Texte intégral
Monsieur le Ministre de l'économie et des finances,
Monsieur le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin,
Madame la Présidente,
Madame la Ministre,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Le Quai d'Orsay doit être aussi, à travers toutes ses tâches, la maison des entreprises. Et grâce à votre présence, il l'est aujourd'hui, plus sans doute qu'il ne l'a jamais été. Je suis donc très heureux d'avoir pu vous y accueillir pour cette première rencontre «Quai d'Orsay - Entreprises». On me dit que plus de 800 représentants d'entreprises, selon les organisateurs, - grands groupes, PME, ETI - ont répondu présent. Je m'en réjouis, je vous salue et je vous remercie beaucoup de votre présence
Pourquoi faire de la diplomatie économique une priorité de l'action de cette Maison ? La réponse est une évidence. Le redressement économique du pays est la priorité de toute notre action. Tous les ministères, sous l'autorité du président de la République et du Premier ministre, doivent y contribuer. Il serait paradoxal que le quai d'Orsay, ministère des crises partout dans le monde et qui est le ministère de l'action extérieure de la France ne se préoccupe pas de la crise économique et de la mutation la plus profonde qui, précisément, intervient dans ce champ.
Je ne reviendrai pas sur le constat qui vient d'être brillamment dressé et vous le connaissez come moi. Notre pays dispose d'atouts majeurs, de grandes entreprises leaders dans leur domaine, des PME innovantes, des infrastructures performantes, une main-d'oeuvre qualifiée, une recherche de premier plan, mais depuis pas mal d'années, notre compétitivité s'est dégradée. Et le juge de paix en la matière, c'est notre déficit commercial.
Nous nous sommes fixés comme objectif, Pierre l'a rappelé, de retrouver l'équilibre de notre balance commerciale hors énergie en 2017. C'est très ambitieux et pourtant, c'est nécessaire. Les clés de notre croissance, donc de l'emploi, résident dans la performance de notre appareil productif, dans notre aptitude à conquérir les marchés internationaux et dans notre capacité à attirer chez nous des investisseurs et des entreprises. Depuis maintenant plusieurs mois, de nombreuses décisions en ce sens ont été prises ou sont en cours, elles ont été bien rappelées.
Je cite le principal, le pacte pour la croissance, la compétitivité et l'emploi, un plan pour les investissements d'avenir, la création de la BPI, l'accord sur la sécurisation de l'emploi, la réforme de la formation. La plupart de ces mesures sont opérationnelles, notamment ce fameux crédit d'impôt compétitivité-emploi. Elles sont à la disposition de toutes les entreprises, même si, malheureusement, elles sont trop peu connues encore.
Cet objectif exige aussi un effort pour mieux organiser le soutien public à nos entreprises à l'étranger et développer l'attractivité de la France. C'est le rôle de la diplomatie économique, contribution dont, en particulier, ce ministère a la charge, pour participer, dans les compétences qui sont les siennes, à l'effort collectif de redressement.
Bien sûr, l'administration ne peut pas se substituer aux entreprises, mais le Quai d'Orsay doit leur être grand ouvert et les appuyer. C'est d'autant plus nécessaire que, j'y insiste souvent, a contrario d'un certain nombre de choses que je lis ou que j'entends, nous ne vivons pas seulement une crise et peut-être essentiellement une crise, mais un véritable changement du monde. Celui-ci est à la fois bouleversé et éclaté. Il est bouleversé car la hiérarchie des puissances est toute transformée. Éclaté, car les instruments de régulation sont remis en cause, les technologies «explosent» et parce que de nombreux acteurs nouveaux concurrencent désormais le pouvoir des États.
Vous êtes confrontés, en tant qu'entrepreneurs, à ces changements, vous devez les prendre en compte, tout comme nous, dont c'est la mission de les penser, de les orienter et d'y adapter notre action extérieure. Dans ce monde très incertain, très concurrentiel, le Quai d'Orsay dispose d'une expertise, par définition internationale, qui doit être utilisée par nos entreprises. J'ajoute que dans de nombreux pays, et non des moindres, la sphère économique, la sphère politique et diplomatique se recoupent largement.
C'est pour répondre à tous ces objectifs que, sous l'impulsion du président de la République et du Premier ministre, nous avons décidé d'agir pour vous et avec vous, selon des modalités, s'agissant de cette Maison, que je souhaite rappeler rapidement.
Bien entendu, la mobilisation de nos ambassadeurs et de l'ensemble de notre réseau diplomatique au service de nos entreprises n'est pas une nouveauté. On ne m'a pas attendu pour faire de la diplomatie économique. Beaucoup d'entre vous ont déjà bénéficié depuis des années de l'aide et de l'appui de cette maison et de mes prédécesseurs. Mais il m'est apparu nécessaire et possible de faire plus et mieux pour développer le «réflexe économique» au service de l'activité en France. Dans un contexte marqué par une concurrence mondiale de plus en plus forte en matière d'exportations ou d'attractivité des territoires et du côté de l'administration, par une exigence d'un usage meilleur des moyens publics.
Nous avons donc décidé de mobiliser l'ensemble des administrations qui sont impliquées dans le domaine économique international avec trois objectifs principaux.
Le premier, c'est de soutenir les entreprises dans leur expansion internationale et dans leur conquête des marchés, le deuxième, c'est promouvoir le site France auprès des investisseurs étrangers et le troisième, plus original mais aussi nécessaire, c'est de systématiser l'intégration de nos intérêts économiques en amont de nos prises de position dans les négociations européennes et internationales. Le plan export élaboré par la Ministre Nicole Bricq, ciblant à la fois des secteurs prioritaires et des pays à fort potentiel est appliqué par l'ensemble du gouvernement. Nous ne pouvons pas nous permettre je ne sais quelle dispersion.
Pierre Moscovici est là - et je l'en remercie - pour témoigner que ce travail donne lieu à une étroite coopération entre cette Maison et Bercy, deux Maisons que je connais - pour des raisons qui ne me rajeunissent pas - assez bien.
Son administration et ses opérateurs - les services économiques à l'étranger de la Direction générale du Trésor, Ubifrance, la Coface, l'Agence française pour les Investissements internationaux, d'autres encore, - sont le bras armé - et souvent financier - de l'action économique internationale. Notre diplomatie, elle, a un rôle large et décisif, qui est celui de mobiliser tous nos outils d'action, d'influence et de rayonnement qui ne sont pas seulement économiques au sens immédiat, en faveur de nos entreprises et de l'attractivité de notre territoire. Cela implique notamment le soutien diplomatique aux entreprises, aux territoires, aux collectivités. Quand il est besoin d'une intervention, la mobilisation directe de l'ambassadeur est en général un canal efficace.
Ces administrations et ces réseaux - affaires étrangères, services économiques extérieurs, opérateurs du commerce extérieur, etc. - ont donc des missions complémentaires, c'est le mot qui a été utilisé à juste titre tout à l'heure. J'ai pensé qu'il n'y avait pas lieu, au moment où cette stratégie de diplomatie économique a été fixée de s'engager dans je ne sais quel meccano institutionnel. Mais il fallait mobiliser, dynamiser et coordonner nos actions et c'est ce que nous faisons.
J'ajoute que le réseau du commerce extérieur a opéré des choix judicieux, je pense, quant à sa présence et concentré ses moyens sur un certain nombre de pays prioritaires, comme d'ailleurs la plupart des réseaux publics à l'étranger. Bercy dispose d'une centaine de services économiques, Ubifrance est installé dans une soixantaine de pays. Le réseau diplomatique, lui, qui évolue bien sûr, mais il reste «universel». Nous avons 163 ambassades, 92 consulats et nous couvrons le monde entier. Nous pouvons donc apporter un soutien local indispensable à nos entreprises, notamment mais pas uniquement, dans ce qu'on appelle les «postes orphelins», c'est-à-dire privés de la présence du réseau économique.
Bref, l'administration française doit travailler en équipe pour aider nos entreprises dans leurs activités à l'étranger, équipe qui doit respecter les compétences de chacun mais qui a, juridiquement, administrativement un chef qui est l'ambassadeur.
La priorité pour la diplomatie économique, ce sont donc des améliorations concrètes, rapides, directement utiles.
La première exigence, c'est très à la mode mais c'est nécessaire, c'est de simplifier et mieux coordonner. Un exemple : l'ambassadeur était, jusqu'ici, doté d'une lettre de mission différente de celle de son chef de service économique. Il arrivait donc que leurs objectifs, - il faut que je sois diplomate - ne soient pas pleinement convergents. Par un simple accord entre les deux ministères, sans nouvelle loi, nos processus sont désormais alignés et coordonnés.
À Paris, ici même, au sein de cette Maison, tous les services compétents en matière économique et commerciale ont désormais été réunis dans une seule direction appelée la direction des entreprises. Cette réorganisation s'est faite à coût constant. Cette direction constitue ainsi un point de contact unique facilement identifiable pour les entreprises - notamment les PME - et pour les autres acteurs concernés. Elle met en oeuvre le plan d'action pour la diplomatie économique et elle coordonne le «back-office» de l'action économique de nos ambassades. Pour les postes «orphelins», qui n'ont donc pas de service économique ni présence d'Ubifrance, une équipe spécifique leur vient en soutien pour faire le lien notamment avec Bercy. Nous suivons les négociations économiques à travers cette direction, - notamment le G20, le G8, le FMI -. Cette nouvelle direction structure davantage son dialogue avec les entreprises, afin de mieux prendre en compte en amont les intérêts offensifs et défensifs.
C'est la première mesure à la fois coordination, ambassadeurs et direction des entreprises.
Dans nos représentations diplomatiques les plus importantes, j'ai également demandé que soient mis en place des conseils économiques autour de nos ambassadeurs, c'est un mot qui peut faire image, il s'agit tout simplement de rassembler à parité autorités publiques et entreprises privées afin d'améliorer le partage d'informations, la réactivité et les besoins des entreprises. À ce jour, plus de 80 conseils économiques ont été mis en place, ce qui est un niveau favorable de mobilisation. Ce n'est pas une institution nouvelle mais une instance, je dirai de gouvernance stratégique, qui, dans certains postes existait déjà mais de manière informelle.
Pour compléter ce dispositif, j'ai nommé, et ils sont présents parmi nous et je les en remercie, des «représentants spéciaux» pour accompagner les relations économiques avec certains pays clefs et les porter à haut niveau : Mme Aubry pour la Chine, M. Chevènement pour la Russie, Philippe Faure pour le Mexique, Paul Hermelin pour l'Inde, Louis Schweitzer pour le Japon et Jean-Pierre Raffarin pour l'Algérie ainsi que M. Sellal pour les Émirats Arabes Unis. Ils sont présents aujourd'hui et je veux vraiment chaleureusement les en remercier. Ils appuient bénévolement les efforts de l'État sur des pays qu'ils connaissent particulièrement bien. J'ai déjà pu constater que cela aide.
Dans cette même logique d'aide concrète, immédiate, des ambassadeurs expérimentés ont été mis à disposition des présidents de région qui le souhaitent. C'est une initiative, nous en verrons le résultat pour favoriser le rapprochement entre les régions françaises, leur tissu économique local et le réseau international. Les régions connaissent en effet le potentiel et les atouts des entreprises locales. En proposant une interface claire et souple, ces «ambassadeurs pour les régions» - j'en ai rencontré déjà plusieurs qui sont extrêmement intéressés par le début de leur travail -, ces ambassadeurs vont pouvoir irriguer le réseau diplomatique d'informations sur l'offre productive française capable de répondre à la demande internationale, et valoriser l'excellence de nos territoires auprès des investisseurs étrangers, en liaison avec l'AFII.
Grâce à cette organisation que je pense plus efficace, nous allons étendre notre action. Déjà, le Quai d'Orsay a pu élargir le nombre des secteurs stratégiques suivis. Traditionnellement. Traditionnellement, on me dit que nos diplomates portaient une attention particulière aux grands contrats passés dans les secteurs qui ont faits notre réputation d'excellence à juste titre : défense, aéronautique, nucléaire civil, transports. Désormais un suivi attentif est également effectué pour les énergies renouvelables, les mines, la chimie, l'agroalimentaire, la santé, la ville durable et, bientôt, le tourisme. De même il ne faut jamais l'oublier, pour le commerce courant.
Nous nous inscrivons aussi dans la pertinente stratégie des filières qui a été mise au point par le ministère du redressement productif. Car, derrière un grand contrat, il y a des sous-traitants, des équipementiers, des fournisseurs français qu'il faut aider, porter, soutenir. Un contrat remporté c'est un événement, mais une série de contrats devient une avancée stratégique et en général aussi statistique. C'est une des nouveautés de cette diplomatie économique : porter également ces sous-traitants, ces pépites industrielles, souvent trop petites pour avoir l'habitude ou le courage de franchir le seuil des ambassades. Il nous faut développer le «réflexe économique» mais c'est aux entreprises, on l'avait déjà dit dans la première conférence des ambassadeurs que j'ai présidée, de développer le «réflexe diplomatique».
Les grands groupes peuvent nous y aider : ils connaissent bien ces PME, les soutenir est une démarche «gagnant-gagnant». Une PME qui est introduite sur le marché devient à son tour un ambassadeur du savoir-faire et des solutions françaises que propose le grand groupe. Nous travaillons également à cette fin avec les 71 pôles de compétitivité français, dont les 18 pôles mondiaux.
Nous étendons également notre action - c'est nouveau - en matière de recherche d'investisseurs notamment auprès des fonds souverains et grands fonds d'investissements susceptibles d'investir en France. L'action de nos ambassadeurs vient en complément des services de l'AFII dans les pays où l'Agence est présente en participant à haut niveau à l'établissement de liens de confiance avec les investisseurs. Là où l'AFII n'est pas représentée, nos ambassadeurs s'y substituent pour rechercher de nouveaux investisseurs. Car il est rare, et ce ne serait pas vraiment à porter au crédit des ambassadeurs, qu'ils ne connaissent point les personnes physiques ou les personnes privées susceptibles d'investir en France.
Je le disais en commençant : nous vivons un évident changement de monde qui voit l'émergence de nouvelles puissances, qui sont autant de nouveaux marchés ou de nouveaux investisseurs potentiels. Nous avons engagé une adaptation de notre appareil diplomatique afin qu'il se renforce auprès de ces puissances, là où se construit le monde de demain. Nous nous portons davantage vers l'Asie (notamment l'Asie centrale), vers l'Afrique, l'Amérique du sud, la Russie - pays et continents où beaucoup d'entre nous se sont rendus récemment.
Nous nous renforçons auprès des grands émergents - Chine, Inde, Brésil. Mais aussi - cela n'a pas été suffisamment le cas dans le pass?? et pour des raisons diverses, - vers ceux que l'on peut appeler de manière imparfaite les néo-émergents Je pense notamment au Mexique, à la Colombie, au Pérou, à la Turquie, Indonésie, Afrique du Sud, d'autres encore. Ces pays sont souvent de nouvelles cibles de développement et nous devons y être opérationnels avec les moyens nécessaires pour y aider nos entreprises.
Faire de la diplomatie économique une priorité, c'est aussi mettre tous nos outils au service de nos entreprises et de l'attractivité de notre territoire. Je n'ai jamais pensé qu'il y avait d'un côté le culturel, de l'autre le scientifique, le stratégique, l'économique, que sais-je encore. L'ensemble de nos actions et de nos politiques doivent être revues à travers le prisme de la diplomatie économique.
Le président, le Premier ministre, plusieurs de mes collègues du gouvernement et moi-même y contribuons, en incluant dans nos déplacements un volet économique, qui fait l'objet d'un suivi opérationnel précis afin que les engagements se traduisent concrètement.
Parmi nos outils d'influence, nous disposons des services scientifiques à l'étranger. Nous allons les rapprocher des entreprises et des pôles de compétitivité et les positionner sur les secteurs innovants à forte valeur ajoutée prioritaires pour notre pays. Je pense notamment au développement urbain durable, aux nanotechnologies ou aux énergies renouvelables. Vous avez abordé, je le sais, lors d'une table-ronde cette coopération nécessaire en matière de recherche et de développement entre les entreprises et entreprises et acteurs publics.
Autre domaine important : nous sommes en train de revoir avec Manuel Valls, le ministre de l'intérieur, notre politique des visas pour en faire un véritable outil au service de l'attractivité. Une approche trop étroite a probablement prévalu dans le passé. Cela a pu a représenté un handicap pour notre pays. Je m'explique : il y a un aspect de politique migratoire dans la politique des visas que chaque pays doit avoir mais il y a aussi un aspect attractivité. Il ne faut pas prendre un aspect et oublier l'autre. Des instructions ont donc été adressées à nos consulats afin de faciliter la délivrance des visas de circulation à destination des hommes d'affaires, des chercheurs, des universitaires, des artistes, des intellectuels, et des touristes. Des partenariats avec les entreprises visant à faciliter la circulation de leurs employés et de leurs clients sont également proposés. Au lieu d'envoyer un message généralisé de renfermement, nous voulons adresser un message de bienvenue à tous ceux qui par leur activité ou leur visite contribuent à notre croissance. En complément, un important travail de fond visant à faciliter le tourisme, activité économique tout à fait essentielle pour notre pays, est en cours.
Comme point concret, cela peut paraître très trivial mais le trivial fait partie de la vie, un passeport «grands voyageurs» de 48 pages au lieu de 32 est instauré afin d'éviter à nos compatriotes grands voyageurs - et il y en a, il n'y a pas que moi - de devoir renouveler leurs passeports trop souvent.
Je ne sais pas si ceci sera mal interprété, des «valises Itinéra», véritables consulats mobiles, sont mises en place dans les pays de grande taille afin d'éviter à nos expatriés de devoir se déplacer dans les consulats. Les procédures auront lieu lors des tournées consulaires auprès des communautés et implantations françaises. Cela devrait faciliter la vie des employés des entreprises françaises expatriés.
Au service notamment des expatriés, vous savez que la France dispose du réseau scolaire à l'étranger le plus étendu du monde, puisqu'il comporte, outre les Alliances françaises, près de 500 écoles dans 130 pays et que nous accueillons 300.000 élèves, soit une augmentation en vingt ans de la moitié. C'est une force absolument extraordinaire et ce réseau est là pour accompagner l'évolution des communautés françaises à l'étranger. Son développement accompagnera en particulier les besoins des entreprises.
J'ai aussi souhaité que notre réseau culturel qui dépend aussi de cette Maison contribue à la valorisation de la marque France, par le rayonnement culturel et la promotion de l'art de vivre à la française qui sont des atouts précieux. Les cofinancements privés de programmes culturels, ont atteint près de 150 Meuro en 2012, ils vont continuer. Ils permettent d'accompagner l'expansion des entreprises sur des marchés stratégiques. Dans le même esprit, cela semble être un domaine différent mais tout cela est lié, notre coopération universitaire va aider à notre présence dans les pays prioritaires pour notre développement économique. Toute une série d'efforts avec près de 100 millions d'euros sont affectés par la France à la coopération universitaire, notamment pour la formation indispensable des étudiants étrangers. Il n'y a pas de meilleur ambassadeur qu'un étudiant étranger venu ici, qui a réussi sa scolarité, qui peut-être débute un emploi ici et qui revient ailleurs ; il sera toute la vie l'ambassadeur des technologies françaises, des entreprises françaises et tout simplement de la France.
Plus généralement, je pense aussi à la francophonie qui n'est pas du tout une vieille lune mais qui représentent, outre ses autres vertus, un atout économique également majeur dans le cadre de notre diplomatie francophone.
Nous allons donc développer les mécanismes de coopérations économiques.
N'oublions jamais que cet espace francophone, c'est 15 % de la richesse mondiale !
Enfin, nous menons une diplomatie du développement active et reconnue. Nous devons l'articuler sans doute encore mieux avec nos priorités économiques et nos entreprises. Des orientations ont été données en ce sens, en particulier, à l'Agence française de développement. Leurs résultats seront évalués.
Dernier point : pour mettre en oeuvre cette politique, le Quai d'Orsay a besoin de femmes et d'hommes qui connaissent bien le monde des entreprises. La mobilité des collaborateurs du Quai dans les entreprises sera donc facilitée afin de permettre à un plus grand nombre de diplomates d'acquérir une connaissance concrète de première main des entreprises, de leurs besoins et de leur fonctionnement. J'espère que les entreprises - j'en suis sûr - nous y aideront : tout le monde y gagnera, car les diplomates ont beaucoup à apporter au monde de l'entreprise. En matière de recrutement direct de cette maison, je souhaite également attirer davantage de profils issus de nos écoles de commerce.
Mesdames et Messieurs,
En quelques mois, je crois que nous avons fait de la priorité pour la diplomatie économique une réalité. Cet effort était sans doute déjà en chemin, mais le Quai d'Orsay s'est fortement mobilisé et, puisque nous sommes ici, tous ensemble réunis, je veux vraiment en remercier tous les collaborateurs quelque soit leur rang hiérarchique parce qu'ils ont fait un très grand travail. L'accueil des milieux économiques à cette orientation est très positif. Les principaux outils que nous avons souhaité mettre en place sont désormais opérationnels et à votre service pour répondre à vos demandes, là où sont vos besoins et les marchés qui vous intéressent.
J'ai dit que nous changions de monde, c'est un truisme, ce qui l'est moins c'est que le ministère des Affaires étrangères, comme les autres, doit s'adapter, pour répondre avec vous aux défis de ce nouveau monde. Avec tous mes collègues du gouvernement, nous sommes attachés à agir pour y permettre le redressement et le développement de l'économie française et de ses entreprises, au service de l'emploi.
Ma conclusion tient en peu de mots : cette maison - je m'adresse aux chefs d'entreprise - est aussi votre maison. Elle l'était aujourd'hui, et vous êtes venus nombreux. On ne peut pas vouloir, comme nous le souhaitons tous, soutenir les entreprises et ne pas en même temps soutenir les entrepreneurs. C'est donc ensemble que nous réussirons le redressement de la France. Merci beaucoup.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 avril 2013
Monsieur le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin,
Madame la Présidente,
Madame la Ministre,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Le Quai d'Orsay doit être aussi, à travers toutes ses tâches, la maison des entreprises. Et grâce à votre présence, il l'est aujourd'hui, plus sans doute qu'il ne l'a jamais été. Je suis donc très heureux d'avoir pu vous y accueillir pour cette première rencontre «Quai d'Orsay - Entreprises». On me dit que plus de 800 représentants d'entreprises, selon les organisateurs, - grands groupes, PME, ETI - ont répondu présent. Je m'en réjouis, je vous salue et je vous remercie beaucoup de votre présence
Pourquoi faire de la diplomatie économique une priorité de l'action de cette Maison ? La réponse est une évidence. Le redressement économique du pays est la priorité de toute notre action. Tous les ministères, sous l'autorité du président de la République et du Premier ministre, doivent y contribuer. Il serait paradoxal que le quai d'Orsay, ministère des crises partout dans le monde et qui est le ministère de l'action extérieure de la France ne se préoccupe pas de la crise économique et de la mutation la plus profonde qui, précisément, intervient dans ce champ.
Je ne reviendrai pas sur le constat qui vient d'être brillamment dressé et vous le connaissez come moi. Notre pays dispose d'atouts majeurs, de grandes entreprises leaders dans leur domaine, des PME innovantes, des infrastructures performantes, une main-d'oeuvre qualifiée, une recherche de premier plan, mais depuis pas mal d'années, notre compétitivité s'est dégradée. Et le juge de paix en la matière, c'est notre déficit commercial.
Nous nous sommes fixés comme objectif, Pierre l'a rappelé, de retrouver l'équilibre de notre balance commerciale hors énergie en 2017. C'est très ambitieux et pourtant, c'est nécessaire. Les clés de notre croissance, donc de l'emploi, résident dans la performance de notre appareil productif, dans notre aptitude à conquérir les marchés internationaux et dans notre capacité à attirer chez nous des investisseurs et des entreprises. Depuis maintenant plusieurs mois, de nombreuses décisions en ce sens ont été prises ou sont en cours, elles ont été bien rappelées.
Je cite le principal, le pacte pour la croissance, la compétitivité et l'emploi, un plan pour les investissements d'avenir, la création de la BPI, l'accord sur la sécurisation de l'emploi, la réforme de la formation. La plupart de ces mesures sont opérationnelles, notamment ce fameux crédit d'impôt compétitivité-emploi. Elles sont à la disposition de toutes les entreprises, même si, malheureusement, elles sont trop peu connues encore.
Cet objectif exige aussi un effort pour mieux organiser le soutien public à nos entreprises à l'étranger et développer l'attractivité de la France. C'est le rôle de la diplomatie économique, contribution dont, en particulier, ce ministère a la charge, pour participer, dans les compétences qui sont les siennes, à l'effort collectif de redressement.
Bien sûr, l'administration ne peut pas se substituer aux entreprises, mais le Quai d'Orsay doit leur être grand ouvert et les appuyer. C'est d'autant plus nécessaire que, j'y insiste souvent, a contrario d'un certain nombre de choses que je lis ou que j'entends, nous ne vivons pas seulement une crise et peut-être essentiellement une crise, mais un véritable changement du monde. Celui-ci est à la fois bouleversé et éclaté. Il est bouleversé car la hiérarchie des puissances est toute transformée. Éclaté, car les instruments de régulation sont remis en cause, les technologies «explosent» et parce que de nombreux acteurs nouveaux concurrencent désormais le pouvoir des États.
Vous êtes confrontés, en tant qu'entrepreneurs, à ces changements, vous devez les prendre en compte, tout comme nous, dont c'est la mission de les penser, de les orienter et d'y adapter notre action extérieure. Dans ce monde très incertain, très concurrentiel, le Quai d'Orsay dispose d'une expertise, par définition internationale, qui doit être utilisée par nos entreprises. J'ajoute que dans de nombreux pays, et non des moindres, la sphère économique, la sphère politique et diplomatique se recoupent largement.
C'est pour répondre à tous ces objectifs que, sous l'impulsion du président de la République et du Premier ministre, nous avons décidé d'agir pour vous et avec vous, selon des modalités, s'agissant de cette Maison, que je souhaite rappeler rapidement.
Bien entendu, la mobilisation de nos ambassadeurs et de l'ensemble de notre réseau diplomatique au service de nos entreprises n'est pas une nouveauté. On ne m'a pas attendu pour faire de la diplomatie économique. Beaucoup d'entre vous ont déjà bénéficié depuis des années de l'aide et de l'appui de cette maison et de mes prédécesseurs. Mais il m'est apparu nécessaire et possible de faire plus et mieux pour développer le «réflexe économique» au service de l'activité en France. Dans un contexte marqué par une concurrence mondiale de plus en plus forte en matière d'exportations ou d'attractivité des territoires et du côté de l'administration, par une exigence d'un usage meilleur des moyens publics.
Nous avons donc décidé de mobiliser l'ensemble des administrations qui sont impliquées dans le domaine économique international avec trois objectifs principaux.
Le premier, c'est de soutenir les entreprises dans leur expansion internationale et dans leur conquête des marchés, le deuxième, c'est promouvoir le site France auprès des investisseurs étrangers et le troisième, plus original mais aussi nécessaire, c'est de systématiser l'intégration de nos intérêts économiques en amont de nos prises de position dans les négociations européennes et internationales. Le plan export élaboré par la Ministre Nicole Bricq, ciblant à la fois des secteurs prioritaires et des pays à fort potentiel est appliqué par l'ensemble du gouvernement. Nous ne pouvons pas nous permettre je ne sais quelle dispersion.
Pierre Moscovici est là - et je l'en remercie - pour témoigner que ce travail donne lieu à une étroite coopération entre cette Maison et Bercy, deux Maisons que je connais - pour des raisons qui ne me rajeunissent pas - assez bien.
Son administration et ses opérateurs - les services économiques à l'étranger de la Direction générale du Trésor, Ubifrance, la Coface, l'Agence française pour les Investissements internationaux, d'autres encore, - sont le bras armé - et souvent financier - de l'action économique internationale. Notre diplomatie, elle, a un rôle large et décisif, qui est celui de mobiliser tous nos outils d'action, d'influence et de rayonnement qui ne sont pas seulement économiques au sens immédiat, en faveur de nos entreprises et de l'attractivité de notre territoire. Cela implique notamment le soutien diplomatique aux entreprises, aux territoires, aux collectivités. Quand il est besoin d'une intervention, la mobilisation directe de l'ambassadeur est en général un canal efficace.
Ces administrations et ces réseaux - affaires étrangères, services économiques extérieurs, opérateurs du commerce extérieur, etc. - ont donc des missions complémentaires, c'est le mot qui a été utilisé à juste titre tout à l'heure. J'ai pensé qu'il n'y avait pas lieu, au moment où cette stratégie de diplomatie économique a été fixée de s'engager dans je ne sais quel meccano institutionnel. Mais il fallait mobiliser, dynamiser et coordonner nos actions et c'est ce que nous faisons.
J'ajoute que le réseau du commerce extérieur a opéré des choix judicieux, je pense, quant à sa présence et concentré ses moyens sur un certain nombre de pays prioritaires, comme d'ailleurs la plupart des réseaux publics à l'étranger. Bercy dispose d'une centaine de services économiques, Ubifrance est installé dans une soixantaine de pays. Le réseau diplomatique, lui, qui évolue bien sûr, mais il reste «universel». Nous avons 163 ambassades, 92 consulats et nous couvrons le monde entier. Nous pouvons donc apporter un soutien local indispensable à nos entreprises, notamment mais pas uniquement, dans ce qu'on appelle les «postes orphelins», c'est-à-dire privés de la présence du réseau économique.
Bref, l'administration française doit travailler en équipe pour aider nos entreprises dans leurs activités à l'étranger, équipe qui doit respecter les compétences de chacun mais qui a, juridiquement, administrativement un chef qui est l'ambassadeur.
La priorité pour la diplomatie économique, ce sont donc des améliorations concrètes, rapides, directement utiles.
La première exigence, c'est très à la mode mais c'est nécessaire, c'est de simplifier et mieux coordonner. Un exemple : l'ambassadeur était, jusqu'ici, doté d'une lettre de mission différente de celle de son chef de service économique. Il arrivait donc que leurs objectifs, - il faut que je sois diplomate - ne soient pas pleinement convergents. Par un simple accord entre les deux ministères, sans nouvelle loi, nos processus sont désormais alignés et coordonnés.
À Paris, ici même, au sein de cette Maison, tous les services compétents en matière économique et commerciale ont désormais été réunis dans une seule direction appelée la direction des entreprises. Cette réorganisation s'est faite à coût constant. Cette direction constitue ainsi un point de contact unique facilement identifiable pour les entreprises - notamment les PME - et pour les autres acteurs concernés. Elle met en oeuvre le plan d'action pour la diplomatie économique et elle coordonne le «back-office» de l'action économique de nos ambassades. Pour les postes «orphelins», qui n'ont donc pas de service économique ni présence d'Ubifrance, une équipe spécifique leur vient en soutien pour faire le lien notamment avec Bercy. Nous suivons les négociations économiques à travers cette direction, - notamment le G20, le G8, le FMI -. Cette nouvelle direction structure davantage son dialogue avec les entreprises, afin de mieux prendre en compte en amont les intérêts offensifs et défensifs.
C'est la première mesure à la fois coordination, ambassadeurs et direction des entreprises.
Dans nos représentations diplomatiques les plus importantes, j'ai également demandé que soient mis en place des conseils économiques autour de nos ambassadeurs, c'est un mot qui peut faire image, il s'agit tout simplement de rassembler à parité autorités publiques et entreprises privées afin d'améliorer le partage d'informations, la réactivité et les besoins des entreprises. À ce jour, plus de 80 conseils économiques ont été mis en place, ce qui est un niveau favorable de mobilisation. Ce n'est pas une institution nouvelle mais une instance, je dirai de gouvernance stratégique, qui, dans certains postes existait déjà mais de manière informelle.
Pour compléter ce dispositif, j'ai nommé, et ils sont présents parmi nous et je les en remercie, des «représentants spéciaux» pour accompagner les relations économiques avec certains pays clefs et les porter à haut niveau : Mme Aubry pour la Chine, M. Chevènement pour la Russie, Philippe Faure pour le Mexique, Paul Hermelin pour l'Inde, Louis Schweitzer pour le Japon et Jean-Pierre Raffarin pour l'Algérie ainsi que M. Sellal pour les Émirats Arabes Unis. Ils sont présents aujourd'hui et je veux vraiment chaleureusement les en remercier. Ils appuient bénévolement les efforts de l'État sur des pays qu'ils connaissent particulièrement bien. J'ai déjà pu constater que cela aide.
Dans cette même logique d'aide concrète, immédiate, des ambassadeurs expérimentés ont été mis à disposition des présidents de région qui le souhaitent. C'est une initiative, nous en verrons le résultat pour favoriser le rapprochement entre les régions françaises, leur tissu économique local et le réseau international. Les régions connaissent en effet le potentiel et les atouts des entreprises locales. En proposant une interface claire et souple, ces «ambassadeurs pour les régions» - j'en ai rencontré déjà plusieurs qui sont extrêmement intéressés par le début de leur travail -, ces ambassadeurs vont pouvoir irriguer le réseau diplomatique d'informations sur l'offre productive française capable de répondre à la demande internationale, et valoriser l'excellence de nos territoires auprès des investisseurs étrangers, en liaison avec l'AFII.
Grâce à cette organisation que je pense plus efficace, nous allons étendre notre action. Déjà, le Quai d'Orsay a pu élargir le nombre des secteurs stratégiques suivis. Traditionnellement. Traditionnellement, on me dit que nos diplomates portaient une attention particulière aux grands contrats passés dans les secteurs qui ont faits notre réputation d'excellence à juste titre : défense, aéronautique, nucléaire civil, transports. Désormais un suivi attentif est également effectué pour les énergies renouvelables, les mines, la chimie, l'agroalimentaire, la santé, la ville durable et, bientôt, le tourisme. De même il ne faut jamais l'oublier, pour le commerce courant.
Nous nous inscrivons aussi dans la pertinente stratégie des filières qui a été mise au point par le ministère du redressement productif. Car, derrière un grand contrat, il y a des sous-traitants, des équipementiers, des fournisseurs français qu'il faut aider, porter, soutenir. Un contrat remporté c'est un événement, mais une série de contrats devient une avancée stratégique et en général aussi statistique. C'est une des nouveautés de cette diplomatie économique : porter également ces sous-traitants, ces pépites industrielles, souvent trop petites pour avoir l'habitude ou le courage de franchir le seuil des ambassades. Il nous faut développer le «réflexe économique» mais c'est aux entreprises, on l'avait déjà dit dans la première conférence des ambassadeurs que j'ai présidée, de développer le «réflexe diplomatique».
Les grands groupes peuvent nous y aider : ils connaissent bien ces PME, les soutenir est une démarche «gagnant-gagnant». Une PME qui est introduite sur le marché devient à son tour un ambassadeur du savoir-faire et des solutions françaises que propose le grand groupe. Nous travaillons également à cette fin avec les 71 pôles de compétitivité français, dont les 18 pôles mondiaux.
Nous étendons également notre action - c'est nouveau - en matière de recherche d'investisseurs notamment auprès des fonds souverains et grands fonds d'investissements susceptibles d'investir en France. L'action de nos ambassadeurs vient en complément des services de l'AFII dans les pays où l'Agence est présente en participant à haut niveau à l'établissement de liens de confiance avec les investisseurs. Là où l'AFII n'est pas représentée, nos ambassadeurs s'y substituent pour rechercher de nouveaux investisseurs. Car il est rare, et ce ne serait pas vraiment à porter au crédit des ambassadeurs, qu'ils ne connaissent point les personnes physiques ou les personnes privées susceptibles d'investir en France.
Je le disais en commençant : nous vivons un évident changement de monde qui voit l'émergence de nouvelles puissances, qui sont autant de nouveaux marchés ou de nouveaux investisseurs potentiels. Nous avons engagé une adaptation de notre appareil diplomatique afin qu'il se renforce auprès de ces puissances, là où se construit le monde de demain. Nous nous portons davantage vers l'Asie (notamment l'Asie centrale), vers l'Afrique, l'Amérique du sud, la Russie - pays et continents où beaucoup d'entre nous se sont rendus récemment.
Nous nous renforçons auprès des grands émergents - Chine, Inde, Brésil. Mais aussi - cela n'a pas été suffisamment le cas dans le pass?? et pour des raisons diverses, - vers ceux que l'on peut appeler de manière imparfaite les néo-émergents Je pense notamment au Mexique, à la Colombie, au Pérou, à la Turquie, Indonésie, Afrique du Sud, d'autres encore. Ces pays sont souvent de nouvelles cibles de développement et nous devons y être opérationnels avec les moyens nécessaires pour y aider nos entreprises.
Faire de la diplomatie économique une priorité, c'est aussi mettre tous nos outils au service de nos entreprises et de l'attractivité de notre territoire. Je n'ai jamais pensé qu'il y avait d'un côté le culturel, de l'autre le scientifique, le stratégique, l'économique, que sais-je encore. L'ensemble de nos actions et de nos politiques doivent être revues à travers le prisme de la diplomatie économique.
Le président, le Premier ministre, plusieurs de mes collègues du gouvernement et moi-même y contribuons, en incluant dans nos déplacements un volet économique, qui fait l'objet d'un suivi opérationnel précis afin que les engagements se traduisent concrètement.
Parmi nos outils d'influence, nous disposons des services scientifiques à l'étranger. Nous allons les rapprocher des entreprises et des pôles de compétitivité et les positionner sur les secteurs innovants à forte valeur ajoutée prioritaires pour notre pays. Je pense notamment au développement urbain durable, aux nanotechnologies ou aux énergies renouvelables. Vous avez abordé, je le sais, lors d'une table-ronde cette coopération nécessaire en matière de recherche et de développement entre les entreprises et entreprises et acteurs publics.
Autre domaine important : nous sommes en train de revoir avec Manuel Valls, le ministre de l'intérieur, notre politique des visas pour en faire un véritable outil au service de l'attractivité. Une approche trop étroite a probablement prévalu dans le passé. Cela a pu a représenté un handicap pour notre pays. Je m'explique : il y a un aspect de politique migratoire dans la politique des visas que chaque pays doit avoir mais il y a aussi un aspect attractivité. Il ne faut pas prendre un aspect et oublier l'autre. Des instructions ont donc été adressées à nos consulats afin de faciliter la délivrance des visas de circulation à destination des hommes d'affaires, des chercheurs, des universitaires, des artistes, des intellectuels, et des touristes. Des partenariats avec les entreprises visant à faciliter la circulation de leurs employés et de leurs clients sont également proposés. Au lieu d'envoyer un message généralisé de renfermement, nous voulons adresser un message de bienvenue à tous ceux qui par leur activité ou leur visite contribuent à notre croissance. En complément, un important travail de fond visant à faciliter le tourisme, activité économique tout à fait essentielle pour notre pays, est en cours.
Comme point concret, cela peut paraître très trivial mais le trivial fait partie de la vie, un passeport «grands voyageurs» de 48 pages au lieu de 32 est instauré afin d'éviter à nos compatriotes grands voyageurs - et il y en a, il n'y a pas que moi - de devoir renouveler leurs passeports trop souvent.
Je ne sais pas si ceci sera mal interprété, des «valises Itinéra», véritables consulats mobiles, sont mises en place dans les pays de grande taille afin d'éviter à nos expatriés de devoir se déplacer dans les consulats. Les procédures auront lieu lors des tournées consulaires auprès des communautés et implantations françaises. Cela devrait faciliter la vie des employés des entreprises françaises expatriés.
Au service notamment des expatriés, vous savez que la France dispose du réseau scolaire à l'étranger le plus étendu du monde, puisqu'il comporte, outre les Alliances françaises, près de 500 écoles dans 130 pays et que nous accueillons 300.000 élèves, soit une augmentation en vingt ans de la moitié. C'est une force absolument extraordinaire et ce réseau est là pour accompagner l'évolution des communautés françaises à l'étranger. Son développement accompagnera en particulier les besoins des entreprises.
J'ai aussi souhaité que notre réseau culturel qui dépend aussi de cette Maison contribue à la valorisation de la marque France, par le rayonnement culturel et la promotion de l'art de vivre à la française qui sont des atouts précieux. Les cofinancements privés de programmes culturels, ont atteint près de 150 Meuro en 2012, ils vont continuer. Ils permettent d'accompagner l'expansion des entreprises sur des marchés stratégiques. Dans le même esprit, cela semble être un domaine différent mais tout cela est lié, notre coopération universitaire va aider à notre présence dans les pays prioritaires pour notre développement économique. Toute une série d'efforts avec près de 100 millions d'euros sont affectés par la France à la coopération universitaire, notamment pour la formation indispensable des étudiants étrangers. Il n'y a pas de meilleur ambassadeur qu'un étudiant étranger venu ici, qui a réussi sa scolarité, qui peut-être débute un emploi ici et qui revient ailleurs ; il sera toute la vie l'ambassadeur des technologies françaises, des entreprises françaises et tout simplement de la France.
Plus généralement, je pense aussi à la francophonie qui n'est pas du tout une vieille lune mais qui représentent, outre ses autres vertus, un atout économique également majeur dans le cadre de notre diplomatie francophone.
Nous allons donc développer les mécanismes de coopérations économiques.
N'oublions jamais que cet espace francophone, c'est 15 % de la richesse mondiale !
Enfin, nous menons une diplomatie du développement active et reconnue. Nous devons l'articuler sans doute encore mieux avec nos priorités économiques et nos entreprises. Des orientations ont été données en ce sens, en particulier, à l'Agence française de développement. Leurs résultats seront évalués.
Dernier point : pour mettre en oeuvre cette politique, le Quai d'Orsay a besoin de femmes et d'hommes qui connaissent bien le monde des entreprises. La mobilité des collaborateurs du Quai dans les entreprises sera donc facilitée afin de permettre à un plus grand nombre de diplomates d'acquérir une connaissance concrète de première main des entreprises, de leurs besoins et de leur fonctionnement. J'espère que les entreprises - j'en suis sûr - nous y aideront : tout le monde y gagnera, car les diplomates ont beaucoup à apporter au monde de l'entreprise. En matière de recrutement direct de cette maison, je souhaite également attirer davantage de profils issus de nos écoles de commerce.
Mesdames et Messieurs,
En quelques mois, je crois que nous avons fait de la priorité pour la diplomatie économique une réalité. Cet effort était sans doute déjà en chemin, mais le Quai d'Orsay s'est fortement mobilisé et, puisque nous sommes ici, tous ensemble réunis, je veux vraiment en remercier tous les collaborateurs quelque soit leur rang hiérarchique parce qu'ils ont fait un très grand travail. L'accueil des milieux économiques à cette orientation est très positif. Les principaux outils que nous avons souhaité mettre en place sont désormais opérationnels et à votre service pour répondre à vos demandes, là où sont vos besoins et les marchés qui vous intéressent.
J'ai dit que nous changions de monde, c'est un truisme, ce qui l'est moins c'est que le ministère des Affaires étrangères, comme les autres, doit s'adapter, pour répondre avec vous aux défis de ce nouveau monde. Avec tous mes collègues du gouvernement, nous sommes attachés à agir pour y permettre le redressement et le développement de l'économie française et de ses entreprises, au service de l'emploi.
Ma conclusion tient en peu de mots : cette maison - je m'adresse aux chefs d'entreprise - est aussi votre maison. Elle l'était aujourd'hui, et vous êtes venus nombreux. On ne peut pas vouloir, comme nous le souhaitons tous, soutenir les entreprises et ne pas en même temps soutenir les entrepreneurs. C'est donc ensemble que nous réussirons le redressement de la France. Merci beaucoup.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 avril 2013