Texte intégral
Le président des États-Unis et le président de la Commission veulent lancer les négociations d'un partenariat transatlantique pour le commerce et l'investissement. La Commission vient d'adopter une proposition de mandat de négociation qu'elle soumettra à l'approbation des États membres. Je l'examinerai avec soin au regard de nos valeurs et de nos intérêts, conformément au cap fixé par le président de la République.
J'accueille, néanmoins, favorablement cette initiative, consciente que, dans cette période de changement de monde, toute tentation de repli se paierait durement à terme pour nos peuples. Pour la France, je m'engagerai donc dans la discussion avec conviction, réalisme, détermination et... ambition.
Conviction, car cet accord serait une reconnaissance de la place éminente de l'Europe, toujours la première puissance économique du monde, à l'heure où les spécialistes de géopolitique nous annoncent le siècle du Pacifique et le basculement sans nostalgie des États-Unis vers l'Asie. Énergies renouvelables, biotechnologies, numérique, services : les partenariats, l'émulation, les marchés seront encore pour longtemps très euro-américains. J'ai procédé à une vaste consultation de nos entreprises. Très majoritairement, elles sont positives et jugent l'exercice stimulant.
Réalisme : car je n'ignore pas les obstacles que nous allons trouver sur notre route.
Nos structures de décision ne sont pas les mêmes : les États-Unis sont un pays fédéral. Dans bien des cas, ce sont les États fédérés qui définissent des règles pouvant dresser des obstacles à nos exportations.
Au-delà de valeurs communes qui ont fait de nous des alliés aux moments les plus difficiles, et les plus décisifs, de notre histoire, les visions du monde de nos citoyens sur bon nombre de sujets diffèrent, à commencer par l'attachement à la solidarité en Europe ou le déterminant religieux dans la vie publique aux États-Unis.
Détermination : qu'on ne compte donc pas sur moi pour fragiliser, sous couvert de libéralisation commerciale, nos choix de société. Je pense bien sûr aux sujets de sécurité alimentaire ou environnementale : les choix européens ne relèvent pas ici d'un protectionnisme économique, mais d'une volonté délibérée de protéger les consommateurs et de garantir la qualité des produits qui leur sont proposés. Je pense aussi à l'audiovisuel, qui doit être exclu clairement de l'accord : le secteur de la création ne peut être enfermé dans sa «traduction» économique. Je pense au sujet central de la défense de la vie privée des citoyens internautes, qui ne doivent pas devenir «objets de consommation» dans des sociétés dont le modèle économique reposerait sur la manipulation des pulsions d'achat plutôt que sur une volonté d'aider à mieux communiquer. Sur tous ces points, je serai intransigeante.
Ambition : elle concerne le champ de la négociation. Sur les marchés publics, rêvons un peu. Au «Buy american», qui pénalise nos entreprises, pourquoi ne pas substituer un «Buy transatlantic» qui témoignerait de la profondeur de notre engagement réciproque ? Et pourquoi, du côté européen, ne pas mettre en oeuvre les exceptions dans les commandes de marchés publics, en faveur des PME ou des populations défavorisées, qui contribuent au dynamisme de l'entrepreneuriat américain ?
En matière sociale et environnementale, l'administration du président Obama est plus proche des Européens que les États-Unis ne le sont traditionnellement. Pourquoi ne pas en profiter pour développer un socle de normes communes, qui deviendront la référence universelle afin que les échanges de demain se bâtissent bien davantage sur le respect et le développement des personnes et de l'environnement ?
Bref, cet accord doit être ambitieux et novateur. Et je garderai à l'esprit que, pour faire sens historiquement, l'Union européenne doit constituer un pôle de développement mieux intégré, visant à hausser sa compétitivité globale au travers de l'innovation sous toutes ses formes. C'est la condition pour peser dans la mondialisation et réussir la transition écologique de nos économies.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 mars 2013
J'accueille, néanmoins, favorablement cette initiative, consciente que, dans cette période de changement de monde, toute tentation de repli se paierait durement à terme pour nos peuples. Pour la France, je m'engagerai donc dans la discussion avec conviction, réalisme, détermination et... ambition.
Conviction, car cet accord serait une reconnaissance de la place éminente de l'Europe, toujours la première puissance économique du monde, à l'heure où les spécialistes de géopolitique nous annoncent le siècle du Pacifique et le basculement sans nostalgie des États-Unis vers l'Asie. Énergies renouvelables, biotechnologies, numérique, services : les partenariats, l'émulation, les marchés seront encore pour longtemps très euro-américains. J'ai procédé à une vaste consultation de nos entreprises. Très majoritairement, elles sont positives et jugent l'exercice stimulant.
Réalisme : car je n'ignore pas les obstacles que nous allons trouver sur notre route.
Nos structures de décision ne sont pas les mêmes : les États-Unis sont un pays fédéral. Dans bien des cas, ce sont les États fédérés qui définissent des règles pouvant dresser des obstacles à nos exportations.
Au-delà de valeurs communes qui ont fait de nous des alliés aux moments les plus difficiles, et les plus décisifs, de notre histoire, les visions du monde de nos citoyens sur bon nombre de sujets diffèrent, à commencer par l'attachement à la solidarité en Europe ou le déterminant religieux dans la vie publique aux États-Unis.
Détermination : qu'on ne compte donc pas sur moi pour fragiliser, sous couvert de libéralisation commerciale, nos choix de société. Je pense bien sûr aux sujets de sécurité alimentaire ou environnementale : les choix européens ne relèvent pas ici d'un protectionnisme économique, mais d'une volonté délibérée de protéger les consommateurs et de garantir la qualité des produits qui leur sont proposés. Je pense aussi à l'audiovisuel, qui doit être exclu clairement de l'accord : le secteur de la création ne peut être enfermé dans sa «traduction» économique. Je pense au sujet central de la défense de la vie privée des citoyens internautes, qui ne doivent pas devenir «objets de consommation» dans des sociétés dont le modèle économique reposerait sur la manipulation des pulsions d'achat plutôt que sur une volonté d'aider à mieux communiquer. Sur tous ces points, je serai intransigeante.
Ambition : elle concerne le champ de la négociation. Sur les marchés publics, rêvons un peu. Au «Buy american», qui pénalise nos entreprises, pourquoi ne pas substituer un «Buy transatlantic» qui témoignerait de la profondeur de notre engagement réciproque ? Et pourquoi, du côté européen, ne pas mettre en oeuvre les exceptions dans les commandes de marchés publics, en faveur des PME ou des populations défavorisées, qui contribuent au dynamisme de l'entrepreneuriat américain ?
En matière sociale et environnementale, l'administration du président Obama est plus proche des Européens que les États-Unis ne le sont traditionnellement. Pourquoi ne pas en profiter pour développer un socle de normes communes, qui deviendront la référence universelle afin que les échanges de demain se bâtissent bien davantage sur le respect et le développement des personnes et de l'environnement ?
Bref, cet accord doit être ambitieux et novateur. Et je garderai à l'esprit que, pour faire sens historiquement, l'Union européenne doit constituer un pôle de développement mieux intégré, visant à hausser sa compétitivité globale au travers de l'innovation sous toutes ses formes. C'est la condition pour peser dans la mondialisation et réussir la transition écologique de nos économies.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 mars 2013