Texte intégral
Bonjour à toutes et à tous,
Il n'est pas très facile de conclure une réunion à laquelle on n'a pas assisté mais c'est la tâche que l'on m'a proposée et je vais donc essayer de m'y atteler.
Je vais d'abord vous dire le plaisir que c'est pour moi de me retrouver avec vous dans ce forum des femmes francophones. Tout à l'heure, je rencontrais une des oratrices de ce matin et elle m'a dit - ce qui prouve qu'elle mérite d'être diplomate - : «c'est très vivant».
C'est la première fois que se réunit, dans le cadre de la Francophonie, un tel forum. Il y a beaucoup de raisons de placer les femmes au coeur de la francophonie. J'ai retrouvé une citation terriblement sexiste du grand écrivain Anatole France, mais il faut entendre la citation dans son ensemble. Anatole France a écrit quelque part : «La langue française est une femme» ajoutant «elle est si aimable qu'on n'est jamais tenté de lui être infidèle». Mais je pense qu'Anatole France, qui est un grand écrivain, est passé un petit peu à côté de la question, parce que la langue française - et c'est la raison pour laquelle nous sommes tous rassemblés -, ce n'est pas seulement une langue, ce sont surtout des droits et des valeurs. Et c'est cela le sens de votre réunion aujourd'hui.
Je veux remercier Yamina Benguigui qui est à l'origine de ce projet - vous savez que l'on ne résiste pas à Yamina surtout quand on est d'accord avec elle ! Je veux saluer, par les forces de l'esprit, Abdou Diouf et le soutien apporté à l'organisation de ce forum par l'OIF. Je veux associer à ces remerciements la directrice de l'UNESCO, Mme Bokova et je veux - je sais qu'elle était parmi vous ce matin - rendre hommage à l'action remarquable de Michelle Bachelet, qui vient de décider de quitter la direction d'ONU Femmes et à laquelle je veux dire que nous la soutenons dans ses combats passé, présents et futurs - je vais me brouiller avec pas mal de monde !
L'organisation de cette journée est partie d'une constatation qui, finalement, est tragiquement simple : les femmes sont les premières victimes de multiples inégalités et de violences, pas seulement mais notamment dans de nombreux pays en développement. Cette réalité est d'autant plus choquante qu'il est établi d'une façon incontestable aujourd'hui que la promotion des droits des femmes, et notamment l'éducation, est une condition et un moteur du développement.
Agir pour les droits des femmes est donc, de toutes les façons qu'on la considère, une exigence, que ce soit sur le plan humain, le plan moral, le plan pratique, le plan économique.
Quand la situation des femmes progresse, c'est toute la société qui s'en trouve mieux. Le gouvernement français n'est pas à l'écart de cette question, et c'est pourquoi nous nous mobilisons, même s'il y a encore beaucoup d'efforts à réaliser dans ce domaine. En nous adressant, comme nous le faisons ici, aux pays du monde francophone pour faire progresser la cause des femmes, soyez convaincus - et j'espère que c'est ainsi que cette journée a été perçue - que nous le faisons sans aucune arrogance ni volonté de donner des leçons, nous n'avons aucun titre à le faire.
Nous voulons simplement avancer ensemble. C'est là le sens de la francophonie. Et c'est pourquoi la francophonie est une enceinte parfaitement adaptée pour promouvoir les droits des femmes.
Je veux saluer la qualité des débats de cette journée, tels qu'on me les a rapportés. Et je vais essayer, à partir de ce qui m'a été dit, de résumer quelques éléments auxquels vous êtes parvenus.
Premier thème de cette journée : les violences. C'est un fléau présent malheureusement presque partout. On a évoqué les combats dans la région des Kivu en RDC ; on a évoqué les témoignages de femmes utilisées - le mot est effroyable - comme des «outils» dans ce conflit ; on a évoqué les agressions sexuelles et les viols qui sont devenus une véritable stratégie de guerre ; et nous avons à l'oreille cette phrase, effrayante dans la mesure où elle traduit une réalité effrayante, «le corps des femmes est devenu le champ de bataille des hommes».
Mme Zerrougui, représentante spéciale du secrétaire générale des Nations unies pour les enfants dans les conflits armés, souligne que c'est l'avenir de la RDC qui se joue avec le sort de ces femmes. Et je veux saluer l'action de beaucoup de militantes et de militants qui agissent comme ils le font, et en particulier l'action du docteur Mukwege en faveur des survivantes pour leur permettre de se reconstruire.
Au Mali, l'intervention que mène la France, avec toute une série de partenaires africains, a pour origine, vous le savez, les abus insoutenables perpétrés par des groupes terroristes. Et ces abus ont visé, en particulier, les droits des femmes.
Nous devons veiller au déploiement, dans le cadre de la prochaine mission de l'ONU au Mali, de conseillers de protection des femmes qui seront chargés spécifiquement des questions de lutte contre les violences sexuelles.
Les résolutions «Femmes, paix et sécurité» du Conseil de sécurité des Nations unies apportent des outils utiles pour mettre un terme à l'impunité et garantir l'accès des victimes à la justice. C'est une priorité. Il faut absolument, vous en avez parlé, permettre aux femmes de dénoncer les violences dont elles sont victimes sans que cela ne se retourne contre elle : elles ne doivent pas être victimes deux fois. Les auteurs de ces crimes doivent savoir qu'ils ne resteront pas impunis.
Et, autre élément d'ensemble mais évidemment c'est une vie qu'il faudrait y consacrer, il faut d'abord, avant tout, tout le temps, faire évoluer les mentalités. L'éducation dès la première enfance est, nous le savons tous ici, décisive.
Le thème de la deuxième table ronde, précisément, concernait l'éducation. Pas seulement à l'égalité, mais plus largement, à l'éducation des jeunes filles. Les taux de scolarisation des filles, et cela a certainement été rappelé, ont progressé depuis l'adoption des Objectifs du Millénaire, mais il reste énormément à faire. Nous avons plus de 33 millions de jeunes filles qui ne vont pas à l'école dans le monde et deux tiers des analphabètes sont des femmes. En Afrique sub-saharienne, pour évoquer cette région particulière, plus de 40 % des filles n'ont été scolarisées que moins de quatre années.
Les conflits sont un facteur évident de retour en arrière. Par exemple, au Mali, les efforts éducatifs qui avaient été menés ont brutalement été remis en cause. Il y a eu, lors de cette journée, je le sais, beaucoup de témoignages concrets. Je pense au combat de Mme Sharia Falak, qui est la proviseure du lycée franco-afghan de Kaboul ; je l'avais rencontrée sur place et j'avais eu l'occasion de le dire devant ses élèves : au péril de sa vie, elle a organisé une école clandestine pour les filles pendant toute la période des Taliban.
Le maintien des filles à l'école est une condition du développement. C'est un objectif prioritaire. Il faut établir des systèmes éducatifs qui permettent aux jeunes filles de bénéficier d'une éducation complète et de qualité. Chez nous - nous sommes un pays qui a des problèmes mais qui est un pays très riche -, nous avons consacré près de 15 % de notre aide publique au développement au secteur de l'éducation. Et nous travaillons également, en partenariat avec le Fonds des Nations unies pour l'enfance, sur des projets spécifiques de lutte contre les violences en milieu scolaire en Afrique sub-saharienne.
Le combat pour l'égalité homme-femme est essentiel pour les pays du Sud, mais il ne se limite évidemment pas à ces pays. Chez nous aussi, l'égalité entre femmes et hommes en matière d'éducation, de formation, d'intégration professionnelle n'est pas acquise et nous devons agir davantage pour assurer une égalité réelle. Sans que revienne sans cesse la question dite «des stéréotypes» qui enferme les personnes dans des destins inégaux.
Nous savons que les filles réussissent à l'école aussi bien et même mieux sans doute que les garçons. Mais nous savons aussi que les garçons privilégient des filières de formation qui bénéficient des meilleures chances d'emploi. Donc, ils entrent plus rapidement dans la vie active. À l'inverse, les femmes demeurent par exemple sous-représentées dans les études scientifiques de haut niveau.
Troisième table ronde, les femmes actrices du développement économique.
Au Sud comme au Nord, les femmes participent d'une façon déterminante à la vie économique. Au Burkina 60 % des activités de production sont effectuées par les femmes et elles contribuent à 70 % du produit intérieur brut. Et pourtant, elles ne bénéficient pas pleinement des retombées positives de leur travail et elles se retrouvent beaucoup plus souvent que les hommes en situation de précarité. Là encore, de nombreux stéréotypes représentent un énorme facteur de blocage.
Plusieurs intervenantes - m'a-t-on rapporté - ont rappelé que c'est d'abord par l'emploi que va s'améliorer l'égalité homme-femme. Tous les membres de la Francophonie partagent cette préoccupation. Nous soutenons nous, la France, un projet pluriannuel qui vise l'acquisition par les femmes d'Afrique francophone de leur autonomie économique. Ce programme appuie treize ONG françaises et leurs partenaires locaux dans l'accompagnement des femmes africaines. Pour la période 2013-2015, nous voulons lancer en particulier un programme sur l'emploi des femmes et des jeunes en Tunisie, en Égypte et au Maroc. Ce n'est pas suffisant mais c'est un programme sur lequel nous insistons.
Je veux aussi saluer les approches innovantes comme les réseaux de femmes : ils leur permettent de se soutenir mutuellement, de faire reconnaître leurs compétences et d'accéder à des postes de responsabilité. Cela doit commencer par le haut car il ne s'agit pas que des ministres ou des présidents viennent donner des leçons aux uns et aux autres, sans s'appliquer ces leçons à eux-mêmes.
Modestement, depuis que je suis à la tête de la diplomatie française, nous avons nommé parmi les ambassadeurs 40 % de femmes, ce qui change par rapport à la situation préalable.
Mesdames et Messieurs, j'en ai terminé. Je pense que cette journée vivante, vivace, conviviale et qui n'est pas terminée car on vous attend dans quelques instants, je le sais, à l'Élysée, a été incontestablement positive. Je pense qu'elle a permis d'explorer de nouvelles pistes d'actions concrètes, qu'elle doit permettre une mobilisation accrue du monde francophone en faveur du droit des femmes. Et je veux vous remercier toutes et tous, venus parfois de loin, pour votre participation et vos contributions. Je veux rendre hommage en terminant, en notre nom à tous, j'en suis sûr, aux femmes victimes de violences, d'inégalité, de discrimination. Je veux saluer avec beaucoup de respect et aussi beaucoup de douleur, toutes les femmes qui se battent pour leurs droits. Je pense en particulier, en cet instant, aux femmes des printemps arabes qui ont joué et qui jouent souvent un rôle décisif et qui aujourd'hui sont légitimement et malheureusement inquiètes.
Je terminerai en disant ceci, la Francophonie, ce ne sont pas seulement des mots et une langue que nous avons en commun. La Francophonie, en tout cas pour moi, ce sont aussi et d'abord des valeurs, une certaine conception du développement et je dirais que l'on ne peut pas être francophone authentiquement si l'on n'a pas au coeur et dans sa pratique le respect des droits des femmes. Soutenons-les donc parce que les femmes, vous l'avez confirmé encore aujourd'hui, ce sont elles qui montrent le bon chemin.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 mars 2013
Il n'est pas très facile de conclure une réunion à laquelle on n'a pas assisté mais c'est la tâche que l'on m'a proposée et je vais donc essayer de m'y atteler.
Je vais d'abord vous dire le plaisir que c'est pour moi de me retrouver avec vous dans ce forum des femmes francophones. Tout à l'heure, je rencontrais une des oratrices de ce matin et elle m'a dit - ce qui prouve qu'elle mérite d'être diplomate - : «c'est très vivant».
C'est la première fois que se réunit, dans le cadre de la Francophonie, un tel forum. Il y a beaucoup de raisons de placer les femmes au coeur de la francophonie. J'ai retrouvé une citation terriblement sexiste du grand écrivain Anatole France, mais il faut entendre la citation dans son ensemble. Anatole France a écrit quelque part : «La langue française est une femme» ajoutant «elle est si aimable qu'on n'est jamais tenté de lui être infidèle». Mais je pense qu'Anatole France, qui est un grand écrivain, est passé un petit peu à côté de la question, parce que la langue française - et c'est la raison pour laquelle nous sommes tous rassemblés -, ce n'est pas seulement une langue, ce sont surtout des droits et des valeurs. Et c'est cela le sens de votre réunion aujourd'hui.
Je veux remercier Yamina Benguigui qui est à l'origine de ce projet - vous savez que l'on ne résiste pas à Yamina surtout quand on est d'accord avec elle ! Je veux saluer, par les forces de l'esprit, Abdou Diouf et le soutien apporté à l'organisation de ce forum par l'OIF. Je veux associer à ces remerciements la directrice de l'UNESCO, Mme Bokova et je veux - je sais qu'elle était parmi vous ce matin - rendre hommage à l'action remarquable de Michelle Bachelet, qui vient de décider de quitter la direction d'ONU Femmes et à laquelle je veux dire que nous la soutenons dans ses combats passé, présents et futurs - je vais me brouiller avec pas mal de monde !
L'organisation de cette journée est partie d'une constatation qui, finalement, est tragiquement simple : les femmes sont les premières victimes de multiples inégalités et de violences, pas seulement mais notamment dans de nombreux pays en développement. Cette réalité est d'autant plus choquante qu'il est établi d'une façon incontestable aujourd'hui que la promotion des droits des femmes, et notamment l'éducation, est une condition et un moteur du développement.
Agir pour les droits des femmes est donc, de toutes les façons qu'on la considère, une exigence, que ce soit sur le plan humain, le plan moral, le plan pratique, le plan économique.
Quand la situation des femmes progresse, c'est toute la société qui s'en trouve mieux. Le gouvernement français n'est pas à l'écart de cette question, et c'est pourquoi nous nous mobilisons, même s'il y a encore beaucoup d'efforts à réaliser dans ce domaine. En nous adressant, comme nous le faisons ici, aux pays du monde francophone pour faire progresser la cause des femmes, soyez convaincus - et j'espère que c'est ainsi que cette journée a été perçue - que nous le faisons sans aucune arrogance ni volonté de donner des leçons, nous n'avons aucun titre à le faire.
Nous voulons simplement avancer ensemble. C'est là le sens de la francophonie. Et c'est pourquoi la francophonie est une enceinte parfaitement adaptée pour promouvoir les droits des femmes.
Je veux saluer la qualité des débats de cette journée, tels qu'on me les a rapportés. Et je vais essayer, à partir de ce qui m'a été dit, de résumer quelques éléments auxquels vous êtes parvenus.
Premier thème de cette journée : les violences. C'est un fléau présent malheureusement presque partout. On a évoqué les combats dans la région des Kivu en RDC ; on a évoqué les témoignages de femmes utilisées - le mot est effroyable - comme des «outils» dans ce conflit ; on a évoqué les agressions sexuelles et les viols qui sont devenus une véritable stratégie de guerre ; et nous avons à l'oreille cette phrase, effrayante dans la mesure où elle traduit une réalité effrayante, «le corps des femmes est devenu le champ de bataille des hommes».
Mme Zerrougui, représentante spéciale du secrétaire générale des Nations unies pour les enfants dans les conflits armés, souligne que c'est l'avenir de la RDC qui se joue avec le sort de ces femmes. Et je veux saluer l'action de beaucoup de militantes et de militants qui agissent comme ils le font, et en particulier l'action du docteur Mukwege en faveur des survivantes pour leur permettre de se reconstruire.
Au Mali, l'intervention que mène la France, avec toute une série de partenaires africains, a pour origine, vous le savez, les abus insoutenables perpétrés par des groupes terroristes. Et ces abus ont visé, en particulier, les droits des femmes.
Nous devons veiller au déploiement, dans le cadre de la prochaine mission de l'ONU au Mali, de conseillers de protection des femmes qui seront chargés spécifiquement des questions de lutte contre les violences sexuelles.
Les résolutions «Femmes, paix et sécurité» du Conseil de sécurité des Nations unies apportent des outils utiles pour mettre un terme à l'impunité et garantir l'accès des victimes à la justice. C'est une priorité. Il faut absolument, vous en avez parlé, permettre aux femmes de dénoncer les violences dont elles sont victimes sans que cela ne se retourne contre elle : elles ne doivent pas être victimes deux fois. Les auteurs de ces crimes doivent savoir qu'ils ne resteront pas impunis.
Et, autre élément d'ensemble mais évidemment c'est une vie qu'il faudrait y consacrer, il faut d'abord, avant tout, tout le temps, faire évoluer les mentalités. L'éducation dès la première enfance est, nous le savons tous ici, décisive.
Le thème de la deuxième table ronde, précisément, concernait l'éducation. Pas seulement à l'égalité, mais plus largement, à l'éducation des jeunes filles. Les taux de scolarisation des filles, et cela a certainement été rappelé, ont progressé depuis l'adoption des Objectifs du Millénaire, mais il reste énormément à faire. Nous avons plus de 33 millions de jeunes filles qui ne vont pas à l'école dans le monde et deux tiers des analphabètes sont des femmes. En Afrique sub-saharienne, pour évoquer cette région particulière, plus de 40 % des filles n'ont été scolarisées que moins de quatre années.
Les conflits sont un facteur évident de retour en arrière. Par exemple, au Mali, les efforts éducatifs qui avaient été menés ont brutalement été remis en cause. Il y a eu, lors de cette journée, je le sais, beaucoup de témoignages concrets. Je pense au combat de Mme Sharia Falak, qui est la proviseure du lycée franco-afghan de Kaboul ; je l'avais rencontrée sur place et j'avais eu l'occasion de le dire devant ses élèves : au péril de sa vie, elle a organisé une école clandestine pour les filles pendant toute la période des Taliban.
Le maintien des filles à l'école est une condition du développement. C'est un objectif prioritaire. Il faut établir des systèmes éducatifs qui permettent aux jeunes filles de bénéficier d'une éducation complète et de qualité. Chez nous - nous sommes un pays qui a des problèmes mais qui est un pays très riche -, nous avons consacré près de 15 % de notre aide publique au développement au secteur de l'éducation. Et nous travaillons également, en partenariat avec le Fonds des Nations unies pour l'enfance, sur des projets spécifiques de lutte contre les violences en milieu scolaire en Afrique sub-saharienne.
Le combat pour l'égalité homme-femme est essentiel pour les pays du Sud, mais il ne se limite évidemment pas à ces pays. Chez nous aussi, l'égalité entre femmes et hommes en matière d'éducation, de formation, d'intégration professionnelle n'est pas acquise et nous devons agir davantage pour assurer une égalité réelle. Sans que revienne sans cesse la question dite «des stéréotypes» qui enferme les personnes dans des destins inégaux.
Nous savons que les filles réussissent à l'école aussi bien et même mieux sans doute que les garçons. Mais nous savons aussi que les garçons privilégient des filières de formation qui bénéficient des meilleures chances d'emploi. Donc, ils entrent plus rapidement dans la vie active. À l'inverse, les femmes demeurent par exemple sous-représentées dans les études scientifiques de haut niveau.
Troisième table ronde, les femmes actrices du développement économique.
Au Sud comme au Nord, les femmes participent d'une façon déterminante à la vie économique. Au Burkina 60 % des activités de production sont effectuées par les femmes et elles contribuent à 70 % du produit intérieur brut. Et pourtant, elles ne bénéficient pas pleinement des retombées positives de leur travail et elles se retrouvent beaucoup plus souvent que les hommes en situation de précarité. Là encore, de nombreux stéréotypes représentent un énorme facteur de blocage.
Plusieurs intervenantes - m'a-t-on rapporté - ont rappelé que c'est d'abord par l'emploi que va s'améliorer l'égalité homme-femme. Tous les membres de la Francophonie partagent cette préoccupation. Nous soutenons nous, la France, un projet pluriannuel qui vise l'acquisition par les femmes d'Afrique francophone de leur autonomie économique. Ce programme appuie treize ONG françaises et leurs partenaires locaux dans l'accompagnement des femmes africaines. Pour la période 2013-2015, nous voulons lancer en particulier un programme sur l'emploi des femmes et des jeunes en Tunisie, en Égypte et au Maroc. Ce n'est pas suffisant mais c'est un programme sur lequel nous insistons.
Je veux aussi saluer les approches innovantes comme les réseaux de femmes : ils leur permettent de se soutenir mutuellement, de faire reconnaître leurs compétences et d'accéder à des postes de responsabilité. Cela doit commencer par le haut car il ne s'agit pas que des ministres ou des présidents viennent donner des leçons aux uns et aux autres, sans s'appliquer ces leçons à eux-mêmes.
Modestement, depuis que je suis à la tête de la diplomatie française, nous avons nommé parmi les ambassadeurs 40 % de femmes, ce qui change par rapport à la situation préalable.
Mesdames et Messieurs, j'en ai terminé. Je pense que cette journée vivante, vivace, conviviale et qui n'est pas terminée car on vous attend dans quelques instants, je le sais, à l'Élysée, a été incontestablement positive. Je pense qu'elle a permis d'explorer de nouvelles pistes d'actions concrètes, qu'elle doit permettre une mobilisation accrue du monde francophone en faveur du droit des femmes. Et je veux vous remercier toutes et tous, venus parfois de loin, pour votre participation et vos contributions. Je veux rendre hommage en terminant, en notre nom à tous, j'en suis sûr, aux femmes victimes de violences, d'inégalité, de discrimination. Je veux saluer avec beaucoup de respect et aussi beaucoup de douleur, toutes les femmes qui se battent pour leurs droits. Je pense en particulier, en cet instant, aux femmes des printemps arabes qui ont joué et qui jouent souvent un rôle décisif et qui aujourd'hui sont légitimement et malheureusement inquiètes.
Je terminerai en disant ceci, la Francophonie, ce ne sont pas seulement des mots et une langue que nous avons en commun. La Francophonie, en tout cas pour moi, ce sont aussi et d'abord des valeurs, une certaine conception du développement et je dirais que l'on ne peut pas être francophone authentiquement si l'on n'a pas au coeur et dans sa pratique le respect des droits des femmes. Soutenons-les donc parce que les femmes, vous l'avez confirmé encore aujourd'hui, ce sont elles qui montrent le bon chemin.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 mars 2013