Texte intégral
Permettez-moi tout dabord de vous remercier très chaleureusement pour votre accueil, et de vous dire toute ma satisfaction dêtre parmi vous aujourdhui pour signer la convention prolongeant pour 2013 le financement de vos développeurs de lapprentissage.
Lorsque jai pris mes fonctions au début de lété, on ma très rapidement parlé de la situation de lapprentissage.
Dès le 18 juillet, avec Michel Sapin, nous avons eu avec vous un premier échange au cours duquel vous avez mis laccent sur limportance du développement de lapprentissage dans notre pays, en tant que filière dinsertion professionnelle efficace et devant être considérée à parité destime, de valeur, de dignité, avec les autres voies daccès à la qualification, point de vue que je partage pleinement. Ce sera dailleurs lun des enjeux du Service public de lorientation que va organiser la prochaine loi de décentralisation et qui, sil ne se limite pas aux jeunes, devra ouvrir les horizons et les esprits sur toute la diversité des métiers et des filières de formation qui y conduisent.
Je tiens beaucoup à ce que les milieux professionnels et leurs organisations, dont vous êtes une composante importante, soient pleinement associés au SPO.
Je connais votre action constante pour lapprentissage et je men félicite. Vos CFA forment chaque année environ 100 000 apprentis à tous les niveaux de qualification, soit presque un quart de lensemble, avec de très bonnes performances en ce qui concerne linsertion professionnelle durable à lissue des contrats.
Comme vous le savez, au printemps dernier, une rumeur persistante sétait répandue, selon laquelle lannée 2012 serait une année catastrophique pour lapprentissage. Cela ne partait pas de rien, il faut le reconnaître : le contexte économique était difficile il lest toujours et lon pouvait effectivement craindre sinon une catastrophe, du moins un tassement sensible du nombre dentrées en apprentissage.
Eh bien le bilan 2012 est loin davoir confirmé cette sombre perspective !
Le nombre de contrats dapprentissage enregistrés du 1er janvier au 31 décembre 2012 sélève très exactement à 297 768, soit une progression de 1% par rapport à 2011.
Vous pourriez me dire quil ny a pas là particulièrement matière à senthousiasmer. Mais permettez-moi de me réjouir aujourdhui de ce bilan, et de vous en féliciter pour la part qui vous revient, car il montre que votre mobilisation a été forte.
Je pense en particulier à laction des développeurs de lapprentissage qui a grandement contribué à ce résultat.
Depuis 2009, vos 100 développeurs ont en effet contacté plus de 140 000 entreprises, dont près de la moitié ont été visitées, cette activité soutenue ayant généré la signature de 32 000 contrats dapprentissage dont 53 % visant des qualifications de niveau V et IV.
Je souligne cette proportion car si je me félicite de la progression de lapprentissage dans lenseignement supérieur, je suis également attentif à son développement aux premiers niveaux de qualification.
Tout cela montre quen dépit des difficultés parfois lourdes quelles rencontrent, les entreprises, et tout particulièrement les plus petites, continuent de préparer lavenir.
Elles continuent de faire confiance aux jeunes et de vouloir transmettre le flambeau. Jy vois un signe despoir qui doit nous encourager à poursuivre nos efforts.
Je crois donc pouvoir dire que la priorité Jeunesse fixée par le Président de la République est aujourdhui la priorité de tous.
Le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans est aujourdhui dramatiquement élevé. Il est globalement de 22 %, mais il atteint le double dans les zones urbaines sensibles. Et ce sont bien sûr les jeunes les moins diplômés, ou pas diplômés du tout, qui sont les principales victimes de cette situation.
Le Pacte national pour la croissance, la compétitivité et lemploi a fixé lobjectif de faire progresser le nombre dapprentis dans notre pays de 435 000 actuellement à 500 000 dici 2017. Cest un objectif raisonnable, réaliste, atteignable si tous les partenaires se mobilisent : les entreprises, les organisations professionnelles et consulaires, et bien entendu les CFA eux-mêmes.
Parmi tous les leviers qui doivent être mobilisés, trois me semblent majeurs.
Tout dabord, je lai dit, les développeurs de lapprentissage sont des points dappui essentiels. Leur action viendra utilement nourrir les objectifs qui fixeront les prochains « Pactes régionaux pour la réussite éducative et professionnelle des jeunes », dont le principe a été décidé dans le cadre de la Grande Conférence sociale de juillet dernier.
Le deuxième levier, ce sont les CFA eux-mêmes. Je reçois de trop nombreux courriers de jeunes et de familles désespérés qui ont une place dans un centre de formation mais ne trouvent pas dentreprise et donc pas de contrat dapprentissage. Je ne my résous pas. On ne peut laisser la responsabilité de trouver lentreprise sur les seules épaules des familles et des jeunes car alors celles et ceux qui nont aucun réseau familial ou social resteront durablement exclus de cette voie de réussite.
Le troisième levier, cest le contrat de génération, sur le point de voir concrètement le jour après les débats positifs qui ont eu lieu aussi bien à lAssemblée nationale quau Sénat.
En effet, lentreprise qui embauchera un jeune en CDI au terme dun contrat dapprentissage ou de professionnalisation qui se sera déroulé chez elle pourra comptabiliser ce recrutement au titre du contrat de génération et bénéficier des avantages qui en découlent. Les contrats de professionnalisation établis en CDI sont également comptabilisés.
Afin que ces trois leviers génèrent les meilleurs effets, une réforme de la collecte et de la répartition de la taxe dapprentissage est comme vous le savez en cours de réflexion, comme la confirmé récemment le Président de la République. Elle constituera un volet important du projet de loi « formation professionnelle et apprentissage » en préparation et qui devrait être présenté en Conseil des Ministres au début de lété.
Quelques mots sur ce sujet de la taxe dapprentissage auquel je sais que vous êtes très attentifs, et dont limportance et la complexité mont amené à organiser, avant toute décision, une très large consultation des acteurs concernés.
Tout dabord, je me félicite de la qualité du dialogue qui sest ainsi engagé avec tous les partenaires et singulièrement avec vous. Je sais que les échanges entre vos services techniques et mon cabinet sont fréquents, riches, et se déroulent dans un climat de confiance propice au progrès.
Des bruits bien souvent non fondés circulant parfois sur ce dossier de la taxe dapprentissage, je profite de ma présence parmi vous pour rappeler mes grands objectifs.
Ils tiennent en quelques mots :
- Lisibilité
- Equité
- Démocratie sociale
- Responsabilité des entreprises
Lisibilité parce que personne ne conteste que le système soit trop complexe, compréhensible par les seuls spécialistes, et très difficile à appréhender par les plus petites entreprises. En outre, le réseau des collecteurs est trop touffu, trop morcelé, trop concurrentiel, ce qui empêche de bien se repérer.
Equité parce que le mode de répartition de la taxe dapprentissage génère des inégalités, notamment territoriales, qui ne peuvent perdurer.
Démocratie sociale parce que les partenaires sociaux doivent être davantage associés aux politiques dapprentissage.
Responsabilité des entreprises parce que ce sont bien les entreprises qui au bout du compte sengagent en signant des contrats dapprentissage. Il ne faut donc pas rompre leurs liens avec les lieux de formation, et cest pourquoi je nenvisage pas de supprimer le principe de leur libre affectation dune part de la taxe, ce qui ninterdit pas une réflexion sur les modalités dexercice de cette liberté.
Nous devons trouver les bons équilibres, et jai la conviction que nous les trouverons très bientôt grâce à la concertation qui est en cours avec tous les acteurs : les réseaux consulaires, les partenaires sociaux, les branches professionnelles et bien entendu les Régions.
Je souhaite aussi améliorer les conditions de vie des apprentis.
Je suis très sensible à cela, car je crois que lon ne peut pas se préoccuper de lavenir de lapprentissage sans se soucier des conditions de vie et de travail des apprentis. Une partie significative dentre eux vit dans des conditions sociales, familiales et financières difficiles qui sont souvent un frein à la conclusion de contrats, mais aussi lune des causes de ruptures.
Je sais que la plupart des CFA développent avec un soin toujours plus grand des actions daccompagnement individualisé des apprentis, sur le plan pédagogique bien sûr, mais aussi sur tous les registres de leur vie quotidienne. Je vous encourage à amplifier encore votre action dans ce domaine, en pensant particulièrement aux problèmes de transport, dhébergement et de restauration. En effet, un apprenti est souvent écartelé entre trois lieux de vie : son domicile familial, son CFA et son entreprise
lesquels sont rarement dans la même ville ni même en proximité. Cet écartèlement induit des coûts importants, difficiles à supporter pour un certain nombre dapprentis.
Et cest pourquoi jattache une grande importance au développement des projets de laction « formation en alternance et hébergement » du programme des investissements davenir, déployé par la Caisse des dépôts et consignations, et qui a déjà permis la mobilisation de près de 240 M pour la mise en uvre de 56 projets qui génèreront 12 000 places supplémentaires en apprentissage pendant que plus de 4 000 places dhébergement seront construites, reconstruites ou rénovées.
Les Chambres de commerce et dindustrie se sont fortement impliquées dans plusieurs de ces dossiers maintenant engagés, et javais eu loccasion fin 2012 de me rendre à Brest sur le chantier de construction du nouveau campus des métiers.
Les projets du PIA sont ainsi dune importance capitale sur le plan social, mais aussi parce quils ont un impact sur lattractivité de lapprentissage et son image dans lopinion.
Voilà Mesdames et Messieurs ce que je souhaitais vous dire en quelques mots aujourdhui.
La lutte contre le chômage est une priorité du Gouvernement.
Lemploi des jeunes, de tous les jeunes, est une urgence sociale, sociétale. Et le développement de lapprentissage jouera à cet égard un rôle majeur.
Je vous remercie donc tous pour votre contribution à la construction de lavenir de notre jeunesse qui conditionne celui du pays tout entier, avec une mention toute particulière aujourdhui pour les développeurs de lapprentissage. Jattends beaucoup de leur action, et jai toute confiance dans leur implication.
[1] MM Castaner et Cherpion sont annoncés
source http://travail-emploi.gouv.fr, le 20 février 2013