Texte intégral
Il est important pour un Ministre de voir concrètement, sur le terrain, comment la loi s’incarne, comment elle se met en place, si elle atteint bien l’objectif qu’on lui avait fixé ou s’il faut y apporter des modifications. C’est pour cela que je tenais à être parmi vous ce matin.
Transformer la vie des Français, telle est la feuille de route du Gouvernement de Jean-Marc AYRAULT. Cette feuille de route a trois objectifs :
- gagner la bataille de l’emploi,
- donner toute sa place à la jeunesse de France
- et préparer l’avenir.
Trois objectifs. Et la formation professionnelle au cur de cette feuille de route :
- parce qu’elle améliore l’accès à l’emploi,
- parce qu’elle permet aux jeunes de construire leur parcours de vie et de s’émanciper,
- parce qu’elle contribue à préparer les compétences dont la France aura besoin demain
- et parce qu’elle se fonde sur le désir qu’a chacun de bâtir son projet professionnel.
Priorité jeunesse, priorité emploi, c’est bien de le dire. C’est encore mieux de le traduire en actes. Des actes, il y en a déjà. Je pense au contrat de génération dont les premiers contrats ont été signés la semaine dernière à Blois par le Président de la République. C’est un peu la même ambition que les emplois d’avenir mais dans l’entreprise. Le contrat de génération est une opportunité sans précédent de modifier les mauvaises habitudes prises vis-à-vis des jeunes et des séniors : aux premiers on ne réserve que des contrats courts et précaires au motif qu’ils manquent d’expérience tandis que les seconds sont poussés vers la sortie au motif qu’ils en ont trop et qu’ils coûtent trop cher ! Avec le contrat de génération, on réaffirme le droit des moins de 25 ans d’accéder à l’emploi durable c’est-à-dire en CDI en même temps que l’on confirme la valeur des seniors dans l’entreprise. On a besoin de tous : des connaissances fraîches et actualisées des jeunes et du savoir-faire des seniors, de l’envie d’apprendre des jeunes et de l’envie de transmettre des seniors. Ainsi, l’entreprise qui joue le jeu pourra être aidée pour financer à la fois le recrutement du jeune en CDI et le maintien dans l’emploi du senior.
Le contrat de génération, c’est le passage de témoin entre celles et ceux qui ont le savoir-faire et celles et ceux qui ont envie de savoir !
Des actes, ce sont aussi les plateformes d’appui aux mutations économiques, annoncées la semaine dernière dont l’une des 13 se situe pas très loin d’ici, dans votre région, dans l’aire urbaine Héricourt Belfort Montbéliard. Je veux m’attarder quelques instants sur cette actualité. Prévues par le pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi, ces plateformes sont implantées dans des territoires où le tissu économique est en forte mutation, pour aider les TPE/PME à renforcer leur compétitivité et les salariés à s’adapter sans passer par la case chômage. Avec près de 14 millions d’euros engagés, dont 4 millions d’euros de l’Etat, c’est un nouvel outil dans l’arsenal de la bataille pour l’emploi et la compétitivité qui est mis à disposition des entreprises et des salariés.
La plateforme d’appui aux mutations économiques pourra les aider à faire face à ces nouveaux défis : en accompagnant les TPE-PME dans la définition des compétences dont elles ont besoin, en les aidant à profiler les meilleurs candidats, en faisant du pré-recrutement, ou encore en les aidant à définir les formations dont leurs équipes ont besoin pour s’adapter à leurs nouveaux marchés. La plateforme soutiendra également les salariés pour faciliter leur formation, leur permettre d’acquérir des diplômes par la voie de la validation des acquis de l’expérience, sans repasser par les bancs de l’école, et ainsi mieux faire face aux aléas de la conjoncture et au risque de chômage. Le travail fait pendant des années doit pouvoir être reconnu par une qualification monnayable sur le marché du travail pour permettre, aussi, de passer d’une filière à l’autre.
Dans l’arsenal mobilisé dans la bataille pour l’emploi, il y a aussi le crédit d’impôt compétitivité emploi pour les entreprises. Cette mesure réduira le coût pour l’entreprise des salaires compris entre 1 et 2.5 SMIC, à hauteur de 4% en 2013 et 6% à partir de 2014.
Et il y a enfin les emplois d’avenir qui nous réunissent aujourd’hui. Ce fut l’une des toutes premières décisions du gouvernement pour faire face à l’urgence de l’emploi des jeunes.
Le meilleur témoignage sur l’utilité du dispositif vient des jeunes. Dans de trop nombreuses situations, la jeunesse est synonyme de précarité. En discutant avec Julien, Solenne, Anthony, Fanny, Cédric et les autres, j’ai entendu combien ces contrats peuvent changer la vie.
Les emplois d’avenir ont été créés pour cela : pour apporter à la fois une expérience professionnelle, un salaire et une qualification.
Avec les emplois d’avenir, notre objectif est de vous redonner confiance. Ce sont de vrais contrats de travail, qui peuvent aller jusqu’au CDI. Près des deux tiers de ceux déjà signés ont une durée comprise entre deux et trois ans.
Depuis le début du mois de novembre, je sillonne le pays à la rencontre des jeunes embauchés en emplois d’avenir. Ils ont parfois 23, 25 voire 28 ans s’ils sont porteurs de handicap, et tous me disent que c’est la première fois qu’ils « ont l’esprit tranquille pour trois ans », qu’ils « peuvent poser leurs valises », qu’ils « voient aussi loin devant eux : trois ans, un miracle ! », pour reprendre quelques-unes de leurs expressions. Avant-hier, à Annemasse, l’un des jeunes disait même : « je n’y croyais pas du tout quand j’ai envoyé mon cv, quand on m’a rappelé, je n’ai pas hésité une seconde ! ».
Une jeune femme qui va signer son contrat aujourd’hui m’expliquait tout à l’heure qu’elle avait jusqu’à il y a quelques jours trois contrats en CDI à temps partiel. Avec ces trois contrats, elle ne gagnait même pas 1000 . Comment, dans ce contexte, trouver sa place et vivre dignement ?
C’est aussi pour eux l’opportunité de gagner leur vie, ce qui est essentiel pour voler de ses propres ailes et devenir autonome. Beaucoup m’ont parlé de leur souhait de prendre un logement « à eux » et certains m’ont même annoncé leur projet de mariage grâce à ce travail !
Mais l’emploi d’avenir, ce sera aussi la possibilité d’obtenir une qualification qui leur servira ensuite à enchaîner sur d’autres emplois, chez d’autres employeurs, notamment du secteur privé. Lors de ma dernière séance de signature, c’était à Fresnes, le mois dernier, l’un des jeunes m’a dit : « cet emploi, ce n’est pas qu’une paie, c’est aussi une formation. On nous donne une nouvelle chance ». Voilà, tout est dit dans ces quelques mots d’Hammadi.
A l’échelle du pays, ce seront 100 000 jeunes qui seront recrutés d’ici la fin de l’année prochaine et nous avons l’ambition de porter ce chiffre à 150 000 en 2014. Nous y consacrerons 2 milliards d’euros en 2013. ils devront être totalement consommés. C’est une somme importante parce que l’Etat a considéré que c’était son devoir d’être au côté des jeunes mais aussi et surtout parce que le Gouvernement ne voit pas ces 2 milliards comme une dépense mais comme un investissement. En Franche Comté, ce sont 1 500 jeunes qui seront recrutés en emplois d’avenir, 360 dans le département de la Haute-Saône.
Ici dans le département de la Haute-Saône, les acteurs de l’emploi, les communes, les associations et les jeunes croient au succès de ce qu’ils peuvent faire ensemble. Ils y croient et ils se remontent les manches pour le faire.
Je veux saluer l’engagement et le travail du service public de l’emploi et en particulier de la mission locale dont les agents ont accompagné les jeunes recrutés et continueront d’être à leurs côtés tout au long de leur contrat.
Je salue également l’engagement du département qui fait preuve, cher Yves, d’une grande inventivité dans les métiers proposés aux jeunes : c’est la première fois que je parraine des jeunes qui travailleront au service d’incendie et de secours et j’en suis très heureux. Cela montre bien que transmettre le savoir, s’appuyer sur l’énergie et l’envie d’apprendre des jeunes, c’est possible dans tous les secteurs d’activité des collectivités territoriales et des associations.
Je parle du SDIS mais il y a aussi l’office Hlm, le Conseil général.. et l’agence départementale d’ingéniérie dont le contrat sera signé aujourd’hui. Je salue aussi l’engagement de France Nature Environnement qui a souhaité ce matin conclure un emploi d’avenir : j’aurai le plaisir de parrainer également ce tout nouveau recrutement tout à l’heure.
Vous reconnaissez ainsi les compétences des jeunes, quel que soit leur parcours scolaire. Et ce sont de vraies missions, avec un vrai patron, il faudra être bon ! C’est comme ça, aussi, que vous pourrez ensuite valoriser cette expérience.
A travers les missions sur lesquelles les jeunes sont recrutés, nous leur disons que la société compte sur eux pour contribuer à la qualité de vie.
J’en profite pour saluer les tuteurs qui accompagneront les jeunes : il leur reviendra de transmettre des valeurs, des savoir-faire, de l’envie, du respect du travail bien fait
Je sais que cela demande un engagement personnel de chacun auprès du jeune. Vous êtes là parmi nous, vous jouerez les passeurs de témoin, c’est un rôle essentiel.
(en s’adressant aux jeunes) Pour conclure, c’est à vous, jeunes recrutés, que j’ai envie de m’adresser plus particulièrement : vous avez tous, à compter d’aujourd’hui, une grande responsabilité. Au moment de l’évaluation de l’efficacité de la loi des emplois d’avenir, nous nous tournerons vers vous et vous devrez alors non penser à vous-mêmes mais à ceux qui auront votre âge dans quelques années. Regardez les emplois jeunes : c’est parce qu’ils ont été un succès de professionnalisme certains sont même tuteurs d’emplois d’avenir aujourd’hui ! que les emplois d’avenir peuvent exister aujourd’hui. C’est grâce à eux que vous êtes là. Et c’est grâce à vous que demain d’autres jeunes pourront avoir la chance qui vous est offerte aujourd’hui.
Renvoyez la confiance à ceux qui vous ont fait confiance ! Mais je repars sans inquiétude après avoir senti votre volontarisme et l’engagement de vos employeurs !
Source http://travail-emploi.gouv.fr, le 19 mars 2013