Texte intégral
Je suis parmi vous ce soir pour vous dire que le combat que vous menez depuis si longtemps est aussi le mien. Il est devenu entièrement le mien !
Un combat pour donner espoir, autonomie et réconfort aux personnes autistes.
Un combat pour la dignité et le respect de la personne, tout simplement.
Le retard de la France dans la prise en charge de lautisme est considérable !
Certes le 2ème plan a commencé à apporter quelques progrès mais il est nécessaire, urgent même, de prolonger le mouvement et de lamplifier.
Lautisme est encore mal et trop tardivement diagnostiqué, et les prises en charge demeurent quantitativement et qualitativement peu adaptées.
Les recommandations de bonne pratique de la HAS et de lANESM sont trop lentement diffusées et peu denfants autistes bénéficient des interventions recommandées.
Quant aux expérimentations menées depuis 2008, elles nont toujours pas fait lobjet, en France, dune validation scientifique.
Par ailleurs, il est à craindre que les enfants autistes représentent une part significative de milliers denfants handicapés qui ne seraient toujours pas scolarisés en France.
Les efforts à déployer restent colossaux !
Les attentes, je le sais sont immenses !
Dire que nous répondrons à toutes les attentes serait présomptueux.
Mais aujourdhui, journée mondiale de lautisme, le 3ème plan autisme est prêt.
Je lai remis à la Ministre des affaires sociales et de la santé ainsi quau Premier ministre.
Cest dans la concertation que nous avons abouti à un plan qui améliorera, je le crois, la vie des personnes autistes, de leurs entourages et des professionnels.
Au cur de ce plan sont les recommandations de lANESM et de la HAS.
Il conviendra désormais de systématiser le recours à un ensemble de méthodes notamment comportementales et développementales pour favoriser linsertion des personnes autistes dans la société.
Toutes les mesures du 3ème plan visent cet objectif.
Pour élaborer ce plan, associations, chercheurs, professionnels et parlementaires ont pris le sujet à bras le corps et ont travaillé ensemble, dans un esprit dapaisement, sous la direction avisée et bienveillante de la députée Martine Pinville, secondée par la secrétaire générale du Comité interministériel du handicap, Agnès Marie-Egyptienne.
Merci à toutes les deux.
Merci aussi aux parents qui mont pris par la main pour me montrer, en Belgique, à Arras ou ailleurs que des solutions existent et que ça marche !
Merci enfin aux personnes autistes, jeunes ou moins jeunes, qui mont montré leur formidable envie de vivre et davoir droit, comme tout un chacun, au bonheur !
En fait, merci à tous ceux qui se sont impliqués dans la réalisation de ce 3ème plan.
Ce plan nécessite quelques derniers ajustements.
Mais dores et déjà, je veux vous dire les mesures très concrètes que nous allons présenter et qui sarticuleront autour de 5 grands axes :
- Diagnostiquer et intervenir précocement
- Accompagner tout au long de la vie
- Soutenir les familles
- Poursuivre les efforts de recherche
- Former lensemble des acteurs
I Le 1er axe cest le déploiement dun réseau de repérage, de diagnostics et dinterventions précoces dès 18 mois, puisque nous savons que cest possible.
Agir dès le plus jeune âge de lenfant, cest lui donner une chance, ensuite pour tout le reste de sa vie.
1- Un réseau dalerte dès le plus jeune âge
- Cela signifie que nous mobiliserons lensemble des professionnels de la petite enfance, des acteurs de la médecine de ville, des membres de la commission éducative et des services de PMI, afin quils forment un véritable réseau dalerte des signes autistiques ;
- Pour cela, leur formation initiale et les modules de formation continue de tous ces acteurs intégreront un programme sur lautisme ;
- En outre, la refonte du carnet de santé prévu en 2014 sera lopportunité dintégrer les éléments facilitant le repérage.
2- Un second réseau de diagnostic simple sera constitué avec les équipes pluridisciplinaires de proximité et les CAMSP.
Des CAMSP qui verront leurs missions réorientées et bénéficieront de nouveaux personnels ainsi que doutils performants type ADI et ADOS.
3- Un troisième réseau de diagnostic complexe sappuiera sur les CRA associés au moins à une équipe hospitalière experte en CHU. CRA dans lesquels je veux associer les parents.
Ce réseau de diagnostic à 3 étages sera complété par un réseau de prise en charge précoce et intensif.
Ce réseau là regroupera dune part des pôles régionaux dinterventions très précoces basés sur les CAMSP rénovés et renforcés, et des SESSAD dédiés.
Et dautre part des unités denseignement installées au sein même de lécole maternelle, associant enseignants et professionnels médico-sociaux, seront expérimentées.
Nous y travaillons avec Mme Pau-Langevin et M. Peillon.
II Le deuxième axe cest daccompagner la personne tout au long de sa vie.
Les ruptures dans les parcours sont aussi fréquentes que douloureuses.
Par la formation, lévaluation et le renforcement de lencadrement, nous allons donner les moyens aux services médico-sociaux daccompagner toujours mieux les personnes autistes.
Ce sont désormais les recommandations de bonne pratique de la HAS qui guideront leur action.
Nous veillerons dailleurs, par une réforme réglementaire, que les CRA soutiennent ces orientations.
Pour les enfants, nous soutiendrons la scolarisation adaptée en milieu ordinaire grâce au développement des SESSAD.
Pour les adultes nous allons augmenter et diversifier les modes daccueil et daccompagnement.
Nous aurons loccasion de développer cela lors de la présentation du plan.
III- Le troisième axe, cest le soutien aux familles.
Lautisme est un trouble très difficile à appréhender pour les personnes qui ne le côtoient pas mais souvent aussi pour ceux qui le côtoient. Il exige des parents un engagement total, et un engagement éprouvant.
Il faut tenir, alors même que les interrogations, les doutes et parfois la souffrance nous assaillent et nous accablent.
Cest pourquoi, je veux que les parents prennent toute leur place dans les CRA, et quils y trouvent aussi des ressources pour faire face et trouver des solutions pour leurs enfants.
Et puis, il faut offrir des solutions de répit à ces parents. Le 3ème plan autisme prévoit pour cela la création de petites unités daccueil temporaire rattachées à un dispositif médico-social daccueil permanent.
IV Le quatrième axe cest la poursuite des efforts de recherche
En lien avec le ministère de lenseignement supérieur et de la recherche et avec le soutien de la ministre Geneviève Fioraso. Nous soutiendrons les orientations suivantes :
- le développement de la recherche sur les origines et les mécanismes de lautisme ;
- le renforcement des capacités de diagnostics précoces ;
- le développement de lévaluation des traitements ;
- linclusion sociale en favorisant notamment la recherche sur les affections de lattention, de lapprentissage et sur la linguistique.
V Cinquième et dernier axe du plan cest la formation de lensemble des acteurs.
Les personnes avec autisme sont en relation avec lensemble de la société, professionnels de soins et du médico-social, commission éducative, travailleurs sociaux, grand public
Cela exige de sensibiliser un grand nombre dacteurs.
-Nous poursuivrons laction engagée dans le plan précédant concernant les formations de formateurs
- Par ailleurs, une attention particulière sera portée sur la formation des professionnels de la santé avec lintroduction, dans leur formation initiale, de modules spécifiques
- Des formations pour les travailleurs sociaux avec lappui de lassociation nationale des centres de ressources autisme (ANCRA)
- Lenjeu majeur dans le domaine médico-social est aussi dintervenir auprès des professionnels qui exercent à domicile ou en établissement grâce à un plan daction national de formation continue. Nous le ferons en partenariat avec les OPCA concernés ainsi quavec le centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT)
- Enfin, la formation initiale des enseignants intégrera une sensibilisation au handicap
Voilà, je ne veux pas être plus longue. Le plan est très dense, très précis, très concret et je ne vais pas le détailler davantage ici.
Cest devant le CNA que nous le ferons prochainement.
Je voudrais vous assurer que les principes de large concertation qui ont présidé à lélaboration du plan seront poursuivis dans sa mise en uvre. Au niveau national comme au niveau local, la présence des parents et des usagers sera garantie.
De nombreux parents denfants autistes mont confié leur désarroi : celui de ne pas toujours comprendre son propre enfant.
Malgré lamour, malgré lattention, malgré la proximité, le sentiment dimpuissance est là !
Mais en plus de devoir vivre avec ce sentiment, la société a fait supporter à ces parents sa méconnaissance de lautisme.
Elle les a culpabilisé et singulièrement les mères ! Cette situation est injuste et violente. Elle vient sajouter à la souffrance des personnes autistes à qui si peu est offert en terme daccompagnement et de prise en charge.
A cette accumulation de mots, qui sadditionnent et qui se multiplient même, jai voulu mettre un coup darrêt :
Montrer que là où des volontés isolées aussi puissantes soient-elles, pouvaient se briser, nous étions capables collectivement de tracer une perspective.
Je suis parfaitement lucide et je mesure le chemin quil reste à parcourir.
Mais ensemble, nous allons faire un pas important avec ce 3ème plan. Un pas qui doit être suivi dautres pas, mais un pas qui annonce un mouvement salutaire.
Merci de mavoir invitée ce soir.
Source http://www.macarlotti.com, le 15 avril 2013