Déclaration de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, sur les relations entre la France et le Nigeria, à Abuja le 16 mars 2013.

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Circonstance : Déplacement au Nigéria et au Cameroun du 15 au 17 mars-intervention devant la communauté française au Nigeria, à Abuja le 16 mars 2013

Texte intégral


Monsieur l'Ambassadeur, Mesdames et Messieurs, je ne sais pas si je vais parler de grandes perspectives, mais en tout cas je veux d'abord vous saluer. Je suis au Nigeria pour une visite très rapide. J'étais hier, et ce matin encore, au Cameroun. Je verrai le président du Nigeria dans quelques dizaines de minutes et ensuite je retournerai au Quai d'Orsay.
J'ai souhaité passer ces quelques moments avec vous pour vous dire des choses assez simples. Il se trouve que je viens ici dans des circonstances difficiles. Nous avons eu, au mois de décembre dernier, l'un des nôtres qui a été enlevé, et puis une famille enlevée il y a maintenant près d'un mois. Évidemment c'est un traumatisme pour tout le monde et pour la famille d'abord que j'ai vue à Paris. C'est un traumatisme pour l'ensemble des Français, qui ont été extrêmement secoués par ce qui s'est passé et c'est un choc pour vous aussi.
Et donc, j'ai pensé avec le président François Hollande qu'il fallait que je vienne même très rapidement. Pour vous dire qu'on est à vos cotés et que vous êtes - n'y voyez pas de concurrence inutile Monsieur l'Ambassadeur - tous des ambassadeurs. Vous êtes notre point avancé dans cette partie de l'Afrique et dans ce moment pas très facile à vivre. Il y a des difficultés générales et auxquelles se rajoutent des difficultés particulières.
Le Nigeria est l'un des très grands pays du futur. La France a beaucoup de choses à faire avec le Nigeria, on en fait déjà pas mal mais on peut en faire encore beaucoup plus. Et si on arrive à nouer toutes ces activités c'est parce que vous êtes là. Vous êtes là pour travailler dans des entreprises, dans le service public, ou dans différents secteurs. Je voulais d'abord vous remercier et vous dire que nous sommes à vos cotés.
Ces questions de sécurité, vous les vivez. Alors aujourd'hui c'est un jour particulier, c'est sûr. L'ambassadeur me disait que d'habitude, quand on vient depuis l'aéroport jusqu'ici, il faut prendre son mal en patience ; là cela circulait très vite. Mais nous sommes un jour d'élection qui entraîne toute une série de contraintes et vous avez dû montrer, peut être, des accréditations pour arriver jusque ici, ce qui explique que d'autres de nos amis n'ont pas pu nous rejoindre. Je vous suis donc d'autant plus reconnaissant d'avoir mobilisé votre temps pour venir ici.
Il faut que l'on croie au Nigeria, c'est l'un de nos grands partenaires en Afrique. C'est un très grand pays appelé à se développer encore et évidemment son développement est aussi lié à sa capacité à assurer une certaine sécurité. Les autorités font beaucoup d'efforts mais la situation n'est pas facile. Nous, nous sommes à leurs côtés, et ce pays et ses dirigeants ont très bien compris l'enjeu du terrorisme.
Si je m'éloigne un instant de la situation du pays, le Nigeria est aussi l'un des pays qui est à nos côtés dans ce qui se passe au Mali. Vous savez que nous sommes intervenus au Mali tout simplement parce que, si nous n'étions pas intervenus, le Mali devenait un État terroriste. Avec toutes les conséquences que cela aurait eues sur les pays voisins. Et en agissant comme nous l'avons fait, avec une série de partenaires africains, dont le Nigeria, nous avons découvert bien sûr ce que nous pressentions, c'est-à-dire des connexions entre les uns et les autres. Donc ce combat contre les groupes terroristes, il faut le mener avec détermination. C'est ce que nous faisons, même si bien sûr nous n'avons pas à faire reposer la totalité de l'effort sur nos épaules.
Nous croyons à ce pays, dans ses différentes villes, dans ses différentes régions, puisque c'est un État fédéral. Et pour montrer que nous y croyons, d'abord il y a votre présence et puis aussi des projections à moyen terme ou à long terme que nous faisons. L'ambassadeur a fait figurer le plan de l'ambassade que nous allons construire. Nous le voulons puisque la décision a été prise il y a déjà longtemps d'implanter une capitale ici, dans un endroit qui était complètement vide, désert ou quasiment il y a quelques années. C'est une décision qui a des raisons multiples, mais nous devons être là partout où l'activité nigériane va se développer.
Le président du Nigeria était il n'y a pas longtemps à Paris ; nous l'avons rencontré à plusieurs reprises déjà. Il entretient de bons contacts avec le président de la République française et je peux dire que le travail entre les entreprises et les administrations se fait bien.
Donc, ce qu'il faut, c'est que - petit à petit - ce pays arrive à surmonter les difficultés qui sont les siennes et qu'il puisse profiter de tous les atouts extraordinaires qui sont les siens.
Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que je voulais vous dire en peu de mots. Sachez que - et ce n'est pas une formule toute faite - nous mesurons en France tout ce que cela représente d'être ici. Mais il n'y a pas de grand pays - et la France est un grand pays - s'il n'y a pas de présence forte à l'étranger grâce à vous. Donc ce n'est pas à vous, comme certains d'entre vous l'ont très gentiment dit en arrivant, de me remercier d'être là, c'est à moi de vous remercier de ce que vous faites et de ce que vous êtes pour la France.
Merci.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 mars 2013