Texte intégral
Mesdames et Messieurs, merci d'être là.
Je suis extrêmement heureux de recevoir le secrétaire d'État John Kerry aujourd'hui pour son premier déplacement en Europe. C'est un honneur et un plaisir d'avoir parmi nous, à la fois une personnalité qui est extrêmement respectée aux États-Unis comme à l'étranger et quelqu'un qui est connu pour être un ami de la France.
La visite de John Kerry s'inscrit dans une période qui est particulièrement favorable aux relations franco-américaines. L'amitié entre nos deux pays est bien connue, elle est à la fois chaleureuse et en même temps exigeante. Les relations entre les États-Unis et la France sont marquées par une grande convergence de vues sur à peu près tous les sujets internationaux et nous l'avons constaté dans nos conversations.
Cette convergence se traduit par le fait que nous agissons ensemble sur le terrain pour la solution des principaux problèmes internationaux et on peut dire que, lorsque les États-Unis et la France s'engagent ensemble, ils sont capables de faire bouger les choses.
C'est le cas au Sahel dont nous avons parlé, au Mali où la France s'est engagée de manière déterminée pour rétablir l'intégrité territoriale du pays et pour stopper l'avancée des terroristes. Nous avons bénéficié du plein appui de nos amis américains sur le plan politique mais aussi sur le terrain. Je veux remercier les États-Unis d'Amérique et John Kerry pour l'aide qu'ils ont apportée et qu'ils continuent d'apporter à l'intervention de la France et des forces africaines dans la lutte contre les terroristes.
Concernant l'Iran, c'est un sujet que nous avons traité. Nous travaillons ensemble dans le cadre de ce que l'on appelle les E3+3, pour conduire par une solution diplomatique l'Iran vers le respect de ses obligations internationales et pour que ce grand pays qu'est l'Iran revienne sur le chemin de la légalité internationale.
Concernant la Syrie, nous faisons le même constat sur le caractère intolérable de la situation, sur la nécessité de trouver les moyens d'une transition et sur le départ de Bachar Al-Assad. Nous nous employons ensemble à parvenir le plus rapidement possible à une solution.
Nous espérons également, par un engagement fort des États-Unis, en lien avec les Européens, relancer le Processus de paix au Proche-Orient.
S'agissant des enjeux globaux, la France a noté avec beaucoup d'espoir, les déclarations du président Obama sur l'urgence d'une action internationale face au dérèglement climatique. Nous connaissons l'engagement de longue date de John Kerry sur ces problèmes. Ce sera un sujet prioritaire de nos échanges dans les mois à venir et de même, nous aurons à porter ensemble, dans les enceintes internationales, notre conviction commune sur la nécessité d'une action internationale coordonnée pour la croissance et pour la réduction des déséquilibres économiques et financiers mondiaux.
Enfin, nous savons que notre dialogue politique doit se fonder sur une relation transatlantique forte, notamment sur le plan économique. C'est pourquoi le président de la République ce matin, en recevant au petit-déjeuner John Kerry, comme moi-même à l'instant, nous avons tenu à dire que nous accueillons favorablement la perspective d'un accord de libre-échange entre l'Union européenne et les États-Unis, dès lors bien sûr que cet accord sera profitable aux deux parties et qu'il contribuera à la croissance et à l'emploi, à la fois en Europe, aux États-Unis et en France.
Nous serons évidemment vigilants sur un certain nombre de sujets. Et, parmi les sujets qui ont été évoqués, il y a l'agriculture, l'ouverture des marchés publics, la propriété intellectuelle à laquelle nous sommes attachés et les services audiovisuels.
Au total, en disant à John Kerry à quel point j'ai été heureux de l'accueillir, je veux dire de la façon la plus simple : Monsieur le Secrétaire d'État, Cher John, c'était à la fois une visite chaleureuse et fructueuse.
Q - Vous me paraissiez très optimiste sur la réunion qui s'est tenue au Kazakhstan au sujet de l'Iran. Pensez-vous que l'on peut négocier avec le régime iranien qui est un régime terroriste ? On dit il ne faut pas négocier avec les terroristes, au Mali où ailleurs. Peut-on véritablement négocier avec l'Iran qui passe son temps à nous balader et à gagner du temps ?
R - En ce qui concerne l'Iran, nous avons adopté depuis plusieurs années, une double approche : d'une part des sanctions et d'autre part des négociations. La première option ayant pour objet de pousser aux négociations. Les sanctions, nous les appliquons. Les États-Unis et la France sont côte à côte, les sanctions ont déjà des effets considérables. Elles ont pour but de pousser l'Iran à négocier.
Nous reconnaissons le droit total de l'Iran de disposer de l'énergie nucléaire à des fins civiles. En revanche, les États-Unis comme la France et les autres membres du P+5 refusent que l'Iran accède à l'arme nucléaire.
C'est l'objet des discussions qui ont eu lieu dans le passé, qui viennent de se terminer il y a quelques heures et qui vont se poursuivre. La bonne solution, c'est la voie diplomatique. Mais il est clair, nous en avons parlé avec le secrétaire d'État américain, que sur le fond autant nous souhaitons une solution diplomatique, raisonnable, autant nous sommes extrêmement fermes en ce qui concerne notre refus de l'accession de l'Iran à l'arme nucléaire.
Q - My question is for Secretary Kerry, but I would like you as well to respond.
Secretary Kerry, you pledge not to leave the Syrian opposition as you said «dangling in the wind wandering where the support is». Is the US now willing to directly aid the fighters on the ground and is that enough to change Assad's calculations ?
R - As you know, France has been the first one to recognise the Syrian national coalition, because if we want to have a new regime, we have to support the opposition. Now they are gathered, they need means, and recently a proposal has been made by Moaz al-Khatib, that is a very interesting one. And now we have to help the situation to move. It is the reason why it was very important that John Kerry could be here today. He will be in Rome tonight, he will have an opportunity particularly to meet with al-Khatib and at the same time, president Hollande and myself will be in Moscow where we shall meet president Putin and Sergey Lavrov that you have met yesterday. We have to make our best, all of us, in order to go towards a new period of time. Because we all agree on the fact that Mr. Bachar al-Assad has to leave as soon as possible. Today, as every day, more than one hundred people have been killed. It is not acceptable. And therefore we are making our best in order to find a solution. The Geneva Agreement has been referred to and it is an interesting moment. Therefore we try to make our best in order to enlarge this way which maybe will be seized to find a solution.
Q - Question for both of you. In North Africa a lot of successes has been credited to the French for driving militants out of Northern Mali. I am curious also with the lot of US support logistical, intelligence, financial, I am curious for both secretary Kerry and yourself what more is the United States prepared to do and what more does France want the United States to do in support of pulling back the terrorists from North Africa ? Thank you.
R - I completely agree with the words used by John Kerry. As you know, we had to intervene because otherwise Mali might have become a terrorist state, which would have been a threat to the entire region. Mali's problems could affect the whole region. And as you know there are threats and hostages in several African countries. Therefore we had to intervene. But exactly as John Kerry said, we don't intend to remain for a long time in Mali.
Three different aspects are to be considered in order to overcome the crisis in Mali. First, as regards to the military aspects, we have to fight against terrorist groups. We are doing that with the help of Chadian troops and African military contingent, with the Malian army, and with the support of our American friends, and other partners, in terms of intelligence and logistics. We are very grateful to the United States of America for what they are doing in favor of Mali's liberty and integrity.
Secondly, there is a need for democracy and dialogue. President Traoré and Prime minister Cissoko have said that they intend to hold elections in July. We support their choice because we need to have a strong and legitimate government. And at the same time, a political dialogue between the North and the South must be initiated. The Prime minister of Mali. M. Cissoko said that he intends to establish this dialogue before the end of February, in the coming days.
And at the same time, we need to have an action in favor of economy, development and humanitarian aid, not only in Mali, but in the whole region. The United States and France share the same analysis about this approach. We try to make our best in order to progress in that direction.
But it is clear that at the end of the day, it is up to the Malian people and the Africans to take their future into their own hands. To summarize, we are there to restore Mali's integrity, to fight against terrorist groups and to contribute to economic and humanitarian development.
Merci beaucoup. Merci à tous.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 février 2013
Je suis extrêmement heureux de recevoir le secrétaire d'État John Kerry aujourd'hui pour son premier déplacement en Europe. C'est un honneur et un plaisir d'avoir parmi nous, à la fois une personnalité qui est extrêmement respectée aux États-Unis comme à l'étranger et quelqu'un qui est connu pour être un ami de la France.
La visite de John Kerry s'inscrit dans une période qui est particulièrement favorable aux relations franco-américaines. L'amitié entre nos deux pays est bien connue, elle est à la fois chaleureuse et en même temps exigeante. Les relations entre les États-Unis et la France sont marquées par une grande convergence de vues sur à peu près tous les sujets internationaux et nous l'avons constaté dans nos conversations.
Cette convergence se traduit par le fait que nous agissons ensemble sur le terrain pour la solution des principaux problèmes internationaux et on peut dire que, lorsque les États-Unis et la France s'engagent ensemble, ils sont capables de faire bouger les choses.
C'est le cas au Sahel dont nous avons parlé, au Mali où la France s'est engagée de manière déterminée pour rétablir l'intégrité territoriale du pays et pour stopper l'avancée des terroristes. Nous avons bénéficié du plein appui de nos amis américains sur le plan politique mais aussi sur le terrain. Je veux remercier les États-Unis d'Amérique et John Kerry pour l'aide qu'ils ont apportée et qu'ils continuent d'apporter à l'intervention de la France et des forces africaines dans la lutte contre les terroristes.
Concernant l'Iran, c'est un sujet que nous avons traité. Nous travaillons ensemble dans le cadre de ce que l'on appelle les E3+3, pour conduire par une solution diplomatique l'Iran vers le respect de ses obligations internationales et pour que ce grand pays qu'est l'Iran revienne sur le chemin de la légalité internationale.
Concernant la Syrie, nous faisons le même constat sur le caractère intolérable de la situation, sur la nécessité de trouver les moyens d'une transition et sur le départ de Bachar Al-Assad. Nous nous employons ensemble à parvenir le plus rapidement possible à une solution.
Nous espérons également, par un engagement fort des États-Unis, en lien avec les Européens, relancer le Processus de paix au Proche-Orient.
S'agissant des enjeux globaux, la France a noté avec beaucoup d'espoir, les déclarations du président Obama sur l'urgence d'une action internationale face au dérèglement climatique. Nous connaissons l'engagement de longue date de John Kerry sur ces problèmes. Ce sera un sujet prioritaire de nos échanges dans les mois à venir et de même, nous aurons à porter ensemble, dans les enceintes internationales, notre conviction commune sur la nécessité d'une action internationale coordonnée pour la croissance et pour la réduction des déséquilibres économiques et financiers mondiaux.
Enfin, nous savons que notre dialogue politique doit se fonder sur une relation transatlantique forte, notamment sur le plan économique. C'est pourquoi le président de la République ce matin, en recevant au petit-déjeuner John Kerry, comme moi-même à l'instant, nous avons tenu à dire que nous accueillons favorablement la perspective d'un accord de libre-échange entre l'Union européenne et les États-Unis, dès lors bien sûr que cet accord sera profitable aux deux parties et qu'il contribuera à la croissance et à l'emploi, à la fois en Europe, aux États-Unis et en France.
Nous serons évidemment vigilants sur un certain nombre de sujets. Et, parmi les sujets qui ont été évoqués, il y a l'agriculture, l'ouverture des marchés publics, la propriété intellectuelle à laquelle nous sommes attachés et les services audiovisuels.
Au total, en disant à John Kerry à quel point j'ai été heureux de l'accueillir, je veux dire de la façon la plus simple : Monsieur le Secrétaire d'État, Cher John, c'était à la fois une visite chaleureuse et fructueuse.
Q - Vous me paraissiez très optimiste sur la réunion qui s'est tenue au Kazakhstan au sujet de l'Iran. Pensez-vous que l'on peut négocier avec le régime iranien qui est un régime terroriste ? On dit il ne faut pas négocier avec les terroristes, au Mali où ailleurs. Peut-on véritablement négocier avec l'Iran qui passe son temps à nous balader et à gagner du temps ?
R - En ce qui concerne l'Iran, nous avons adopté depuis plusieurs années, une double approche : d'une part des sanctions et d'autre part des négociations. La première option ayant pour objet de pousser aux négociations. Les sanctions, nous les appliquons. Les États-Unis et la France sont côte à côte, les sanctions ont déjà des effets considérables. Elles ont pour but de pousser l'Iran à négocier.
Nous reconnaissons le droit total de l'Iran de disposer de l'énergie nucléaire à des fins civiles. En revanche, les États-Unis comme la France et les autres membres du P+5 refusent que l'Iran accède à l'arme nucléaire.
C'est l'objet des discussions qui ont eu lieu dans le passé, qui viennent de se terminer il y a quelques heures et qui vont se poursuivre. La bonne solution, c'est la voie diplomatique. Mais il est clair, nous en avons parlé avec le secrétaire d'État américain, que sur le fond autant nous souhaitons une solution diplomatique, raisonnable, autant nous sommes extrêmement fermes en ce qui concerne notre refus de l'accession de l'Iran à l'arme nucléaire.
Q - My question is for Secretary Kerry, but I would like you as well to respond.
Secretary Kerry, you pledge not to leave the Syrian opposition as you said «dangling in the wind wandering where the support is». Is the US now willing to directly aid the fighters on the ground and is that enough to change Assad's calculations ?
R - As you know, France has been the first one to recognise the Syrian national coalition, because if we want to have a new regime, we have to support the opposition. Now they are gathered, they need means, and recently a proposal has been made by Moaz al-Khatib, that is a very interesting one. And now we have to help the situation to move. It is the reason why it was very important that John Kerry could be here today. He will be in Rome tonight, he will have an opportunity particularly to meet with al-Khatib and at the same time, president Hollande and myself will be in Moscow where we shall meet president Putin and Sergey Lavrov that you have met yesterday. We have to make our best, all of us, in order to go towards a new period of time. Because we all agree on the fact that Mr. Bachar al-Assad has to leave as soon as possible. Today, as every day, more than one hundred people have been killed. It is not acceptable. And therefore we are making our best in order to find a solution. The Geneva Agreement has been referred to and it is an interesting moment. Therefore we try to make our best in order to enlarge this way which maybe will be seized to find a solution.
Q - Question for both of you. In North Africa a lot of successes has been credited to the French for driving militants out of Northern Mali. I am curious also with the lot of US support logistical, intelligence, financial, I am curious for both secretary Kerry and yourself what more is the United States prepared to do and what more does France want the United States to do in support of pulling back the terrorists from North Africa ? Thank you.
R - I completely agree with the words used by John Kerry. As you know, we had to intervene because otherwise Mali might have become a terrorist state, which would have been a threat to the entire region. Mali's problems could affect the whole region. And as you know there are threats and hostages in several African countries. Therefore we had to intervene. But exactly as John Kerry said, we don't intend to remain for a long time in Mali.
Three different aspects are to be considered in order to overcome the crisis in Mali. First, as regards to the military aspects, we have to fight against terrorist groups. We are doing that with the help of Chadian troops and African military contingent, with the Malian army, and with the support of our American friends, and other partners, in terms of intelligence and logistics. We are very grateful to the United States of America for what they are doing in favor of Mali's liberty and integrity.
Secondly, there is a need for democracy and dialogue. President Traoré and Prime minister Cissoko have said that they intend to hold elections in July. We support their choice because we need to have a strong and legitimate government. And at the same time, a political dialogue between the North and the South must be initiated. The Prime minister of Mali. M. Cissoko said that he intends to establish this dialogue before the end of February, in the coming days.
And at the same time, we need to have an action in favor of economy, development and humanitarian aid, not only in Mali, but in the whole region. The United States and France share the same analysis about this approach. We try to make our best in order to progress in that direction.
But it is clear that at the end of the day, it is up to the Malian people and the Africans to take their future into their own hands. To summarize, we are there to restore Mali's integrity, to fight against terrorist groups and to contribute to economic and humanitarian development.
Merci beaucoup. Merci à tous.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 février 2013