Texte intégral
Chaque discours mêlant la France et lAllemagne commence en général par un propos dhistoire rappelant les oppositions lointaines et lamitié refaite.
Je veux dépasser cela, ne plus faire références aux blessures anciennes pour montrer quelles sont vraiment surmontées. Mon propos ne sancre pas dans le passé spécifique qui nous relie, mais au contraire dans la pleine normalité des relations de deux partenaires qui sont alliés parce que cela a une utilité aujourdhui, et non seulement par dette dhistoire.
1. Nos deux marchés du travail se combinent utilement
Dans cette optique, il est presque naturel, logique et évident que la France et lAllemagne se retrouvent. Prenez le contexte démographique de nos deux pays et vous comprendrez limportance de ce rapprochement, des partenariats que nous nouons aujourdhui et que nous développerons demain.
Oui, nos deux pays ont beaucoup à faire ensemble.
Dun côté, en France, des travailleurs sur un marché qui peine à leur fournir à tous un emploi ; de lautre un besoin de main duvre dans les Länder allemands frontaliers de la France, dont le niveau de chômage est au plus bas. Au milieu, une frontière quil est possible denjamber ! Dailleurs 30 000 lorrains travaillent déjà aujourdhui en Sarre-Rhénanie-Palatinat et 23 300 alsaciens en Bade-Wurtemberg, tandis que 1 500 Allemands travaillent quotidiennement en Lorraine et en Alsace.
Sil fallait une preuve supplémentaire, elle est sous nos yeux. Oui, je le redis, nos deux pays ont beaucoup à faire ensemble, au-delà des symboles, dans le concret de laction socio-économique, car nos deux marchés de lemploi sont complémentaires.
2. 50 ans après le traité de lElysée, une commémoration concrète
Je veux féliciter Pôle emploi Alsace et Lorraine et lAgence fédérale pour lemploi de Bade-Wurtemberg, ainsi que celle de Sarre/Rhénanie-Palatinat, pour la signature de laccord-cadre de coopération pour le placement franco-allemand.
Je veux féliciter Pôle emploi Strasbourg et lAgence pour lemploi dOffenburg pour la signature de la 1ère convention locale découlant de cet accord cadre qui créé le service de placement transfrontalier, Strasbourg-Ortenau à Kehl. Nous avons inauguré le lieu ensemble ce matin même.
Nous célébrons cette année le 50ème anniversaire du Traité de lÉlysée et de lamitié franco-allemande. Pour cela, nous avions organisé un Conseil des Ministres franco-allemand le 22 janvier dernier. Cétait un temps fort, mais je dois dire quaujourdhui est un temps encore plus fort, celui du concret de laction, celui dune réalisation sortie de terre. Le Conseil des Ministres franco-allemands du 22 janvier dernier avait adopté une déclaration commune. Elle précisait : « lintention [de nos deux pays] de développer des outils franco-allemands daide à la recherche demploi » « avec lobjectif de lintégration de nos marchés du travail, et pour donner à tous les citoyens des chances optimales sur le marché du travail européen ( ). La coopération déjà existante entre Pôle emploi et lAgentur für Arbeit sera amplifiée par la création dune première agence franco-allemande pour lemploi en zone frontalière, qui aura son bureau dans la ville de Kehl, avec pour objectif, à terme, le développement dun réseau dagences franco-allemandes dans lespace frontalier. » Nous y sommes. Ce nétaient pas seulement des mots prononcés à loccasion dun anniversaire, cétait une véritable feuille de route. Il nous faut maintenant construire le réseau dagences du même type.
Cette étape est donc un pas supplémentaire dans la coopération entre Pôle emploi et lAgence fédérale. Elle approfondira les connaissances et le partage dinformations sur les évolutions du marché du travail dans les bassins transfrontaliers franco-allemands. Elle élargira aussi les possibilités dembauche de nombreux travailleurs. Dautres réalisations du même type (bureau commun) suivront dans chaque agence transfrontalière en Allemagne et en France, sur la ligne Bade-Wurtemberg, Sarre/Rhénanie-Palatinat, Alsace et Lorraine.
4 missions pour ce bureau commun
- Renseigner sur la situation du marché du travail dans la région transfrontalière ;
- Permettre laccès aux prestations proposées par les deux services publics pour lemploi ;
- Faciliter la recherche demploi et la prise de fonction dans le pays voisin ;
- Proposer un accompagnement personnalisé dans le processus de recrutement.
Outre le placement des demandeurs demplois, la formation et la mobilité professionnelle des jeunes entreront également un domaine où la coopération entre nos deux pays sera amenée à se développer dans les années à venir.
3. Une corde de plus à notre arc
Le chômage, en particulier celui des jeunes est au cur de nos politiques publiques. Les emplois davenir, destinés aux jeunes qui se trouvent sans diplôme, sans emploi et sans formation, ont constitué une première réponse durgence, prise dans le mouvement de notre arrivée aux responsabilités. Puis est venu le contrat de génération désormais adopté par le Parlement qui modifiera le regard porté sur les jeunes et leur ouvre dès à présent une place nouvelle dans lentreprise. Voici, pour les jeunes, et les moins jeunes mais je sais que la mobilité attire souvent les jeunes, aux attaches moindres et à la recherche dexpériences professionnelles une possibilité nouvelle demploi, un bassin nouveau dans lequel, éventuellement, une opportunité se présentera. Cest une corde supplémentaire à notre arc, et la preuve dun engagement total contre le chômage. « La bataille pour lemploi » nest pas une expression vaine et destinée seulement à remplir les colonnes des journaux. Cest une mobilisation de tous les instants qui nous fait chercher partout des leviers pour faire reculer le chômage, notamment celui des jeunes. Ainsi, si lon a tout dit sur le chômage, preuve en est que tout na pas été essayé. Cest notre tâche, nous la prenons avec détermination.
Ajoutons lengagement du gouvernement de mettre en place, dici le mois de septembre prochain, une « garantie jeunes », dispositif inspiré dexpériences européennes et qui sinscrira dans le cadre de leffort européen en cours pour apporter une solution aux jeunes sortis sans qualification de lécole (près de 140 000 en France chaque année).
Je veux, pour conclure, dire un mot plus global. LEurope, ce nest pas une conviction abstraite, ni seulement un grand marché économique incapable de faire plus, notamment de se doter dun contenu social. LEurope est à lun de ses nombreux tournants. Il ne sagit plus seulement daméliorer la fluidité du marché du travail, de mettre les marchés financiers et léconomie au service du développement humain, mais aussi de maintenir la capacité de travail, daméliorer lemployabilité et daccroître durablement les places de formation et lemploi. Aujourdhui, nous montrons ensemble que léchelle de lEurope est aussi une échelle pertinente contre le chômage et quoi de mieux que linauguration dune agence franco-allemande de placement des demandeurs demplois pour laffirmer ?
Source http://travail-emploi.gouv.fr, le 13 mai 2013