Conférence de presse de Mme marisol Touraine, ministre de la santé et des affaires socilaes, sur l'accès à la contraception pour toutes les femmes, Paris le 15 mai 2013.

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Mesdames et messieurs les députés,
Mesdames et Messieurs,
Il y a plus de 45 ans, la loi Neuwirth légalisait les méthodes contraceptives. Le rapport à la maternité dans notre pays s'en est alors trouvé bouleversé : celle-ci n'est plus affaire de soumission ou de contrainte, elle devient un choix.
Toutefois, la loi ne suffit pas toujours à rendre pleinement effectif l'accès aux droits. Le combat pour les droits des femmes n'est jamais acquis. Il est une lutte permanente que nous avons la responsabilité de poursuivre et de prolonger.
C'est pourquoi toute mon action dans ce domaine vise à lever les barrières qui limitent l'exercice de ce droit fondamental.
Ces barrières, ce sont d'abord celles de l'argent. Le 31 mars dernier, j'ai donc mis en œuvre la gratuité des moyens contraceptifs prévus au remboursement pour les jeunes filles de 15 à 18 ans.
Ces barrières, ce sont aussi celles de la vie quotidienne. C'est pourquoi, dès l'été dernier, j'ai pris des décisions facilitant la contraception des jeunes femmes. D'abord, en autorisant les pharmaciens à délivrer un contraceptif jusqu'à six mois après la date de validité de l'ordonnance. Ensuite, en permettant aux étudiantes d'accéder à une contraception d'urgence gratuite dans les services médicaux universitaires.
Ces barrières, ce sont enfin celles qui entravent l'accès à l'information. Exercer une liberté, un droit, c'est pouvoir le faire de façon éclairée. La contraception ne doit pas être un choix mécanique, et encore moins un acte de consommation : chaque femme, chaque couple, doit pouvoir choisir la contraception qui lui correspond. Il est impératif de décider au regard de sa situation personnelle et affective, de son mode de vie, de son tempérament ou de ses antécédents médicaux. Rappelons que près de deux tiers des grossesses non désirées ont lieu sous contraceptif.
J'ai donc arrêté un principe simple : « la bonne contraception, pour la bonne personne, au bon moment ».
Je salue aujourd'hui le travail réalisé par la Haute Autorité de Santé (HAS), à laquelle j'ai demandé de réaliser un référentiel de bonnes pratiques à l'intention des professionnels de santé : l'objectif c'est que la contraception proposée soit la plus adaptée possible à la situation de chacun. Toutes les méthodes devaient être explorées. C'est le cas aujourd'hui. Le Président du collège de la HAS, monsieur Jean-Luc Harousseau, vous présentera, dans le détail, le travail qui a été mené. Cependant, nos actions devront être poursuivies et enrichies. Dès juin prochain, un neuvième cas de figure viendra compléter les huit fiches existantes. Il sera dédié aux femmes présentant des risques cardio-vasculaires.
Mieux informer, c'est également mieux communiquer pour mieux prévenir : c'est tout le sens de cette campagne grand public, que j'ai souhaitée relancer au cours de ce premier semestre 2013. Cette nouvelle campagne, intitulée « la contraception qui vous correspond existe », réalisée par l'Institut National de la Prévention et de l'Education pour la Santé (INPES), sera diffusée sur les radios et en bannière web à compter du 18 mai. Elle abordera la question de la contraception sous l'angle du quotidien, à travers des témoignages de femmes et d'hommes évoquant leur situation, leurs choix, leurs doutes et leurs interrogations.
Les débats récents sur la pilule ces derniers mois ont rappelé la nécessité qu'il y a de bien informer et de bien accompagner les femmes sur ce sujet majeur de santé publique.
C'est ce que nous avons fait. Avec une seule préoccupation : alerter sans inquiéter, informer sans céder aux interprétations hâtives. Cette ligne de conduite, je n'en ai pas dévié, avec la volonté ferme que le débat lié aux risques sur la pilule n'aboutisse pas à un recul de la contraception. Ma responsabilité, c'était de prendre les décisions qui s'imposaient et d'abord de rappeler que les pilules de 3ème et 4ème générations ne devaient pas être prescrites en première intention. C'est ce principe que j'ai réaffirmé et qui a été entendu.
Les femmes n'ont pas cédé à la panique en interrompant leur contraception. Dans les trois premiers mois de l'année, une baisse très modérée de 1,9% des ventes globales de contraceptif (hors préservatifs) a été observée. Les recommandations des pouvoirs publics ont donc été parfaitement suivies. Par ailleurs, une baisse de 37% des ventes de pilules de 3ème et 4ème générations a été constatée au mois de mars 2013 par rapport au mois de mars de l'année précédente. Les professionnels de santé ont fait évoluer leur prescription : les pilules de 1ère ou de 2ème générations, ainsi que d'autres moyens de contraception, notamment le « stérilet », sont aujourd'hui plus régulièrement proposés aux femmes. Enfin, l'étude que j'ai moi-même commandée à madame Nathalie Bajos, directrice de recherche à l'INSERM, nous permettra de mieux appréhender et de mieux comprendre les évolutions récentes des choix de contraceptifs.
Je veux saluer le travail de tous les professionnels de santé dans cette période : leur rôle a été déterminant pour conseiller, orienter et accompagner. C'est grâce à cette coopération exemplaire entre les professionnels et les pouvoirs publics que nous avons été en mesure d'apporter une réponse efficace à l'inquiétude des Françaises.
Des interrogations légitimes ont eu lieu, et je les comprends. La priorité absolue, c'était de préserver le lien de confiance qui unit les Françaises à leur moyen de contraception : nous y sommes parvenus.
Vous le voyez, en un an, beaucoup d'avancées ont été réalisées.
Mais ma stratégie ne s'arrête pas là. Je veux aller plus loin pour progresser encore dans le domaine de la contraception, de l'information et de l'éducation à la sexualité, ainsi que dans le champ de l'interruption volontaire de grossesse.
Ce travail, nous le conduirons avec l'ensemble des acteurs qui accompagnent chaque jour les femmes et les hommes, c'est-à-dire avec les associations et les professionnels de santé.
Je suis très heureuse de lancer aujourd'hui cette nouvelle campagne dont l'ambition est d'améliorer les pratiques et d'aider à mieux prévenir les grossesses non désirées.
Nous comptons sur votre mobilisation pour relayer ces messages et faire en sorte que cette campagne soit un succès.
Je vous remercie.Source http://www.social-sante.gouv.fr, le 21 mai 2013