Texte intégral
Q - Qu'attendez-vous de cette année France-Vietnam ?
R - Les entreprises françaises sont mobilisées en force. Elles ont une appétence pour l'Asie du Sud-Est avec son marché de 600 millions de consommateurs et pour le Vietnam en particulier. Cette zone est la priorité de notre diplomatie économique. Signe de cette importance, nous discutons en ce moment de la signature d'un partenariat stratégique. Il en va de même pour la faisabilité d'un accord de libre-échange avec l'Union européenne. Mais j'attends en retour du Vietnam qu'il offre un cadre propice aux investissements afin de rééquilibrer notre balance commerciale et que ses autorités débloquent de gros contrats sur lesquelles nos entreprises sont en négociations depuis des années. Une fois signés, ils permettront de dire à ceux qui veulent en conclure des plus petits: «c'est possible, on y va». Le Vietnam, qui veut attirer les étrangers, doit donc assurer un cadre juridique plus stable.
Q - Les entreprises se plaignent notamment du niveau de corruption ?
R - Cela existe. Mais c'est en même temps un vrai souci pour les autorités vietnamiennes. C'est une vraie entrave pour nos PME. Si les autorités m'en parlent, je leur dirai que je les encourage à lutter contre la corruption. Cela étant, je ne veux pas stigmatiser le Vietnam. Il y a bien des pays où cela existe et dans des pays bien proches de nous.
Q - Vous pensez pourtant que la France peut doubler ses parts de marché au Vietnam en cinq ans ?
R - Notre part de marché est de 1 %, contre 1,5 % en moyenne dans l'ensemble des pays du Sud-Est asiatique. Ce n'est pas normal. Au minimum, soyons dans la moyenne compte tenu de nos relations culturelles et politiques. Nous avons une offre française très complète, qui va des transports en passant par la santé, les nouvelles technologies, l'agroalimentaire ou l'environnement. Le Vietnam est en pleine expansion et veut acquérir une base industrielle. Le partenariat signé par Peugeot et Thaco, premier producteur national, pour l'assemblage de la 408, est un bon exemple. Cela permet à un grand groupe automobile dans un secteur en difficulté de s'implanter sur un marché porteur. Nous avons manqué le virage du scooter utilisé par la grande majorité de la population, il faut être prêt pour la voiture.
Q - Comparée au dynamisme des pays d'Asie du Sud-Est, la France est-elle au bord du décrochage ?
R - Non. La France n'est pas au bord du décrochage. Au contraire. Je pense que tous les ingrédients sont en place. Regardez le désendettement de la France. Résultat: les taux d'intérêts sont au plus bas, ce qui profite aux entreprises qui voudraient emprunter pour se développer. Ils peuvent aussi solliciter des crédits via Oséo avec la mise en place de la Banque publique d'investissement (BPI). Enfin, nous avons deux produits fiscaux attractifs: le crédit impôt recherche, qui attire les investissements étrangers, et le crédit impôt compétitivité, qui va donner aux entreprises un ballon d'oxygène pour investir et pourquoi pas exporter. Désormais, il faut attendre les résultats. Je comprends l'impatience des entreprises et des Français, mais je suis persuadée que cela va marcher.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 avril 2013