Extraits d'un entretien de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, avec BFM TV le 14 mai 2013, sur les relations franco-tunisiennes.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Déplacement en Tunisie, le 14 mai 2013

Média : BFM TV

Texte intégral

(...)
Q - Vous vous trouvez en Tunisie, François Hollande va s'y trouver d'ici quelques semaines. Il y a beaucoup d'inquiétudes sur la situation politique et sur la situation sécuritaire. Quel rôle doit avoir la France ? Peut-elle accompagner ces mouvements des Printemps arabes et leurs suites sans poser de conditions ? On sait par exemple qu'en Tunisie, des femmes sont gênées, voire agressées par des mouvements salafistes, parfois grâce à l'indulgence du gouvernement. La France doit-elle défendre à tout prix ses valeurs ?
R - Bien sûr que la France défend ses valeurs. Je crois qu'il ne faut pas tout mélanger. Tout d'abord, je suis ici en visite officielle pour voir les principaux dirigeants de la majorité et de l'opposition et je suis ici pour porter un message d'amitié vis-à-vis de la Tunisie, un message de confiance et de solidarité. C'est clair et net.
Il faut se souvenir que la Tunisie est le berceau de ce que l'on a appelé les Printemps arabes. Évidemment, ce n'est jamais facile parce qu'il y a eu des évolutions à opérer et cela prend du temps mais je trouve malgré tout que la Tunisie s'en sort bien. D'abord sur le plan démocratique, il y a malheureusement eu, - et je l'ai condamné très fermement - la mort de M. Belaïd, mais sinon, c'est une transition pacifique, c'est très important.
Ensuite, sur le plan économique, bien sûr la Tunisie a subi le contrecoup d'un certain nombre d'événements, mais il y a cette année une croissance en Tunisie de 3,5 %. Même si ce n'est pas suffisant, ce n'est pas une croissance nulle. Et puis, il y a un processus de transition démocratique. Les Tunisiens sont en train de mettre au point une constitution qui devrait être adoptée d'ici quelques semaines. Des élections sont prévues d'ici la fin de l'année. Bien sûr, ce n'est pas facile.
Quant à la sécurité, vous avez raison d'aborder ce sujet. Il ne s'agit pas d'un problème de sécurité quotidienne mais plutôt de la présence de groupes terroristes autour de la Tunisie, en Libye notamment. Il y a également le risque que des groupes présents au Mali remontent vers la Tunisie.
Nous avons beaucoup parlé de cela, à la fois avec le président de la République et avec le Premier ministre et d'autres ministres encore pour dire que nous étions tous solidaires, nous les démocraties, dans cette défense contre les groupes terroristes et nous avons discuté des initiatives que nous pourrions prendre ensemble. Mon voyage, et ce sera encore plus vrai avec François Hollande dans quelques semaines, c'est pour dire que nous sommes aux côtés de la démocratie tunisienne.

Q - Les touristes français pourront-ils retourner en Tunisie plus massivement l'été prochain ?
R - Bien sûr. Il y a heureusement beaucoup de touristes français, plus d'un million qui représentent un sixième des touristes, c'est donc un chiffre important. Il y a eu une petite baisse mais tout doit être fait et tout est fait pour qu'ils reprennent le chemin de ce magnifique pays qu'est la Tunisie. Je ne vais pas me transformer en ministre du tourisme mais c'est un pays splendide qui accueillera les Français avec beaucoup de plaisir.

Q - Valérie Trierweiler, la compagne du président de la République doit se rendre au Mali demain. Est-ce dans le cadre d'une mission officielle ?
R - Mme Trierweiler est, comme vous le savez, très proche de toutes les questions sociales et des questions qui touchent les enfants. Elle a été invitée par les Maliens notamment pour visiter les hôpitaux. Elle y sera demain. Je pense que c'est une très bonne chose. En même temps, demain et c'est le hasard du calendrier, avec François Hollande, nous serons à Bruxelles pour la conférence internationale qui regroupe une centaine de pays où nous déciderons de l'aide économique à apporter au Mali. Nous sommes en train de gagner la guerre, mais, maintenant il faut gagner la paix et pour cela, on a besoin à la fois de maintenir la sécurité, de faire progresser la démocratie et d'aider au développement. Je pense que la France peut être fière de cette action qu'elle est en train de mener.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 mai 2013