraitement comptable qui était attendu compte tenu de ce que l'on sait tous de la situation de PSA. L'État sur PSA est très actif, il a donné sa garantie à l'entreprise pour lui permettre de continuer à vendre des voitures. Il a par ailleurs décidé d'engager avec l'entreprise, comme avec l'ensemble du secteur automobile, des actions destinées à améliorer la compétitivité du secteur dans un contexte extrêmement difficile pour l'industrie automobile française. C'est notamment le travail engagé avec la Commission européenne et l'Allemagne, sur l'électromobilité. Nous sommes mobilisés pour faire en sorte que l'industrie automobile française dans son ensemble traverse cette mauvaise passe.
Q - François Hollande est revenu hier sur l'accord conclu en fin de semaine dernière par les 27 pays membres de l'Union européenne pour le budget de la période 2014-2020 : «c'est le moins mauvais accord possible», selon le président de la République, donc c'est un mauvais accord ?
R - C'est le moins mauvais accord possible dans le contexte européen le plus difficile qu'on ait jamais connu. Nous avons en face de nous un gouvernement, le gouvernement britannique, qui essaie de déplacer le centre de gravité de l'Europe dans le sens de ce que souhaitent les plus eurosceptiques des Européens, faire des coupes dans le budget européen et avoir des chèques pour eux-mêmes. D'ailleurs les conservateurs européens, un certain nombre d'entre eux, - c'est ce que montre cette lettre de novembre 2010 - s'étaient organisés pour raboter les crédits de paiement de l'actuel budget, et pour faire en sorte que le budget, dont nous avons débattu, se réduise à une discussion sur des coupes budgétaires.
Q - M. Cameron s'est félicité de ce budget en disant qu'il avait réussi...
R - Je souhaite revenir sur les chiffres parce que c'est très important. Lorsque l'on regarde l'exécution du budget qui vient de s'achever, c'était 942 milliards d'euros en crédits de paiement. L'Europe n'a dépensé que 855 milliards c'est-à-dire presque 100 milliards de moins que ce qu'elle avait budgété, ceci parce qu'au cours des six années précédentes, les gouvernements conservateurs de l'Union se sont employés à laminer le budget de l'Union en mettant d'ailleurs ainsi l'Union européenne en déficit. C'est ce que regrette le président du Parlement européen Martin Schulz, qui souligne les difficultés de l'Union à faire face à ces 16 milliards de déficit. Nous, nous avons voulu contenir la volonté de coupes du gouvernement britannique. Lorsque la Commission a fait sa proposition budgétaire, elle s'élevait à 1047 milliards. M. Cameron voulait 200 milliards de moins ; donc, si nous avions laissé la bride sur le cou des conservateurs, s'il n'y avait pas eu d'alternance en France, aujourd'hui le budget de l'Union européenne ce serait 847 milliards de crédits d'engagement. Ainsi, nous avons réussi à faire mieux avec 960 milliards budgétés !
Q - Vous avez limité la casse. Mais il y a de la casse tout de même...
R - Attendez, par ailleurs si nous parvenons, comme le demande le Parlement européen, à faire en sorte qu'il y ait le maximum de flexibilité entre les rubriques du budget, entre les années, avec une clause de révision à mi-parcours du budget, nous serons en situation de mobiliser la totalité des crédits de paiement budgétés décidés à l'occasion du Conseil européen, ce qui représente 50 milliards d'euros de plus que ce qui a été dépensé à l'occasion du précédent budget. Par ailleurs, pour ce qui concerne la France, parce que c'est important si vous regardez la manière dont la France a défendu ses intérêts...
Q - ... La PAC a été sauvegardée...
R - Mais il n'y a pas que ça, il n'y a pas que la PAC, tous les objectifs français ont été atteints. Nous avons obtenu l'intégralité de nos retours sur la Politique agricole commune, nous avons sauvé tous nos fonds de cohésion pour nos régions, nous avons pour la première fois depuis 1984 réussi à diminuer notre contribution aux chèques des autres, et notamment aux chèques britanniques. Nous avons sauvé le PEAD, le programme d'aide aux plus démunis, dont la France et l'Allemagne avaient décidé en novembre 2011 - j'ai un compte rendu du Conseil européen qui en témoigne - de supprimer les sommes qui y étaient affectées. Nous avons sauvé le fonds d'adaptation à la mondialisation, nous avons créé un fonds pour le chômage des jeunes de 6 milliards d'euros. Donc, dans une Europe très conservatrice, où les conservateurs sont partout, où le centre de gravité des conservateurs se déplace vers l'euroscepticisme, nous avons, parce qu'il y a eu une alternance en France, réussi à contenir la frénésie de coupes et de chèques des conservateurs de l'Union.
Q - Alors, la Cour des comptes a estimé hier que l'objectif de 3 % de déficit public en 2013 serait, je cite, très difficile à tenir en raison notamment d'une prévision de croissance vraisemblablement inférieure aux prévisions, d'un niveau de croissance inférieur aux prévisions, qui sont actuellement de 0,8 %. Il ne sert à rien, a dit François Hollande, d'afficher des objectifs s'ils ne peuvent pas être atteints. Est-ce que la France est en train de renoncer à cet objectif qui a été tant et tant répété ?
R - Mais la France ne renonce pas à ces objectifs de réduction des déficits et de réduction de....
Q - Non mais...
R - Nous sommes dans une trajectoire budgétaire de réduction de nos déficits et de réduction de notre dette. Pourquoi ? Parce que nous devons assurer le redressement de notre pays, parce qu'il n'y aura pas de croissance s'il n'y a pas de rétablissement de nos comptes, mais nous continuons à dire, et d'ailleurs la situation de l'Union européenne en témoigne, qu'il n'y aura pas non plus de rétablissement des comptes s'il n'y a pas de croissance. Et nous devons convaincre aussi les Européens de ne pas ajouter de l'austérité à l'austérité, mais de créer à terme les conditions de la croissance. Nous sommes avec l'Union européenne dans un processus. Il y a le semestre européen, il y a un dialogue constant entre la Commission européenne et les États, au terme duquel les États et la Commission, l'ensemble des États de l'Union regardent ce que sont les prévisions de croissance, examinent les conditions dans lesquelles les États seront en situation d'atteindre leurs objectifs budgétaires. Ce dialogue va s'engager, et à ce moment-là nous verrons quelle est la situation.
Q - Il y a quelques instants Laurent Fabius a estimé probable que la France ne pourrait pas tenir cet objectif de 3 % en 2013, est-ce que cet assouplissement devrait venir de Bruxelles au fond, pour mettre les différents pays un peu à l'aise par rapport à ce carcan ?
R - Mais la question ne se pose pas en ces termes. Nous sommes dans un processus qui s'appelle le «semestre européen». Le semestre européen c'est un dialogue itératif entre la Commission et l'ensemble des États...
Q - Votre réponse est moins simple que ma question.
R - Oui, mais je ne vais pas vous faire une réponse simpliste en face d'une situation qui a une complexité, de processus qui eux-mêmes ont leur logique. Je ne suis pas là pour vous dire ce que vous avez envie d'entendre, Monsieur Rivière, je suis là pour dire la vérité ; la vérité c'est que nous sommes dans un processus, ça s'appelle «le semestre européen». C'est quoi le semestre européen ? On peut l'expliquer aux auditeurs. La Commission et les États sont dans un dialogue sur la question des déficits et des réductions des dettes. Les États s'engagent face à la Commission, à partir d'hypothèses de croissance, la Commission exprime à un moment donné son avis sur ces hypothèses de croissance et sur la situation des États, et là un dialogue s'engage. Cela se fera dans les semaines qui viennent. Je ne vais pas anticiper sur le contenu de ce dialogue. Ca ne serait pas responsable, et ça ne serait pas de nature à créer les conditions d'un dialogue apaisé avec la Commission.
Q - Alors on n'aura pas le temps d'en parler, mais c'est un vaste sujet, ce sera sans doute pour nous l'occasion d'y revenir, le président américain a annoncé cette nuit l'ouverture de discussions sur une zone de libre-échange entre l'Europe et les États-Unis. Vous reviendrez pour nous dire si c'est une perspective enthousiasmante...
R - C'est une perspective intéressante, elle a été traitée à l'occasion du dernier Conseil européen, il y a un groupe de travail à haut niveau, je reviendrai dans votre émission pour parler de la politique commerciale de l'Union.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 février 2013
R - D'abord, cette situation relève d'un retraitement comptable qui était attendu compte tenu de ce que l'on sait tous de la situation de PSA. L'État sur PSA est très actif, il a donné sa garantie à l'entreprise pour lui permettre de continuer à vendre des voitures. Il a par ailleurs décidé d'engager avec l'entreprise, comme avec l'ensemble du secteur automobile, des actions destinées à améliorer la compétitivité du secteur dans un contexte extrêmement difficile pour l'industrie automobile française. C'est notamment le travail engagé avec la Commission européenne et l'Allemagne, sur l'électromobilité. Nous sommes mobilisés pour faire en sorte que l'industrie automobile française dans son ensemble traverse cette mauvaise passe.
Q - François Hollande est revenu hier sur l'accord conclu en fin de semaine dernière par les 27 pays membres de l'Union européenne pour le budget de la période 2014-2020 : «c'est le moins mauvais accord possible», selon le président de la République, donc c'est un mauvais accord ?
R - C'est le moins mauvais accord possible dans le contexte européen le plus difficile qu'on ait jamais connu. Nous avons en face de nous un gouvernement, le gouvernement britannique, qui essaie de déplacer le centre de gravité de l'Europe dans le sens de ce que souhaitent les plus eurosceptiques des Européens, faire des coupes dans le budget européen et avoir des chèques pour eux-mêmes. D'ailleurs les conservateurs européens, un certain nombre d'entre eux, - c'est ce que montre cette lettre de novembre 2010 - s'étaient organisés pour raboter les crédits de paiement de l'actuel budget, et pour faire en sorte que le budget, dont nous avons débattu, se réduise à une discussion sur des coupes budgétaires.
Q - M. Cameron s'est félicité de ce budget en disant qu'il avait réussi...
R - Je souhaite revenir sur les chiffres parce que c'est très important. Lorsque l'on regarde l'exécution du budget qui vient de s'achever, c'était 942 milliards d'euros en crédits de paiement. L'Europe n'a dépensé que 855 milliards c'est-à-dire presque 100 milliards de moins que ce qu'elle avait budgété, ceci parce qu'au cours des six années précédentes, les gouvernements conservateurs de l'Union se sont employés à laminer le budget de l'Union en mettant d'ailleurs ainsi l'Union européenne en déficit. C'est ce que regrette le président du Parlement européen Martin Schulz, qui souligne les difficultés de l'Union à faire face à ces 16 milliards de déficit. Nous, nous avons voulu contenir la volonté de coupes du gouvernement britannique. Lorsque la Commission a fait sa proposition budgétaire, elle s'élevait à 1047 milliards. M. Cameron voulait 200 milliards de moins ; donc, si nous avions laissé la bride sur le cou des conservateurs, s'il n'y avait pas eu d'alternance en France, aujourd'hui le budget de l'Union européenne ce serait 847 milliards de crédits d'engagement. Ainsi, nous avons réussi à faire mieux avec 960 milliards budgétés !
Q - Vous avez limité la casse. Mais il y a de la casse tout de même...
R - Attendez, par ailleurs si nous parvenons, comme le demande le Parlement européen, à faire en sorte qu'il y ait le maximum de flexibilité entre les rubriques du budget, entre les années, avec une clause de révision à mi-parcours du budget, nous serons en situation de mobiliser la totalité des crédits de paiement budgétés décidés à l'occasion du Conseil européen, ce qui représente 50 milliards d'euros de plus que ce qui a été dépensé à l'occasion du précédent budget. Par ailleurs, pour ce qui concerne la France, parce que c'est important si vous regardez la manière dont la France a défendu ses intérêts...
Q - ... La PAC a été sauvegardée...
R - Mais il n'y a pas que ça, il n'y a pas que la PAC, tous les objectifs français ont été atteints. Nous avons obtenu l'intégralité de nos retours sur la Politique agricole commune, nous avons sauvé tous nos fonds de cohésion pour nos régions, nous avons pour la première fois depuis 1984 réussi à diminuer notre contribution aux chèques des autres, et notamment aux chèques britanniques. Nous avons sauvé le PEAD, le programme d'aide aux plus démunis, dont la France et l'Allemagne avaient décidé en novembre 2011 - j'ai un compte rendu du Conseil européen qui en témoigne - de supprimer les sommes qui y étaient affectées. Nous avons sauvé le fonds d'adaptation à la mondialisation, nous avons créé un fonds pour le chômage des jeunes de 6 milliards d'euros. Donc, dans une Europe très conservatrice, où les conservateurs sont partout, où le centre de gravité des conservateurs se déplace vers l'euroscepticisme, nous avons, parce qu'il y a eu une alternance en France, réussi à contenir la frénésie de coupes et de chèques des conservateurs de l'Union.
Q - Alors, la Cour des comptes a estimé hier que l'objectif de 3 % de déficit public en 2013 serait, je cite, très difficile à tenir en raison notamment d'une prévision de croissance vraisemblablement inférieure aux prévisions, d'un niveau de croissance inférieur aux prévisions, qui sont actuellement de 0,8 %. Il ne sert à rien, a dit François Hollande, d'afficher des objectifs s'ils ne peuvent pas être atteints. Est-ce que la France est en train de renoncer à cet objectif qui a été tant et tant répété ?
R - Mais la France ne renonce pas à ces objectifs de réduction des déficits et de réduction de....
Q - Non mais...
R - Nous sommes dans une trajectoire budgétaire de réduction de nos déficits et de réduction de notre dette. Pourquoi ? Parce que nous devons assurer le redressement de notre pays, parce qu'il n'y aura pas de croissance s'il n'y a pas de rétablissement de nos comptes, mais nous continuons à dire, et d'ailleurs la situation de l'Union européenne en témoigne, qu'il n'y aura pas non plus de rétablissement des comptes s'il n'y a pas de croissance. Et nous devons convaincre aussi les Européens de ne pas ajouter de l'austérité à l'austérité, mais de créer à terme les conditions de la croissance. Nous sommes avec l'Union européenne dans un processus. Il y a le semestre européen, il y a un dialogue constant entre la Commission européenne et les États, au terme duquel les États et la Commission, l'ensemble des États de l'Union regardent ce que sont les prévisions de croissance, examinent les conditions dans lesquelles les États seront en situation d'atteindre leurs objectifs budgétaires. Ce dialogue va s'engager, et à ce moment-là nous verrons quelle est la situation.
Q - Il y a quelques instants Laurent Fabius a estimé probable que la France ne pourrait pas tenir cet objectif de 3 % en 2013, est-ce que cet assouplissement devrait venir de Bruxelles au fond, pour mettre les différents pays un peu à l'aise par rapport à ce carcan ?
R - Mais la question ne se pose pas en ces termes. Nous sommes dans un processus qui s'appelle le «semestre européen». Le semestre européen c'est un dialogue itératif entre la Commission et l'ensemble des États...
Q - Votre réponse est moins simple que ma question.
R - Oui, mais je ne vais pas vous faire une réponse simpliste en face d'une situation qui a une complexité, de processus qui eux-mêmes ont leur logique. Je ne suis pas là pour vous dire ce que vous avez envie d'entendre, Monsieur Rivière, je suis là pour dire la vérité ; la vérité c'est que nous sommes dans un processus, ça s'appelle «le semestre européen». C'est quoi le semestre européen ? On peut l'expliquer aux auditeurs. La Commission et les États sont dans un dialogue sur la question des déficits et des réductions des dettes. Les États s'engagent face à la Commission, à partir d'hypothèses de croissance, la Commission exprime à un moment donné son avis sur ces hypothèses de croissance et sur la situation des États, et là un dialogue s'engage. Cela se fera dans les semaines qui viennent. Je ne vais pas anticiper sur le contenu de ce dialogue. Ca ne serait pas responsable, et ça ne serait pas de nature à créer les conditions d'un dialogue apaisé avec la Commission.
Q - Alors on n'aura pas le temps d'en parler, mais c'est un vaste sujet, ce sera sans doute pour nous l'occasion d'y revenir, le président américain a annoncé cette nuit l'ouverture de discussions sur une zone de libre-échange entre l'Europe et les États-Unis. Vous reviendrez pour nous dire si c'est une perspective enthousiasmante...
R - C'est une perspective intéressante, elle a été traitée à l'occasion du dernier Conseil européen, il y a un groupe de travail à haut niveau, je reviendrai dans votre émission pour parler de la politique commerciale de l'Union.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 février 2013