Texte intégral
A. Ardisson - Dernier Conseil des ministres, aujourd'hui, avant les vacances et une rentrée qui s'annonce forcément électorale. Pensez-vous que la cohabitation sera vivable jusqu'au bout, compte tenu des amabilités échangées depuis quelques semaines ?
- "Je l'espère et je crois que c'est possible. C'est en tout cas ce que les Français veulent parce que l'essentiel, pour eux, c'est que le président de la République et le Premier ministre sont en charge des affaires de la France. L'important, c'est qu'ils gouvernent jusqu'au bout, chacun à son poste de responsabilité. Naturellement, la campagne électorale va accentuer les différences et quelquefois même les divergences. Mais si nous savons parler aux Français de leurs problèmes - je sais que J. Chirac saura le faire - de ce qui les touche tous les jours - sécurité, emploi, pouvoir d'achat -, le débat sera positif. Il est nécessaire en démocratie et la cohabitation ne devrait pas trop en souffrir."
Vous êtes en train de réorganiser nombre de fédérations du RPR, pour les mettre, je suppose, en ordre de bataille. Quelle est votre ligne de conduite ?
- "Nous souhaitions, avant l'été, résoudre les quelques problèmes que nous avions dans certaines fédérations - je pense en particulier à Paris et à Lyon. Cela correspond à la mission que m'a confiée M. Alliot-Marie sur deux plans : d'abord, quand c'est nécessaire, renouveler les hommes et les femmes pour constituer des équipes nouvelles capables de donner un élan nouveau et, pour cela, on s'appuie sur ces femmes et sur ces hommes qui, loin des appareils, ont su s'imposer sur le terrain, et en particulier aux élections municipales."
Vous citiez Paris comme ville à problèmes. Qui est le leader maintenant ?
- "La situation de Paris, on le sait, n'est pas simple ni facile. Il n'y a pas, au fond, de leader naturel. Ce que nous souhaitions, c'est, dans le cadre de la future campagne présidentielle, faire en sorte que la fédération soit prête dans son organisation. C'est maintenant le cas, grâce à la nomination de monsieur Lecoq."
Et monsieur Tiberi ?
- "La question concernant monsieur Tiberi ne se pose pas en soi."
Lui la pose en tout cas !
- "Il ne la pose pas directement. Je crois qu'il faut du temps. J. Tiberi a été, on le sait, un très bon maire de Paris, on le voit aujourd'hui d'ailleurs, avec les contradictions de la nouvelle majorité municipale. Laissons faire le temps."
Pensez-vous que le ralentissement économique, observé un peu partout dans le monde et qui est palpable maintenant en France - on vient d'apprendre que le chômage a progressé de 0,4 % au mois de juin -, de même que la perte de moral des industriels vont influencer la campagne à venir ? Est-ce une thématique sur laquelle vous travaillez ?
- "Bien sûr. Cela montre d'abord deux choses : qu'il y a eu une formidable erreur de prévision de ce Gouvernement et en particulier de L. Fabius et de L. Jospin. Ils nous parlaient, il y a quelques mois, voire quelques semaines, d'une croissance de 3,3 %. Après, on est passé à 2,9, puis à 2,7. Maintenant, on nous dit que ce sera moins de 2,5 %, et on le voit bien d'ailleurs dans les nouveaux chiffres du chômage. Moi, je fais le pari que nous serons, d'ici la fin de l'année, à un rythme de croissance de moins de 2 %. Deuxième chose, tout de même, le gaspillage de cette très forte période de croissance ! Pendant ces quatre années, on a gaspillé alors que les recettes [s'accroissaient, et] s'accroissent toujours d'ailleurs, aujourd'hui, puisqu'en 2001, elles se sont accrues de 1,6 %. Le problème, c'est que les dépenses ne cessent pas de croître, et beaucoup plus. En 2001, elles auront cru de 5,6 %. D'où un déficit, après quatre années de croissance, qui est encore très important et qui recommence à se développer. La prévision sur 2001 était de 186 milliards de francs, et on a déjà atteint ce déficit à fin juin, c'est-à-dire à la moitié de l'année."
Vous dites "déficit" ; "on n'a pas profité de la croissance" ; "on dépense trop", et puis en même temps, vous avez de l'autre côté, le chef de l'Etat qui dit : "Attention au budget des armées : pas en dessous de 90 milliards." ?
- "Ce sera d'ailleurs l'objet du Conseil des ministres d'aujourd'hui, avec la loi de programmation militaire. Le chef de l'Etat a raison. Le gaspillage, c'est avant tout dans des dépenses de fonctionnement qu'on le fait. Il ne faut pas par là nuire à l'avenir de la France. On sait bien qu'en matière de défense, il y a des choses essentielles. Ce qui est prévu par le Gouvernement, aujourd'hui, c'est un minima. Nous sommes à 86,5 milliards de francs, grâce d'ailleurs à la pression du chef de l'Etat, et c'est très important pour au moins garder le minimum de technicité et de compétence de nos armées."
Vous êtes ex-secrétaire national à l'environnement, avant de devenir secrétaire général du RPR.
- "Je dois être d'ailleurs le seul secrétaire général d'un grand parti politique qui a été, avant, chargé de l'environnement."
Précisément, comment faut-il faire, à droite, pour ne pas laisser l'écologie aux écologistes ?
- "Ces quatre dernières années ont bien montré que la stratégie des Verts est dans une impasse. Parce que, soit on est un mouvement écologiste et on se bat dans ce seul domaine, et alors on n'est ni de droite ni de gauche, soit on est un parti traditionnel, et on accepte d'arbitrer entre des objectifs quelquefois contradictoires, en matière d'économie, d'écologie et de social. Les Verts, en fait, ont voulu être les deux à la fois et c'est la raison pour laquelle ils ont échoué. Qu'est-ce qui restera de ces quatre dernières années en matière d'environnement ? On voit bien qu'on n'a pas avancé ou très très peu avancé. Ils ont échoué, puisque les arbitrages, les décisions du Premier ministre se prennent toujours contre eux. J'ai été très frappé de la dernière déclaration d'Y. Cochet, qui venait d'être nommé ministre de l'Environnement, et qui s'est permis de dire - je me demande d'ailleurs si cela s'est déjà produit dans l'histoire de notre pays - que la demande du Premier ministre à la Commission européenne était hors de propos. On voit bien, là, que le Premier ministre arbitre systématiquement contre les Verts."
L'actualité, aujourd'hui - et malheureusement pour les jours à venir, je crois aussi -, c'est la pollution par l'ozone. Vous êtes maire de Bourges, je ne pense pas que le problème se pose à Bourges. Vous seriez maire de Paris, vous feriez quoi ?
- "Cela doit surtout montrer que nous devons impérativement développer une voiture propre. On n'obligera pas les Français à ne pas utiliser leurs voitures, s'ils ne veulent pas rouler dans des bus. Cela fait partie de leurs libertés individuelles. Ce que nous proposons - et c'est là où je voulais en venir - c'est que les partis traditionnels intègrent eu coeur de leur stratégie des objectifs écologiques. Ce que nous proposons au Rassemblement pour la République, c'est le développement d'une voiture propre. Il faut absolument faire en sorte que les usagers, nos concitoyens, achètent des voitures propres qui ne polluent pas. Or, aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe ? Acheter une voiture propre - moi-même, je roule dans une voiture hybride, la seule voiture hybride au monde, c'est-à-dire une voiture qui roule à l'électricité et à l'essence - coûte plus cher que d'acheter une voiture traditionnelle qui pollue. C'est la raison pour laquelle nous proposons une prime à la voiture propre de 30 000 francs, pour faire en sorte que l'usager achète des voitures propres, parce que ce sera moins cher que de rouler avec une voiture sale. A court terme, c'est compliqué. Mais il faut absolument engager une politique sur le long terme. Peut-être que l'ozone nous montre qu'il faut aller plus loin en matière d'écologie, mais ce n'est peut-être pas le principal danger, parce qu'on sait qu'en matière de pollution de l'air, grâce à la technique, dans les dix ans, ce sera à peu près résolu. Par contre, le vrai danger, c'est le réchauffement climatique, avec les gaz à effet de serre."
Vous avez fait un rapport au Sénat sur le sujet. Que pensez-vous du compromis de Bonn ?
- "Je me demande si au fond ce n'est pas un leurre. Nous avons voulu - et c'était bien - isoler les Etats-Unis, mais nous avons beaucoup cédé sur des points très importants de la technique, et en particulier en matière de contrôle et de sanctions. Il nous faudra donc, dans l'avenir, être extrêmement vigilant pour faire en sorte que nous ne soyons pas tombés dans le piège que tendait G. Bush."
(source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 31 juillet 2001)
- "Je l'espère et je crois que c'est possible. C'est en tout cas ce que les Français veulent parce que l'essentiel, pour eux, c'est que le président de la République et le Premier ministre sont en charge des affaires de la France. L'important, c'est qu'ils gouvernent jusqu'au bout, chacun à son poste de responsabilité. Naturellement, la campagne électorale va accentuer les différences et quelquefois même les divergences. Mais si nous savons parler aux Français de leurs problèmes - je sais que J. Chirac saura le faire - de ce qui les touche tous les jours - sécurité, emploi, pouvoir d'achat -, le débat sera positif. Il est nécessaire en démocratie et la cohabitation ne devrait pas trop en souffrir."
Vous êtes en train de réorganiser nombre de fédérations du RPR, pour les mettre, je suppose, en ordre de bataille. Quelle est votre ligne de conduite ?
- "Nous souhaitions, avant l'été, résoudre les quelques problèmes que nous avions dans certaines fédérations - je pense en particulier à Paris et à Lyon. Cela correspond à la mission que m'a confiée M. Alliot-Marie sur deux plans : d'abord, quand c'est nécessaire, renouveler les hommes et les femmes pour constituer des équipes nouvelles capables de donner un élan nouveau et, pour cela, on s'appuie sur ces femmes et sur ces hommes qui, loin des appareils, ont su s'imposer sur le terrain, et en particulier aux élections municipales."
Vous citiez Paris comme ville à problèmes. Qui est le leader maintenant ?
- "La situation de Paris, on le sait, n'est pas simple ni facile. Il n'y a pas, au fond, de leader naturel. Ce que nous souhaitions, c'est, dans le cadre de la future campagne présidentielle, faire en sorte que la fédération soit prête dans son organisation. C'est maintenant le cas, grâce à la nomination de monsieur Lecoq."
Et monsieur Tiberi ?
- "La question concernant monsieur Tiberi ne se pose pas en soi."
Lui la pose en tout cas !
- "Il ne la pose pas directement. Je crois qu'il faut du temps. J. Tiberi a été, on le sait, un très bon maire de Paris, on le voit aujourd'hui d'ailleurs, avec les contradictions de la nouvelle majorité municipale. Laissons faire le temps."
Pensez-vous que le ralentissement économique, observé un peu partout dans le monde et qui est palpable maintenant en France - on vient d'apprendre que le chômage a progressé de 0,4 % au mois de juin -, de même que la perte de moral des industriels vont influencer la campagne à venir ? Est-ce une thématique sur laquelle vous travaillez ?
- "Bien sûr. Cela montre d'abord deux choses : qu'il y a eu une formidable erreur de prévision de ce Gouvernement et en particulier de L. Fabius et de L. Jospin. Ils nous parlaient, il y a quelques mois, voire quelques semaines, d'une croissance de 3,3 %. Après, on est passé à 2,9, puis à 2,7. Maintenant, on nous dit que ce sera moins de 2,5 %, et on le voit bien d'ailleurs dans les nouveaux chiffres du chômage. Moi, je fais le pari que nous serons, d'ici la fin de l'année, à un rythme de croissance de moins de 2 %. Deuxième chose, tout de même, le gaspillage de cette très forte période de croissance ! Pendant ces quatre années, on a gaspillé alors que les recettes [s'accroissaient, et] s'accroissent toujours d'ailleurs, aujourd'hui, puisqu'en 2001, elles se sont accrues de 1,6 %. Le problème, c'est que les dépenses ne cessent pas de croître, et beaucoup plus. En 2001, elles auront cru de 5,6 %. D'où un déficit, après quatre années de croissance, qui est encore très important et qui recommence à se développer. La prévision sur 2001 était de 186 milliards de francs, et on a déjà atteint ce déficit à fin juin, c'est-à-dire à la moitié de l'année."
Vous dites "déficit" ; "on n'a pas profité de la croissance" ; "on dépense trop", et puis en même temps, vous avez de l'autre côté, le chef de l'Etat qui dit : "Attention au budget des armées : pas en dessous de 90 milliards." ?
- "Ce sera d'ailleurs l'objet du Conseil des ministres d'aujourd'hui, avec la loi de programmation militaire. Le chef de l'Etat a raison. Le gaspillage, c'est avant tout dans des dépenses de fonctionnement qu'on le fait. Il ne faut pas par là nuire à l'avenir de la France. On sait bien qu'en matière de défense, il y a des choses essentielles. Ce qui est prévu par le Gouvernement, aujourd'hui, c'est un minima. Nous sommes à 86,5 milliards de francs, grâce d'ailleurs à la pression du chef de l'Etat, et c'est très important pour au moins garder le minimum de technicité et de compétence de nos armées."
Vous êtes ex-secrétaire national à l'environnement, avant de devenir secrétaire général du RPR.
- "Je dois être d'ailleurs le seul secrétaire général d'un grand parti politique qui a été, avant, chargé de l'environnement."
Précisément, comment faut-il faire, à droite, pour ne pas laisser l'écologie aux écologistes ?
- "Ces quatre dernières années ont bien montré que la stratégie des Verts est dans une impasse. Parce que, soit on est un mouvement écologiste et on se bat dans ce seul domaine, et alors on n'est ni de droite ni de gauche, soit on est un parti traditionnel, et on accepte d'arbitrer entre des objectifs quelquefois contradictoires, en matière d'économie, d'écologie et de social. Les Verts, en fait, ont voulu être les deux à la fois et c'est la raison pour laquelle ils ont échoué. Qu'est-ce qui restera de ces quatre dernières années en matière d'environnement ? On voit bien qu'on n'a pas avancé ou très très peu avancé. Ils ont échoué, puisque les arbitrages, les décisions du Premier ministre se prennent toujours contre eux. J'ai été très frappé de la dernière déclaration d'Y. Cochet, qui venait d'être nommé ministre de l'Environnement, et qui s'est permis de dire - je me demande d'ailleurs si cela s'est déjà produit dans l'histoire de notre pays - que la demande du Premier ministre à la Commission européenne était hors de propos. On voit bien, là, que le Premier ministre arbitre systématiquement contre les Verts."
L'actualité, aujourd'hui - et malheureusement pour les jours à venir, je crois aussi -, c'est la pollution par l'ozone. Vous êtes maire de Bourges, je ne pense pas que le problème se pose à Bourges. Vous seriez maire de Paris, vous feriez quoi ?
- "Cela doit surtout montrer que nous devons impérativement développer une voiture propre. On n'obligera pas les Français à ne pas utiliser leurs voitures, s'ils ne veulent pas rouler dans des bus. Cela fait partie de leurs libertés individuelles. Ce que nous proposons - et c'est là où je voulais en venir - c'est que les partis traditionnels intègrent eu coeur de leur stratégie des objectifs écologiques. Ce que nous proposons au Rassemblement pour la République, c'est le développement d'une voiture propre. Il faut absolument faire en sorte que les usagers, nos concitoyens, achètent des voitures propres qui ne polluent pas. Or, aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe ? Acheter une voiture propre - moi-même, je roule dans une voiture hybride, la seule voiture hybride au monde, c'est-à-dire une voiture qui roule à l'électricité et à l'essence - coûte plus cher que d'acheter une voiture traditionnelle qui pollue. C'est la raison pour laquelle nous proposons une prime à la voiture propre de 30 000 francs, pour faire en sorte que l'usager achète des voitures propres, parce que ce sera moins cher que de rouler avec une voiture sale. A court terme, c'est compliqué. Mais il faut absolument engager une politique sur le long terme. Peut-être que l'ozone nous montre qu'il faut aller plus loin en matière d'écologie, mais ce n'est peut-être pas le principal danger, parce qu'on sait qu'en matière de pollution de l'air, grâce à la technique, dans les dix ans, ce sera à peu près résolu. Par contre, le vrai danger, c'est le réchauffement climatique, avec les gaz à effet de serre."
Vous avez fait un rapport au Sénat sur le sujet. Que pensez-vous du compromis de Bonn ?
- "Je me demande si au fond ce n'est pas un leurre. Nous avons voulu - et c'était bien - isoler les Etats-Unis, mais nous avons beaucoup cédé sur des points très importants de la technique, et en particulier en matière de contrôle et de sanctions. Il nous faudra donc, dans l'avenir, être extrêmement vigilant pour faire en sorte que nous ne soyons pas tombés dans le piège que tendait G. Bush."
(source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 31 juillet 2001)