Texte intégral
GUILLAUME DURAND
Évidemment, jai amené lInternational Herald Tribune parce que cette affaire TITAN-MONTEBOURG fait la Une de la presse américaine. Est-ce que ce nest quand même pas une opération quon aurait pu séviter ? Je sais bien que c'est lui qui a commencé mais en lui répondant vertement cest ce qua fait Arnaud MONTEBOURG est-ce quil nest pas en train de mettre de lhuile sur le feu ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je ne crois pas du tout. Non, non, non. Le courrier dArnaud MONTEBOURG a un intérêt, cest jallais dire dargumenter et de démontrer à monsieur TAYLOR quil aurait eu bien du mal à trouver des cosignataires à sa lettre pour le moins surprenante, pour le moins agressive et pour le moins discourtoise. Vous savez, notre pays je crois que cest reconnu par toutes les études sur le sujet est le pays où on trouve le taux de productivité maximum par rapport à nos voisins, un pays où on trouve un niveau dinfrastructures, un niveau de formation, un niveau au fond de qualité de main doeuvre qui fait quaujourd'hui nous sommes lune des principales destinations des investissements étrangers et ça nest pas par hasard. Et donc, cest vrai que la lettre de Monsieur TITAN (sic) était particulièrement mal fondée.
GUILLAUME DURAND
Elle est violente ! Il nous traite de fainéants.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mal renseignée, parce que même lorsquil évoque les ouvriers qui soi-disant ne travaillent que trois heures par jour, il oublie de préciser que les fameux ouvriers étaient en activité partielle ; c'est bien toute la difficulté de lentreprise GOODYEAR. Je crois que ça méritait réponse, pas surenchère mais réponse.
GUILLAUME DURAND
Mais réponse jusquà rétorsion sur importation éventuelle de ses pneus en France ? Parce que, quand même, la fin de la lettre c'est en gros : « Viens avec tes pneus, je tattends. » Pardonnez-moi, je caricature parce que nous sommes tous de bonne humeur le matin, mais cest un peu ça quand même.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Le ministre du Redressement productif sest contenté de rappeler que la France, en effet, sétait dotée de règles sur en effet lorigine, la qualité à la fois en termes éthique, environnemental, et cætera des produits quelle accueille sur son territoire, choses dailleurs quil faut sans doute encore améliorer. C'est lobjet du travail que nous entreprenons au niveau de la Commission européenne parce que, après tout, nos pays peuvent aussi se protéger contre une concurrence mondiale.
GUILLAUME DURAND
En fait, vous le défendez de A à Z, il ny a pas de problème, cette lettre na aucun intérêt.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
La lettre ? De monsieur TAYLOR ?
GUILLAUME DURAND
Oui.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais ce nest pas seulement quelle na aucun intérêt.
GUILLAUME DURAND
C'est quelle est désagréable.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Cest quelle est insultante, enfin. Elle est totalement insultante et donc je pense quune réponse était méritée, oui.
MICHAEL SZAMES
Vous avez décidé, le gouvernement a décidé de rétablir un jour de carence pour les fonctionnaires. C'est quoi ? C'est un cadeau alors que les salaires vont être gelés ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non. C'est simplement le bilan qui a été tiré de la mesure introduite en 2012 par notre prédécesseur, cette mesure qui, en réalité, était une mesure injuste et inefficace. De quoi sagissait-il, pour remettre les choses dans lordre ? Il sagissait de remettre soi-disant de léquité entre les salariés du privé et les fonctionnaires puisque les salariés du privé sont soumis à trois jours de carence lorsquils prennent un arrêt maladie, là où les fonctionnaires nen avaient pas. Donc, Nicolas SARKOZY avait jugé bon à lépoque dimposer un jour de carence aux fonctionnaires aussi, ça veut donc dire un jour pendant lequel ils nétaient pas rémunérés du tout au début de leur arrêt maladie pour lutter contre soi-disant labsentéisme. Or, il y a deux choses que nous devons relever aujourd'hui. C'est quil ny a pas de différence dabsentéisme entre les fonctionnaires et les salariés du privé, les études de la DARES le démontrent : on est à 3,7 % pour les uns et 3,9 % pour les autres. Ça, cest une première chose. La deuxième chose, c'est que la disposition Sarkozy a plongé les fonctionnaires dans une situation compliquée parce que là où les salariés du privé pour les deux tiers dentre eux avaient par le biais de convention de branche ou de convention dentreprise une prise en charge quand même de leur premier jour de carence par lentreprise, les fonctionnaires, eux, se sont retrouvés avec ce jour de carence sans aucune rémunération. Donc ça les a plongés dans la difficulté et ça na rien arrangé.
MICHAEL SZAMES
Cette mesure va coûter soixante millions deuros à lÉtat alors que Bruxelles, dont on attend évidemment les explications vendredi sur les taux de croissance, va nous regarder de très, très près. Est-ce que ça va dans le bon sens, cette mesure ? On rajoute soixante millions.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Dabord ça représente moins de 0,1 % de la masse salariale et ce sera évidemment compenser par des mesures en gestion de la part des employeurs publics en question et puis surtout, pardonnez-moi, mais ce qui importe je crois cest quand même la qualité du service public.
MICHAEL SZAMES
Oui, mais si on doit faire des économies un peu partout
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, mais non parce que parfois, vous savez, des économies de bout de chandelle vous amènent de grandes difficultés et c'est un petit peu ce quon reproche aux mesures Sarkozy. C'est-à-dire que concrètement, ce qui sest passé par exemple, cest que dans la plupart des cas vous navez pas eu de réduction du nombre de congés maladie. Là où vous en avez eue, certes il y a eu réduction du nombre ; en revanche, augmentation de la durée des congés maladie. Pourquoi ? Parce que quitte à avoir cette journée de carence, vous en souffrez puis ensuite vous faites durer votre congé maladie plus longtemps. Ça, pour le coup, ça a désorganisé les services auxquels appartenaient les fonctionnaires en question de façon grave. Donc vous voyez que parfois, les idées simples voire simplistes ne sont pas vraiment les meilleures pour résoudre les problèmes. Juste un mot : quand on sintéresse sérieusement à labsentéisme, il faut sintéresser non pas simplement aux symptômes mais aux causes, et on voit bien quil y a un certain nombre de services publics qui souffrent, qui souffrent notamment du fait de la RGPP, du non remplacement dun fonctionnaire sur deux. Donc cest tout cela que le gouvernement essaye de reprendre intelligemment dans le cadre, dailleurs, dune négociation avec les partenaires sociaux qui se déroule assez bien.
GUILLAUME DURAND
Ce jeudi, la BPI à Dijon. Ségolène ROYAL, toute la presse en parle ce matin, donc vice-présidente, porte-parole. Il y a deux versions des choses : juste retour des choses pour un talent ; après tout, elle a été la candidate de la gauche aux présidentielles. Et puis, une partie de la droite qui dit : « C'est encore du copinage. » Vous avez lu ces accusations ou ces jugements comme moi ce matin. Alors, comment faut-il faire la part des choses justement sur ce cas qui est quand même épineux, parce quon a limpression que depuis le quinquennat de François HOLLANDE on ne sait pas très bien où il fallait peut-être que Ségolène ROYAL exerce ses talents.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Écoutez, ce qui est sûr c'est que cest aujourd'hui quelle doit être désignée. Je le redis toujours parce que je trouve que les choses ne sont pas suffisamment précisées. C'est aujourd'hui quelle doit être désignée par les membres du conseil dadministration de la Banque Publique d'Investissement. Conseil dadministration de la Banque Publique d'Investissement dont je salue la parité puisque nous avons oeuvré pour quelle le soit.
GUILLAUME DURAND
Copinage ou pas ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Comment ça, copinage ? Elle y est dabord au titre des régions, elle représente les régions. Donc jallais dire, il se trouve que la plupart des régions, ça ne vous aura pas échappé, sont de gauche. On avait beaucoup de chance pour que la personnalité qui représente les régions au sein de la Banque Publique d'Investissement soit une personnalité politique de gauche ; première chose. Deuxième chose, elle a porté, défendu, peut-être même la première, ce projet de Banque Publique d'Investissement. C'est elle qui la conçue par exemple de façon expérimentale dans sa région et aujourd'hui, on sait que c'est un projet, quelle connaît.
GUILLAUME DURAND
Donc c'est une certaine forme de légitimité.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bien sûr, cest une légitimité. Elle a la légitimité politique comme présidente de région Poitou-Charentes, elle a la légitimité technique parce que c'est un projet quelle a vraiment beaucoup réfléchi, pensé et même expérimenté dans son territoire. Donc moi, je crois quelle est particulièrement bienvenue à ce
GUILLAUME DURAND
Mais c'est un début de retour ? Un éternel retour ? Un retour fracassant ? Parce que vous savez bien que cest jugé par la presse en termes politiques quelle que soit sa légitimité.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais parce que la presse aime bien le story telling, aime bien raconter les histoires. Mais on parle de retour lorsque quelqu'un a disparu. Est-ce quelle avait disparu ? Non, pas du tout.
GUILLAUME DURAND
Elle avait lair de le considérer, elle, quand même. Quon la laissée de côté
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Écoutez, cest faire peu de cas quand même de ses électeurs de Poitou-Charentes auxquels elle se consacrait ces derniers mois. Objectivement, elle na pas cessé de faire entendre une voix, une voix qui compte, une voix dont beaucoup ont reconnu que nous avions besoin parce que ces dernières années elle a su quand même révolutionner à la fois la façon de penser du Parti socialiste mais aussi un certain nombre de logiciels que le paysage politique de manière générale avait fait sien.
GUILLAUME DURAND
On va parler du Cameroun dans un instant avec Michael. Je voulais simplement vous demander, parce que cest aussi une chose importante, vous vous occupez des femmes dans lensemble de la société française ; cette journée quon attend tous le 8 mars, est-ce quelle aura quelque chose cette année de particulier ? ou est-ce quon va revivre une journée telle que ça sest présenté auparavant ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, cest vrai que Bon, il y a deux choses. Dabord pour nous, le 8 mars ce sera dailleurs notre slogan, mais le 8 mars cest tout lannée. Donc c'est vrai que le côté un peu cérémonial dune seule journée, on en parle et puis ensuite on sexonère pour le reste de lannée, je crois quil faut y mettre fin. On a un programme assez intéressant dans lequel toute lannée sera investie par des événements, un certain nombre y compris de projets de loi dailleurs, enfin des choses qui vont faire évoluer les droits des femmes pendant trois cent soixante-cinq jours, les trois cent soixante-cinq jours qui viennent. Mais surtout, le 8 mars me semble-t-il doit devenir un peu moins un moment de cérémonie et un peu plus un moment dévaluation de nos politiques. C'est à cela que nous allons nous prêter puisque lidée, cest de demander à la société civile sous sa forme associative, intellectuelle, chercheurs, et cætera, de porter un jugement sur ce qui a été fait par les politiques publiques pour faire progresser légalité hommes-femmes.
GUILLAUME DURAND
Mais dans ce domaine, latrocité cest les différences salariales. Il y a des problèmes de comportement mais vous savez très bien que dans le privé, ou en tous cas dans un certain nombre dentreprises, le vrai problème est là.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Cest les inégalités salariales quil faut prendre, jallais dire, dans toutes leurs dimensions. C'est-à-dire que trop souvent, on dit : « Ce qui est insupportable, cest quune femme soit payée moins quun homme à travail égal », sauf que ça, ça représente une minorité finalement des situations. Les inégalités professionnelles, elles sont bien plus complexes que ça. Elles commencent, vous voyez, au moment de lorientation scolaire. Pourquoi les filles ne vont pas dans les mêmes filières que les garçons ? Ensuite, pourquoi les filles atterrissent plutôt dans des métiers précarisés par rapport aux garçons en moyenne, alors même quelles ont de meilleurs résultats scolaires, ce qui est quand même assez extraordinaire ? Ensuite, pourquoi est-ce que les congés familiaux oui, le fait dêtre fille, femme, vous expose et c'est heureux à une probabilité de maternité pourquoi est-ce que les congés familiaux lèsent encore aujourd'hui les femmes ? C'est-à-dire que quand elles reviennent, on les incite plutôt à se mettre à quatre-vingt pour cents, on les fait passer à côté des promotions contrairement à leurs collègues masculins, et cætera. Tout ça, c'est que nous devons faire évoluer, tout comme nous devons évidemment être beaucoup plus coercitifs sur la question des inégalités salariales à travail égal.
GUILLAUME DURAND
Michael, on termine. Pardon à nos amis de Public Sénat, nous allons prendre une minute supplémentaire mais c'est important davoir des informations sur ce qui se passe à la frontière entre le Cameroun et le Nigeria.
MICHAEL SZAMES
Est-ce que vous avez déjà peut-être des nouvelles ? Est-ce que les otages sont au Nigéria ou toujours au Cameroun ? Deuxièmement, à situation inédite réponse inédite ; est-ce que la France ne devrait pas payer pour récupérer les enfants ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Le problème, c'est celui de lincitation à la prise dotages, vous laurez bien compris. La question aujourd'hui, c'est dailleurs la raison pour laquelle le président de la République répète régulièrement que nous devons rester déterminés au Mali et aller jusquau bout, la question cest de faire disparaître les poches de terrorisme et donc les poches de prise dotages. Or, ce que relève cette dernière prise dotages, c'est que non seulement le risque était bien là avant que nous nintervenions au Mali dailleurs, nous avons déjà des otages malheureusement de longue date mais en plus que le risque ne se concentrait pas dans le seul Mali, quil est dans toute la région du Sahel, quil est extrêmement préoccupant et quà ne rien faire, on risquait dy laisser se développer finalement une zone de non-droit.
MICHAEL SZAMES
Bien sûr, mais sur ce cas très particulier aujourd'hui denfants pris en otage, c'est une première.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais vous savez sur ce cas dabord, la nature des opérations que nous menons pour récupérer cette famille du reste est confidentielle si nous voulons quelle ait quelque efficacité mais pour le reste, je vous le dis
GUILLAUME DURAND
Donc on ne peut pas exclure une intervention. Ce nest pas forcément que des gendarmes enquêteurs qui sont sur place.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Écoutez, vraiment je préfère ne pas vous en dire plus sur ce sujet. En revanche, ce dont je suis sûre, c'est que tout ce qui pourrait être de mesure à inciter dautres groupes terroristes, parce que malheureusement ils sont plusieurs, dautres groupes terroristes à procéder à de telles prises dotages serait évidemment très malvenu.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 février 2013