Déclaration de Mme Aurélie Filippetti, ministre de la culture et de la communication, sur le rôle du Comité d'histoire du ministère de la Culture, Paris le 4 avril 2013.

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Circonstance : Cession pleinière du Comité d'histoire à Paris le 4 avril 2013

Texte intégral

Je suis particulièrement heureuse de me retrouver parmi vous aujourd'hui pour cette première rencontre avec le Comité d'histoire du ministère de la culture, quelques semaines après avoir procédé à son renouvellement .
Le comité a été créé il y a vingt ans par Jack Lang. La conviction qu'une administration se doit de réfléchir sur elle-même, sur son passé et ses racines, pour comprendre son présent et préparer son avenir est à son fondement. En ce sens, il remplit une fonction qui me paraît essentielle. Il est en effet particulièrement utile qu'une instance, qui réunit des universitaires réputés et des administrateurs confirmés, se penche sur les politiques menées dans le passé sous l'égide du ministère et nous permette de mieux les comprendre.
Je sais ce que nous devons à Augustin Girard, disparu en 2009. Après avoir créé et dirigé le service études et recherches du ministère, Augustin Girard a mis en place et présidé le comité d'histoire jusqu'en 2007. Il y a apporté sa connaissance intime des politiques culturelles, l'acuité de son regard et sa rigueur méthodologique. Le comité lui a du reste consacré en 2011 un bel ouvrage, symboliquement intitulé Le fil de l'esprit.
D'autres grandes figures du comité nous ont également quittés ces cinq dernières années: Alain Crombecque, ancien directeur du Festival d'Avignon et du Festival d'automne, et René Rizzardo, fondateur de l'Office des politiques culturelles à Grenoble. Au début de cette année, c'est Jacques Rigaud, membre du comité depuis sa création et qui a occupé des responsabilités éminentes dans le monde de la culture et des médias, qui disparaissait à son tour.
Nous garderons toujours présentes à l'esprit, grâce notamment à vos travaux, leurs contributions importantes à l'histoire culturelle.
Le comité d'histoire a donc accompli, de 2007 à 2012, son premier mandat sans Augustin Girard. Sous l'impulsion de sa nouvelle présidente, Maryvonne de Saint Pulgent, les membres du comité ont su poursuivre l'oeuvre accomplie et prendre de nouvelles initiatives pour s'acquitter au mieux de leurs missions.
Le comité a en particulier contribué à la commémoration du cinquantenaire du ministère en organisant en octobre 2009, à l'Opéra comique un colloque international qui a réuni pendant trois jours des personnalités de premier plan. Cette manifestation, qui a attiré plus de trois cents personnes, a connu un grand retentissement. Le comité a également mené à bien un important chantier de recherche sur l'histoire du partenariat entre l'Etat et les collectivités territoriales dans le domaine culturel. Ces travaux ont, dans les deux cas, donné lieu à des publications de qualité.
Le comité s'est également ouvert à l'international puisqu'il a publié, sous la direction de Philippe Poirrier, un ouvrage consacré aux politiques culturelles dans le monde. Celui-ci réunit des analyses des politiques menées de 1945 à nos jours dans dix-neuf pays d'Europe et du reste du monde, émanant d'universitaires des pays concernés.
Je salue votre volonté de chercher à faire largement profiter de ses travaux les publics intéressés par l'histoire culturelle en publiant des livres de qualité, qui font généralement office d'ouvrages de référence. Outre les publications que j'ai déjà évoquées, je citerai le livre récent consacré à La politique culturelle en débat (1945-2012) et celui sorti hier en librairie sur Jack Lang, batailles pour la culture. L'organisation fréquente de tables rondes et autres manifestations publiques participe du même effort de mieux faire connaître les recherches engagées et les ouvrages publiés.
Le comité a également souhaité, et je m'en félicite, développer des liens actifs avec des universités et des organismes de recherche. Une collaboration a ainsi été établie avec le Centre d'histoire de Sciences Po, présidé par Jean-François Sirinelli, pour mener l'important travail de recherche sur l'histoire des politiques de démocratisation culturelle. Ces recherches ont déjà donné lieu depuis l'automne 2012 à l'organisation de six journées d'études. D'autres devraient être organisées au cours de la prochaine année universitaire. Le caractère stratégique de la démocratisation, pierre angulaire de toute politique culturelle, justifie qu'une réflexion approfondie soit mené à son sujet. Je prendrai connaissance avec intérêt des résultats de vos travaux.
Des liens ont également été institués avec Paris 1 afin d'étudier la politique du cinéma au moment du rattachement du Centre national de la cinématographie au ministère des affaires culturelles, en 1959. Deux journées d'études ont ainsi été consacrées à ce thème, en janvier dernier, dans les locaux de l'INHA. Le hasard a voulu que l'une de ces journées se déroule en même temps que les Assises réunies par le CNC sur la diversité au cinéma. Rien ne pouvait mieux illustrer que l'étude des politiques passées va souvent de pair avec la réflexion sur les problèmes posés par le présent.
Enfin, le comité a apporté une part active à la commémoration de grandes figures du ministère, en particulier d'anciens ministres: Michel Guy, auquel il avait consacré un ouvrage en 2007 et, plus récemment, Jean-Philippe Lecat et Emile Biasini, décédés quelques mois auparavant.
Pour réaliser ces différentes actions, le comité a bénéficié de l'implication de l'ensemble de ses membres. Je les en remercie tous. J'ai en particulier une pensée pour ceux dont le mandat n'a pas pu être renouvelé.

En renouvelant la composition du comité, j'ai en effet été animée par deux soucis :

  • renforcer d'abord la part des femmes, qui était particulièrement faible: cinq sur trente personnalités qualifiées ! Leur nombre a plus que doublé ;
  • renforcer la proportion des universitaires et chercheurs, notamment des historiens. Les administrateurs étaient devenus largement majoritaires alors que l'originalité d'un comité d'histoire réside dans la confrontation et le partage des expériences et des réflexions entre les chercheurs et les praticiens.

Dans les deux cas, la parité me paraît légitimement pouvoir être recherchée. J'ai d'ores et déjà introduit cette double parité au sein du collège constitué par la présidence et ses vice-présidences en nommant vice-présidente Madame Florence Descamps, historienne qui a contribué à la création de plusieurs comités d'histoire, dont celui de notre ministère.
J'ai remercié personnellement ceux qui n'ont pu être reconduits de la qualité du travail accompli et je sais que certains d'entre eux continueront de suivre vos travaux, voire d'y participer.
Je terminerai en disant quelques mots du futur.
Je crois d'abord utile que votre comité poursuive dans la direction engagée depuis 2011 en étendant le champ de ses investigations au domaine de la communication. Cela découle en premier lieu du fait que le ministère de la culture est, sans discontinuer depuis 1995, également en charge de ce secteur. La réorganisation des structures du ministère opérée fin 2009 a durablement ancré en leur sein le suivi des médias comme des industries culturelles. Les bouleversements induits par le numérique et le développement des services en ligne rendent par ailleurs nécessaire une claire appréhension des enjeux inhérents aux politiques menées par l'Etat vis-à-vis des médias écrits et audiovisuels. Vos analyses seront très précieuses à cet égard.
Je me suis donc efforcée lors du renouvellement de votre comité d'y nommer davantage de personnalités ayant une expérience dans ces domaines, tant du côté des entreprises que de l'administration.
Enfin, puisque j'évoquais à l'instant les bouleversements introduits par le numérique, je crois nécessaire que votre comité prenne également le virage du numérique. Une évolution des sites internet du ministère est actuellement en cours, notamment le site culturecommunication.gouv.fr où le comité d'histoire est présent. Je sais qu'il est un contributeur très régulier, actualisant fréquemment les informations figurant dans les pages le concernant. Celles-ci sont consultées par les étudiants, chercheurs et universitaires s'intéressant à la politique culturelle, comme en témoigne le succès de ses appels à communication et journées d'études.
L'évolution du site du ministère permettra de donner davantage de visibilité au comité sur Internet. Il pourra profiter de cette opportunité, des outils techniques et des documents, notamment audio et vidéo, qui seront à sa disposition, pour enrichir sa communication externe et toucher de nouveaux publics.
Voilà tracés en quelques mots certains des défis qui attendent votre comité. Je vous souhaite une grande réussite dans vos travaux. J'en suivrai attentivement les résultats et c'est toujours avec plaisir que je m'en entretiendrai avec vous.

Source http://www.culturecommunication.gouv.fr, le 15 avril 2013