Texte intégral
Cest pour moi un réel plaisir douvrir aujourdhui avec vous ces Assises du mécénat. Je tenais par ma présence à vous dire tout lintérêt que je porte à laction déterminante de votre association, au service du développement du mécénat dentreprise depuis plus de trente ans. Je tenais aussi à souligner mon attachement aux travaux que vous allez mener pendant ces deux jours : autour du mécénat, de son éthique et de son rôle, de son impact et de son évaluation, qui sont autant de préoccupations de mon ministère.
Mais avant daborder ces questions, je souhaiterais rendre hommage à la mémoire de Jacques Rigaud. Il fut votre fondateur et votre président. Il fut, tout à la fois, un grand serviteur de lÉtat et un chef dentreprise, une figure éminente de notre vie culturelle, et le plus ardent promoteur du mécénat dentreprise à la tête de votre association. Sans lui, le mécénat n'aurait pas connu l'essor que nous lui connaissons aujourdhui dans notre pays. Jaimerais convoquer ici sa finesse desprit. Il définissait le mécénat comme « un moyen de réflexion sur lidentité profonde de lentreprise », confortant ainsi durablement la vocation de ces Assises.
Nous célébrerons cette année, vous le savez, les 10 ans de la loi du 1er août 2003 relative au mécénat, aux associations et aux fondations.
Cette loi marque le point de départ dun développement sans précédent du mécénat dans notre pays. Portée par Jean-Jacques Aillagon et élaborée par le ministère de la Culture et de la Communication, elle fut conçue pour répondre aux attentes de la société civile et à celles du monde entrepreneurial en particulier. Plus de 25 000 entreprises, autant dire une majorité de petites et moyennes entreprises, et plus de 5 millions de foyers fiscaux en utilisent aujourdhui les dispositions, au profit doeuvres et dorganismes dintérêt général. Lavancée est spectaculaire mais il nous reste encore, dans le monde économique notamment, beaucoup despace à conquérir
Dans le domaine culturel, limpact du mécénat est considérable. La culture bénéficie, selon vos propres chiffres, de plus dun quart du volume global des fonds apportés par les entreprises. Le soutien accru et légitime apporté aux actions de solidarité concerne de nombreux projets culturels à fort impact social. Des projets qui préservent notre tissu social et culturel sur tout le territoire. Dans le contexte que connaissent les finances publiques, il sagit là dun apport essentiel pour les structures publiques, pour lÉtat et les collectivités territoriales, mais aussi pour de très nombreuses fondations et associations.
Je tiens donc à saluer ici lengagement des dirigeants dentreprises - des grandes entreprises qui, avant même la loi de 2003, ont ouvert la voie, comme des petites et moyennes entreprises qui sy sont engagées depuis.
Ils ont compris que la sauvegarde du patrimoine, la vitalité de la création, léducation artistique et culturelle et laccès de tous les publics à la culture constituent des enjeux majeurs, à la fois économiques et sociétaux. A travers le mécénat culturel, cest le rayonnement international de notre pays qui est en jeu. Son attractivité et le développement de ses territoires mais aussi la lutte contre toutes les formes dexclusion et légal accès de tous à la culture.
En retour, cette action bénéficie à nos entreprises, à leur image, bien sûr, mais surtout à leur capacité dinnovation et à lélargissement de leur action dans la société. Elle bénéficie peut-être plus largement encore aux salariés. Leur implication est essentielle. La mise la mise en valeur de lentreprise et laffirmation de son rôle dans la société civile suscitent pour eux, au-delà dune certaine fierté et dun sentiment d'appartenance, le sens de lengagement et louverture à de nouveaux horizons. Le mécénat dentreprise contribue ainsi incontestablement à développer les publics de la culture, à favoriser, aussi, la prise de conscience du rôle quelle joue dans notre pays.
Jobserve que les particuliers sont également de plus en plus en nombreux à soutenir par leurs dons le patrimoine et la vie artistique. Dans le cadre de souscriptions publiques ou à travers les sociétés damis. Et, plus récemment, de la part dun public plus jeune, à travers les réseaux sociaux et les plates-formes de financement participatif sur internet.
Reflet de lémergence dune véritable citoyenneté culturelle, cet élan ne saurait être brisé. Cest pourquoi dès ma prise de fonction au ministère, jai tenu à manifester mon opposition à tout projet de révision à la baisse des avantages fiscaux quoffre la législation en vigueur.
Je souhaite au contraire pouvoir travailler prochainement avec le ministère de lÉconomie et des Finances à une amélioration des dispositions relatives au mécénat dentreprise. Pour donner aux PME et TPE la marge daction dont elles ont besoin et quelles réclament depuis des années.
Afin dassurer la pérennité de cette législation que bien des pays nous envient, il nous faut aussi veiller à ce que son application soit conforme aux principes fondamentaux qui lont inspirée. Cest-à-dire le bien commun et lencouragement de linitiative privée. Comme le disait si justement Jacques Rigaud, « le mécénat est une expression nouvelle de la société civile comme partie prenante de lintérêt général ». Et en tant que tel il se doit dobéir à certains principes.
Pour corriger les incohérences qui existent dans certaines pratiques des établissements culturels, pour éviter que les textes ne soient mal interprétés, jai souhaité que mes services travaillent avec l'ensemble des partenaires à une charte du mécénat et du parrainage culturels. Elle offrira aux organismes relevant de mon ministère ou subventionnés par lui un mode demploi respectueux à la fois de lintérêt général, dont lÉtat est le garant, et des prérogatives des mécènes.
Cette charte, dont la rédaction est bien avancée, clarifiera donc, dans lintérêt de tous, les modalités dapplication de la législation en vigueur. Elle formulera des recommandations sur des points que la législation nencadre pas suffisamment. Cest un texte bien différent dans sa finalité pratique de la charte éthique quAdmical a publiée en 2011 et que mon prédécesseur, Frédéric Mitterrand, avait signée.
Il est inspiré cependant par le même souci de lintérêt général. Alors que de nombreuses structures, publiques et privées, sengagent dans une démarche analogue, je souhaite quil puisse devenir une référence.
Sa publication viendra ponctuer vers la fin de lannée le calendrier des événements que nous organiserons pour célébrer les 10 ans de la loi de 2003. Je souhaite que cet anniversaire soit, pour mon ministère, un moment de communication renforcée sur le mécénat culturel. Un moment de dialogue et déchanges avec ses acteurs.
A cet effet, mes services diffuseront prochainement un logotype. Vous pouvez le découvrir dès maintenant sur le stand que la mission du mécénat occupe pour la première fois dans le cadre de ces Assises.
Il figurera tout au long de lannée sur les supports de communication des événements culturels bénéficiant de soutiens privés. Il permettra ainsi dattirer lattention du public sur laction que vous menez.
Cet anniversaire sera aussi loccasion pour nous de manifester la reconnaissance de lÉtat envers ceux qui apportent leur soutien à la vie culturelle. Les représentants dentreprises et les fondations, les philanthropes seront appelés à témoigner de leur engagement en faveur de la culture. Ces entretiens vidéos seront diffusés sur les sites du ministère.
Je souhaite par ailleurs élargir le « cercle des mécènes et donateurs de la culture » par de nouvelles remises de distinctions. Pour rendre hommage à tous ceux grâce à qui le mécénat culturel se développe.
Nous lancerons enfin avant lété un cycle dentretiens ouverts au public pour faire le bilan des acquis de ces dix dernières années. Pour explorer les freins et les leviers du mécénat culturel. Pour ouvrir, aussi, des perspectives nouvelles.
Jaurai bien évidemment à coeur dy associer Admical et son réseau. Vous tous qui, depuis plus de trente ans, êtes devenus des acteurs incontournables du mécénat culturel dans notre pays.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.culturecommunication.gouv.fr, le 15 avril 2013