Texte intégral
Q - Est-ce que vous pourriez nous dire quelques mots sur la manière dont vous envisagez la relation entre la France et le Panama ?
R - La France et le Panama, c'est une longue histoire. Bien entendu, il y a eu cette audacieuse entreprise que fut le percement, sous la direction de Ferdinand de Lesseps, du canal. La France a plus tard accompagné la création de l'État panaméen et fut l'un des premiers à le reconnaître. Elle est le seul pays dont la représentation diplomatique au Panama est installée dans le Casco Antiguo. Tous ces symboles témoignent d'une étroite relation, que je suis ici pour développer. Je signerai avec le ministre des relations extérieures un document établissant un mécanisme de consultations politiques entre nos deux ministères des affaires étrangères, afin d'alimenter entre nous un dialogue politique régulier. Notre relation est aussi économique, avec les grands projets menés par le Panama et auxquels les entreprises françaises participent. Notre relation est également culturelle et éducative. Nous souhaitons notamment travailler sur le thème de la formation professionnelle. Enfin, notre dialogue porte sur les questions internationales et sur la situation de la région, par exemple en termes de sécurité. Ainsi, dans le cadre de son engagement contre le trafic de drogue et le crime organisé, la France participera cette année à l'exercice Panamax. La France et le Panama sont amis, nous voulons et devons travailler ensemble.
Q - Dans quel cadre s'inscrit votre visite au Panama, la première d'un ministre français depuis 2009 ?
R - Au cours des dernières années, plusieurs représentants panaméens de haut niveau, le ministre des relations extérieures en juin 2010 puis le président de la République en novembre 2011, se sont rendus en France. Ma présence illustre l'importance que la France attache à sa relation avec le Panama et notre souhait de développer des relations politiques, économiques et culturelles. Je souhaite particulièrement encourager les entreprises françaises à renforcer leur engagement pour accompagner le développement du pays. Ma visite est aussi l'occasion de rencontrer la communauté française au Panama : un peu plus nombreux chaque année, ils sont désormais presque 1400 à représenter notre pays sur l'isthme.
Q - Quelle importance les entreprises françaises accordent-elles au Panama ?
R - Le Panama est un partenaire économique majeur pour la France en Amérique centrale. C'est un marché dynamique dans lequel les opportunités sont nombreuses. Il représente 60 % du commerce de l'Amérique centrale avec l'Union européenne. Les investissements français ces dernières années s'élèvent à près de 850 millions de dollars. C'est un chiffre qui doit encore être amélioré. Panama constitue également une base régionale pour nos entreprises : beaucoup se sont installées ici en raison de conditions favorables, d'une situation centrale, de l'existence du hub des Amériques et de la zone libre de Colon, afin de développer leurs activités sur toute la région. C'est le cas de la compagnie pétrolière Total, du groupe pharmaceutique Sanofi, de L'Oréal et d'autres encore.
Q - Vos impressions sur les projets que ces dernières mènent actuellement ?
R - Le Panama mène une politique ambitieuse d'investissements publics, afin de se doter d'infrastructures de haut niveau dans des domaines tels que la production d'électricité, de l'assainissement, des transports publics. C'est notamment dans ces secteurs que nos entreprises interviennent, avec par exemple Degrémont pour la construction de la station de traitement des eaux usées de la ville de Panama, GDF-Suez pour les centrales électriques, le groupement des entreprises françaises mené par Alstom pour le chantier du métro, le premier en Amérique centrale, ou encore Vinci, groupe leader dans le domaine des travaux publics, qui construira le troisième pont sur le canal de Panama. La France et ses entreprises disposent d'une expertise reconnue dans beaucoup de domaines. Je me réjouis à ce propos que les travaux du métro avancent rapidement et que les premiers tests du matériel roulant aient lieu avant la fin de l'année. Par leur participation à ces projets, les entreprises françaises contribuent au développement économique durable du Panama.
Q - Qu'est-ce qui a changé entre les deux pays depuis la signature de l'accord fiscal l'année dernière ?
R - La France accorde une grande importance au thème de la transparence fiscale. Nous apprécions les actions engagées au Panama en la matière, notamment dans le cadre de l'OCDE, avec la ratification de douze accords fiscaux bilatéraux. Entre la France et le Panama, l'accord a été signé à la fin 2011. Nos relations fiscales sont, depuis lors, normalisées, ce qui crée un contexte favorable au développement des échanges.
Q - On parle beaucoup de la crise en Europe. Quelles perspectives de sortie de crise pour l'Europe et la France ?
R - L'Europe est la première puissance économique mondiale et la France est l'une des deux principales puissances en Europe et la cinquième au monde. Des difficultés existent, mais nous sommes engagés sur la voie du redressement et nous disposons pour cela de nombreux atouts - formation, recherche, technologies, innovation, infrastructures, entreprises mondiales. Notre stratégie a deux volets : sérieux budgétaire et préparation de l'avenir, avec des investissements dans les secteurs du futur, des réformes de structure, la dynamisation de la recherche et de la formation. Nous menons cette politique au plan national et au plan européen.
Q - Il existe au Panama un lycée français. Est-ce que vous pouvez nous parler de l'enseignement français à l'étranger ?
R - L'une des particularités de l'enseignement français à l'étranger est qu'il s'agit d'un excellent réseau qui applique les mêmes méthodes que l'enseignement français en France, avec en général des professeurs français, issus du ministère de l'éducation nationale. Étudier dans un lycée français à l'étranger, c'est avoir la possibilité d'accéder aux meilleures universités françaises et internationales. Les frais de scolarité sont particulièrement compétitifs. Au Panama, le lycée français Paul Gauguin a connu ces dernières années une croissance spectaculaire. Il a récemment accueilli son 300ème élève. L'établissement souhaite construire de nouveaux locaux, à l'horizon 2015, dans une zone mise à disposition par le gouvernement panaméen. Ce nouveau lycée facilitera la présence française au Panama, il sera un pont entre nos deux pays.
Q - Monsieur le Ministre, une dernière question pour conclure : où en sont les discussions sur l'ouverture d'une ligne directe entre Paris et Panama City ?
R - Je connais le souhait du Panama de voir s'ouvrir une ligne directe entre Panama City et Paris. J'y suis très favorable car cela favorisera les échanges entre nos deux pays. Le choix d'ouvrir une ligne se fait en fonction d'études de marché et d'arbitrages, actuellement réalisés par Air France. C'est à elle qu'appartiendra la décision finale. Je souhaite qu'elle soit positive.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 février 2013