Déclaration de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, sur la lutte contre le terrorisme au Niger et dans la zone sahélienne, à Niamey le 28 mai 2013.

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Circonstance : Déplacement au Niger et au Mali-allocution devant la communauté française du Niger, à Niamey le 28 mai 2013

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
D'abord, merci beaucoup d'avoir pris sur votre temps pour venir bavarder avec moi pendant quelques dizaines de minutes. Initialement, je devais me rendre au Mali, où je serai d'ailleurs dans quelques heures, pour faire le point sur la préparation du processus électoral, les questions de sécurité et les questions économiques.
Mais il se trouve que malheureusement des attentats ont eu lieu au Niger, de grande portée pour ce pays mais durement ressentis également en France. C'est donc la moindre des choses, en liaison avec le président François Hollande, que je m'arrête ici, à la fois pour voir le président Issoufou, avec lequel nous avons des contacts fréquents, et aussi pour vous rencontrer et vous dire quelques mots.
Donc d'abord des mots de remerciement, des mots de solidarité surtout. Une grande solidarité parce que la vie, ici, n'est pas très facile, cela ne date pas d'il y a quelques jours. Il y a ici une communauté française très courageuse, très déterminée, qui aime le Niger, qui travaille, qui y travaille beaucoup et qui travaille bien. La moindre des choses, c'est que dans une période compliquée comme aujourd'hui, vous sachiez que vous avez le soutien de votre gouvernement et de l'ensemble de la population française.
Il est vrai que ces attentats ont été ressentis très durement dans l'ensemble du Niger. Évidemment, il y a plusieurs centaines de kilomètres entre Arlit, Agadez et Niamey, mais c'est le même pays, et ce sont des amis, des proches.
Il y a des enquêtes qui sont menées actuellement sur l'origine de ces attentats. Il y aura des mesures de sécurité supplémentaires à prendre là-bas - nous en parlions avec les responsables de ces usines sur place.
Nous avons décidé, avec le président Issoufou ce matin, de mettre en place un petit groupe de travail qui va se tenir très vite entre d'un côté Areva, nos amis Nigériens, la France pour faire le point sur les mesures supplémentaires à prendre en direction de nos installations.
Et même si en termes de kilomètres c'est loin, c'est quand même ici, c'est très proche. Nous avons aussi donc renforcé, en liaison avec l'ambassadeur, et les autorités académiques, un certain nombre de mesures de sécurité comme on doit le faire, mais vous connaissez tous cela.
Je voulais vous dire non seulement la solidarité du gouvernement et de la population française, mais aussi que nous tenons à rester, nous les Français, nous tous qui sommes présents au Niger, parce que le Niger est un pays ami, parce que le Niger est un pays qui, à la fois, apporte à la France et qui a besoin de nous, parce que les autorités nigériennes se sont montrées extrêmement courageuses dans la lutte contre le terrorisme, je veux insister là-dessus, dès le premier moment. Avant même que les événements du Mali ne se produisent, le gouvernement nigérien nous avait alertés, nous le nouveau gouvernement français, en nous disant attention, le terrorisme n'est pas quelque chose d'abstrait et nous sentons, nous savons qu'il y a des groupes qui se préparent, et nous sommes déterminés à lutter.
Et ce qui me frappe, avec ce gouvernement, c'est qu'il agit dans un esprit d'unité. Hier je crois, en se déplaçant à Agadez et à Arlit, le président Issoufou était entouré du président de l'Assemblée nationale et du chef de file de l'opposition. C'est donc vraiment tout le pays qui est réuni. Je crois donc qu'en de telles circonstances, il faut plus que jamais l'unité.
Les autorités nigériennes ont fait preuve, depuis plusieurs mois, d'une grande clairvoyance sur ce qui était en train de se passer, pas seulement au Mali, pas seulement au Niger, mais dans l'ensemble de la région du Sahel.
Il se trouve que cette région fait l'objet de la part de groupes terroristes, narco-terroristes - car il faut lier le phénomène de la drogue et le phénomène du terrorisme - d'attaques extrêmement dures. Par rapport à ces attaques, il n'y a pas vingt-cinq attitudes possibles, il faut que les démocraties agissent et qu'elles agissent en concertation.
D'ailleurs, c'est un autre point dont nous avons parlé avec le président Issoufou, il y a une action à mener avec d'avantages de pays. On dit souvent et c'est exact, que le sud de la Libye notamment, et une grande partie de la Libye, peuvent servir de refuge à des groupes terroristes, il faut donc que l'ensemble des pays limitrophes agissent de concert. Cela signifie que la Tunisie, l'Algérie, l'Égypte, le Tchad, le Niger et peut-être même le Soudan rassemblent leurs actions et bien sûr, la France est et sera à leurs côtés.
J'ai donc un message de solidarité fort, à votre égard et à l'égard de l'ensemble de la population du Niger. Un message de détermination à être présents ici et un message, au-delà, qui est un message d'encouragement. Les chemins de la vie, qui sont divers, font que vous vous trouvez ici. Je sais que malgré les difficultés de la situation c'est un pays que vous aimez, ce sont des habitants que vous aimez, qui sont extrêmement attachants. Il y a une grande proximité d'analyse entre le Niger et la France, et ceci on le doit largement à vous.
J'étais venu ici il y a quelques temps déjà mais c'était un peu rapidement. Je vois à chaque fois que, à la fois les services publics sont bien assurés, bien représentés, que les entreprises sont déterminées, que les particuliers, quels que soit vos fonctions, vos grades ou vos qualités, sont de bons ambassadeurs.
Évidemment, c'est M. Bouchard qui est l'ambassadeur, mais vous êtes aussi des ambassadeurs de la France. Et donc, même si c'est trop rapidement, je voulais vous dire qu'on est à vos côtés, que ce qui se passe ici fait l'objet d'une attention constante de la part des autorités françaises et que l'on pense à vous avec beaucoup de solidarité, beaucoup d'amitié et beaucoup de détermination. Le travail que vous faites ici est utile, à la fois pour chacune de vos vies, mais aussi pour notre pays et notre République et de cela, je veux vous remercier.
Merci beaucoup.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 mai 2013