Entretiens de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, avec "RFO-AITV" et "Africa N°1", le 18 juillet 2001, sur les questions africaines vues par les Etats-Unis et discutées au sommet du Groupe des Huit à Gênes (Italie).

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Intervenant(s) : 
  • Charles Josselin - Ministre délégué à la coopération et à la francophonie

Média : Africa n°1 - Radio France d'outre mer

Texte intégral

Entretien avec "RFO-AITV"
Q - Monsieur le Ministre, comment s'est passée votre réunion avec M. Kansteiner, le secrétaire d'Etat adjoint américain pour les affaires africaines ?
R - Elle a été sérieuse, cordiale, j'espère féconde. D'abord j'ai voulu qu'il me dise quelles étaient les orientations de la politique africaine des Etats-Unis. Il m'a confirmé, mais en précisant certains aspects, ce que m'avait dit la conseillère Afrique de M. Bush à la Maison blanche. Nous avons abordé plus particulièrement les questions du sida - il y avait une session extraordinaire aux Nations unies il n'y a pas longtemps sur ce sujet - et du développement. Evidemment, nous avons discuté du plan pour l'Afrique, que les Africains eux-mêmes ont débattu à Lusaka et qui, comme vous le savez, est un peu l'articulation entre les propositions des présidents Mbeki, Obasanjo et Bouteflika d'une part et le président Wade d'une autre, dont il va être question à Gênes. Nous étions en plein dans l'actualité. Et puis nous avons fait un tour non pas de toute l'Afrique mais des pays qui retiennent davantage l'attention : les Grands lacs, bien sûr, mais aussi le Burundi et le Soudan. Un dossier à propos duquel nous avons eu quelque difficulté à nous ajuster, si je puis dire. J'ai le sentiment que là les choses bougent peut-être, on aura l'occasion d'en reparler. Sur la Côte d'Ivoire, nous avons dit notre espoir de voir la solidarité internationale se mobiliser pour aider ce pays à traverser une passe un peu difficile sur le plan économique. Et puis cet autre conflit qui déchire également l'Afrique de l'Ouest : Sierra Leone, Guinée, Liberia. C'est dire si l'heure et demi que nous avons passée a été bien employée mais on aurait pu continuer encore car on a beaucoup de choses à se dire. En tout cas je voudrais, en conclusion, dire que je suis très heureux de voir l'intérêt que porte l'administration américaine à l'Afrique, convaincu qu'on ne sera pas trop nombreux à aider ce continent à se sortir de la situation difficile dans laquelle il se trouve.
Q - Voyez-vous une différence entre l'ancienne administration et l'administration de Bush par rapport à la politique conduite en Afrique ?
R - Physiquement elle est considérable. C'était Mme Rice, là c'est M. Kansteiner. C'est un genre très différent. Attendons encore quelques mois pour voir si ces intentions affichées vont pouvoir se concrétiser, voir si le Congrès aussi va suivre ces propositions. J'attends par exemple avec beaucoup d'intérêt de voir comment la loi qui ouvre le marché américain aux produits africains va se mettre en œuvre. Pour l'instant on en a beaucoup parlé, c'est sa réalité qui nous intéresse et qui intéresse les Africains. J'attends de voir comment les investisseurs américains vont, eux, s'intéresser à l'Afrique, car la liberté du commerce n'a pas de sens s'il n'y a pas non plus de l'investissement. C'est aussi de cela dont nous avons parlé. C'était un premier contact, je l'ai trouvé intéressant, il en viendra certainement d'autres.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 juillet 2001)
Entretien avec "Africa Numéro 1"
Q - Monsieur le Ministre, ma question concerne le Sommet de Gênes. Dans quelle mesure pensez-vous que le problème africain sera abordé ?
R - Normalement à l'ordre du jour du Sommet de Gênes il y a justement le plan pour le développement de l'Afrique. J'espère que le président Wade qui a été mandaté par ses collègues à Lusaka pour le présenter va pouvoir le faire dans de bonnes conditions, qu'il aura le temps - on sait l'agenda de ces sommets. Cela me paraît intéressant et important que les grands de ce monde portent un regard attentif en direction d'un continent africain auquel la France continue à s'intéresser beaucoup, convaincus que nous avons une responsabilité globale vis-à-vis de ce continent, convaincus surtout qu'il ne faut pas laisser sans réponse cette volonté des Africains de décider pour eux-mêmes de leur développement. Il faut que nous soyons à leurs côtés./.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 juillet 2001)