Déclaration de Mme Hélène Conway-Mouret, ministre des Français de l'étranger, sur l'enseignement du français à l'étranger, à Vienne le 6 avril 2013.

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Circonstance : Déplacement à Vienne (Autriche) à l'occasion du Forum mondial des anciens élèves des lycées français du monde, le 6 avril 2013

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs,
Mes Chers amis,
L’objectif de toute éducation doit être de projeter chacun dans l’aventure d’une vie à découvrir, à orienter, à construire. Il me semble, ce faisant, qu’avoir la chance d’être scolarisé un moment de sa vie dans l’un ou l’autre des lycées que la France administre dans le monde, est une façon privilégiée de découvrir une vie d’aventure.
Ce troisième forum mondial des anciens élèves des lycées français du monde l’illustre. Par votre diversité, celle de vos cultures et de vos langues maternelles, par celles de vies née à la source d’un même attachement partagée pour la langue française dont l’Abbé Grégoire rêvait qu’elle puisse universellement unifier les coeurs, vous le manifestez.
Ce projet d’une culture partagée par une langue commune, vous l’avez tous en commun mes amis ; c’est l’héritage de votre scolarité dans les lycées français.
Aussi je tiens à remercier particulièrement Monsieur Ferdi Akdag Président de l’association des anciens élèves du lycée français de Vienne ainsi que l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger et sa Directrice, Mme Descôtes, d’avoir organisé cette journée. Je tiens également à saluer aussi chaleureusement le nouveau bureau et la présidente de l’association, Mme Flavia Inchauspe. Ils auront à faire vivre cet héritage. Un grand merci également au lycée de Vienne et son proviseur madame Peytier pour la qualité de leur accueil.
Ministre déléguée en charge des Français de l’étranger, ma mission s’inscrit dans le cadre de la diplomatie économique mise en place par Laurent Fabius, Ministre des Affaires étrangères. Pour favoriser la présence de nos entreprises à l’étranger, il est en effet nécessaire de faciliter la vie de nos concitoyens qui résident à l’étranger.
Je sais à quel point la question de la scolarisation des enfants est fondamentale. Elle conditionne souvent le choix d’une expatriation ou le choix d’une destination. La France dispose, avec son réseau d’établissements scolaires sur les cinq continents, d’un outil extraordinaire, qui n’a pas d’équivalent dans le monde. Sachons-nous en féliciter avant de le critiquer.
La création de l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger en 1990 a été un événement structurant de notre diplomatie moderne. Elle est à l’origine du développement et de qualité d’un réseau d’établissements dont les fonctions étaient d’emblée multiples :
- scolariser les enfants français résidant à l’étranger pour accompagner l’expatriation de leur famille par exemple ;
- mais aussi scolariser des enfants étrangers ;
- tout en combinant mixité culturelle et sociale.
C’est la somme de ces valeurs qui fondent la légitimité de notre enseignement français à l’étranger.
Que recherchaient et que recherchent encore aujourd’hui les familles qui font le choix de scolariser leurs enfants, non dans les écoles de leur pays d’origine mais dans les établissements du réseau ?
Une grande qualité de l’enseignement dispensé, assurément.
La maitrise d’une langue étrangère qui compte dans le monde également.
Mais aussi, et peut être surtout, une méthode de formation intellectuelle, basée sur le raisonnement déductif et l’héritage de Descartes. Jean-Jacques Rousseau le revendiquait en affirmant que :
« l’éducation française, dans sa marche éclairée et méthodique facilite l’expression de la pensée ce qui lui donne un caractère de raison et de probité »
J’ajouterai que les familles sont également sensibles aux valeurs intrinsèques de notre éducation, le strict respect de la laïcité dans nos établissements par exemple qui assure la cohabitation harmonieuse d’élèves d’origines les plus diverses.
Les raisons qui motivent ce choix de scolarisation sont en fin de compte multiples. Mais ce choix est toujours l’expression d’une confiance envers nos établissements auquel nous devons être sensibles et qui nous honore. Notre responsabilité est donc grande envers toutes ces familles. C’est pourquoi nous souhaitons tous renforcer ce réseau dont nous sommes si fiers pour lui permettre d’exercer toujours mieux ses missions.
Anciens élèves de nos écoles françaises, nous avons besoin de vous. Dans le même esprit, vous désirez, par le développement de votre association travailler au bénéfice de nos, de vos établissements. Vous me trouverez toujours à vos côtés pour ce faire. Je vous l’assure.
Les premiers groupes humains sont nés de la nécessité pour la survie des individus de s’associer et de créer une cohésion collective. Je crois que les réseaux d’anciens d’écoles, les anglo-saxons parlent « d’alumni », répondent parfaitement à cette exigence presque darwinienne : ils permettent de renforcer leur école, leur réseau d’écoles, tout en assurant un bénéfice à chacun de leurs membres.
Diplomate aucun qu’écrivain, curieux et libre, homme de voyage et d’ambassade, Stendhal écrivit un jour que « la vraie patrie est celle où l’on rencontre le plus de gens qui vous ressemble ».
En vous réunissant, en travaillant comme vous le ferez aujourd’hui à la mise au point d’outils pratiques qui vous permettront de développer votre association, vous aiderez à rassembler ceux qui vous ressemblent. Cette association, par les valeurs quelle porte est un peu cette seconde patrie dont nous parle Stendhal.
Je suis sensible à votre désir de la faire vivre.
Bon travaux, Mes amis, et longue vie à nos écoles.
Source http://www.helene-conway.com, le 15 avril 2013