Déclaration de Mme Hélène Conway-Mouret, ministre des Français de l'étranger, sur les relations entre la France et le Costa Rica, à San José de Costa Rica le 21 mai 2013.

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Circonstance : Déplacement au Costa Rica les 21 et 22 mai-intervention devant la communauté française à San José de Costa Rica, le 21 mai 2013

Texte intégral

Monsieur l’Ambassadeur,
Chers compatriotes,

Je suis heureuse de m’exprimer devant vous ce soir à San José, où j’achève une tournée en Amérique centrale, qui m’a conduite au Guatemala puis au Salvador.

Comme Ministre déléguée chargée des Français de l’Etranger, je souhaite venir devant vous, vous écouter, connaître votre environnement notamment dans ce « pays des gens heureux », pour paraphraser un reportage télévisé français récent sur le Costa Rica.
Je sais ce que ce raccourci peut avoir de simplificateur, dans un pays qui est aussi celui de la grande et courageuse Carmen Lyra et du Prix Nobel Oscar Arias Sanchez ; je sais aussi qu’il ne peut refléter la diversité des situations individuelles, que la réalité est nécessairement plus complexe ; je ne méconnais pas, bien entendu, les difficultés auxquelles vous pouvez être confrontés. Mais ce raccourci est le reflet de l’image très positive et attractive du Costa Rica en France et bien au-delà, celle d’un pays démocratique, défenseur de la paix, respectueux des droits de l’homme, acquis à la lutte contre le changement climatique, ouvert au monde et au multilatéralisme, un pays que se perçoit et se présente parfois comme une « puissance morale ». C’est une belle expression, qui nous parle, à nous Français.

Ma tournée en Amérique centrale répond d’abord au souci de vous rencontrer, pour mieux comprendre vos attentes et vos préoccupations, au-delà de ce que peuvent faire remonter vos représentants élus, Sénateurs, Députés ou élus de l’Assemblée des Français de l’Etranger. Je veux vous dire l’importance que les autorités françaises attachent au rôle irremplaçable que vous jouez dans le rayonnement de la France et l’attention qu’elles vous portent. Dans le monde qui se dessine, incertain et bouleversé, votre présence, le rôle qui est le vôtre, votre influence est plus indispensable que jamais.
J’ai déjà pu avoir plus tôt dans la journée une réunion de travail avec les représentants des associations et je souhaite que nous poursuivions les échanges pendant cette réception. Je remercie tous ceux qui, au-delà du monde associatif, apportent leur concours aux actions de l’ambassade et des institutions franco-costariciennes, comme :
- la Chambre de commerce,
- le Lycée franco-costaricien,
- l’Alliance française.
J’adresse également mes chaleureux remerciements aux chefs d’îlots du plan de sécurité de l’ambassade, dans un pays confronté aux risques naturels. Je veux vous redire que la sécurité des résidents français, comme des touristes qui sont nombreux à venir ici, est une de nos préoccupations constantes.

Mon déplacement au Costa Rica s’inscrit plus largement dans une stratégie de réinvestissement – au sens politique et économique – en Amérique latine. Nous avons avec ce sous-continent une relation particulière, fondée sur des affinités et une compréhension naturelles entre les peuples, alimentées par l’histoire et les valeurs, par les combats pour l’égalité, pour l’émancipation et contre les dictatures. Mais nous n’avons sans doute pas toujours pris dans le passé la réelle mesure de ses mutations, politiques, sociales et économiques, qui en font un acteur à part entière de la mondialisation. Le Ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a clairement indiqué sa détermination à faire de l’Amérique latine une priorité de notre politique étrangère. Il y a effectué une première tournée fin février, après les déplacements successifs du Président de la République au Brésil et du Premier ministre en Argentine et au Chili.

Ici, au Costa Rica, nous bénéficions d’une relation ancienne – qui remonte à plus d’un siècle et demi – sans contentieux ni « irritant », comme se plaisent à dire les diplomates. Les Costariciens aiment à nous rappeler qu’ils nous ont empruntés les trois couleurs de leur drapeau – et nous apprécions qu’ils nous le rappellent. Mais nos relations doivent être encore étoffées.. Je souhaite, sous l’impulsion du Ministre des Affaires étrangères et dans le cadre de sa priorité accordée à l’Amérique latine, renforcer nos liens sous trois aspects. Nous en avons parlé au cours de l’entretien et du déjeuner qu’a offert le Ministre des Relations extérieures Enrique Castillo, qui connait parfaitement la France et notre langue.

En premier lieu, densifier nos échanges politiques, bilatéraux et multilatéraux, autour des droits de l’Homme et de la lutte contre le changement climatique. Ce renforcement est en cours, ma présence ici, la première visite officielle d’un membre du gouvernement depuis 9 ans, en est l’expression. Elle fait suite à un entretien qu’ont eu, le 13 mai, Laurent Fabius et son homologue costaricien à Paris, mais également aux récents déplacements au Costa Rica de Nicolas Hulot, envoyé spécial du Président de la République pour la protection de la planète et de François Zimeray, ambassadeur chargé des droits de l’Homme.

En second lieu, renforcer la dimension économique de notre présence, dans le cadre du plan d’action pour la diplomatie économique mis en place par Laurent Fabius. Nous avons une belle occasion, un beau défi, avec l’entrée en vigueur prochaine de l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Amérique centrale, qui se traduira par une baisse des taxes à l’importation. J’installerai demain un conseil économique qui autour de l’ambassadeur et du conseiller économique. Autour de l’Ambassadeur et du Conseiller économique pour l’Amérique centrale, rassemblera l’ensemble des acteurs concourant à la dimension économique ; avec la chambre de commerce et les Conseillers du commerce extérieurs bien sûr, mais également ceux qui peuvent apporter un éclairage portant sur les questions de coopération et de recherche. Nous attendons par ailleurs une délégation du MEDEF international les 10 et 11 juin, la première depuis 7 ans. Elle témoigne de notre intérêt pour le développement des échanges courants, pour le développement des infrastructures dont le Costa Rica a besoin, et pour les investissements productifs.

Enfin, nous souhaitons renforcer notre coopération avec le Costa Rica, qui est maintenant un pays à revenus intermédiaire.
L’enjeu est pour nous :
-d’abord d’accroître les échanges universitaires, l’accueil d’étudiants dans nos établissements d’enseignement supérieur, la coopération de recherche,
- aussi de promouvoir le français, qui est enseigné dans tous les collèges,
- enfin de développer des coopérations innovantes dans nos domaines d’intérêt commun.
Nous avons pour cela de solides atouts, autour de l’Institut Français d’Amérique centrale :
- l’Alliance française et ses trois établissements, dont je salue le travail remarquable,
- le CIRAD, qui avec 14 chercheurs a au Costa Rica sa plus forte présence en Amérique latine et dont l’un de vos conseillers à l’assemblée des français de l’Etranger, François Boucher est issu.
Parmi ces atouts, il y a évidemment le Lycée franco-costaricien, établissement binational d’excellence, dont on ne soulignera jamais assez l’importance dans notre relation de long terme.
Je sais toute l’importance que vous accordez, fort justement, à l’éducation en français de vos enfants et je souhaiterais vous entretenir brièvement de l’avenir de notre réseau scolaire. Avec près de 600 millions d’euros par an, aucun pays dans le monde n’investit autant que la France dans un réseau d’enseignement à l’étranger. Nos établissements scolaires scolarisent les enfants de nos expatriés mais sont aussi un outil de rayonnement fondamental. Ils témoignent de la présence de notre pays sur la scène intellectuelle mondiale, ils participent à la diversité linguistique et culturelle dans un monde globalisé.
Pour autant, nous devons réfléchir à l’avenir de ce réseau, à la façon de le préserver et aussi de le développer dans un contexte que l’on sait difficile pour nos finances publiques. C’est dans ce cadre qu’un comité de pilotage travaille actuellement en s’appuyant sur les résultats d’une large consultation des partenaires dont la dernière réunion s’est tenue le 14 mai. Ce comité de pilotage me remettra à l’été des recommandations qui devraient nous permettre de répondre aux défis lancés à notre réseau d’enseignement.
Comme vous le savez, j’ai tenu, après la mesure de suppression de la prise en charge, à réorganiser le système de bourses scolaires. Ce système était devenu injuste avec le temps et par ailleurs impossible à financer à court terme.
Dans quelques semaines, se tiendront les premières commissions locales de bourses. Je compte sur l’implication de chacun pour faire de cette réforme un succès.
Monsieur l’ambassadeur,
Mes amis,
Nous avons devant nous bien des idées à partager, bien des chantiers à faire avancer avec nos amis costariciens. Je sais pouvoir compter sur votre implication ; soyez assurés également de la détermination du Gouvernement en ce sens.
Vive le Costa Rica
Vive la France
source http://www.ambafrance-cr.org, le 24 mai 2013