Texte intégral
Monsieur l'Ambassadeur, Monsieur le Député, Mesdames et Messieurs,
Merci d'avoir pris l'initiative de ce rassemblement amical et chaleureux, sous un beau ciel. C'est vrai que cette journée a été bien remplie puisque, comme je le faisais remarquer au président de la République qui avait la gentillesse de me recevoir en fin d'après midi, heureusement que les ministres français ne viennent pas tous les jours, parce que dans la mesure où au déjeuner qui m'a été offert il y a avait la moitié du gouvernement, le gouvernement péruvien ne pourrait plus travailler.
Les relations entre le Pérou et la France sont depuis longtemps de très bonnes relations, mais il me semble qu'on a tellement été habitué à ce que les relations soient bonnes qu'on a fini par ne plus vraiment en avoir. Cela faisait assez longtemps, je crois, qu'il n'y avait pas eu ce type d'échange. Alors on faisait toujours référence à du Petit-Thouars, à Vargas Llosa ; à Flora Tristan... très bien mais comme je le faisais remarquer en plaisantant à un de mes interlocuteurs du gouvernement en français nous disons souvent «il n'y a pas d'amour il n'y a que des preuves d'amour».
Le président Humala est venu en France, c'était je crois au mois de novembre, et sa visite a été excellente. Il a invité le président français et j'ai confirmé au président péruvien que vous aurez la visite de François Hollande. La date n'est pas encore été fixée, je pense que le plus tôt sera le mieux. Pourquoi ? Parce que nous nous aimons beaucoup entre Péruviens et Français. Nous avons fait déjà pas mal de choses ensemble, nous avons la chance d'avoir une communauté française dynamique, bien intégrée, mais maintenant il faut se tourner vers l'avenir et l'avenir entre les deux pays peut être, doit être, un avenir de grande coopération et de grande amitié, nous avons absolument tout pour nous entendre : d'abord, nous avons les mêmes valeurs, nos amis péruviens font volontiers référence à la révolution française, aux droits de l'homme, aux grands principes qui nous animent les uns les autres.
Nous voyons avec plaisir que ce pays qui a connu des périodes assez troublées est entré maintenant de manière solide et définitive dans le cycle normal de la démocratie, qu'en même temps il connaît depuis quelques années des taux de croissance qui, s'il nous en prêtait une petite partie, ne nous ferait pas de mal en Europe, et qu'il veut travailler avec nous.
Les champs de travail commun sont infinis, déjà des décisions ont été prises qui vont tout à fait dans le bon sens : il y a ce qui se fait entre les instituts de recherche, il y a ce qui se fait dans le domaine éducatif, le fait que nous allons avoir désormais chaque année 500 - je dis bien 500 - jeunes Péruviens dont certains issus de classes sociales très modestes qui vont venir étudier en France, le fait que je suis accompagné de responsables d'entreprises. Je suis très heureux de les avoir avec moi, j'espère qu'ils ne sont pas malheureux d'être là et que je sois là avec eux.
Les champs sont considérables dans les domaines des infrastructures, des transports, de l'eau, de l'énergie, de la santé, de la défense. Nous venons de participer à une réunion, c'est pour cela que nous sommes en retard, le ministre de la défense a eu l'extrême gentillesse de réunir autour de lui les chefs des trois armées et nous avons beaucoup discuté des perspectives en commun, nous avons d'ailleurs décidé, c'est un souhait du président péruvien, et je sais qu'il est partagé par le président français, de nouer un accord stratégique dans le domaine de la défense et de la sécurité entre le Pérou et la France, donc les champs sont considérables.
Et nous devons nous mettre au travail. Beaucoup de travail a déjà été fait mais on peut aller plus loin. Quand je dis que beaucoup de travail a été fait, c'est vrai, et c'est en partie grâce à vous. Vous êtes dans votre diversité des serviteurs du secteur public, des représentants d'organisations gouvernementales, des membres de professions libérales, des salariés, des enseignants, enfin la diversité de ceux qui ont choisi par vocation, ou par les événements de la vie, de donner quelques années et peut-être même toute leur vie à ce beau pays.
Voilà, ma visite est donc très rapide, c'est très difficile quand on est le ministre des affaires étrangères et que l'on a à traiter de réalités qui s'appellent le Mali, qui s'appellent la Syrie, qui s'appellent... on peut allonger la liste. C'est très difficile de prendre quelques jours pour ne pas être en France. Néanmoins je l'ai voulu, parce que c'est un choix du gouvernement français de faire ce voyage en Amérique latine, dans trois pays et de commencer par le Pérou. Demain nous serons au Panama, après-demain en Colombie. Je reviendrai à l'automne sans doute au Mexique, avec lequel désormais les relations peuvent être fluides. Et puis, il y a le Brésil qui nous appelle, le Chili où le Premier ministre était il n'a pas si longtemps et puis, et puis, et puis... mais c'est un choix parce que l'Amérique latine est un continent d'avenir. Pendant longtemps, évidemment il y a eu cette proximité : cette proximité de sympathie, cette proximité idéologique, mais... c'est loin.
Désormais, nous avons choisi, quand je dis nous, c'est politiquement, nous - gouvernement français - , d'investir davantage, de notre temps, de notre énergie, de notre amitié, de nos espoirs en Amérique latine et en particulier ici au Pérou, tout simplement parce que la France doit être présente partout où se construit l'avenir, et j'ai dit, en le quittant, au président Humala : «le Pérou est pays d'avenir à l'intérieur d'un continent d'avenir» et donc vous nous reverrez si vous êtes là encore, et je reviendrai avec un grand, grand, plaisir.
Permettez-moi pour terminer de vous remercier, ce n'est pas toujours facile d'être à l'étranger, bien sûr, on est dans un beau pays, en plus cette saison-là est très agréable mais on sait bien que lorsqu'on est français ou binational et qu'on est loin de la mère patrie, ce n'est pas toujours facile mais vous êtes tout à fait importants pour ce que nous voulons faire.
Je ne veux pas tenir des propos politiques, ce n'est ni le lieu, ni l'occasion, mais vous savez bien que la France qui est un pays magnifique, qui a des atouts magnifiques, a besoin d'être redressée, non pas au sens où l'on dit de «centre de redressement», pas du tout, mais redressée sur le plan économique, il faut repartir de l'avant. Il faut faire des réformes, les réformes c'est bien, en théorie c'est toujours facile mais lorsqu'elles s'appliquent à toute une série de couches de la population, c'est beaucoup plus compliqué. Néanmoins il faut le faire, non pas, comme on dit parfois, à cause de l'Europe mais tout simplement parce que le monde est en train de bouger, vous le voyez bien, vous le vivez ici. L'Amérique latine, il y a quelques années avait un côté un peu exotique mais l'Amérique latine d'ici peu de temps aura la puissance de l'Europe de l'ouest, dans le monde vers lequel nous allons : et bien la Chine, déjà un milliard trois cent cinquante millions d'habitants, l'Inde où nous étions avec François Hollande, l'autre jour, un milliard deux cent cinquante millions d'habitants, donc le moins qu'on puisse dire c'est qu'il fait retrousser les manches. Et pour ça nous avons beaucoup d'atouts, et l'un de ces atouts est le fait que nous ayons la chance d'avoir beaucoup de compatriotes français à l'étranger, c'est un atout extraordinaire, pas facile à vivre toujours pour vous, mais très important pour nous tous.
Vous êtes donc des ambassadeurs, il n'y a pas que vous, Monsieur l'Ambassadeur, qui soyez ambassadeur, il y a toutes les personnes ici présentes, et donc vous portez, dans vos choix, dans votre vie et j'allais dire dans votre comportement, sans porter de jugement moral, une certaine image de la France. De cela, je veux vraiment vous remercier et vous dire tout simplement qu'en quittant ce beau pays demain matin, très tôt, je garderai le souvenir d'une communauté française dynamique, sympathique, que je vais maintenant aller rencontrer.
Je vous souhaite le meilleur et je souhaite que dans vos vies individuelles vous puissiez vous accomplir et que cet accomplissement soit aussi au service de l'amitié entre le Pérou et la France.
C'est de la façon la plus élégante qu'un discours doit se terminer : lorsqu'on voit les coupes de champagne arriver, et lorsqu'avec un tact diplomatique on vous explique, que le temps est venu de terminer. Et bien c'est un souvenir supplémentaire, je crois que l'une des choses qui valent la peine de vivre, c'est une certaine dose d'humour, il y en aura eu ce soir.
Merci de ce que vous êtes.
Vive le Pérou, vive la France, vive l'amitié entre le Pérou et la France.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 février 2013