Texte intégral
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Les soldats français et tchadiens ont donc investi le sanctuaire des terroristes dAl-Qaïda que vous avez visité toute la journée dhier. La bataille, daprès ce quon nous dit, a été féroce, sans pitié, sans merci, et on parle au moins dune centaine de djihadistes tués, cest ça ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui, cest la réalité cest que nous savions que cette partie du Mali était potentiellement le sanctuaire dAl-Qaïda au Maghreb islamique, AQMI. Nous ne nous sommes pas trompés, cest bien le cas et nous avons affaire à des terroristes tout à fait déterminés, très armés et qui provoquent des combats significatifs avec des dégâts importants que nous avons pu leur infliger
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire que les combattants sont pratiquement face à face.
JEAN-YVES LE DRIAN
Les combattants sont pratiquement face à face, ils se voient, et cest effectivement à portée dhomme, ça se passe au sol et dans des conditions extrêmement dures. Jai pu me rendre sur place, sur les lieux même des affrontements, et jai pu voir les forces françaises très, très déterminées, très, très professionnelles à qui je voulais rendre hommage, parce quils ont vraiment la pêche, ils sont vraiment très déterminés.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Surtout quand on voit le territoire. Didier FRANÇOIS et Jean-Philippe REMY du MONDE ont décrit le relief que vous avez vu
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Je cite « : tourmentés de pythons, des bolides damas de pierres volcaniques noires et coupantes truffées danfractuosités », et les soldats disent en effet que cest une opération incomparable. Monsieur le ministre, est-ce que vous confirmez que cette nuit, une trentaine de soldats français ont été rapatriés parce quils étaient blessés, est-ce que cest grave ou moins grave quon le dit ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Il y a eu des blessés quil faut soigner du côté français, il y a eu aussi des blessés du côté tchadien que nous soignons par nos équipes médicales. Il y a eu malheureusement 4 morts dont 1 à Gao avant-hier, ce sont des combats violents, cest une guerre dure. Nous rentrons dans sa dernière phase, vous avez parlé de ces montagnes du Nord, mais il y a aussi Gao. Dans les montagnes du Nord, ce sont les fondamentalistes dAQMI qui sont là, à Gao cest le groupe quon appelle Mujao qui mène le toujours des actions que lon appelle « les actions asymétriques » qui peuvent prendre la forme dattentats
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et là, ça prendra du temps à Gao, autour de Gao avec le Mujao
JEAN-YVES LE DRIAN
Il y a les deux
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Terroristes et des trafiquants.
JEAN-YVES LE DRIAN
Il faut finir. La mission qua confié le président HOLLANDE aux forces armées, cest de libérer lintégrité du territoire malien avec le soutien des forces maliennes, tchadiennes, nigériennes en particulier, que jai pu constater sur place. Nous poursuivons cette
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais par exemple
JEAN-YVES LE DRIAN
Maintenant un peu plus difficile bien sûr parce que nous sommes dans les sanctuaires.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dans lAdrar il y a dautres vallées, est-ce que la traque va continuer
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a dautres bastions
JEAN-YVES LE DRIAN
La traque a continué à lheure où je vous parle, moi jy suis allé hier et la traque continuait à partir dhier après-midi sur les autres vallées, parce quil faut que lensemble du territoire soit nettoyé complètement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce quil y a dautres bastions cachés de la nature de celui que vous avez visité hier, une sorte de caverne dAli Baba du terrorisme
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Avec des armes, des munitions, etc. ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Il y en a sûrement dautres.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y en a sûrement dautres ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Ce quon a découvert quand même Jean-Pierre ELKABBACH, ce quon a découvert et qui ma paru très impressionnant, cest lampleur de larsenal que les terroristes laissaient dans des dépôts divers sur ces montagnes de lAdrar des Ifoghas, cest par tonnes que nous retrouvons des armes, des armes lourdes, du matériel pour faire des explosifs improvisés, du matériel pour faire des ceintures pour kamikazes potentiel, tout cela était destiné à casser la sécurité de notre propre territoire
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire quil y a un véritable ennemi !
JEAN-YVES LE DRIAN
Il y a un véritable ennemi. Ce que nous menons au Mali, cest dabord évidemment de permettre au Mali de retrouver son intégrité, et cest aussi notre propre sécurité. Quand on voit ce que nous supposions et que pour ma part, je ne supposais pas avec tant dampleur, quand on voit le matériel de guerre que nos forces, nos soldats découvrent
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Jean-Yves Le DRIAN, ce matin à Bamako, capitale sauvée du Mali, est-ce que vous pouvez dire vous aussi que 70 % du travail a été fait ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Cest ce que dit le chef détat-major de larmée malienne, il a raison
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous, et vous ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Nous avons fait une grande partie du travail mais il nest pas complètement fini, et cest la dernière partie qui est la plus dure.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce quon est proches ou de la victoire ou du succès ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Jusquà présent, la qualité de nos forces et leur détermination leur sang-froid surtout a permis de mener une offensive très positive, très bien engagée. Mais il reste les deux poches de la fin qui sont autour du Nord-est du Mali, et puis la sécurisation de la région de Gao. Nous sommes en bonne voie mais tant que lensemble de la libération du territoire nest pas achevé, je reste prudent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous confirmez ce matin Jean-Yves Le DRIAN que des Français sont engagés dans les rangs des djihadistes ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui, nous avons fait un prisonnier français qui va être extradé vers la France dans les moments qui viennent
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire
JEAN-YVES LE DRIAN
Ça montre ça montre quand même quil y avait là constitution dune espèce de lieu dune filière terroriste de guerre qui pouvait accueillir certains jeunes en quête dun destin radical, comme certains ont pu aller auparavant en Afghanistan ou en Syrie
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors il y a deux
JEAN-YVES LE DRIAN
Est en train de se faire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a deux cas, à 8 heures
JEAN-YVES LE DRIAN
Il y a deux cas.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a deux cas. Guillaume BIET a raconté que le week-end dernier, un franco-algérien originaire de Rhône-Alpes a été arrêté au Nord-Mali.
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous le confirmez ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui, il a été extradé.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il a été extradé, donc il est en route ou il est déjà en France ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Il a été extradé hier, donc je ne sais pas sil est arrivé à cette heure. Et puis il y a un prisonnier, cest deux cas différents
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non mais attendez, celui de Rhône-Alpes, est-ce que cest un prisonnier de guerre ou un terroriste ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Ce nest pas un prisonnier de guerre, cest une personne qui était recherchée par nos services de police et qui ont été retrouvées par la police malienne, et il y a une bonne collaboration entre les deux gouvernements.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et un autre djihadiste arrêté au Mali à lautomne, expulsé mardi dernier vers la France, il paraît quil est en garde-à-vue à la DCRI à Levallois-Perret, elle est en train de linterroger. Celui-là, cest le deuxième ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Non, le deuxième il partira vraisemblablement aujourdhui, cest un prisonnier. Donc il sera extradé et couvert par évidemment le droit international en matière de prisonnier.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Plus du tiers des guerriers djihadistes sont morts dans ces territoires monsieur le ministre. Est-ce que parmi eux se trouvent des chefs et des sous-chefs dAl-Qaïda Maghreb ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Sûrement des sous-chefs en nombre significatif, sans doute des chefs mais les groupes sont quand même très nombreux, il en reste encore un nombre significatif qui
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous continuez à les traquer ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Ah ! Complètement. Aujourdhui, au moment où nous parlons, des interventions supplémentaires dans les montagnes ont lieu et dautre part à Gao, les patrouilles se poursuivent. Parce que Al-Qaïda, ça ne se limite pas à des chefs, Al-Qaïda cest des forces, cest organisé, cest un système avec des armes lourdes. Il faut donc les combattre
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous nous
JEAN-YVES LE DRIAN
De ses chefs.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Jean-Yves Le DRIAN, vous nous avez parlé des djihadistes et confirmé que des djihadistes sont dans les rangs et des Français sont dans les rangs
JEAN-YVES LE DRIAN
Ils sont peu nombreux, heureusement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, oui, est-ce quon peut
JEAN-YVES LE DRIAN
On na maintenant identifié que deux personnes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Attendez, est-ce quon peut résumer pour être clair, combien y en a-t-il et quel sort les attend ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Combien y a-t-il de Français, vous dites ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui.
JEAN-YVES LE DRIAN
Pour linstant, nous nen avons identifié que deux, donc je nai pas dautre commentaire pour linstant.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et ces deux-là seront
JEAN-YVES LE DRIAN
Ils seront traités par le droit et par notre législation et
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et ils seront en France.
JEAN-YVES LE DRIAN
La Convention de Genève.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et ils seront en France ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Et ce sera en France, oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Avril va marquer le début du retrait des 4.000 soldats français aujourdhui au Mali. Ça va concerner combien dentre eux ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Là, à cet instant, je ne vais pas vous dire les chiffres parce que nous poursuivons comme vous le savez les opérations de libération du territoire malien. Nous pensons que lhorizon davril, comme la dit le président de la République, est un horizon qui est de lordre du possible et du probable. Et cest progressivement que nos forces seront remplacées, en particulier dabord pour la stabilisation et de la sécurisation des villes par les forces africaines
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que ça veut dire
JEAN-YVES LE DRIAN
Nous sommes en cours dorganisation que je vais voir aujourdhui
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que ça veut dire
JEAN-YVES LE DRIAN
Et qui, progressivement, prendront leur place.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le retrait sera étalé sur plusieurs semaines ou plusieurs mois, cest ça ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Ah oui ! Le retrait sera étalé sur plusieurs mois.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, reste la
JEAN-YVES LE DRIAN
Il commencera il commencera en avril mais ça ne sera pas un retrait brutal, il faut le faire de manière très pragmatique
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous avez sur le plan politique, vous avez rencontré ou vous allez rencontrer aujourdhui le président par intérim du Mali, qui promet des
JEAN-YVES LE DRIAN
Dioncounda TRAORE oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Voilà, qui promet des élections en juillet. Est-ce que la France restera au Mali jusque-là ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Le désengagement se fera progressivement, et donc au fur et à mesure que la mission africaine qui va avoir un nouveau mandat de lONU dans les semaines qui viennent au fur et à mesure quelle simplantera et quelle sera sous couvert du mandat de lONU, nous nous retirerons. Donc au moment des élections, je pense quon naura pas
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Une question
JEAN-YVES LE DRIAN
Notre retrait.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Un peu personnelle, jamais peut-être vous navez été aussi proche géographiquement des otages, est-ce que vous y avez pensé, quest-ce que vous avez ressenti ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Quand hier en particulier, quand jétais en plein milieu de la vallée. Oui, javais une pensée très particulière pour leurs familles à cet instant précis.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et quand vous verrez
JEAN-YVES LE DRIAN
Et vous pouvez imaginer que les soldats que jai vus, avec qui jétais hier matin en particulier dans la vallée dAmetetai, pensaient aussi beaucoup à eux.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous continuez à les chercher ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Absolument.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dernière question, à Tessalit vous avez dit votre fierté aux soldats, est-ce que la meilleure façon de les rassurer, de les encourager, de ramener la confiance monsieur Le DRIAN, ce nest pas de garantir les budgets et les moyens de la Défense, parce quon dit quil y a une telle rigueur quon valeur couper les vivres !
JEAN-YVES LE DRIAN
Pas être si brutal, il y a le président de la République doit assurer la souveraineté de notre pays et cette souveraineté se décline de deux manières majeures : cest dabord la souveraineté sur ses propres finances pour que notre pays ne soit pas dépendant de créanciers internationaux, donc ça fait partie de la souveraineté que davoir la maîtrise de ses finances et dêtre désendetté ; et puis il y a la souveraineté par la sécurité, ce que nous faisons aujourdhui au Mali. Et donc il faut gérer ces deux souverainetés
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous proposez au président de la République vous proposez au président de la République de décider sans demander de nouveaux sacrifices à ces hommes que vous voyez et à la défense française ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je considère que les forces de sécurité, lensemble de notre système de défense est une nécessité, parce que cest ce qui place aussi le rang de la France dans le monde, ce que lui donne son image et qui était aussi considérablement renforcé par cette opération.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 mars 2013
Les soldats français et tchadiens ont donc investi le sanctuaire des terroristes dAl-Qaïda que vous avez visité toute la journée dhier. La bataille, daprès ce quon nous dit, a été féroce, sans pitié, sans merci, et on parle au moins dune centaine de djihadistes tués, cest ça ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui, cest la réalité cest que nous savions que cette partie du Mali était potentiellement le sanctuaire dAl-Qaïda au Maghreb islamique, AQMI. Nous ne nous sommes pas trompés, cest bien le cas et nous avons affaire à des terroristes tout à fait déterminés, très armés et qui provoquent des combats significatifs avec des dégâts importants que nous avons pu leur infliger
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire que les combattants sont pratiquement face à face.
JEAN-YVES LE DRIAN
Les combattants sont pratiquement face à face, ils se voient, et cest effectivement à portée dhomme, ça se passe au sol et dans des conditions extrêmement dures. Jai pu me rendre sur place, sur les lieux même des affrontements, et jai pu voir les forces françaises très, très déterminées, très, très professionnelles à qui je voulais rendre hommage, parce quils ont vraiment la pêche, ils sont vraiment très déterminés.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Surtout quand on voit le territoire. Didier FRANÇOIS et Jean-Philippe REMY du MONDE ont décrit le relief que vous avez vu
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Je cite « : tourmentés de pythons, des bolides damas de pierres volcaniques noires et coupantes truffées danfractuosités », et les soldats disent en effet que cest une opération incomparable. Monsieur le ministre, est-ce que vous confirmez que cette nuit, une trentaine de soldats français ont été rapatriés parce quils étaient blessés, est-ce que cest grave ou moins grave quon le dit ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Il y a eu des blessés quil faut soigner du côté français, il y a eu aussi des blessés du côté tchadien que nous soignons par nos équipes médicales. Il y a eu malheureusement 4 morts dont 1 à Gao avant-hier, ce sont des combats violents, cest une guerre dure. Nous rentrons dans sa dernière phase, vous avez parlé de ces montagnes du Nord, mais il y a aussi Gao. Dans les montagnes du Nord, ce sont les fondamentalistes dAQMI qui sont là, à Gao cest le groupe quon appelle Mujao qui mène le toujours des actions que lon appelle « les actions asymétriques » qui peuvent prendre la forme dattentats
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et là, ça prendra du temps à Gao, autour de Gao avec le Mujao
JEAN-YVES LE DRIAN
Il y a les deux
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Terroristes et des trafiquants.
JEAN-YVES LE DRIAN
Il faut finir. La mission qua confié le président HOLLANDE aux forces armées, cest de libérer lintégrité du territoire malien avec le soutien des forces maliennes, tchadiennes, nigériennes en particulier, que jai pu constater sur place. Nous poursuivons cette
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais par exemple
JEAN-YVES LE DRIAN
Maintenant un peu plus difficile bien sûr parce que nous sommes dans les sanctuaires.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dans lAdrar il y a dautres vallées, est-ce que la traque va continuer
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a dautres bastions
JEAN-YVES LE DRIAN
La traque a continué à lheure où je vous parle, moi jy suis allé hier et la traque continuait à partir dhier après-midi sur les autres vallées, parce quil faut que lensemble du territoire soit nettoyé complètement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce quil y a dautres bastions cachés de la nature de celui que vous avez visité hier, une sorte de caverne dAli Baba du terrorisme
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Avec des armes, des munitions, etc. ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Il y en a sûrement dautres.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y en a sûrement dautres ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Ce quon a découvert quand même Jean-Pierre ELKABBACH, ce quon a découvert et qui ma paru très impressionnant, cest lampleur de larsenal que les terroristes laissaient dans des dépôts divers sur ces montagnes de lAdrar des Ifoghas, cest par tonnes que nous retrouvons des armes, des armes lourdes, du matériel pour faire des explosifs improvisés, du matériel pour faire des ceintures pour kamikazes potentiel, tout cela était destiné à casser la sécurité de notre propre territoire
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire quil y a un véritable ennemi !
JEAN-YVES LE DRIAN
Il y a un véritable ennemi. Ce que nous menons au Mali, cest dabord évidemment de permettre au Mali de retrouver son intégrité, et cest aussi notre propre sécurité. Quand on voit ce que nous supposions et que pour ma part, je ne supposais pas avec tant dampleur, quand on voit le matériel de guerre que nos forces, nos soldats découvrent
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Jean-Yves Le DRIAN, ce matin à Bamako, capitale sauvée du Mali, est-ce que vous pouvez dire vous aussi que 70 % du travail a été fait ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Cest ce que dit le chef détat-major de larmée malienne, il a raison
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous, et vous ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Nous avons fait une grande partie du travail mais il nest pas complètement fini, et cest la dernière partie qui est la plus dure.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce quon est proches ou de la victoire ou du succès ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Jusquà présent, la qualité de nos forces et leur détermination leur sang-froid surtout a permis de mener une offensive très positive, très bien engagée. Mais il reste les deux poches de la fin qui sont autour du Nord-est du Mali, et puis la sécurisation de la région de Gao. Nous sommes en bonne voie mais tant que lensemble de la libération du territoire nest pas achevé, je reste prudent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous confirmez ce matin Jean-Yves Le DRIAN que des Français sont engagés dans les rangs des djihadistes ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui, nous avons fait un prisonnier français qui va être extradé vers la France dans les moments qui viennent
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire
JEAN-YVES LE DRIAN
Ça montre ça montre quand même quil y avait là constitution dune espèce de lieu dune filière terroriste de guerre qui pouvait accueillir certains jeunes en quête dun destin radical, comme certains ont pu aller auparavant en Afghanistan ou en Syrie
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors il y a deux
JEAN-YVES LE DRIAN
Est en train de se faire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a deux cas, à 8 heures
JEAN-YVES LE DRIAN
Il y a deux cas.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a deux cas. Guillaume BIET a raconté que le week-end dernier, un franco-algérien originaire de Rhône-Alpes a été arrêté au Nord-Mali.
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous le confirmez ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui, il a été extradé.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il a été extradé, donc il est en route ou il est déjà en France ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Il a été extradé hier, donc je ne sais pas sil est arrivé à cette heure. Et puis il y a un prisonnier, cest deux cas différents
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non mais attendez, celui de Rhône-Alpes, est-ce que cest un prisonnier de guerre ou un terroriste ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Ce nest pas un prisonnier de guerre, cest une personne qui était recherchée par nos services de police et qui ont été retrouvées par la police malienne, et il y a une bonne collaboration entre les deux gouvernements.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et un autre djihadiste arrêté au Mali à lautomne, expulsé mardi dernier vers la France, il paraît quil est en garde-à-vue à la DCRI à Levallois-Perret, elle est en train de linterroger. Celui-là, cest le deuxième ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Non, le deuxième il partira vraisemblablement aujourdhui, cest un prisonnier. Donc il sera extradé et couvert par évidemment le droit international en matière de prisonnier.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Plus du tiers des guerriers djihadistes sont morts dans ces territoires monsieur le ministre. Est-ce que parmi eux se trouvent des chefs et des sous-chefs dAl-Qaïda Maghreb ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Sûrement des sous-chefs en nombre significatif, sans doute des chefs mais les groupes sont quand même très nombreux, il en reste encore un nombre significatif qui
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous continuez à les traquer ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Ah ! Complètement. Aujourdhui, au moment où nous parlons, des interventions supplémentaires dans les montagnes ont lieu et dautre part à Gao, les patrouilles se poursuivent. Parce que Al-Qaïda, ça ne se limite pas à des chefs, Al-Qaïda cest des forces, cest organisé, cest un système avec des armes lourdes. Il faut donc les combattre
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous nous
JEAN-YVES LE DRIAN
De ses chefs.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Jean-Yves Le DRIAN, vous nous avez parlé des djihadistes et confirmé que des djihadistes sont dans les rangs et des Français sont dans les rangs
JEAN-YVES LE DRIAN
Ils sont peu nombreux, heureusement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, oui, est-ce quon peut
JEAN-YVES LE DRIAN
On na maintenant identifié que deux personnes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Attendez, est-ce quon peut résumer pour être clair, combien y en a-t-il et quel sort les attend ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Combien y a-t-il de Français, vous dites ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui.
JEAN-YVES LE DRIAN
Pour linstant, nous nen avons identifié que deux, donc je nai pas dautre commentaire pour linstant.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et ces deux-là seront
JEAN-YVES LE DRIAN
Ils seront traités par le droit et par notre législation et
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et ils seront en France.
JEAN-YVES LE DRIAN
La Convention de Genève.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et ils seront en France ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Et ce sera en France, oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Avril va marquer le début du retrait des 4.000 soldats français aujourdhui au Mali. Ça va concerner combien dentre eux ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Là, à cet instant, je ne vais pas vous dire les chiffres parce que nous poursuivons comme vous le savez les opérations de libération du territoire malien. Nous pensons que lhorizon davril, comme la dit le président de la République, est un horizon qui est de lordre du possible et du probable. Et cest progressivement que nos forces seront remplacées, en particulier dabord pour la stabilisation et de la sécurisation des villes par les forces africaines
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que ça veut dire
JEAN-YVES LE DRIAN
Nous sommes en cours dorganisation que je vais voir aujourdhui
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que ça veut dire
JEAN-YVES LE DRIAN
Et qui, progressivement, prendront leur place.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le retrait sera étalé sur plusieurs semaines ou plusieurs mois, cest ça ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Ah oui ! Le retrait sera étalé sur plusieurs mois.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, reste la
JEAN-YVES LE DRIAN
Il commencera il commencera en avril mais ça ne sera pas un retrait brutal, il faut le faire de manière très pragmatique
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous avez sur le plan politique, vous avez rencontré ou vous allez rencontrer aujourdhui le président par intérim du Mali, qui promet des
JEAN-YVES LE DRIAN
Dioncounda TRAORE oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Voilà, qui promet des élections en juillet. Est-ce que la France restera au Mali jusque-là ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Le désengagement se fera progressivement, et donc au fur et à mesure que la mission africaine qui va avoir un nouveau mandat de lONU dans les semaines qui viennent au fur et à mesure quelle simplantera et quelle sera sous couvert du mandat de lONU, nous nous retirerons. Donc au moment des élections, je pense quon naura pas
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Une question
JEAN-YVES LE DRIAN
Notre retrait.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Un peu personnelle, jamais peut-être vous navez été aussi proche géographiquement des otages, est-ce que vous y avez pensé, quest-ce que vous avez ressenti ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Quand hier en particulier, quand jétais en plein milieu de la vallée. Oui, javais une pensée très particulière pour leurs familles à cet instant précis.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et quand vous verrez
JEAN-YVES LE DRIAN
Et vous pouvez imaginer que les soldats que jai vus, avec qui jétais hier matin en particulier dans la vallée dAmetetai, pensaient aussi beaucoup à eux.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous continuez à les chercher ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Absolument.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dernière question, à Tessalit vous avez dit votre fierté aux soldats, est-ce que la meilleure façon de les rassurer, de les encourager, de ramener la confiance monsieur Le DRIAN, ce nest pas de garantir les budgets et les moyens de la Défense, parce quon dit quil y a une telle rigueur quon valeur couper les vivres !
JEAN-YVES LE DRIAN
Pas être si brutal, il y a le président de la République doit assurer la souveraineté de notre pays et cette souveraineté se décline de deux manières majeures : cest dabord la souveraineté sur ses propres finances pour que notre pays ne soit pas dépendant de créanciers internationaux, donc ça fait partie de la souveraineté que davoir la maîtrise de ses finances et dêtre désendetté ; et puis il y a la souveraineté par la sécurité, ce que nous faisons aujourdhui au Mali. Et donc il faut gérer ces deux souverainetés
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous proposez au président de la République vous proposez au président de la République de décider sans demander de nouveaux sacrifices à ces hommes que vous voyez et à la défense française ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je considère que les forces de sécurité, lensemble de notre système de défense est une nécessité, parce que cest ce qui place aussi le rang de la France dans le monde, ce que lui donne son image et qui était aussi considérablement renforcé par cette opération.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 mars 2013