Interview de Mme Marisol Touraine, ministre des affaires sociales et de la santé à France 2 le 6 mai 2013, sur le bilan d'un an de gouvernement socialiste.

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Média : France 2

Texte intégral


DAVID DOUKHAN
Alors nous sommes le 6 mai 2013, il y a un an jour pour jour François HOLLANDE était élu président de la République, alors dans le courant du week-end vous avez eu un nombre d’amis incalculable pour vous souhaiter bon anniversaire, à commencer par l’extrême gauche, Jean-Luc MELENCHON qui a manifesté et qui a dit que la période d’essai, votre période d’essai était terminée.
MARISOL TOURAINE
Il n’y a pas eu de période d’essai et depuis le premier jour, le président de la République a marqué un cap, un cap cohérent, un cap qui fait du redressement de la France la priorité. Vous savez il est plus facile d’être dans l’incantation que dans la responsabilité, le gouvernement est dans la responsabilité.
DAVID DOUKHAN
Jean-Luc MELENCHON qui vous attaque tout le temps, Jean-Luc MELENCHON qui n’a de cesse de vous attaquer, ça fini par vous agacer ou pas ?
MARISOL TOURAINE
Il ne s’agit pas d’être agacé, il s’agit au fond de savoir qui veut participer au redressement du pays. Les Français attendent beaucoup, les Français sont inquiets, les Français sont confrontés à la crise au quotidien et il ne suffit pas de parler, il faut agir et moi j’entends beaucoup de prose et pas beaucoup de propositions de la part de l’extrême gauche. Encore une fois il y a une exigence de responsabilités dans la période et cette responsabilité, le président de la République l’a assumé dès le premier jour en marquant un cap qui est celui de la cohérence…
DAVID DOUKHAN
Alors à droite aussi Marisol TOURAINE on vous a souhaité un bon anniversaire avec cette affiche que l’on va voir, « L’échec », François HOLLANDE sous la pluie, qu’est-ce que vous en dites ?
MARISOL TOURAINE
Ecoutez, le défaitisme, ça va. Le défaitisme ça n’est pas ce dont les Français ont besoin. Où est l’échec lorsque vous avez un président de la République qui réduit le déficit du pays ? Où est l’échec lorsque vous avez un président qui permet à la fois de redresser les comptes et de rétablir notre modèle social, c’est tout pour l’emploi, tout pour maintenir le modèle social dans notre pays. Je vous donne un exemple parce que depuis un certain temps j’entends dire que le sérieux budgétaire ce serait au fond la rigueur pour tous, l’austérité. Mais il n’y a pas d’austérité depuis un an. La différence entre l’austérité et le sérieux budgétaire, c’est la consolidation de nos droits sociaux…
DAVID DOUKHAN
On va venir aux questions de ligne, on va venir aux questions de ligne politique, mais…
MARISOL TOURAINE
… et les questions de ligne sont tout à fait importantes parce qu’au fond, j’entends un discours défaitiste, j’entends un discours irresponsable. Nous nous sommes dans l’action, nous sommes dans l’action pour l’emploi, nous sommes dans l’action pour le modèle social, nous sommes dans l’action pour la vie quotidienne des Français.
DAVID DOUKHAN
Avant de développer cette ligne politique et celle du gouvernement, un petit mot très brièvement sur ces manifestations hier contre le mariage pour tous qui ont continué, la loi a été votée, vous comprenez qu’on puisse à nouveau manifester ou pas ?
MARISOL TOURAINE
La loi est votée, manifester est un droit constitutionnel, mais la loi doit s’appliquer. Nous attendons la décision du Conseil constitutionnel, j’ai confiance dans cette décision et la loi devra s’appliquer et être respectée par tous. Il est quand même assez étonnant d’ailleurs de voir que ce sont ceux qui en général brandissent des mots d’ordre et de respect de la loi qui aujourd'hui au fond, s’insurgent contre une loi votée.
DAVID DOUKHAN
Alors il y a un mot qui est dans toutes les têtes depuis quelques semaines, quelques jours c’est le mot « remaniement ». On a de plus en plus l’impression que la question ce n’est pas s’il va avoir lieu mais quand. C’est la solution pour vous le remaniement ?
MARISOL TOURAINE
L’essentiel c’est le cap budgétaire, le remaniement c’est une décision du président de la République qui voit à un moment donné s’il doit faire bouger son équipe…
DAVID DOUKHAN
Seriez-vous plus efficaces si vous étiez moins nombreux par exemple ?
MARISOL TOURAINE
Vous savez, ça c’est une, encore une fois c’est le choix du président de la République, ce qui pour moi est essentiel c’est que le cap politique lui, il ne varie pas et au fond, un gouvernement c’est l’instrument dont se sert le président pour mettre en oeuvre son orientation politique. Et cette orientation politique, je veux insister là-dessus, elle n’a pas variée depuis un an, depuis son élection, c’est une orientation réformiste, sociale-démocrate qui assume la responsabilité du pouvoir, qui assume la responsabilité du rétablissement de notre économie pour que l’emploi soit demain au rendez-vous.
DAVID DOUKHAN
On parle de la mise en place dans cet éventuel remaniement de supers ministres, de supers ministères qui chapeauteraient plusieurs… dans le but d’éviter les couacs, les fameux couacs. Il pourrait y avoir presqu’un mur des couacs au gouvernement et alors vous, Marisol TOURAINE, vous n’avez jamais été à l’origine d’un couac ou mêlée à l’un d’entre eux. Vous avez un secret que vous pourriez partager avec vos collègues ?
MARISOL TOURAINE
Vous savez la question des couacs, le Premier ministre hier soir l’a dit, il peut y avoir des maladresses, mais au fond l’essentiel c’est la cohérence de la ligne politique, celle que fixe le président, celle que détermine avec lui le président de la République et je crois que c’est cela la priorité et moi je veux quand même insister….
DAVID DOUKHAN
Mais justement, ces couacs découlent d’un problème de ligne, certains au gouvernement trouvent que vous n’êtes pas assez à gauche et bien souvent c’est ça la genèse des couacs.
MARISOL TOURAINE
Non, la ligne elle est fixée par le président de la République, mise en oeuvre par le Premier ministre, c’est une ligne réformiste…
DAVID DOUKHAN
Certains ne la respectent pas. Certains ne la respectent pas.
MARISOL TOURAINE
… et moi je veux dire qu’on peut parfaitement concilier le volontarisme social avec le sérieux budgétaire et je dirais même que, à abandonner le sérieux budgétaire, on prend le risque d’abandonner notre modèle social. Pour la droite ce n’est pas une question puisqu’au fond, s’ils ont fait preuve de laxisme budgétaire c’est avec l’idée qu’au bout du compte on pourrait démanteler notre modèle social pour faire des économies. Pour la gauche, ce choix est évidemment impensable et je vous donne un exemple précis, il y a eu 4 milliards, plus de 4 milliards de déficits en moins sur la sécurité sociale, en gros le trou de la sécurité social il a diminué de 4 milliards alors que jusque-là on disait que c’était impossible et dans le même temps, ceux qui ont commencé à travailler jeunes peuvent partir à la retraite à 60 ans. Les familles ont touché une allocation de rentrée scolaire de 25% plus importante. Les droits des femmes ont été augmentés en matière de santé. Donc plus de droits sociaux et en même temps moins de déficits c’est donc possible. Le sérieux budgétaire c’est la condition de droits sociaux renforcés.
DAVID DOUKHAN
On a pu constater aussi dans cette première année de gouvernement socialiste, une singularité, c’est-à-dire un président de l’Assemblée nationale socialiste, Claude BARTOLONE qui, sur plusieurs sujets importants, critique ouvertement dans la presse la politique du président de la République socialiste. Vous en pensez quoi ?
MARISOL TOURAINE
Nous sommes dans une crise, nous sommes dans une période de combats et le gouvernement est à la bataille au quotidien, à la bataille contre la crise, à la bataille au combat contre la droite…
DAVID DOUKHAN
Et Claude BARTOLONE voudrait être à vos côtés ?
MARISOL TOURAINE
…et dans cette bataille, la gauche doit être rassemblée. Nous avons intérêt à au fond, aller ensemble comme un pack soudé pour pouvoir dépasser la période très difficile dans laquelle se trouve la France et pour ma part je crois qu’il n’y a pas place pour les voix dissonantes ou les chemins particuliers. Nous devons être rassemblés, soudés pour que les Français aient confiance et pour que les Français sortent de la crise renforcés.
DAVID DOUKHAN
Il nous reste très, très peu de temps Marisol TOURAINE, sur les allocations familiales, beaucoup de familles attendent de savoir à partir de quel revenu les allocations diminueront. Pouvez-vous nous le dire ce matin ?
MARISOL TOURAINE
Nous travaillons en ce moment et je suis en train de travailler pour une modernisation, une réforme de la politique familiale dans son ensemble et le Premier ministre aura l’occasion…
DAVID DOUKHAN
Mais à partir de combien, à partir de combien est-ce qu’on baisse les allocs ?
MARISOL TOURAINE
…dans quelques semaines d’annoncer les décisions. Toutes les familles continueront de toucher des allocations familiales, c’est cela qui est important et en même temps il faut le dire, les familles aujourd'hui ce ne sont pas les familles des années 50, elles ont besoin d’allocations, elles ont aussi besoin de place en crèche, de soutien au quotidien et c’est cette politique cohérente qui sera présentée dans peu de temps.
DAVID DOUKHAN
Bon, on n’en saura pas plus ce matin.
MARISOL TOURAINE
Mais vous savez, le soutien c’est aux familles des catégories populaires et des classes moyennes, encore une fois, l’écrasante majorité des familles continueront de toucher les mêmes allocations familiales qu’aujourd'hui.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 7 mai 2013