Texte intégral
Monsieur lAmbassadeur,
Madame la Conseillère à lAFE,
Mesdames, Messieurs,
Mes chers amis,
Je suis heureuse dêtre parmi vous ce soir, à la résidence de France au Salvador, dans cette lointaine terre « cuscatleca » qui vous accueille si chaleureusement dans ses somptueux paysages de volcans. Il y a longtemps, trop longtemps, quun Ministre du Gouvernement nétait pas venu vous saluer.
Comme Ministre des Français de l'étranger, j'ai à coeur de vous rencontrer, de vous écouter. Je retrouve alors dans vos propos lécho dune expatriation que jai vécue. Et même si vos élus, par delà leur diversité se font les témoins de vos préoccupations, m'interrogent et sollicitent mon ministère, je sais que rien ne remplace la chaleur du contact direct.
La présence de la France est ancienne au Salvador ; ce pays qui résonne intimement dans lesprit des enfants comme étant celui de Consuelo, lépouse salvadorienne de Saint-Exupéry, « lépouse » du Petit Prince.
La France a souhaité être aux côtés du Salvador pendant la période la plus noire de son histoire, durant les terribles années de la guerre civile. Elle a ainsi oeuvré pour le rétablissement de la paix, depuis la déclaration franco-mexicaine de 1981 jusquaux accords de paix de Chapultepec en 1992. Ces accords, qui ont permis le retour de la paix et lavènement de la démocratie, sans doute uniques en Amérique latine, Nous en avons célébré lannée dernière à Paris le vingtième anniversaire.
Cest ce qui explique peut-être lexcellence des relations politiques que nous entretenons avec le Salvador. Elles sont fondées sur le partage de mêmes valeurs : la démocratie, la liberté, la tolérance, la justice sociale. Jai pu le constater cet après-midi lors de mes entretiens avec nos amis salvadoriens ainsi quavec le Secrétaire Général du SICA, ce système dintégration régionale dont nous sommes membres observateurs depuis lannée dernière. Nous sommes proches. Proches également au travers de lUnion Européenne, qui a signé avec la région Amérique centrale un ambitieux accord dAssociation, en passe dêtre ratifié. Il nous ouvre de nouvelles perspectives. Sachons en profiter.
La France est présente encore par son action culturelle et linguistique. Je souhaite saisir cette occasion pour saluer laction de lAlliance Française qui fait tant avec des moyens contraints, mais avec beaucoup de dynamisme et dimagination. Je veux aussi saluer le remarquable travail du Lycée Antoine et Consuelo de Saint-Exupéry, que jai eu la chance de visiter, et dadmirer ce matin. Quel outil formidable au service de la présence de la langue et de la culture françaises ; mais plus généralement au service de notre influence. La culture, la langue doivent aussi nous permettre de nous ouvrir à léconomie.
La France est également active en matière de coopération technique, notamment dans le secteur essentiel de leau. Nous souhaitons la développer encore, en particulier en apportant notre soutien à la coopération décentralisée, déjà active. Elle souhaite lêtre davantage enfin, en explorant des pistes nouvelles de coopération universitaire et scientifique.
Mais la France nest pas assez présente sur le plan économique. La compagnie aérienne TACA est depuis longtemps un fidèle client dAirbus. Cest une remarquable réussite, mais le reste de nos échanges nest pas à la hauteur du potentiel de nos deux pays.
Dans un contexte économique difficile, le Président de la République, depuis son élection a fait le choix dune politique courageuse et ambitieuse, à la hauteur de la gravité de la situation de la France ambitieux : sérieux budgétaire, maîtrise de la finance, réforme du marché du travail, pacte de compétitivité. Nous nous y consacrons sans relâche. Dans cet effort considérable que nous devons mener, le développement de notre présence économique à létranger est fondamental.
Son développement doit être lexpression de cette diplomatie économique avancée par Laurent Fabius. Elle signifie que, chacun à sa place, lorsquil est dans un pays qui nest pas le sien doit participer à ces échanges, à cette influence que la France peut espérer à travers la propre participation de ses expatriés. La France était en 2012 le 4ème pays pour les investissements à létranger. Je gage que nous vous le devons parce que vous êtes nos premiers ambassadeurs.
Dans cette diplomatie économique, le développement de nos liens avec lAmérique latine est essentiel. Il sagit même dune priorité ainsi que le rappelait encore récemment le Ministre des Affaires étrangères. Je remercie la Chambre de Commerce et les Conseillers du Commerce Extérieur que jai rencontrés ce matin, pour leur action. Elle permet de mieux faire comprendre à nos entreprises les opportunités multiples quoffre un marché centraméricain trop mal connu. Soyez assurés que je me ferai votre relai à Paris, pour solliciter du MEDEF international lenvoi ici dune mission exploratoire, ainsi que vous le demandez depuis plusieurs années.
Mes chers compatriotes, citoyens français résidents au Salvador, vous participez au premier chef de la présence et du rayonnement de la France dans ce pays. Vous êtes les porte-paroles de notre langue, de notre culture, de notre vision du monde. Avec le Président de la République et le ministre des affaires étrangères, nous faisons de laccompagnement et de laide aux communautés françaises expatriées une priorité de notre action.
Ce pourrait être une conviction intime. Cest devenu une réalité politique. Le gouvernement attache une grande importance au renforcement des liens avec les Français de létranger.
Ce lien entre vous et la France passe par notre réseau consulaire. Il est l'un des plus denses au monde. Il doit être préservé tout en sadaptant aux évolutions du monde. Afin de le préserver, il était légitime dengager une réflexion sur sa modernisation. Je suis heureuse de constater quil y réussit et se modernise.
Je sais toute limportance que vous accordez, fort justement, à léducation en français de vos enfants. Je souhaiterais vous entretenir brièvement de lavenir de notre réseau scolaire. Avec près de 600 millions d'euros par an, aucun pays dans le monde ninvestit autant que la France dans un réseau d'enseignement à l'étranger. Nos établissements scolaires scolarisent les enfants de nos expatriés mais sont aussi un outil de rayonnement fondamental. Ils témoignent de la présence de notre pays sur la scène intellectuelle mondiale, ils participent à la diversité linguistique et culturelle dans un monde globalisé.
Mais ce réseau a besoin dêtre adapté rapidement aux besoins de nos communautés. Cest dans cet esprit que nous avons mis fin au dispositif de prise en charge des frais de scolarité des lycéens français. Cette mesure, découplée de tous critères sociaux, était injuste et financièrement ingérable. Elle nétait dailleurs plus financée dès cette année ce qui atteste, en soi, de lextrême légèreté de ceux qui ont pu me précéder dans cette fonction.
Nous ne pouvons en effet différer la mise en place de la réforme qui réintroduit davantage déquité dans lattribution des bourses scolaires. Laurent Fabius et moi avons obtenu une augmentation substantielle du budget des aides à la scolarité, malgré un contexte difficile qui nous impose par ailleurs 10 milliards d'euros déconomie. C'est dire combien ce gouvernement confirme son engagement en faveur de nos communautés expatriées.
Et je vous lassure, le nouveau système des aides à la scolarité qui a été porte a concertation devant la Commission Nationale des Bourses répond aux impératifs de justice et déquité sociale. Dans quelques semaines, se tiendront les premières commissions locales de bourses.
Je compte sur limplication de chacun pour faire de cette réforme un succès.
Les Français de létranger sont des citoyens à part entière. Ils ont désormais une représentation complète au Parlement avec onze députés et douze sénateurs. Une réforme de la représentation des Français établis hors de France est en cours. Elle contribuera à renforcer la présence des élus au plus près de chacun de vous et de vos préoccupations avec la création de conseils consulaires composés de conseillers consulaires que vous élirez au suffrage universel direct. Lexpression de la démocratie est en effet une exigence que la République la Res Publica, la chose publique - se doit de rendre effective pour chaque citoyen, quil demeure en France ou ailleurs dans le monde.
Cette évolution correspond à la réalité dune mobilité accrue de nos compatriotes dans le monde. Nous avons enregistré un quasi doublement de ce mouvement en 15 ans et une augmentation moyenne de 4% sur les 5 dernières années. Nous avons une population jeune, active mobile mais aussi une population binationale, très intégrée dans le pays dans lequel elle est installée de longue date et où elle a fondé une famille.
Cest pour prendre en compte cette réalité multiple et cette richesse que le gouvernement a souhaité moderniser la représentation des Français de létranger. Les Français qui vivent à létranger constituent un atout incontestable pour la France. Ils doivent se faire entendre. Nous avons besoin deux.
Mesdames, Messieurs, mes chers compatriotes, je sais que nombreux sont ceux qui parmi vous représentent une deuxième, voire troisième génération de Français résidant au Salvador. Loin de la France, vous nen demeurez pas moins fidèles à vos origines françaises. Avec vous, la « France extérieure » de Braudel sintègre à cette Nation dont Taine relevait quelle est « laboutissement dun long passé defforts, de sacrifices et de dévouement de tous », quel que soit lendroit où il se trouve.
Je vous remercie de la chaleur de votre accueil.
Vive le Salvador
Vive la République
Vive la Francesource http://www.helene-conway.com, le 28 mai 2013