Texte intégral
Monsieur le Président,
Monsieur le Rapporteur,
Mes chers collègues,
Je suis heureuse de vous présenter aujourdhui ce projet de loi relatif à la représentation des Français établis hors de France car il marquera une étape importante pour la communauté française dans son lien avec la Nation.
Cest par la loi du 7 juin 1982 relative au Conseil supérieur des Français de létranger que fut consacrée, pour la première fois, la représentation politique des Français établis hors de France avec lélection au suffrage universel direct des délégués au CSFE et lélection de Sénateurs par ces seuls délégués élus.
En 1982, 460 000 Français étaient inscrits au registre des Français établis hors de France pour une population expatriée estimée à un million. Ils sont aujourdhui 1 611 000 inscrits pour probablement plus de 2 500 000 expatriés.
Le présent projet de loi a pour objet de moderniser la représentation politique de nos compatriotes dont les évolutions démographiques, économiques et sociologiques, intervenues depuis 30 ans, nont pas été prises en compte.
Par ailleurs, en juin dernier, lélection des députés des Français de létranger a modifié en partie le rôle que jouaient pour une part jusquà lors les conseillers à lAFE.
Enfin, ainsi que cela a pu être souligné par la commission de rénovation et de déontologie de la vie publique, il est souhaitable de revoir la composition du collège électoral des 12 Sénateurs qui représentent les Français établis hors de France.
Une profonde réforme de lexercice de la démocratie pour nos compatriotes résidant à létranger était dès lors indispensable.
La réforme institutionnelle que je porte repose sur un constat.
Le découpage artificiel des circonscriptions actuelles de lAFE entraîne des écarts démographiques et géographiques considérables (1 conseiller pour 3000 inscrits en Andorre contre 1 pour 19 000 inscrits au Benelux).
87 pays nont pas de conseiller de lAssemblée des Français de létranger résidant sur place.
Cette représentation est partielle et donc partiale, et a pour conséquence un manque de visibilité et de proximité des élus avec les communautés quils représentent. Cela explique en partie un taux de participation en constante diminution dans le temps.
LAssemblée des Français de létranger reste méconnue malgré son changement de nom et de fonctionnement en 2004. Elle narrive, pas sous sa forme actuelle, à participer au débat national et faire valoir son expertise. Des élus, conscients de la nécessité davoir une visibilité au niveau national, ont dailleurs créé un groupe dédié à la communication. Preuve que le constat était partagé.
Enfin le collège électoral pour les 12 Sénateurs représentant les Français établis hors de France est toujours limité à 155 grands électeurs.
Partant de ce constat, le gouvernement a dabord examiné les projets et propositions de réforme de lAssemblée des Français de létranger élaborées ces dernières années. Ces propositions ont été écartées pour des raisons juridiques et de constitutionnalité. Le gouvernement a été rejoint sur cette analyse par les services juridiques des assemblées, sollicitées par des parlementaires des Français de létranger.
En septembre dernier, la commission des lois et règlements de lAFE a émis un avis, adopté à lunanimité. Elle a défini trois principes qui ont été retenus comme base de départ pour lélaboration de ce projet de loi : une meilleure représentativité de lAssemblée des Français de létranger, un développement de la démocratie de proximité, un élargissement du collège électoral des Sénateurs.
1. Une meilleure représentation.
Le gouvernement propose lélection de conseillers consulaires élus au suffrage universel direct dans le cadre de circonscriptions consulaires. Nous sommes partis de lexistant. Nous proposons de créer des conseils consulaires auprès de chaque ambassade ou poste consulaire puisque cest là où la communauté française est présente et lactivité consulaire réelle. Ce nest donc plus un découpage artificiel.
Ces conseillers formeront des conseils consulaires pour remplacer les actuels comités. Ces conseils seront formés de 1 à 9 conseillers en fonction du nombre dinscrits au Registre des Français de létranger de lannée en cours.
Les conseils consulaires à un élu ont été limités à chaque fois que cela était possible. Nous les avons maintenus dans des circonscriptions particulières où il est important que la communauté française ait un représentant, notamment pour que les sujets tels que lattribution des bourses scolaires ou laide sociale, soient traités au plus près des besoins.
Cela concerne une vingtaine de circonscriptions qui ne peuvent être rattachées pour des raisons géographiques (île et archipel isolé ex : Vanuatu), géopolitiques (Chypre et Turquie), ou autres population et activité consulaire trop importante (Bolivie et Paraguay).
Mais la grande majorité des conseils consulaires auront entre 3 et 5 élus.
Enfin, 3 circonscriptions comptent 9 élus. Il sagit des endroits où la communauté française est la plus importante : Genève, Bruxelles et Londres.
Nous passerons ainsi de 52 à 132 circonscriptions et de 155 à 444 conseillers.
2. Le principe de proximité
Cest le principe central qui a guidé lélaboration de ce projet de loi. Cest en effet au niveau local que se prennent les décisions les plus importantes concernant les Français de létranger.
Lieux dinformation et de participation des citoyens à la prise de décision, les conseils consulaires participeront par exemple à la mise en place de politiques publiques en matière denseignement, daides sociales, mais aussi de toutes politiques relatives au travail, à lemploi et la formation professionnelle, à la sécurité. Ils pourraient également se saisir de tout autre sujet dordre économique, fiscal, éducatif ou culturel qui intéresse les Français de létranger. Ils assureront un lien entre nos concitoyens tant avec les autorités administratives françaises que locales.
Des personnalités qualifiées et des experts seront invités à y participer. Ces conseils consulaires ont une réelle légitimité puisquils sont composés de membres élus au suffrage universel direct.
3. Une valeur ajoutée
Afin de ne pas perdre la valeur ajoutée que représente lexpertise et le conseil que peuvent apporter les conseillers auprès du parlement et du gouvernement français, 81 conseillers issus des conseillers consulaires assureront le lien avec la France en venant siéger à Paris, dans ce que sera la nouvelle instance. Il ny aura pas de mandat spécifique de conseiller AFE.
Ces conseillers seront élus par leurs pairs dont ils ne seront que la simple émanation sur la base dun conseiller pour 20 000 inscrits dans le cadre dune zone géographique cohérente, reprenant ainsi le quotient électoral moyen correspondant aux élections cantonales. Ces zones géographiques ne constituent pas de circonscriptions pour un mandat. Elles ne constituent pas une circonscription électorale.
Nous ne serions favorables à laugmentation du nombre des conseillers quà condition que la règle de proportionnalité soit strictement respectée ainsi que le conseil constitutionnel ne cesse de le répéter de scrutin en scrutin.
La nouvelle assemblée sera une assemblée dexpertise et de conseil qui se saisira en complémentarité des députés de questions globales et transversales qui intéressent les Français de létranger. Son autonomie sera renforcée puisquelle élira enfin son président.
4. Le collège électoral sénatorial est élargi
Il est composé de lensemble des conseillers consulaires auxquels sajoutent les 11 Députés et, le cas échéant, pour 19 circonscriptions où cela se justifie démographiquement, 65 délégués supplémentaires, élus sur les mêmes listes que les conseillers consulaires.
Le collège électoral sénatorial est ainsi porté à 520 grands électeurs.
Ce projet sinscrit dans la démarche globale de modernisation de la vie publique. Il place lexercice de la démocratie au plan local au plus près des citoyens. Ce texte permet dassurer à nos compatriotes une expression démocratique se rapprochant de ce qui existe sur le territoire national.
Cette réforme se fera à coût constant, sans aucune dépense supplémentaire.
Un mot pour conclure sur le deuxième projet de loi qui vous est soumis. Il vise à proroger dun an le mandat des conseillers membres de lAFE qui aurait du être renouvelé en juin prochain.
Au nom de lintérêt général, et compte-tenu de labrogation de la loi de 1982, les élections qui auront lieu en juin 2014 au plus tard permettront ainsi délire lintégralité des conseillers et des délégués consulaires.
Je me tiens à votre disposition si vous avez des questions.
Source http://www.helene-conway.com, le 14 mars 2013
Monsieur le Rapporteur,
Mes chers collègues,
Je suis heureuse de vous présenter aujourdhui ce projet de loi relatif à la représentation des Français établis hors de France car il marquera une étape importante pour la communauté française dans son lien avec la Nation.
Cest par la loi du 7 juin 1982 relative au Conseil supérieur des Français de létranger que fut consacrée, pour la première fois, la représentation politique des Français établis hors de France avec lélection au suffrage universel direct des délégués au CSFE et lélection de Sénateurs par ces seuls délégués élus.
En 1982, 460 000 Français étaient inscrits au registre des Français établis hors de France pour une population expatriée estimée à un million. Ils sont aujourdhui 1 611 000 inscrits pour probablement plus de 2 500 000 expatriés.
Le présent projet de loi a pour objet de moderniser la représentation politique de nos compatriotes dont les évolutions démographiques, économiques et sociologiques, intervenues depuis 30 ans, nont pas été prises en compte.
Par ailleurs, en juin dernier, lélection des députés des Français de létranger a modifié en partie le rôle que jouaient pour une part jusquà lors les conseillers à lAFE.
Enfin, ainsi que cela a pu être souligné par la commission de rénovation et de déontologie de la vie publique, il est souhaitable de revoir la composition du collège électoral des 12 Sénateurs qui représentent les Français établis hors de France.
Une profonde réforme de lexercice de la démocratie pour nos compatriotes résidant à létranger était dès lors indispensable.
La réforme institutionnelle que je porte repose sur un constat.
Le découpage artificiel des circonscriptions actuelles de lAFE entraîne des écarts démographiques et géographiques considérables (1 conseiller pour 3000 inscrits en Andorre contre 1 pour 19 000 inscrits au Benelux).
87 pays nont pas de conseiller de lAssemblée des Français de létranger résidant sur place.
Cette représentation est partielle et donc partiale, et a pour conséquence un manque de visibilité et de proximité des élus avec les communautés quils représentent. Cela explique en partie un taux de participation en constante diminution dans le temps.
LAssemblée des Français de létranger reste méconnue malgré son changement de nom et de fonctionnement en 2004. Elle narrive, pas sous sa forme actuelle, à participer au débat national et faire valoir son expertise. Des élus, conscients de la nécessité davoir une visibilité au niveau national, ont dailleurs créé un groupe dédié à la communication. Preuve que le constat était partagé.
Enfin le collège électoral pour les 12 Sénateurs représentant les Français établis hors de France est toujours limité à 155 grands électeurs.
Partant de ce constat, le gouvernement a dabord examiné les projets et propositions de réforme de lAssemblée des Français de létranger élaborées ces dernières années. Ces propositions ont été écartées pour des raisons juridiques et de constitutionnalité. Le gouvernement a été rejoint sur cette analyse par les services juridiques des assemblées, sollicitées par des parlementaires des Français de létranger.
En septembre dernier, la commission des lois et règlements de lAFE a émis un avis, adopté à lunanimité. Elle a défini trois principes qui ont été retenus comme base de départ pour lélaboration de ce projet de loi : une meilleure représentativité de lAssemblée des Français de létranger, un développement de la démocratie de proximité, un élargissement du collège électoral des Sénateurs.
1. Une meilleure représentation.
Le gouvernement propose lélection de conseillers consulaires élus au suffrage universel direct dans le cadre de circonscriptions consulaires. Nous sommes partis de lexistant. Nous proposons de créer des conseils consulaires auprès de chaque ambassade ou poste consulaire puisque cest là où la communauté française est présente et lactivité consulaire réelle. Ce nest donc plus un découpage artificiel.
Ces conseillers formeront des conseils consulaires pour remplacer les actuels comités. Ces conseils seront formés de 1 à 9 conseillers en fonction du nombre dinscrits au Registre des Français de létranger de lannée en cours.
Les conseils consulaires à un élu ont été limités à chaque fois que cela était possible. Nous les avons maintenus dans des circonscriptions particulières où il est important que la communauté française ait un représentant, notamment pour que les sujets tels que lattribution des bourses scolaires ou laide sociale, soient traités au plus près des besoins.
Cela concerne une vingtaine de circonscriptions qui ne peuvent être rattachées pour des raisons géographiques (île et archipel isolé ex : Vanuatu), géopolitiques (Chypre et Turquie), ou autres population et activité consulaire trop importante (Bolivie et Paraguay).
Mais la grande majorité des conseils consulaires auront entre 3 et 5 élus.
Enfin, 3 circonscriptions comptent 9 élus. Il sagit des endroits où la communauté française est la plus importante : Genève, Bruxelles et Londres.
Nous passerons ainsi de 52 à 132 circonscriptions et de 155 à 444 conseillers.
2. Le principe de proximité
Cest le principe central qui a guidé lélaboration de ce projet de loi. Cest en effet au niveau local que se prennent les décisions les plus importantes concernant les Français de létranger.
Lieux dinformation et de participation des citoyens à la prise de décision, les conseils consulaires participeront par exemple à la mise en place de politiques publiques en matière denseignement, daides sociales, mais aussi de toutes politiques relatives au travail, à lemploi et la formation professionnelle, à la sécurité. Ils pourraient également se saisir de tout autre sujet dordre économique, fiscal, éducatif ou culturel qui intéresse les Français de létranger. Ils assureront un lien entre nos concitoyens tant avec les autorités administratives françaises que locales.
Des personnalités qualifiées et des experts seront invités à y participer. Ces conseils consulaires ont une réelle légitimité puisquils sont composés de membres élus au suffrage universel direct.
3. Une valeur ajoutée
Afin de ne pas perdre la valeur ajoutée que représente lexpertise et le conseil que peuvent apporter les conseillers auprès du parlement et du gouvernement français, 81 conseillers issus des conseillers consulaires assureront le lien avec la France en venant siéger à Paris, dans ce que sera la nouvelle instance. Il ny aura pas de mandat spécifique de conseiller AFE.
Ces conseillers seront élus par leurs pairs dont ils ne seront que la simple émanation sur la base dun conseiller pour 20 000 inscrits dans le cadre dune zone géographique cohérente, reprenant ainsi le quotient électoral moyen correspondant aux élections cantonales. Ces zones géographiques ne constituent pas de circonscriptions pour un mandat. Elles ne constituent pas une circonscription électorale.
Nous ne serions favorables à laugmentation du nombre des conseillers quà condition que la règle de proportionnalité soit strictement respectée ainsi que le conseil constitutionnel ne cesse de le répéter de scrutin en scrutin.
La nouvelle assemblée sera une assemblée dexpertise et de conseil qui se saisira en complémentarité des députés de questions globales et transversales qui intéressent les Français de létranger. Son autonomie sera renforcée puisquelle élira enfin son président.
4. Le collège électoral sénatorial est élargi
Il est composé de lensemble des conseillers consulaires auxquels sajoutent les 11 Députés et, le cas échéant, pour 19 circonscriptions où cela se justifie démographiquement, 65 délégués supplémentaires, élus sur les mêmes listes que les conseillers consulaires.
Le collège électoral sénatorial est ainsi porté à 520 grands électeurs.
Ce projet sinscrit dans la démarche globale de modernisation de la vie publique. Il place lexercice de la démocratie au plan local au plus près des citoyens. Ce texte permet dassurer à nos compatriotes une expression démocratique se rapprochant de ce qui existe sur le territoire national.
Cette réforme se fera à coût constant, sans aucune dépense supplémentaire.
Un mot pour conclure sur le deuxième projet de loi qui vous est soumis. Il vise à proroger dun an le mandat des conseillers membres de lAFE qui aurait du être renouvelé en juin prochain.
Au nom de lintérêt général, et compte-tenu de labrogation de la loi de 1982, les élections qui auront lieu en juin 2014 au plus tard permettront ainsi délire lintégralité des conseillers et des délégués consulaires.
Je me tiens à votre disposition si vous avez des questions.
Source http://www.helene-conway.com, le 14 mars 2013