Déclaration de Mme Nicole Bricq, ministre du commerce extérieur, sur ses objectifs de réduction du déficit du commerce extérieur sur 5 ans, Toulouse le 22 février 2013.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Déplacement à Toulouse, le 22 février 2013

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les chefs d'entreprise,
Mesdames, Messieurs,


Je souhaite d'abord, cher Martin, te remercier de m'avoir conviée ici, en Midi-Pyrénées, où j'ai tant plaisir à me trouver. Midi-Pyrénées, c'est la 3ème Région exportatrice de France avec un solde commercial de 15 Mds d'€.

C'est grâce à vous tous chefs d'entreprises, et pas seulement du fait de l'excellence du secteur aéronautique et spatial. La Région a des relais de croissance diversifiés, dans l'agroalimentaire, la santé, les biotechnologies… C'est pourquoi je salue Midi-Pyrénées Export, l'initiative de Martin Malvy. Cette belle innovation, que nous venons ensemble de lancer, renforcera cette diversification nécessaire.

Chefs d'entreprises, la balle est dans votre camp. Le Gouvernement a fixé un cap, des objectifs et chaque Ministre, dans son champ de compétences, a défini des priorités d'action qui lui permettent de les atteindre.

Actrice du pack économique de Bercy, j'ai un objectif : parvenir à l'équilibre, hors énergie et en cinq ans, de la balance commerciale de la France (25 milliards / en 2012, un gain de 7 milliards sur le déficit, une contribution à la croissance de la France de 0,6% du PIB).

J'ai arrêté une stratégie pour le commerce extérieur : organiser depuis les territoires, défendre en Europe, conquérir dans le monde.

1 / Organiser l'internationalisation des entreprises depuis les territoires, nous le faisons, n'est-ce pas cher Martin ?, avec les Présidents de Région depuis septembre 2012. Pourquoi les Régions ? Vous savez, vous qui êtes ici rassemblés, qu'elles sont l'échelon pertinent du développement économique.

Elles n'agissent pas seules ; tous les partenaires sont concernés. Les Chambres consulaires jouent un rôle majeur. Didier GARDINAL qui est assis avec moi le sait bien, lui qui préside une Chambre régionale très dynamique à l'international. Les Conseillers du Commerce Extérieur de la France, dont le Président régional, Christian DESMOULINS, est aussi parmi nous sont des relais efficaces. D'ailleurs, j'avais demandé au Président national, Bruno Durieux, de me faire des propositions ; elles me sont parvenues cette semaine.

Je vous fais confiance à tous pour trouver le modus vivendi qui correspond le mieux et qui est pour les chefs d'entreprises le plus efficace. Les Plans Régionaux d'Internationalisation des Entreprises seront finalisés dans les Régions ce semestre ; ils porteront la marque de cette entente consubstantielle de notre réussite à l'export. (Et seront des compléments des Schémas Régionaux de Développement Economique et d'Innovation – SRDEI).

La BPI jouera un rôle fédérateur des énergies. Son premier Conseil d'Administration s'est tenu hier à Dijon et les BPI régionales se déploieront dans les territoires à partir du 4 mars. Chacun y trouvera et prendra sa place. Le rôle de la BPI sera d'autant plus déterminant que nous avons mis à niveau nos financements exports (notamment l'extension de la garantie à tous les types d'avion – j'étais ce matin chez ATR, dont le Président est parmi nous, et je crois que c'est apprécié, n'est-ce pas ?).

La BPI sera un outil décentralisé et ancré dans les territoires. Déjà, elle a commencé son action au service des entreprises : 500 millions d'euros de crédits de trésorerie sont disponibles depuis le 3 janvier ainsi ; le CICE est préfinancé ; 100 millions d'euros de prêt pour l'innovation et de préfinancement du Crédits Impôts Recherche sont mis en place. J'ai annoncé, pour ma part, la mise en oeuvre d'une enveloppe de 150 millions d'euros destinée au financement des fonds qui soutiennent les entreprises à l'export.

Et j'ai demandé à Ubifrance de s'organiser pour porter 1000 PME innovantes et ETI durablement à l'export et les accompagner au moins 3 ans (250 à la fin de cette année). Ces entreprises seront la tête de pont de notre reconquête commerciale. Mais tous qui êtes ici trouverez une écoute et un soutien auprès des pouvoirs publics. Tous les chefs d'entreprises innovants et conquérants doivent trouver de l'aide.

2 / Ensuite il faut assurer la défense de nos entreprises en et par l'Europe.

Entendons-nous bien sur ce point. Il ne s'agit nullement de jouer en défense, uniquement préoccupés de tenir un pré carré. Il s'agit de mieux s'inscrire dans la mondialisation.

A la condition d'avoir les mêmes armes que nos concurrents. Et c'est là que mon rôle est essentiel car l'Union Européenne, par le biais des accords de libre-échange qu'elle privilégie depuis 2005, joue maintenant un rôle majeur.

Les accords de libre-échange sont un moyen d'armer nos entreprises. Ainsi, pour l'ouverture de négociations avec le Japon, j'ai obtenu que nous exigions la levée des barrières non-tarifaires de la part des Japonais : total, nous pouvons à nouveau exporter du boeuf, et nos entreprises ferroviaires sont enfin sélectionnées dans les appels d'offres (Alsthom, Thalès). C'est une démarche positive.

Un accord de libre-échange se profile entre l'Union Européenne et les Etats-Unis. Les enjeux en seront stratégiques car ces deux grandes puissances commerciales structurent le commerce mondial.

Ainsi donc, l'enjeu européen est un souci majeur de mon action. Nous ne sommes pas partout compris, notamment sur le concept de réciprocité. Mais nous sommes écoutés. Nous pouvons trouvons des compromis offensifs avec certains (Danemark), défensifs avec d'autres (Allemagne).

3 / Enfin, il faut savoir où se porter dans le monde, comment et pour y vendre quoi.

La crise économique et financière est derrière nous mais en Europe l'économie réelle souffre (croissance du dernier trimestre 2012 : - 0,3% en France et au Royaume-Uni, - 0,6% en Allemagne et - 0,7% en Italie – en France, l'investissement a baissé de 0,7% mais la consommation se maintient + 0,2%).

Notre marché de proximité européen en pâtit. Les entreprises se portent donc vers les terres de croissance. Les évidentes, les BRICS, mais aussi de moins familières (ASEAN, CIVETS). Il faut encore plus les aider à y prospérer.

Comment ? Nous ne pourrons plus nous contenter de relations de vendeur à client. Les pays tiers exigent que nous installions chez eux des capacités de production, que nous transférions technologies et compétences. Pour cela, il faut que les entreprises soient soutenues en crédits et en fonds propres et qu'elles soient accompagnées dans la durée afin de les aider à trouver des partenaires fiables. Il faut aussi qu'elles soient guidées dans le maquis des normes et que leur propriété intellectuelle soit défendue.

Il faut enfin que l'offre de nos entreprises soit en phase avec la demande des 47 pays en croissance que nous avons identifiés

J'ai défini des priorités d'action autour de 4 familles de produits : mieux se nourrir, mieux se soigner, mieux vivre en ville et mieux communiquer. Pourquoi ? Parce que la démographie galopante, le fait urbain, la hausse des niveaux de vie des couches de population plus nombreuses exigent de ces pays qu'ils investissent dans la qualité de la nourriture, celle des soins, dans les éco-industries, les transports collectifs, le numérique…

Et nos entreprises sont très bien placées. Elles disposent de produits de qualité. Elles sont conquérantes sur ces marchés émergents. Il est nécessaire de les aider à se structurer afin qu'elles proposent une offre française regroupée sur les marchés des pays tiers.

Ainsi, vous le voyez, l'Etat affirme une stratégie et une ambition ; le commerce extérieur, ce n'est plus un solde, c'est un moteur de croissance. Je ne prétends pas réussir seule.

J'ai mis en place des financements performants, une organisation territoriale efficace, des objectifs chiffrés en matière d'entreprises portées à l'export, j'ai affirmé des priorités produits et pays, je travaille à rendre les règles commerciales plus équitables… mais il s'agit aussi que nous signons ensemble un pacte de croissance.

Le Gouvernement mène de front une politique cohérente, désendettement, compétitivité, dialogue social. Mais ce sont les entreprises qui créent la richesse, c'est vous qui ferez la reprise et la croissance dont nous avons tant besoin pour retrouver de l'emploi.

Je me déplace en Région, beaucoup, c'est aujourd'hui ma douzième visite ; je sens partout cette mobilisation. Les chefs d'entreprise me parlent d'ambitions, de marchés à conquérir, du besoin d'être accompagnés plus efficacement sur les marchés étrangers, de la nécessaire cohérence de notre présence à l'international.

Nous sommes dans un moment historique. Au creux d'une vague, peut-être, mais avec des possibilités de rebonds que nous minimisons. Je le crois vraiment. Ce qu'il nous faut, c'est croire en notre destin. Renouer les fils de la confiance. Etre, ensemble, fiers de ce que nous sommes et assurés de ce que nous pouvons faire. Je m'adresse ici à des chefs d'entreprise : vous le savez, rien n'est possible sans audace. Rien de grand ne se fait sans prise de risques.

Les Français ont du talent, de l'énergie, des compétences. Ils sont innovants, travailleurs et performants.

Mon rôle, ma mission et mon ambition c'est de vous donner les moyens d'oser. Transformez l'audace en succès.

Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 25 février 2013