Déclaration de Mme Nicole Bricq, ministre du commerce extérieur, sur la relance des relations économiques franco-algériennes, Paris le 2 avril 2013.

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Circonstance : "Journée Algérie - développer vos partenariats", à Paris le 2 avril 2013

Texte intégral

Monsieur le Ministre, cher Cherif RAHMANI
Monsieur le Vice-Président du Sénat,
Mesdames, Messieurs,


Je veux d'abord vous dire combien je suis honorée de vous accueillir, Monsieur le Ministre, à Ubifrance, l'agence qui dépend de mon Ministère. Je peux enfin vous rendre l'hospitalité chaleureuse qui fut la vôtre à Alger en septembre dernier.

Depuis mon arrivée à la tête du Ministère du Commerce extérieur, j'ai fait de l'Algérie l'une de mes toutes premières priorités. Je m'y suis rendue, je l'évoquais, très rapidement, afin de préparer le volet économique de la visite d'Etat du Président de la République, à laquelle j'ai participé.

Entre la France et l'Algérie, un climat se restaure, une vraie relation de confiance, de respect mutuel et de partenariat se met en place. Cette journée en apporte la preuve.

En prenant mes fonctions, je m'étais aperçue d'une diminution préoccupante du nombre de PME françaises travaillant en Algérie, près de 40% entre 2005 et 2011. A l'occasion de mon déplacement en septembre, j'avais ainsi beaucoup insisté sur la nécessité qu'elles réinvestissent le terrain. Aujourd'hui, vous êtes près de 150 PME à être représentées, tous désireux de démarrer ou de saisir cet élan.

A Alger, j'avais insisté sur la nécessité de mettre en avant la notion de co-localisation, de partenariats industriels mutuellement bénéfiques. C'est le sens de la déclaration que nous avons signé, M. le Ministre, à Alger à l'occasion de la visite présidentielle. Cette Journée est également inscrite sous le sceau du partenariat, du développement économique partagé.

Et, je l'évoquais, cette Journée se déroule dans ce qu'il est convenu d'appeler un très bon « momentum » qui fait suite, je le crois, à la grande qualité de la visite présidentielle. Le chef de l'Etat suit de près l'exécution des décisions consignées dans la Déclaration d'Alger et je crois pouvoir dire qu'il est très satisfait de notre réunion d'aujourd'hui.

La France et l'Algérie ont une longue histoire en commun, parfois douloureuse. Le Président Hollande l'a dit, sans ambiguïtés, dans un discours de vérité devant les deux chambres réunies du Parlement algérien, il convient désormais, sans dissimuler le passé, de penser à l'avenir.

Il y a eu plusieurs occasions ratées, entre nous, de tourner la page. Nous nous sommes plusieurs fois mal compris et avons gâché les chances de concrétiser une nouvelle dynamique. Cette fois-ci, je crois pouvoir dire que nous y sommes. Je le sens, nous sommes en passe d'écrire cette nouvelle histoire.

Je n'oublie pas cette composante politique fondamentale. Elle constitue un déterminant essentiel de la relation franco-algérienne. Elle a pu avoir des incidences indirectes, parfois réelles, très souvent supposées, sur le niveau de nos échanges économiques. Aujourd'hui, il ne peut plus s'agir d'une excuse mais au contraire d'un élément supplémentaire devant nous conduire à intensifier notre relation économique.

Etant responsable de son animation pour le gouvernement français, je souhaitais vous faire part, après un rapide constat sur l'état de notre relation économique, des principales actions que nous souhaitons conduire pour son développement. L'objectif que nous nous fixons est clair : la France doit rester le premier partenaire commercial de l'Algérie.

1. Une année record pour nos échanges commerciaux.

En ces temps où nous manquons de bonnes nouvelles, je tenais à le dire : le cru 2012 pour les relations économiques franco-algériennes est exceptionnel. Selon notre système statistique, nos échanges commerciaux atteignent le chiffre record de 10,3 Mds €. Nos exportations culminent à 6,4 Mds €, tout en modifiant leur structuration, puisque nos ventes céréalières diminuent sensiblement, quand nos ventes d'automobiles s'accroissent significativement (+45% entre 2011 et 2012).

Nous sommes le 4ème client de l'Algérie, avec des achats d'hydrocarbures faisant l'objet de contrats de long terme. Et ces flux, même modestement, commencent un peu à se diversifier.

Dans le même temps, la concurrence s'intensifie, les entreprises françaises ne la craignent pas. Mais je l'ai dit, nous sommes résolus à défendre notre pole position.

2. Les moyens de maintenir l'excellence de notre partenariat économique.

En premier lieu, il s'agit de diversifier nos échanges. Je l'avais dit dès septembre à Alger, je le confirme à nouveau ce jour : la ville durable, l'agro-alimentaire et la santé me paraissent être des chantiers sur lesquels nous devons encore renforcer nos positions.

Je sais que l'Algérie développe plusieurs projets de villes nouvelles. Nous souhaitons y contribuer, avec l'ensemble de notre expertise, de l'amont à l'aval. Dans ce segment, les énergies renouvelables peuvent jouer un rôle majeur. A ce sujet, je me réjouis de la finalisation des discussions entamées par Vincent Industrie, qui aura d'ailleurs l'occasion de témoigner ce matin, pour la création d'une unité de production de panneaux photovoltaïques.

Ensuite, dans le domaine agro-alimentaire, nous disposons déjà de coopérations fructueuses. De nouveaux « champs » demeurent à explorer, dans les produits transformés, l'entreprise Biaugeaud, autre succès, pourra en témoigner tout à l'heure mais aussi et sans doute dans le machinisme.

Enfin, dans le secteur de la santé, les entreprises françaises sont en mesure de fournir leurs expertises pour améliorer l'offre de soins, monter des partenariats. C'est le cas de Peters Surgical notamment, qui avait signé son contrat lors de la visite présidentielle et qui vous fera part des opportunités à saisir.

En deuxième lieu, nous avons défini une méthode, qui est celle du rétablissement de relations normalisées, d'Etat à Etat, adossées à des échanges nourris entre communautés d'affaires. Lors de mon prochain déplacement sur place, les 28 et 29 mai prochains, j'aurai l'honneur de lancer les travaux du Comité mixte économique franco-algérien, celui que nous appellerons, entre nous, le COMEFA. Avec plusieurs Ministères concernés côté algérien comme français, nous aborderons, en son sein, tous les sujets de la coopération économique bilatérale. Il s'agira d'un moyen, dans la continuité de l'excellent travail fourni par Jean-Pierre Raffarin, d'évoquer tous les sujets, les éventuelles difficultés à lever, les perspectives à tracer, comme celles de l'appui que nous pouvons apporter pour l'accession de l'Algérie à l'OMC, la mise en place d'un accord de libre-échange complet et approfondi entre l'UE et l'Algérie.

Les travaux du COMEFA seront nourris par des projets concrets, vos projets, ceux des entreprises, en particulier des PME. C'est la raison pour laquelle au même moment se réunira, sur les bases des premiers échanges qui se créent aujourd'hui, un Forum de partenariat. Ce Forum doit être le plus opérationnel possible, en faisant émerger de nouvelles coopérations, notamment dans les secteurs que j'ai énumérés.

En dernier lieu et non le moindre, nous avons une ambition, celle de la co-localisation. Je l'ai indiqué précédemment, la déclaration que nous avons signé en décembre ne restera pas un simple bout de papier. Le Nord et le Sud de la Méditerranée peuvent mettre en place un développement industriel conjoint.

Vous avez défini, M. le Ministre, votre nouvelle stratégie industrielle, que vous nous exposerez dans quelques minutes. En association avec la Banque Mondiale, vous avez créé le 10 mars dernier un « Comité national chargé de l'amélioration du climat des affaires ??. Il s'agit d'un signal fort en direction des investisseurs étrangers, en particulier français. Hors hydrocarbures, les entreprises françaises constituent déjà le premier investisseur étranger. J'encourage ce mouvement.

Dans les semaines qui viennent et notamment dans le cadre de la préparation du COMEFA, nous formulerons plusieurs propositions qui permettront de mettre en oeuvre des projets industriels communs. Ensemble, nous pourrons adresser ensuite les marchés de l'Afrique subsaharienne. Des exemples existent déjà, j'en ai cité, dans le photovoltaïque, la santé, je n'y reviens pas. J'en ai entendu beaucoup d'autres lors de mes séjours à Alger.

Il s'agit de participer à votre effort de reconstitution de filières industrielles en Algérie, dans un objectif de gains partagés. Le projet de Renault à Oran, signé lors de la visite présidentielle alors que beaucoup de Cassandre prédisaient le contraire, constituera également une opportunité pour y parvenir, en drainant l'ensemble du secteur automobile français, qui souffre en ce moment. Vous aurez l'occasion d'en parler demain avec mon collègue Ministre du Redressement productif.

Monsieur le Ministre, Mesdames, Messieurs, le « momentum » est là, la volonté est farouche du côte du gouvernement français, j'en suis sûre, également du côté algérien. La nouvelle page de la relation économique franco-algérienne, nous sommes en train d'en dessiner les contours. Il reste des obstacles à franchir, mais nous le ferons ensemble.

Comptez sur mon plein engagement et celui de mes services, au premier rang desquels Ubifrance et la Direction Générale du Trésor.

Vive la France !
Vive l'Algérie !

Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 4 avril 2013