Déclaration de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, sur les relations franco-panaméennes, à Panama le 22 février 2013.

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Circonstance : Déplacement en Amérique latine (Pérou, Colombie, Panama)du 21 au 24 février-rencontre avec la communauté française, à Panama le 22 février 2013

Texte intégral

Monsieur l'Ambassadeur,
Monsieur le Ministre,
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,

Les relations entre le Panama et la France sont au beau fixe. Donc, ma visite ne sert à rien. Mais tout de même ! J'ai voulu venir dans cette partie du monde et, en quelques jours, soustraits d'un calendrier assez chargé, venir successivement au Pérou, à Panama et en Colombie. Ceci signifie malheureusement que je ne suis ici que pour peu de temps. Mais suffisamment tout de même pour constater, Monsieur l'Ambassadeur - en vous félicitant - qu'il règne ici entre Panama et la France, à travers tous nos amis ici rassemblés, quelque chose d'exceptionnel qui s'appelle tout simplement l'amitié et le sentiment de travailler ensemble et d'avancer.
C'est vrai que l'amitié entre le Panama et la France plonge ses racines très loin. On m'a réexpliqué Ferdinand de Lesseps. On m'a montré Paul Gauguin qui n'a pas eu, si j'ai bien compris, un contact tellement agréable. Mais, le temps fait que désormais tout cela est sublimé. Néanmoins, malgré ces épisodes glorieux ou plus difficiles, il y a toujours eu une grande proximité entre le Panama et la France. Comme j'aime à le dire souvent, il n'y a pas d'amour pur, il n'y a que des preuves d'amour. Disons qu'au cours de ces dernières années, les preuves d'amour, dans la mesure où elles sont administrées par les ministres, ont été assez rares. En feuilletant un certain nombre de grimoires, nous avons constaté que la dernière personnalité membre du gouvernement à venir vous rendre visite, c'était Madame Lagarde, qui depuis a eu un destin très glorieux. Je n'ai pas cette ambition. Mais c'est une bonne chose de venir - et si possible à un rythme plus précis que tous les huit ans - et de dire au nom de la République et au nom du président de la République qu'entre le Panama et la France, non seulement tout va bien mais tout va de mieux en mieux. Je m'en suis rendu compte en rencontrant de nombreux responsables d'entreprises qui ont de beaux projets et qui les réalisent dans les temps. Chefs d'entreprises qui sont très appréciés et j'en ai eu le témoignage cet après-midi en échangeant avec le président Martinelli.
Mais, le monde de l'entreprise n'est pas seulement apprécié: l'éducation et les échanges culturels sont appréciés. Et je remercie Monsieur l'Ambassadeur et toutes celles et tous ceux qui ont permis cette très belle exposition. Et puis l'éducation aussi, parce que - je ne sais pas si vous l'appelez la petite école - l'école va grandir, grâce à la générosité de nos amis panaméens. À moyen terme, nous aurons un établissement qui pourra compter jusqu'à 500 élèves. Ce qui signifie qu'année après année, la coopération, la collaboration et le travail en commun entre le Panama et la France vont se développer. Je suis accompagné par un certain nombre de responsables d'entreprises, par le député Coronado qui est là, par une petite partie de mon équipe au Quai d'Orsay - petite équipe, mais très valeureuse - et à travers ces quelques jours arrachés à la France, nous constatons qu'ici, au Panama, se construit une bonne partie de notre avenir. Et c'est le sens de ma présence ici.
La France doit être présente partout où se construit l'avenir. L'Amérique latine, l'Amérique centrale, c'est une partie du monde où se construit l'avenir. Et Panama, en particulier, à cause des choix qu'il a fait, est un des endroits du monde - nous en sommes persuadés - où se construit l'avenir. Lorsque j'entendais cet après-midi le président panaméen m'expliquer tout ce qu'il y avait encore devant nous, je me disais finalement que la France va être une petite banlieue du Panama tout comme les États-Unis grâce à la notion de centre régional qui est un choix pertinent. Et ce que j'ai en particulier apprécié dans mes échanges avec le gouvernement, qui m'a reçu avec beaucoup de gentillesse, c'est que même s'il n'est pas un pays très étendu, le Panama prend ses responsabilités internationales. Et sur des sujets difficiles, alors que d'autres se dérobent, le Panama s'exprime parce que tout État, quelle que soit sa taille, est une parcelle de la communauté mondiale. Nous avons apprécié en particulier que le Panama ait été le premier dans cette partie du monde à dire ce qu'il pensait - et nous en pensons la même chose - du régime actuel de Syrie. Et sur d'autres conflits encore, nous sommes côte à côte avec Panama.
Mesdames et Messieurs, je disais «nous sommes au beau fixe», et néanmoins nous allons essayer d'améliorer encore les choses. Par ma fonction actuelle, je suis habitué à rencontrer de nombreux chefs d'État et de gouvernement et de collègues ministres des affaires étrangères. Je dois dire que le président Martinelli m'a dit les choses de la manière la plus simple et la plus forte que j'aie entendue. À la fin de notre entretien, il m'a dit - Monsieur l'Ambassadeur vous en êtes témoin et vous saurez le rappeler le moment venu - «Monsieur le Ministre que puis-je faire pour la France ?» Quand on entend cela, on répond, parce que j'apprends à être diplomate : «Monsieur le Président, qu'est-ce que la France peut faire pour le Panama ?» Mais surtout, on se dit qu'il y a énormément de choses à construire ensemble.
Mesdames et Messieurs, je termine ce court propos en vous disant, amis panaméens, que nous sommes extrêmement honorés que vous soyez à nos côtés. Et mes compatriotes français, bien sûr il y a un Ambassadeur en titre qui fait fort bien son métier, mais vous êtes toutes et tous des ambassadrices et des ambassadeurs de la France. Il y a une petite parcelle de France que vous tenez entre vos mains. Et, sans porter de jugement moral, la France est jugée par le biais de votre action, de votre comportement et de vos initiatives. C'est pourquoi ce n'est pas à vous de me remercier d'être là, c'est ma mission, mais c'est à moi, au nom du gouvernement de la République, de vous remercier de ce que vous faites pour notre pays et de ce que vous êtes.
Vive le Panama, Vive la France et Vive l'amitié entre nos deux pays.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 février 2013