Entretien de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, avec RTL le 19 avril 2013, sur la libération des otages français enlevés au Cameroun.

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Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral


Q - Laurent Fabius, c'est une belle journée pour la diplomatie française.
R - Oui. Nous sommes extraordinairement heureux. Et je pars à l'instant pour le Cameroun où je vais d'abord rencontrer la famille Moulin-Fournier, dire merci au président du Cameroun et, ensuite, ramener tout le monde à Paris. Ce matin, j'ai eu la famille, ils sont en bonne forme, fatigués évidemment mais en bonne forme et extrêmement heureux. J'ai eu aussi la famille en France, ce sont des gens formidables. Et leur libération tombe deux mois jour pour jour après leur enlèvement. Donc, on est extrêmement heureux.
On pense aussi aux autres otages qui restent encore. Mais le fait que l'on ait pu sortir ceux-là de cette situation extrêmement difficile, je pense que tous les Français en sont très heureux.
Q - Dans quelles conditions cette libération est-elle intervenue ?
R - Cela fait deux mois que nos compatriotes ont été pris en otage. Nous nous sommes immédiatement mobilisés, je me suis déplacé voir le président du Cameroun et le président du Nigeria quelques jours après. Ensuite, des contacts ont été noués. Il y a une règle dans toutes ces affaires, c'est l'efficacité et la discrétion. D'ailleurs, les deux choses sont liées et j'ai toujours été un partisan de la discrétion.
Q - Vous-mêmes, quand avez-vous appris la libération de la famille ?
R - J'avais eu le président Biya presque tous les jours au cours de ces dernières semaines et, donc, je savais qu'il y avait un espoir, mais avant que ce soit fait, ce n'est jamais fait.
Q - On s'était inquiété pour les enfants, l'état de forme des enfants. Que vous a dit Tanguy Moulin-Fournier ?
R - Ils m'ont dit qu'ils étaient en forme. Évidemment, les conditions de nourriture, de détention étaient très difficiles, il y a des risques de dysenterie notamment. J'en saurai plus quand je pourrai discuter avec eux, on aura tout le temps dans l'avion et après.
Mais, voyez, là, au moment où je prends l'avion, j'ai à mes côtés un petit livre que m'avait donné la grand-mère où l'on voit, sur ce petit livre, la photo des enfants qui sont là : on y voit Maël et Clarence dans la jungle, Éloi et leur répétitrice, Andéol et son camion. Et j'ai toujours gardé ce petit livre-là - qui fait 15 pages avec des photos - sur mon bureau et je m'étais dit : le jour où ils seront libérés, à ce moment-là, je le mettrai dans ma bibliothèque, mais à ce moment-là seulement. Le moment est venu. Mais je vais quand même demander à chaque enfant de faire un petit dessin.
Q - Quand les ramenez-vous à Paris ?
R - Je pense que je vais les ramener demain matin à la première heure. Là, je pars, l'avion va décoller, nous en avons à peu près pour 6 heures d'avion. Puis, je vais aller les chercher. Je pense que l'on va passer saluer le président Biya. Et, ensuite, le retour, je n'ai pas exactement l'horaire mais je pense que cela va être entre 3h et 8h du matin. Mais, dans l'avion, ils vont dormir.
Q - Il y a des membres de la famille avec vous dans l'avion, Monsieur Fabius ?
R - Non. J'emmène avec moi M. Mestrallet qui est le patron de GDF-Suez et puis M. Le Bret qui est notre directeur du Centre de crise, qui a fait un très gros travail. Vous savez, le centre de crise auprès du Quai d'Orsay, c'est le centre qui s'occupe de toutes ces difficultés. Et puis, il faut emmener aussi une petite équipe médicale parce qu'il y a quand même un check-up à faire en tout état de cause. Ensuite, on va ramener tout le monde.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 avril 2013